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  • Du guy pour l’hiver

    PHILIPPE LANÇON

     Guy de Maupassant
     
    maupassant.jpgChroniques
     Choix et préface de Henri Mitterand, Le Livre de poche, «la Pochotèque», 1 758 pp., 28 euros.

    A propos du krach, on peut lire ça : «L’immense catastrophe financière de ces temps derniers vient de prouver d’une façon définitive (ce dont on se doutait un peu, d’ailleurs, depuis pas mal d’années) que la probité est en train de disparaître. C’est à peine si on se cache aujourd’hui de n’être point un honnête homme, et il existe tant de moyens d’accommoder la conscience qu’on ne la reconnaît plus. Voler dix sous est toujours voler ; mais faire disparaître cent millions n’est point voler.»

    L’article date de 1882, il est signé Guy de Maupassant, qui ajoute : «Des hommes à qui leurs fonctions et le mandat qu’ils ont, et les dispositions mêmes de la loi, interdisent tout jeu de Bourse, sont convaincus d’avoir trafiqué sans vergogne, et, quand on le leur prouve, ils font en riant un pied de nez et en sont quittes pour aller manger en paix les millions que leur ont donnés des opérations illicites.» Les éditorialistes contemporains le recopient volontiers, mais il est moins prévisible qu’eux et poursuit en affirmant que, si la pudeur se perd, elle est trop relative pour qu’on se plaigne de ses fluctuations. Et il se souvient d’une Algérienne nue qui, pour protéger la sienne, se couvrait le visage mais non le corps : «Nous étions dans le pays des autruches ! La nature n’a-t-elle pas manifestement donné le même instinct aux femmes et aux oiseaux du désert ? Il leur suffit de se cacher la tête.»

    Maupassant a 32 ans, ses premiers contes l’ont fait connaître, il publie depuis quatre ans des chroniques ici et là. Dans quatre ans, il arrêtera ou presque : romans à écrire, maladie qui l’épuise, lassitude dans l’exploitation d’un genre qui, s’il permet de vivre, finit par vider le sac à phrases et à idées. Flaubert, son parrain romanesque, détestait la presse. Maupassant n’y prend son envol qu’après sa mort, le célébrant avec une ferveur, une justesse et une admiration que l’on peut souhaiter à tout écrivain : à l’encre de Maupassant, les feuilles qu’il méprisait font à l’auteur de Madame Bovary un formidable cercueil.

    Les chroniques paraissent sous son nom, ou sous des pseudonymes comme Maufrigneuse, célèbre et amorale duchesse balzacienne, ou encore, quand il parle d’Algérie, quelquefois sous la signature d’«un colon», pour mieux révéler la personnalité de ceux qu’il décrit. Il en écrira environ 250. Henri Mitterand, le biographe de Zola, en a recueilli, classé et présenté une grande partie. Qu’est-ce qu’un bon chroniqueur ? Un touche-à-tout dont la devise pourrait être : «Point de lendemain», un talent qui met sa personnalité dans le sujet, petit ou grand, sans se soucier de l’échelle des valeurs, des connaissances et des notoriétés. Bref, quelqu’un de vivant, de bientôt mort, qui s’abandonne à ses qualités comme à ses défauts.

    Le chroniqueur est comme le conteur, il traite de tout. De l’amour, des femmes, de l’argent, du mariage, de l’adultère, des députés, de la foule, des femmes de lettres, des chinoiseries, de ses voyages en Algérie, en Tunisie, en Corse ou en Italie, de Flaubert, de Zola, de l’art du roman et des salons où s’exposent les peintres à la mode, de Courbet qu’il a vu peindre une Vague en Normandie. Il le fait librement, naturellement, par cette phrase sans effet qui laisse couler ses sens et son caractère. Il déteste «le vocabulaire bizarre, compliqué, nombreux et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste», inutile «pour fixer toutes les nuances de la pensée». Son artisanat narratif est, contre le roman «d’analyse», celui du «roman réaliste» : sa valeur est «dans le groupement adroit de petits faits constants d’où se dégagera le sens définitif de l’œuvre».

    Le chroniqueur est plus explicite, plus relâché, plus bavard que le conteur, l’article saute avec l’humeur. Son génie de la perception se mêle à ses légèretés d’analyse, ses intuitions à ses préjugés, ses observations à ses réminiscences. Il est élitiste, misogyne, sans pitié pour la moralité bourgeoise et la médiocrité hargneuse. Il n’aime pas la masse, l’idée d’égalité, les expositions universelles, la tour Eiffel, l’Etat qui subventionne les artistes («Il n’y a pas de génie incompris. Il n’y a que des imbéciles prétentieux»). Mais, qu’il défende la littérature contre la morale ou dénonce la crétinerie avide et meurtrière de l’administration coloniale en Algérie, il est là tout entier : si «un roman, c’est la nature vue à travers un tempérament», une chronique, c’est la société vue à travers ce tempérament. Elle fait parfois écho aux problèmes qui occupent encore le salon du prêt-à-porter littéraire.

    Pour sa défense, Michel Houellebecq aurait pu recopier, lui aussi, certaines chroniques de Maupassant. Accuse-t-on l’auteur de Bel-Ami d’être sordide, de se complaire dans la description du pire du journalisme et de l’humanité ? Il prie, dans le Gil Blas, «les mécontents de relire l’immortel roman qui a donné un titre à ce journal : Gil Blas, et de me faire ensuite la liste des gens sympathiques que Lesage nous a montrés, bien que dans son œuvre il ait parcouru un peu tous lesmondes.»

    Quant aux adeptes (ou aux détracteurs) de «l’autofiction», ils découvriront avec intérêt comment Maupassant s’en prend aux romanciers qui, en 1889, «cherchent, par des excitations factices, par un entraînement étudié vers toutes les névroses, à produire en eux des âmes exceptionnellement bizarres qu’ils s’efforcent aussi d’exprimer par des mots exceptionnellement descriptifs, imagés et subtils. Nous arrivons donc à la peinture du moi, du moi hypertrophié par l’observation intense, du moi en qui on inocule les virus mystérieux de toutes les maladies mentales». Quatre ans plus tard, il meurt de la syphilis, à moitié fou, après quelques délires furieux.

    http://www.liberation.fr/livres/0101321993-du-guy-pour-l-hiver

    D'autres notes à propos de Maupassant:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/maupassant

    Aussi les autres notes "lu dans la presse":

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/lu%20dans%20la%20presse

    La catégorie "littérature"

  • Nous avons aimé ce week-end à Montpellier:Antigone

    Antigone (Montpellier)
    Place du Millénaire à Noël (vers Nombre d'or)

    Notre voyage à Montpellier

    Antigone est un quartier de Montpellier conçu par l'architecte catalan Ricardo Bofill en 1978 sous l'impulsion du maire de Montpellier Georges Frêche et de son adjoint, le géographe Raymond Dugrand, et construit à partir de 19831. La majorité des immeubles a été construite sur un style inspiré par l'architecture de la Grèce antique selon le projet de l'architecte suivant un axe qui se veut faire écho à l'est à celui qui a structuré la ville à l'ouest, avec la promenade du Peyrou et l'aqueduc des Arceaux1.

    Le quartier se situe au sud-est du centre-ville l'Écusson, dans le « Polygone » qui était l'ancien champ de tir de la caserne Joffre. Il s'étend depuis le centre commercial du Polygone jusqu'au fleuve du Lez le long d'une perspective d'environ 900 mètres. Sur la rive gauche, l'Hôtel de la région Languedoc-Roussillon également construit par Ricardo Bofill garde une architecture proche de celle du quartier d'Antigone2.

    L'aménagement des lieux s'est achevé au début des années 2000 avec trois grands équipements : la piscine olympique ouverte en 19963, la médiathèque centrale Émile Zola4 et le passage de la ligne 1 du tramway. Le percement d'un immeuble de la place du Nombre d'Or à la même époque a permis de créer une perspective complète à partir du centre commercial du « Polygone » au Conseil régional et de faciliter la circulation des piétons qui peuvent au hasard de leur promenade contempler de nombreuses copies de célèbres sculptures gréco-romaines, telles la Victoire de Samothrace, la Vénus d'Arles, la Diane à la biche ou Zeus.

    Antigone a été la première grande étape dans l'urbanisation du sud-est de la ville près du Lez suivie par l’aménagement du quartier de Richter autour des UFR d'AES et des Sciences économiques de l'université Montpellier 1 lui-même suivi vers l'est par le complexe commercial et ludique d'Odysseum.

    C'est grâce aux aménagements du cours du Lez que des terrains jusqu'alors inconstructibles ont pu être urbanisés permettant à la ville de se trouver un nouvel axe d’expansion suivant le Lez vers la mer, le long de ce que l'hebdomadaire local La Gazette de Montpellier nomme les futurs « Champs-Élysées montpelliérains ».

     
    Esplanade de l'Europe (panoramique)

    Démographie

    Évolution démographique d'Antigone depuis 1999
    199920072009
    7 1757 7657 524
    (Source : Diagnostic socio démographique par quartier [archive] sur opendata.montpelliernumerique.fr)

    Lieu de tournage

    • Antigone 34 est une mini-série télévisée française en 6 épisodes de 52 minutes, créée par Alexis Nolent et Brice Homs, réalisée par Louis-Pascal Couvelaire et Roger Simonsz, elle a été diffusée entre le 23 mars 2012 et le 6 avril 2012 sur France 2.

    Références

    1.  

     

     

    1. « Montpellier : les médiathèques Zola et Fellini fusionnent [archive] », publié le 21 juin 2017 par Cédric Nithard, sur le site e-metropolitain.fr [archive] (consulté le 30 octobre 2018)

    Voir aussi

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    Articles connexes

    Liens externes

  • Tarzan, héros postmoderne

     
    Johnny Weissmuller dans <i>Tarzan, </i>en 1934.

    Johnny Weissmuller dans Tarzan, en 1934. Crédits photo : Harvey White/The Picture Desk

    Avec Hongrie-Hollywood Express, Éric Plamondon signe un long poème épique et lyrique

    Ceux qui ne jurent que par la narration classique à la française risquent de ne point goûter ce que ce texte, beau et tragique comme un vase en porcelaine éclaté sur du carrelage, a de génial. Il est composé de quatre-vingts vignettes qui racontent, par fragments, une histoire, celle de Johnny Weissmuller, enfant d'immigrés austro-hongrois, qui fut champion olympique de natation avant d'incarner le premier Tarzan du cinéma parlant. Sur l'histoire de ce héros que la gloire a fini par laisser tomber comme une vieille chaussette, l'auteur greffe d'autres bouts de récit qui ont toujours un rapport, bien que parfois ténu, avec le sujet principal.

    Ce livre pourrait être la mise en scène poétique d'une longue dérive hallucinée sur la Toile, lorsqu'on saute de lien en lien, jusqu'à l'autre bout du monde ou du temps. On y croise par exemple l'inventeur de la statue de la Liberté, devant laquelle les parents de Weissmuller, âgé alors d'un an, sont passés en arrivant en fond de cale en 1915 en Amérique. Un autre minichapitre est intitulé AEIOU, les initiales de la devise de l'Empire austro-hongrois, où naquit le futur Tarzan. L'auteur ouvre aussi une fenêtre sur Edgar Rice Burroughs, vendeur de taille-crayons et inventeur du héros à la liane.

    La vie de Johnny Weissmuller n'est pas racontée de façon chronologique ; et même certaines scènes sont évoquées à plusieurs reprises, mais d'un autre point de vue. Cela fait comme une composition musicale avec des motifs récurrents arrangés différemment. Il y a quelque chose de lyrique dans ce texte. Il exprime, bien qu'indirectement, à travers le récit de centaines d'anecdotes, un désarroi émerveillé.

    «Bateau ivre»

    À première vue, cette juxtaposition de scènes qui enjambent les mers et les siècles met en lumière l'éclatement du monde et son incohérence. Mais, lorsque le même passage réunit le premier cinéma qui s'ouvre en Amérique, Zola qui meurt asphyxié à Paris et le père du futur Tarzan engagé dans l'armée de François-Jo­seph Ier, on est plutôt saisi par l'unité sous-jacente à ce monde profus. En cela, c'est un texte post-postmoderne: il déconstruit l'unité de façade pour mettre au jour des liens souterrains. L'auteur, Éric Plamondon, dont c'est le premier livre, est né à Québec en 1969 et vit désormais à Bordeaux. Il est présent dans son œuvre de façon clignotante par la voix d'un narrateur qui est lui-même un personnage ; il apparaît sur le devant de la scène le temps d'une page ou deux, les plus saisissantes de l'ensemble, et disparaît: «J'ai vu des milliers de boutiques ouvertes toute la soirée. J'ai traversé vingt feux rouges et quatorze feux verts. J'ai vu trois cent vingt-quatre taxis jaunes. J'ai vu les échafaudages des devantures de travaux. J'ai vu les femmes et les hommes. Ils marchaient avec des sacs et des poches. J'ai vu la moiteur d'une journée après la pluie.» Cette narration chahutée a parfois un rythme et des couleurs de Bateau ivre.

    Hongrie-Hollywood Express est le premier volume d'une trilogie intitulée 1984. Après Weissmuller, l'écrivain Richard Brautigan et Steve Jobs seront les héros des prochains livres. Cherchez le lien entre les trois hommes… Un indice: il est mathématique.

    Hongrie-Hollywood Express, d'Éric Plamondon, Phébus, 140 p., 14 €.

  • Pierre Guerre, 1910-1978

    " Je demande aux hommes d'être des promeneurs"

     

    http://www.fondationsaintjohnperse.fr/html/2012_01_20_Guerre_photos_vernissage.htm

     

    Expo vue le 27 janvier 2011

    cf. aussi:

    http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=134:pierre-guere-1910-1978-arts-premiers-et-poesie&catid=7:choses-lues-choses-vues&Itemid=6

    PROMENEUR, -EUSE, subst. et adj.

    PROMENEUR, -EUSE, subst. et adj.
    A. − Personne qui se promène, qui aime se promener. Promeneurs attardés, nocturnes, du dimanche; autres, derniers, rares promeneurs; foule de promeneurs. Ils savent que je suis l'homme des solitudes, Le promeneur pensif sous les arbres épais (Hugo,Rayons et ombres, 1840, p.1058).Les voitures se croisaient là, aussi nombreuses que sur un boulevard; les promeneuses y traînaient leurs jupes, mollement (Zola,Curée, 1872, p.496).Lorsque le promeneur, −si l'on peut parler d'un promeneur à New-York, −remonte sans faire attention la cinquième avenue (Morand,New-York, 1930, p.233):
    . ... les souffles imperceptibles du soir passaient librement de la plage où s'attardaient les derniers promeneurs à l'immense salle à manger où les premiers dîneurs n'étaient pas assis encore... Proust,Sodome, 1922, p.734.
    [Ds titre littér.] Rousseau nous raconte, dans ses Rêveries du promeneur solitaire, qu'il lui arrivait de lier la réussite d'une opération définie (...) au succès effectif d'un projet (Jeux et sports, 1967, p.447).
    B. − Personne chargée de promener quelqu'un ou de guider quelqu'un dans une visite-promenade. Promeneuse (d'enfants). Notre repas achevé, nous nous répandîmes à travers la ville [Tolède], précédés d'un guide, barbier de son état, et promeneur de touristes à ses moments perdus (Gautier,Tra los montes, 1843, p.141).
    C. − En empl. adj., rare. Qui se promène.
    1. [Corresp. à promener I B 2 a] Qu'ils étaient gourmands, ces chers amis! Il était impossible de s'y méprendre à leurs narines ouvertes, à leurs yeux écarquillés, à leurs lèvres vernissées, à leur langue promeneuse (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.162).
    2. [Corresp. à promener I B 1 c] Les vieux cuivres, les ivoires, les faïences, accrochaient les lueurs promeneuses et tièdes d'un feu de bois (A. Daudet,N. Roumestan, 1881, p.292).
    3. [Corresp. à promener II] Le lendemain, après une dernière journée de travail, l'académie promeneuse reprit le chemin de Paris (A. France,Dieux ont soif, 1912, p.140).
    Prononc. et Orth.: [pʀømnoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.A. Subst. 1. 1583 [éd.] «personne qui se promène» (J. E. Du Monin, L'Uranologie, Paris, G. Julien, fo80 vo); 2. 1808 fém. «personne chargée de promener quelqu'un» (Hautel). B. Adj. 1786 (L'Ane promeneur, ou Critès promené par son Ane [titre] ds Journal de Paris, no255, 12 sept., p.1051, col. b). Dér. de promener*; suff. -eur2*. On note aussi pourmeneur, au sens 1, à partir de 1562 (Calvin, Sermons sur le Deuteronome, 20 [XXVI, 123] ds Hug.); dér. de pourmener, forme anc. de promener*. Fréq. abs. littér.: 556. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 388, b) 904; xxes.: a) 1017, b) 935. Bbg. Darm. 1877, p.49.
     
  • Voyage du 13 au 19 février-8: Paris: Musée du Luxembourg

    PARIS 17 FEVRIER 2012 126.jpgPhoto perso du 17 février

    Musée du Luxembourg

     
     
    Parcours numérique. Découvrez l’exposition

    Cézanne et Paris

    12 Octobre 2011 / 26 Février 2012

    Tous les jours
    de 9h00 à 22h00 du vendredi au lundi
    de 10h00 à 20h00 du mardi au jeudi

    Plein Tarif : 12,00 euros
    Tarif Réduit : 7,50 euros
    Billet Famille (2 adultes et 2 jeunes de 13 à 25 ans) : 31,50 euros

    Note
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    Commissariat général :
    Gilles Chazal, directeur du Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
    Commissariat scientifique :
    Maryline Assante di Panzillo, conservateur au département des peintures, Petit Palais, Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
    Denis Coutagne, conservateur en chef honoraire du patrimoine ; Président de la société Paul Cézanne.

    Cézanne (1839-1906), qu’une légende tenace décrit comme "le Maître d’Aix" solitaire et retiré en Provence, ne s’est en réalité jamais éloigné de la capitale et de l’Ile-de-France : entre 1861et 1905, il n’a cessé d’y revenir et de s’en inspirer. Son œuvre témoigne de ces séjours au cours desquels il fréquente les impressionnistes, Pissarro, Guillaumin, Renoir, Monet. Quelques amis le soutiennent comme le Docteur Gachet à Auvers-sur-Oise. À Paris, Cézanne se confronte tout autant à la tradition qu’à la modernité. Il trouve les "formules" avant de les exploiter en Provence (plus de vingt fois il fait l’aller/retour Paris/Provence). L’exposition nous éclaire sur les grands thèmes qu’il explore alors : quelques vues dans Paris, les paysages d’Ile-de-France, les nus, natures mortes et portraits. Son amitié avec  Zola est privilégiée. Après 1890, critiques, marchands, et collectionneurs commencent à s’intéresser à son œuvre. Cézanne se montre attentif à cette reconnaissance qui ne peut venir que de Paris. Ainsi imprime-t-il sa marque dans l’art moderne : l’avant-garde le considèrera comme un précurseur, "notre père à tous", selon la formule de Picasso.

    Organisée en collaboration avec le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, l’exposition réunit environ 80 œuvres majeures issues du monde entier.

    L’exposition Cézanne et Paris est organisée par la Rmn-Grand Palais en collaboration avec le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Cette exposition bénéficie de prêts exceptionnels du Musée d’Orsay.

    Crédit photo :  Cézanne, Le Quartier du Four à Auvers-sur-Oise (détail), vers 1873, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, USA. The Samuel S. White 3rd and Vera White Collection, 1967.

     

  • Mois Nadar - Lapérouse - juin 2012

    LLaperouseapérouse célèbre l’immense artiste que fût Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadar, durant tout le mois de juin grâce à des événements, signatures et lectures au sein de l’établissement. 


    Exposant depuis toujours les portraits stupéfiants du célèbre Nadar, Lapérouse lui consacre un mois entier à l’occasion du centième anniversaire de sa mort.

    Stéphanie de Saint Marc lui a consacré un livre, une biographie, édité chez Gallimard. L’auteur sera en juin dans les célèbres salons de Lapérouse pour rencontrer un public avisé.

    Les événements

    Fin mai, un cocktail d’inauguration du mois Nadar accueillera 300 invités dans les salons de Lapérouse. Julien Mairesse, le barman de l’établissement, proposera pour l’occasion le cocktail Nadar (à base de Vodka et de couleur rouge, la couleur préférée de Nadar) et le chef Christophe Guibert proposera le menu Nadar au restaurant.

    Thibaud de Montalembert, ancien sociétaire de la Comédie Française, interprétera une lecture d’un extrait de la biographie de Nadar, le livre de Stéphanie de Saint Marc.

    Chaque mercredi de juin, lectures, cocktails, échanges et musique autour de Nadar et ses contemporains, auront lieu entre 18h et 21h. Les invités pourront poursuivre l’expérience au restaurant.


    Les lectures

    Extraits de la biographie, lectures d’articles de Nadar, poèmes de Baudelaire et d’auteurs proches du photographe ponctueront les rendez-vous. Chaque fois interprétés par des comédiens professionnels.


    Nadar

    Il y a juste cent ans, dans les premiers mois de l’année 1910, mourrait Nadar. Né en 1820, il avait presque traversé le siècle et ses nombreux régimes. Celui dont on connaît aujourd’hui le nom grâce à la série de clichés magistraux qu’il a laissé des célébrités contemporaines a été l’ami de ses modèles ; artistes pour beaucoup, de Baudelaire à Théophile Gautier, de Daumier à Gustave Doré, de Hugo à Georges Sand, les sujets de ses images ont été aussi hommes de science et de pouvoir, représentants de l’opposition républicaine. Car Nadar, Félix Tournachon de son nom d’origine, a été pleinement dans son temps.

    Outre la photographie et le regard nouveau qu’il portait sur le monde, il s’est épris de médecine et s’est aussi consacré sans mesure au rêve de la navigation aérienne, promise à devenir la moderne aviation. En homme de progrès, il a épousé les passions politiques de l’époque jusqu’à partir à pieds, en 1848, sauver la Pologne de la tyrannie!

    C’est cet itinéraire étincelant, mais aujourd’hui trop méconnu, que retrace Stéphanie de Saint Marc. Ce livre révèle également un Nadar plus secret, personnalité complexe, souvent inattendue, dont le charme et l’exubérance masquent des fêlures intimes qui dessinent son portrait sous un jour nouveau.

     
    A propos de Lapérouse

    Cet ancien hôtel particulier du XVIIIème siècle devient un restaurant gastronomique dans la seconde moitié du XIXème siècle fréquenté par le Tout-Paris littéraire, politique et culturel. Nerval, Dumas, Baudelaire, Zola, Maupassant, Proust. Tous ont leurs habitudes et les petits salons particuliers en étage ont chacun leur histoire.

    Le décor composé de marbres, de fresques peintes et de boiseries sculptées séduit également les grands noms de la politique et du pouvoir (l'Aga Khan et la Bégum, le duc de Windsor et Wallis Simpson, François Mitterrand...) ou plus proche, Orson Welles et Serge Gainsbourg.


    Lapérouse
    51, quai des Grands Augustins 
    75006 Paris

    www.laperouse.fr

    http://www.artistikrezo.com/201204189271/actualites/Art/mois-nadar-laperouse-juin-2012.html

  • TEMPS FORT : QUI NOUS FERA VOIR LE BONHEUR ?

    Au bonheur des dames d’Emile ZOLA


    Résumé : Début de la "grande distribution", le magasin "au bonheur des dames" est en lutte avec les petits commerçants.
    Descripteurs : Zola, Emile : 1840-1902

    Livre (2006) Roman

    Défi d'enfer


    Résumé : Yael Hassan nous conte l'histoire de Léopold, qui déteste l'école et qui va découvrir le bonheur de lire ! Et le jeune garçon s’y adonne par défi, lui qui passe aux yeux des autres pour un « incapacitant » en la matière. Et avec un peu d’application, Léopold développera une vraie passion pour les livres et découvrira toute l’importance de savoir argumenter ses lectures puisqu’il s’engagera à participer au défi-lecture de son école.
    Genres : Fait de société

    L'Odyssée chants 13 à 24


    Résumé : Après 20 ans d'absences, voici enfin Ulysse de retour à Ithaque. Mais avant de connaître à nouveau le bonheur avec la fidèle Pénélope, il lui reste encore des épreuves à surmonter.
    Descripteurs : Homère / Ulysse / Grèce ancienne

    Le billet gagnant et deux autres nouvelles


    Résumé : Alvirah et Willy ont touché le gros lot. Femme de ménage, plombier, les voici désormais milliardaires. Les ennuis vont commencer... Dans leur luxueux appartement de Central Park, Alvirah et Willy découvrent un cadavre dans le placard... Uni pour le meilleur et pour le pire, le couple attire la convoitise : attention aux kidnappeurs ! Et même une reposante cure thermale peut tourner au cauchemar peuplé de malfaiteurs... L'argent ne fait pas forcément le bonheur : il suscite l'envie ; et des désirs parfois peu avouables.
    Genres : Fait de société

    Le drôle de Noël de Scrooge


    Résumé : Le soir de Noël, un vieil homme égoïste et solitaire choisit de passer la soirée seul. Mais les esprits de Noël en ont décidé autrement. L'entraînant tour à tour dans son passé, son présent, et son futur, les trois spectres lui montrent ce que sera son avenir s'il persiste à ignorer que le bonheur existe, même dans le quotidien le plus ordinaire. "Le drôle de Noël de Scrooge" est un film de Robert Zemeckis adapté de l'œuvre de Charles Dickens "Un chant de Noël", un des contes les plus célèbres du patrimoine littéraire mondial.
    Descripteurs : solitude / pauvreté / fête de fin d'année
    Mots clés : esprit de Noël, cupidité, partage, spectre, fantôme
    Genres : Merveilleux / Fantastique

    Le Vent de Feu : Les secrets d'Aramanth - Tome 1


    Résumé : Dans la cité d'Amaranth, chacun ne vit que pour les périodiques examens qui garantissent à l'individu bien-être et promotion sociale en cas de réussite - ou le condamnent à la pauvreté et au mépris général en cas d'échec. Mais un jour, Kestrel se rebelle contre ce système. Obligée de fuir, la jeune fille part alors à la recherche de la clef du mystérieux chanteur de Vent pour restaurer le bonheur et l'harmonie dans la ville.

    Que cent fleurs s'épanouissent


    Résumé : Quelle faute a bien pu commettre Hua Xiayu, élève de l'Institut d'Art de Pékin et peintre promis à un avenir brillant, pour se retrouver du jour au lendemain dans une fabrique de céramique au fin fond de la Chine ? S'il le savait...Commencent alors ses épreuves : pauvreté, brimades, amour brisé, amitiés trahies et l'exil, enfin, dans un camp de rééducation. Seule la certitude de créer lui fera accepter l'inacceptable... Ce récit bouleversant sur la Chine de Mao évoque avec une grande délicatesse la magie de l'art, le bonheur de la création et dénonce l'intolérance impitoyable de la Révolution culturelle.
    Genres : Fait de société

    L'essence du bonheur

    Que demain soit un jour de bonheur


    Auteurs : Dikaiou, Heleni  Du même Auteur

     

  • L'amant oublié de George Sand

    Par Thierry Clermont
    29/09/2010 | Mise à jour : 18:03 Réagir

    Alexandre Manceau fut le dernier compagnon de la romancière, avec qui il vécut quinze ans.

     

     

    Rares sont ceux qui savent son nom, et c'est à peine si on connaît son portrait par Nadar: Alexandre Manceau y apparaît figé, tourmenté, las; il a quarante-six ans et est déjà gagné par la tuberculose qui l'emportera deux ans plus tard. Il fut le dernier compagnon de George Sand ; leur liaison aura duré une quinzaine d'années. La postérité l'a oublié. «Son talent de graveur, sa fierté, son humour gouailleur, son courage, son habileté manuelle, son activité, ses emportements, son amour, son inlassable bonté et ses secrets disparurent avec lui» , souligne Évelyne Bloch-Dano, à qui l'on doit précédemment Madame Zola et Madame Proust . L'histoire n'a retenu que les noms de ses amours prestigieuses : Musset, Chopin et Mérimée. George Sand a certainement sa part de responsabilité : le fils de limonadier Alexandre Manceau n'apparaît dans aucun de ses livres, pas même dans Histoire de ma vie. Ils se rencontrent à Nohant lors de la Noël 1849; son amie Marie Dorval, la muse de Vigny, vient de disparaître et Chopin va la suivre; Sand vient d'achever un nouveau roman champêtre: La Petite Fadette. Elle a quarante-cinq ans, Manceau en a trente-deux.

    Paradis rousseauiste

    Lasse de ses amours tourmentées, fatiguée des attaques des critiques, bouleversée par l'échec de la Révolution de 1848, la répression qui s'ensuivit, et «l'effroi du siècle», George Sand rêve de calme, de sérénité. «J'aspire toujours à l'absence. L'absence, pour moi, c'est ce petit coin où je me reposerais de toute affaire, de tout souci, de toute relation ennuyeuse, de tout tracas do­mestique, de toute responsabilité de ma propre existence», écrira-t-elle.

    Alexandre Manceau répondra à cette aspiration; il est l'amant «à la fois chat caressant et chien fidèle». Il lui offrira même son coin de paradis rousseauiste en acquérant une chaumière à Gargilesse, au bord de la Creuse «cascadant et cabriolant», dans l'Indre. L'amoureux dévoué va jusqu'à aider George Sand à rédiger son journal, sous le titre Agendas, dans lequel il consigne au jour le jour ses humeurs, ses rencontres, ses lectures, leurs promenades. Ici ou là, Sand a complété les notes. C'est que la romancière est dévorée par l'écriture et l'ardue négociation de ses contrats d'édition. Durant leur liaison, elle publie pas moins de cinquante ouvrages, dont une grosse vingtaine de romans et plusieurs pièces de théâtre: «Je barbouille toujours des romans avec une déplorable facilité.» À Gargilesse, elle écrit en trois semaines les 620 pages d'Elle et Lui, récit de sa relation avec Musset; record battu ! Mieux que La Chartreuse de Parme. Affecté malgré tout par la lecture de ses confessions, Manceau poursuit ses activités de graveur, dirige la troupe du Grand Théâtre de Nohant, et tâte de l'écriture. Dix-huit mois avant sa mort, le Théâtre de l'Odéon monte sa pièce Une journée à Dresde qui jouit d'un certain succès. Cette biographie passionnante évoque également les soucis familiaux de Sand, notamment ses relations difficiles avec ses enfants, Solange et Maurice, et son gendre, le sculpteur Clésinger. Soucis qui s'ajoutent aux basses attaques dont elle fait l'objet ; même Proudhon y va de son fiel.

    Quelques jours après la mort de Manceau, Sand entame l'écriture d'un nouveau roman : Le Dernier Amour. L'amant oublié en est absent. Sand qui avait pour credo: «J'ai la poésie pour condition d'existence.»

    Le dernier amour de George Sand d'Evelyne Bloch-Dano, Grasset, 320 p., 20 €.

     

  • ”L'Assemblée littéraire. Petite anthologie des députés poètes”, sous la direction de Bruno Fuligni : ces parlementaires

    Mais le Conseil constitutionnel, pas plus que le ministère des affaires étrangères, ne parvinrent à distraire ces politiques de leur passion pour Thalie, Calliope et Melpomène - car il faut bien trois Muses pour couvrir le spectre du chant poétique. Passion qui n'a rien de surprenant pour qui se souvient que Lamartine fut un éphémère mais emblématique ministre des affaires étrangères et qu'Hugo se fit élire à l'Assemblée de 1848.

    C'est avec une réelle pertinence que Bruno Fuligni, grand connaisseur des arcanes parlementaires, retrace le très informel groupe parlementaire des poètes de la République, de Fabre d'Eglantine et Marie-Joseph Chénier à Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire ou Ernest Moutoussamy, benjamin de cette Chambre imaginaire.

    Cela nous vaut une ballade instructive sur le lyrisme politique. Si la Convention, dès l'an II, appelait les poètes "à transmettre à la postérité les grandes époques de la régénération des Français", bien des élus prennent la plume pour célébrer le nouveau régime, dans des veines contrastées, du lyrisme de Chénier au classicisme de Robespierre jusqu'à la polémique chère à Collot d'Herbois ou à la verve héroïco-pamphlétaire de Saint-Just.

    Accents hugoliens

    Le même ressort jouera à chaque résurrection de la République. Avec Jean-Baptiste Baudin, qui tombe à 40 ans sur les barricades parisiennes lors du coup d'Etat du 2 décembre - "Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs !" -, mais qui avait, vingt ans plus tôt, célébré par une "chanson patriotique", L'Astre français, l'adoption du drapeau tricolore.

    Avec Victor de Laprade qui reprend dans ses Poèmes civiques parus en 1873 des oeuvres écrites sous et contre le Second Empire ou Gustave Rivet qui fit campagne pour le transfert de Zola au Panthéon (1908) et troussa en vers le compliment de réception du président Wilson en 1919 et dont la complainte républicaine Egalité, Fraternité a des accents hugoliens.

    Si on ne s'étonne pas de retrouver Paul Vaillant-Couturier, qui de chansons en spectacles, célébra l'avènement des congés payés - dans Jeunesse, il ose la formule appelée à une gloire durable : "Nous bâtirons un lendemain qui chante" -, ni le député gaulliste Hector Rolland, autodidacte capable de lancer ses diatribes en alexandrins - ce qui reste sans exemple à la Chambre -, on constate la sagesse de Guesde, Poincaré ou Blum, disciples du Parnasse, comme la veine généalogique d'élus moins connus (Paul-François Morucci célébrant la Corse ou Charles Daniélou la Bretagne).

    Mais si Jean Jaurès ou Edgar Faure sont à l'égal d'eux-mêmes, inventifs et puissants, on s'incline plus encore devant la poésie de Jacques Rabemananjara, champion de l'indépendance malgache, qui, torturé, condamné à la prison à perpétuité, se refugia dans l'écriture. Ne fût-ce que pour rétablir la stature de cet autre chantre inspiré de la négritude, cette promenade parlementaire est une proposition aussi récréative que civique.


    L'ASSEMBLÉE LITTÉRAIRE. PETITE ANTHOLOGIE DES DÉPUTÉS POÈTES sous la direction de Bruno Fuligni. Ginkgo, 240 p., 14 €.

     

    Philippe-Jean Catinchi
    Sur le même sujet

     

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/06/11/l-assemblee-litteraire-petite-anthologie-des-deputes-poetes-sous-la-direction-de-bruno-fuligni_1371221_3260.html

  • Évadez-vous avec Pierre Loti !

    Loti et la litho: une invitation au voyage autant qu'un certain sens de la mise en scène comme ici avec cette cérémonie sur l'île de Pâques.. :

     

    Vos moyens ne vous permettent pas de partir en vacances. Le musée, au travers
    de l'exposition sur Pierre Loti, vous propose un tour du monde tel qu'il existait à la fin
    du XIXe siècle.

    De la Bretagne à Tahiti en passant par l'Algérie et la Turquie, pas besoin
    de gagner au Loto pour emboîter le pas à Loti.

    On va vous faire une confidence. On croit avoir trouvé l'endroit le plus frais de Roubaix. C'est... le musée La Piscine. Simple effet de la climatisation ? À moins que ce ne soit le vent du large. Jusqu'au 5 septembre, le musée vous offre en effet un réel dépaysement en vous invitant à larguer les amarres aux côtés de Pierre Loti.

    On savait certes que Pierre Loti fut un écrivain de renom. Il dama même le pion à Émile Zola à l'Académie française. On savait aussi qu'il a beaucoup voyagé et qu'il a ramené des diverses expéditions maritimes auxquelles il participa en tant qu'officier de la Marine nationale l'inspiration de ses romans. On savait moins qu'il était aussi amateur de musique : un festival lui rend hommage. Quant à savoir que le violon d'Ingres de Loti fut le dessin puis après 1885 la photo...

    Globe-trotter et envoyé spécial
    C'est ce que nous rappelle le musée La Piscine. Bruno Gaudichon se souvient d'une exposition consacrée il y a quelques années aux photographies de Loti mais jusqu'à présent si l'on excepte la publication d'un ouvrage consacré à Loti illustrateur publié en 1948 on ignorait quasiment tout de la production iconographique du voyageur éveillé et curieux que fut l'auteur de Pêcheur d'Islande.
    L'exposition proposée au musée La Piscine cet été est riche de plusieurs dizaines de dessins à la mine de plomb, d'aquarelles qui ont pointé le nez hors de collections privées ces dernières années. C'est à la vigilance d'Alain Quella-Villéger et de Bruno Vercier que l'on doit cet important rassemblement qui vous emmène à la rencontre d'un monde peut-être enfoui - celui du XIXe siècle en proie aux convulsions et convoitises coloniales - mais dont les traces sont encore sensibles aujourd'hui : la Turquie, les Canaries, la Grèce, l'Algérie, les îles Marquises, le continent américain, l'Indochine, le Japon, le Portugal, l'île de Pâques, l'Afrique noire, peu d'endroits de par la vaste planète dont les habitants ou les paysages n'aient intrigué le crayon d'un globe-trotter qui, peu à peu, profitant de ses escales devint une sorte d'envoyé spécial des grands journaux du temps : Le monde illustré et l'Illustration.
    « Je savais dessiner avant de savoir écrire », affirmait Julien Viaud dans Le roman d'un enfant que Mme Proust lisait à la veillée à son fils Marcel. C'est cette phrase qui est à l'origine de la longue traque de MM. Quella-Villéger et Vercier. Si Loti n'avait pas su dessiner, il n'aurait pas été reçu à l'École navale. S'il n'avait pas été reçu à Navale, il n'aurait jamais voyagé ou si peu. Et n'aurait sans doute jamais été tenté par l'écriture.w

     

    Les rédactions de
    Nord Eclair
     
    Note précedemment publiée le:
     
    13/07/2010 15:12
  • C'est la romance de Paris

    Par Thierry Clermont
    28/10/2010 | Mise à jour : 12:26

    Carnet d'adresses de Didier Blonde relate une promenade sur les lieux où vécurent les personnages de livres et de films célèbres. 

    Les immeubles parisiens sont des palimpsestes de l'imaginaire romanesque (…). Je traverse la ville comme une bibliothèque.» C'est ainsi que Didier Blonde voit les choses. Depuis sa tendre adolescence à Neuilly, quand il découvre qu'Arsène Lupin possédait une planque, à quelques numéros du domicile familial. Le «vertige», c'est son mot, qu'il éprouve alors va le porter vers le «fétichisme des lieux» littéraires.

    Muni de cartes, de plans d'un autre âge, de photos d'époque, d'annuaires hors d'usage et de romans annotés, Didier Blonde part à la recherche des domiciles des personnages fictifs dans Paris. À travers ses flâneries, on tombe sur Nestor Burma, rue des Petits-Champs ; au siècle précédent, c'est Maldoror, rue Vivienne. Rue de Choiseul, Frédéric Moreau attend sous une fenêtre l'apparition de Mme Arnoux, alors que Rastignac est attablé au Rocher de Cancale (toujours en activité), rue Montorgueil. Hélas, l'immeuble où logeait Lucien Leuwen, près de la gare Saint-Lazare, accueille aujourd'hui une succursale bancaire

    Rive droite, rive gauche, Didier Blonde ne méprise pas pour autant ses contemporains. Il emboîte le pas à Patrick Modiano, découvre que le protagoniste d'Un cirque passe loge dans un appartement du quai de Conti, dans lequel justement Modiano a passé son enfance. Idem pour Daniel Pennac qui a habité au-dessus de la quincaillerie désaffectée des Malaussène, dans la populaire rue de la Folie-Méricourt.

     

    Badinage pédestre 

     

    Il existe également des voisinages involontaires, d'un roman à l'autre : la Nana de Zola et Arsène Lupin, Octave Mouret et Marie Arnoux. On peut alors rêvasser sur ces couples improbables. «Les adresses sont les jalons d'une vie, une échelle capricieuse des âges», précise-t-il.

    Le cinéma a également sa place: Antoine Doisnel à la fenêtre de sa chambre d'hôtel, rue de l'Écluse, et la fameuse rue Poliveau, dans le Ve arrondissement. Si, souvenez-vous des vociférations de Jean Gabin dans La Traversée de Paris : «Jambier ! 45, rue Poliveau ! Regret du Paris d'Antan? Celui chanté par Léon-Paul Fargue, René Fallet ou par Jean-Paul Clébert? Didier Blonde profite de ses déambulations pour nous dire tout le mal qu'il pense (et que l'on peut penser aussi) des quartiers récemment aménagés, comme la BNF François-Mitterrand et son «architecture totalitaire noyée de vent et de pluie». Cette bibliothèque où il a consulté d'innombrables fiches et microfilms pour mener à bien son enquête.

    D'autres traces se sont perdues ou envolées : ainsi le magasin Au Bonheur des Dames, place Gaillon, c'est-à-dire à quelques pas ou, pourquoi pas, à l'emplacement même du restaurant Drouant, où se rassemblent traditionnellement les jurés du prix Goncourt…

    Dans le prolongement de ce badinage pédestre, Didier Blonde publie un Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature (Éditions La Pionnière), qui va d'Anicet à Zazie en passant par le baron de Charlus, Fantômas ou Thérèse Raquin; le tout complété de deux index: par rues et par arrondissements. Pour découvrir ses illustres et romanesques voisins.

    Carnet d'adresses de Didier Blonde, Gallimard,«L'Un et l'autre»,136 p., 17,90 €

     

  • La bête noire du roi Poire

    tiensbonpeuple.jpgFrançois Taillandier
    04/12/2008 | Mise à jour : 11:05 |

    Républicain farouche, le caricaturiste Daumier ne cessa de moquer le bedonnant Louis-Philippe. Mais il fut aussi un visionnaire de son siècle,à l'égal de Balzac.

    Fêtons pour son bicentenaire Honoré Daumier (1808-1879), qui trône en son siècle comme un roi. Roi, il le devint en défiant l'autre roi, le médiocre Louis-Philippe, qu'il représenta en poire, puis en Gargantua mangeur d'impôts, déféquant des prébendes et nominations pour sa clientèle politique. L'esprit de Rabelais se réincarnait ainsi dans ce républicain farouche. Les quelques mois de prison qu'il subit à cette occasion furent son sacre.

    En 1835, le roi Poire interdit la caricature politique. Pour Daumier, dessinateur vedette du Charivari et autres feuilles contestataires, cet oukase fut une chance. Ne pouvant plus taper directement sur le monarque et ses ministres, il entreprit de dessiner les Français tels qu'ils étaient, bourgeois, artistes, hommes de loi, ouvriers… Il devint ainsi l'autre Honoré, le Balzac de la lithographie. Il contribua d'ailleurs à illustrer la grande édition de La Comédie humaine. Il multiplia les séries consacrées aux divers types sociaux. Ainsi disposons-nous pour la France du XIXe siècle de ce que les Bruegel nous donnèrent pour la Flandre du XVIe. Il est bien sûr le grand-père de tous les caricaturistes de presse. Pourtant, son œuvre ne se réduit pas à cela. Daumier est un visionnaire. Il y a chez lui la malice des chapiteaux médiévaux, la violence d'un Jacques Callot, la maestria souveraine des esquisses d'un Rembrandt ou d'un Rubens et toute la tradition de l'estampe populaire (très vivace sous la Révolution). Son art de la caricature emprunte aux grandes sources classiques. Avant de faire ses portraits charges, il réalise ces extraordinaires petits bustes polychromes qu'on peut voir au Musée d'Orsay. Il tord les formes, dramatise le mouvement.

    Il y a en lui un sculpteur, un statuaire nerveux et puissant comme son compatriote Puget. Lorsque l'histoire s'en mêle, il atteint à la grandeur épique : l'homme mort du massacre de la rue Transnonain (1834) est un cri d'horreur à la Goya devant la répression. Mais ce moderne pourra aussi, en des satires amicales, figurer Nadar en ballon « élevant la photographie à la hauteur d'un art », ou Victor Hugo « répondant par des pensées sombres à des questions graves ». Le sourire ne perd jamais ses droits.


    Très en avance sur son temps

    On peut regretter le texte parfois trop savant et parfois trop elliptique de ce livre ; l'essentiel est qu'on y trouve toutes les facettes de son art, et les pistes multiples de son inspiration et de son influence. Baudelaire voyait en lui « un des hommes les plus importants pas seulement de la caricature, mais de l'art moderne ». Son œuvre de peintre compte des toiles très en avance sur son temps, Le Fardeau, Les Lutteurs, La Partie de dames. Les grands novateurs, les Manet, les Degas, ont médité cette œuvre. Les dessinateurs du début du XXe, les Capiello et les Steinlen, les George Grosz et les Félicien Rops, lui doivent tous quelque chose. Et probablement Flaubert ou Zola n'eussent pas été ce qu'ils sont sans la vision de Daumier, qui avait commencé en tant que saute-ruisseau chez un notaire. Exactement comme l'autre Honoré.

    Daumier et la caricature de Ségolène Le Men Citadelles & Mazenod, 240 p., 69 €.

    http://www.lefigaro.fr/livres/2008/12/04/03005-20081204ARTFIG00403-la-bete-noire-du-roi-poire-.php

    Image:

    Tiens bon peuple !
    1862
    Gravure
    10 x 15 cm
    Musée d'Orsay Paris

    http://www.honore-daumier.com/

    Toutes mes notes sur Daumier:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/daumier

     

  • Musée Jean Jaurès à Castres le 17 octobre 2008

    jeures1.jpg«Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire»
    (extrait du dernier article écrit par Jean Jaurès, dans l’Humanité, le 31 juillet 1914).

    Créé en 1959 à l’occasion du centenaire de la naissance de Jean Jaurès à Castres, le musée est devenu centre national en 1988.

    Implanté au cœur de la ville, le Centre national et Musée Jean Jaurès a pour vocation de présenter la vie et l’œuvre du tribun. Grâce à un parcours muséographique et des expositions, il présente les idées et thèmes fondamentaux de la pensée politique des XIXe et XXe siècles.
     

    Riche d’un fonds constitué de nombreux documents manuscrits, imprimés, ouvrages, le Centre national et Musée Jean Jaurès possède également d’importantes collections de caricatures, lithographies, dessins, articles de presse, œuvres d’art et objets divers de la IIIe République et de la vie politique en général (œuvres de Léandre, Steinlen, Eloy-Vincent, Noël Dorville, Jean Veber…), accessible aux chercheurs, étudiants, historiens et à toutes personnes intéressées.

    Le CNMJJ propose en outre à la location une salle de conférences sonorisée et équipée pour la projection. (Capacité : 48 places).


    Né à Castres le 3 septembre 1859, brillant élève, normalien d’exception, Jean Jaurès débute sa carrière comme professeur de philosophie.
    Ecrivain et journaliste, il se lance très tôt dans la politique pour devenir, à vingt-six ans, le plus jeune député de France !

    Préoccupé par les questions économiques et sociales de son temps, Jean Jaurès intervient en 1892 lors de la grande grève des mineurs de Carmaux dont il prend la défense.

    Dès lors, il devient le porte-parole de la classe ouvrière toute entière en mettant son éloquence et sa plume au service des avancées sociales (liberté syndicale, création des caisses de retraite…).

    A la suite de la publication du fameux J'accuse de Zola en 1898, Jaurès prend la défense du capitaine Dreyfus, considérant qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire individuelle, mais de la souffrance d’un homme accusé à tort et de ses conséquences politiques.


       

    En 1904, il fonde le quotidien L’Humanité, ce qui lui permet d’écrire en toute liberté. En 1905, à l’issue de longs débats, il parvient à unifier les divers courants socialistes sous la bannière de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière).

    Partisan convaincu de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, Jaurès est également l’un des premiers à mettre en cause la politique coloniale de la France.

    Pacifiste par conviction, il s’attache jusqu’à sa fin tragique à sensibiliser l’opinion sur les conséquences de la guerre imminente.

    Le 31 juillet 1914 il est assassiné à Paris au Café du Croissant et devient pour beaucoup le premier mort de la Grande Guerre.


     Coordonnées - réservations :


    Centre national et Musée Jean Jaurès
    2, place Pélisson
    81100 CASTRES
    Tél. : 05.63.62.41.83
    Fax : 05.63.50.39.02
    E-mail :
    jaures@ville-castres.fr


     Horaires :


    10h-12h et 14h-18h
    (17h du 1er octobre au 31 mars)

    Fermé le lundi sauf en juillet et en août

    Fermé les dimanches du 01/11 au 31/3, et 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre

     Tarifs :


    1,50 €

    TARIF REDUIT : 0,75 €
    groupes, étudiants, militaires, cartes jeunes (-de 26 ans)

    BILLET GROUPE : plein tarif : 4 € - ½ tarif : 2 €
    (Musée Jaurès + Musée Goya + Centre d’art contemporain)

    BILLET GROUPE : plein tarif : 6 € - ½ tarif : 3 €
    (3 musées + visite de la ville par l’office de tourisme)

    GRATUIT :
    Moins de 18 ans, demandeurs d’emploi, groupes scolaires,
    Amis des musées de Castres, Ambassadeurs tarnais et pour tous publics : 1er dimanche du mois d’avril, mai et octobre

    http://www.ville-castres.fr/_tourisme_site//index.php?page=contenus/jaures.html&titre=C.N.M.%20Jean%20Jaurès&id_menu=4&id_rubrique=0

  • ”Assises du roman 2009. Le roman : hors frontières”

    assisses-roman.jpg

    Discutées de façon vive et passionnée, ces questions (et bien d'autres) ont figuré au centre des troisièmes Assises internationales du roman, qui se sont tenues à Lyon, en mai 2009. Suivant le principe fondateur de cette manifestation, coorganisée par la Villa Gillet et Le Monde, chaque débat prend appui sur des textes préparés, pour l'occasion, par les écrivains invités. Et, comme les années précédentes, les éditions Christian Bourgois publient l'ensemble de ces textes, dans un ouvrage très riche paru ces jours-ci.

    Quarante-cinq auteurs venus de tous les continents s'y expriment sur des sujets touchant directement à leurs pratiques d'écriture. Contrairement à ce qui se produit souvent dans les rencontres littéraires, les Assises du roman ne constituent pas un lieu de promotion des livres, mais un espace de réflexion. Elles sont l'occasion d'un échange sur les grands thèmes qui traversent la littérature (par exemple, la place de la psychanalyse, la puissance de la nature, la voix de l'enfant), ou sur les différentes "techniques" de l'art romanesque (le roman psychologique ou les déformations de la réalité). Chaque débat permet d'entrer dans la pensée des écrivains, par l'intermédiaire de ces textes courts (environ 10 minutes de lecture), extrêmement variés, toujours personnels. Et si le livre ne rend évidemment pas compte de la discussion qui s'est amorcée à partir de ces écrits, leur juxtaposition à l'intérieur d'un même livre permet de faire surgir des comparaisons et des observations particulièrement stimulantes.

    On y découvre notamment, chose assez rare, de quelle manière les écrivains parviennent à résoudre certains problèmes de structure, comment ils se débrouillent face au texte, pourquoi leurs oeuvres prennent telle ou telle direction - un aperçu de leurs laboratoires intimes, en quelque sorte.

    Le livre comprend, enfin, les interventions d'invités non romanciers, sollicités pour parler de la façon dont la littérature a nourri leur vie et leur travail. On trouvera ainsi les réflexions du philosophe Alain Badiou, du psychanalyste Adam Phillips ou du pianiste Alfred Brendel, mais aussi les contributions de grands traducteurs ayant participé à la retraduction d'auteurs classiques. Enfin, le jeune romancier britannique Adam Thirlwell livre sa vision personnelle et pleine d'humour des Assises 2009, auxquelles il a assisté de bout en bout.

    Varié, vivant, sans cesse intéressant et souvent drôle, ce recueil est aussi une bonne manière d'introduire la quatrième édition des Assises du roman, qui aura lieu du 24 au 30 mai 2010. Avec la participation d'écrivains tels que Richard Powers, Marie Darrieussecq, Emmanuel Carrère, Erri De Luca, Laurent Mauvignier, James Frey, A. S. Byatt, Sara Stridsberg, ou du philosophe allemand Peter Sloterdijk, le programme comprendra notamment des débats sur l'autocensure, la folie, la Bible, le journal, le corps en littérature ou le choix de la première personne. De quoi fournir, le moment venu, matière à un autre recueil, aussi passionnant que celui-ci.


    ASSISES DU ROMAN 2009. LE ROMAN : HORS FRONTIÈRES. "Le Monde", Villa Gillet, éd. Christian Bourgois, "Titre" n° 102, 506 p., 10 €.

     

    Raphaëlle Rérolle

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/11/05/assises-du-roman-2009-le-roman-hors-frontieres_1263000_3260.html#ens_id=1238346

    Voir mes précédentes notes à ce sujet:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/assises%20du%20roman

  • Mon poème inédit sur ce blog:Le début

    J’ai le plaisir de prendre la barre de la goélette des Croqueurs de Mots

    pour ce 184ème voyage en votre compagnie chers croqueurs et croqueuses :

    Pour le défi du lundi 17 avril 2017

    Je vais citer ci-dessous 8 premières phrases de livres (incipit)

    et 8 dernières phrases (explicit).

    Le défi du lundi consistera à choisir un début

    et une fin de roman et d’écrire l’histoire (en prose ou en vers)

    pour lier le début à la fin

    DEBUTS DE ROMAN

    « Bon, c’est parti« .

    David Lodge – Thérapie

    « Je ne sais pas trop par où commencer« .

    Philippe Claudel – Les âmes grises

    « C’est fini« .

    Romain Gary – La promesse de l’aube.

    « La situation manquait cruellement d’excitation« .

    Maxime Chattam / la patience du diable

    « Ils ont peur déjà, le désordre vient si vite« .

    Judith Perrignon / Victor Hugo vient de mourir

    « Je n’ai jamais été un homme violent« .

    Pierre Lemaître / Cadres noir

    « Alors qu’il avance d’un pas décidé dans le couloir de la station

    Les Sablons à Neuilly, Vincent entend le métro approcher« .

    Jacques Expert – Tu me plais

    « La sonorité métallique du téléphone brise l’écho obstiné

    mais monotone de la pluie qui tambourine sur le toit« .

    Patricia Cornwell – Traînée de poudre

    FINS DE ROMAN

    « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »

    Guy de Maupassant – Une vie

    « – Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
    – J’ai vieilli. »

    Zazie dans le métro – Louis Pergaud

    « Cela peut arriver à n’importe qui. »

    Petits regrets et grands mensonges. Liane Moriarty

    « Car c’est la suite de l’histoire qui importait.

    Et ils étaient d’accord pour l’écrire ensemble.  »

    Guillaume Musso – l’instant présent

    « Je peux attendre pensa-t’il aussi longtemps qu’il le faudra. »

    Le bleu de tes yeux – Mary Higgins Clark

    « Quels gredins que les honnêtes gens ! »

    Emile Zola, ‘Le ventre de Paris

    « Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire. »

    Lautréamont, ‘Les chants de Maldoror’

    « Rira bien qui rira le dernier. »

    Denis Diderot, ‘Le neveu de Rameau’

    Pour les jeudis en poésie

    Jeudi 13 Avril :  Le début

    (au sens général du terme ou plus précisément le début de quelque chose)

    Jeudi 20 Avril : la fin

    (au sens général du terme ou plus précisément la fin de quelque chose)

    Bon vent d’inspiration

    Martine (Quai des rimes)

    Le Môt de Dômi

    Je n’ai pas grand chose à dire alors le peu que j’ai à dire

    Je vous le dis par cette citation 
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  • Mon poème inédit sur ce blog:Bon, c'est parti

    J’ai le plaisir de prendre la barre de la goélette des Croqueurs de Mots

    pour ce 184ème voyage en votre compagnie chers croqueurs et croqueuses :

    Pour le défi du lundi 17 avril 2017

    Je vais citer ci-dessous 8 premières phrases de livres (incipit)

    et 8 dernières phrases (explicit).

    Le défi du lundi consistera à choisir un début

    et une fin de roman et d’écrire l’histoire (en prose ou en vers)

    pour lier le début à la fin

    DEBUTS DE ROMAN

    « Bon, c’est parti« .

    David Lodge – Thérapie

    « Je ne sais pas trop par où commencer« .

    Philippe Claudel – Les âmes grises

    « C’est fini« .

    Romain Gary – La promesse de l’aube.

    « La situation manquait cruellement d’excitation« .

    Maxime Chattam / la patience du diable

    « Ils ont peur déjà, le désordre vient si vite« .

    Judith Perrignon / Victor Hugo vient de mourir

    « Je n’ai jamais été un homme violent« .

    Pierre Lemaître / Cadres noir

    « Alors qu’il avance d’un pas décidé dans le couloir de la station

    Les Sablons à Neuilly, Vincent entend le métro approcher« .

    Jacques Expert – Tu me plais

    « La sonorité métallique du téléphone brise l’écho obstiné

    mais monotone de la pluie qui tambourine sur le toit« .

    Patricia Cornwell – Traînée de poudre

    FINS DE ROMAN

    « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »

    Guy de Maupassant – Une vie

    « – Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
    – J’ai vieilli. »

    Zazie dans le métro – Louis Pergaud

    « Cela peut arriver à n’importe qui. »

    Petits regrets et grands mensonges. Liane Moriarty

    « Car c’est la suite de l’histoire qui importait.

    Et ils étaient d’accord pour l’écrire ensemble.  »

    Guillaume Musso – l’instant présent

    « Je peux attendre pensa-t’il aussi longtemps qu’il le faudra. »

    Le bleu de tes yeux – Mary Higgins Clark

    « Quels gredins que les honnêtes gens ! »

    Emile Zola, ‘Le ventre de Paris

    « Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire. »

    Lautréamont, ‘Les chants de Maldoror’

    « Rira bien qui rira le dernier. »

    Denis Diderot, ‘Le neveu de Rameau’

    Pour les jeudis en poésie

    Jeudi 13 Avril :  Le début

    (au sens général du terme ou plus précisément le début de quelque chose)

    Jeudi 20 Avril : la fin

    (au sens général du terme ou plus précisément la fin de quelque chose)

    Bon vent d’inspiration

    Martine (Quai des rimes)

    Le Môt de Dômi

    Je n’ai pas grand chose à dire alors le peu que j’ai à dire

    Je vous le dis par cette citation 
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  • ”La Fin” Jules Delavigne

    J’ai le plaisir de prendre la barre de la goélette des Croqueurs de Mots

    pour ce 184ème voyage en votre compagnie chers croqueurs et croqueuses :

    Pour le défi du lundi 17 avril 2017

    Je vais citer ci-dessous 8 premières phrases de livres (incipit)

    et 8 dernières phrases (explicit).

    Le défi du lundi consistera à choisir un début

    et une fin de roman et d’écrire l’histoire (en prose ou en vers)

    pour lier le début à la fin

    DEBUTS DE ROMAN

    « Bon, c’est parti« .

    David Lodge – Thérapie

    « Je ne sais pas trop par où commencer« .

    Philippe Claudel – Les âmes grises

    « C’est fini« .

    Romain Gary – La promesse de l’aube.

    « La situation manquait cruellement d’excitation« .

    Maxime Chattam / la patience du diable

    « Ils ont peur déjà, le désordre vient si vite« .

    Judith Perrignon / Victor Hugo vient de mourir

    « Je n’ai jamais été un homme violent« .

    Pierre Lemaître / Cadres noir

    « Alors qu’il avance d’un pas décidé dans le couloir de la station

    Les Sablons à Neuilly, Vincent entend le métro approcher« .

    Jacques Expert – Tu me plais

    « La sonorité métallique du téléphone brise l’écho obstiné

    mais monotone de la pluie qui tambourine sur le toit« .

    Patricia Cornwell – Traînée de poudre

    FINS DE ROMAN

    « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »

    Guy de Maupassant – Une vie

    « – Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
    – J’ai vieilli. »

    Zazie dans le métro – Louis Pergaud

    « Cela peut arriver à n’importe qui. »

    Petits regrets et grands mensonges. Liane Moriarty

    « Car c’est la suite de l’histoire qui importait.

    Et ils étaient d’accord pour l’écrire ensemble.  »

    Guillaume Musso – l’instant présent

    « Je peux attendre pensa-t’il aussi longtemps qu’il le faudra. »

    Le bleu de tes yeux – Mary Higgins Clark

    « Quels gredins que les honnêtes gens ! »

    Emile Zola, ‘Le ventre de Paris

    « Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire. »

    Lautréamont, ‘Les chants de Maldoror’

    « Rira bien qui rira le dernier. »

    Denis Diderot, ‘Le neveu de Rameau’

    Pour les jeudis en poésie

    Jeudi 13 Avril :  Le début

    (au sens général du terme ou plus précisément le début de quelque chose)

    Jeudi 20 Avril : la fin

    (au sens général du terme ou plus précisément la fin de quelque chose)

    Bon vent d’inspiration

    Martine (Quai des rimes)

    Le Môt de Dômi

    Je n’ai pas grand chose à dire alors le peu que j’ai à dire

    Je vous le dis par cette citation 
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  • Au temps des Geishas

    Au temps des Geishas

    Au temps des Geishas

    Les chefs-d'oeuvre interdits

    ACHETEZ VOS BILLETS EN LIGNE

    Au temps des Geishas

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    Keisai Eisen
    1820
    Museo delle Culture, Lugano
    © Photo: 2014 Museo delle Culture,
    Photo A.Quattrone

    Tsukioka Settei (attribué à)
    Images du printemps (Shunjo Gadai)
    1710-1787
    Museo delle Culture, Lugano   
    © Photo: 2014 Museo delle Culture,
    Photo A.Quattrone

    Kitagawa Utamaro
    Livre de lettres (Ehon Uikanmuri)
    c. 1800
    Museo delle Culture, Lugano
    © Photo: 2014 Museo delle Culture,
    Photo A.Quattrone

    Utagawa Kunimaro 
    Heureux débarquement à Nyogo (Nyogo
    no shima engi no irifune)

    1848-1858
    Museo delle Culture, Lugano
    © Photo: 2014 Museo delle Culture, Archive iconographique

    L'Art de l'amour au temps des Geishas

     

    © Pinacothèque de Paris

    Dans le cadre de sa saison Art et Érotisme en Orient, et en complément de l’exposition Kâma-Sûtra, la Pinacothèque de Paris souhaite offrir au public une approche singulière de la vie et de la culture érotique au Japon à l’époque d’Edo (1603-1867). L’exposition L’Art de l’amour au temps des Geishas : les chefs-d’œuvre interdits de l’art japonais est la première jamais présentée en France sur ces fameuses estampes qui relèvent de tous nos fantasmes et de l’imaginaire extrême-oriental.

    La prospérité de l’époque d’Edo favorise la naissance d’une nouvelle et riche classe bourgeoise dominante au sein des grandes cités japonaises : les chōnin (citadins). Ces commerçants, artisans, médecins, enseignants ou artistes affirment par le biais du mouvement culturel ukiyo-e une conception hédoniste de l’existence qui contraste avec la morale néo-confucianiste japonaise des classes guerrières dirigeantes. Le mouvement ukiyo-e, « images du monde flottant », est le fruit d’une réflexion esthétique et éthique sur le caractère bref et transitoire de la vie et où l’angle de la beauté féminine idéalisée et de l’imaginaire érotique prend une part prépondérante.

    Les gravures polychromes représentant des belles femmes (bijinga) et celles érotiques - les shunga,« images de printemps » -, en sont les manifestations les plus significatives de cette époque. Elles connurent leur apogée durant l’époque d’Edo et sont le reflet du mode vie raffiné, luxueux et moderne de la classe des chōnin qui fréquente les théâtres, les quartiers de plaisir, organise des fêtes et revendique une existence tournée vers le plaisir et la satisfaction des désirs personnels. En parallèle de cette expression artistique, dont Kitagawa Utamaro, Utagawa Hiroshige ou encore Katsushika Hokusai furent les plus grands maîtres, la littérature devient elle aussi un mode d’expression de ce monde flottant grâce aux ukiyozoshi, les romans ukiyo.

    Secrètement collectionnées en Europe par de grandes personnalités artistiques comme Gustav Klimt ou Émile Zola dès l’ouverture du Japon à l’Occident en 1868, les gravures ukiyo-e contribuent à la naissance et au développement du Japonisme à la fin du xixe siècle.

    L’exposition L’Art de l’amour au temps des geishas : les chefs-d’œuvre interdits de l’art japonais propose plus de 200 gravures, photographies à l’albumine et objets de la vie quotidienne en provenance du Museo delle Culture de Lugano ainsi que d’autres grands musées publics et collections particulières de Suisse et d’Italie. Un ensemble d’œuvres modernes et contemporaines, planches de mangas et peintures, témoigne de la continuité de cette tradition érotique jusque dans le Japon contemporain.

    Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque de Paris

     

    En savoir plus avec l'essentiel blog

  • J'ai commencé à la médiathèque de la ville où je travaille:Ces amis qui enchantent la vie

    Ces amis qui enchantent la vie par RouartOuvrage original, puisqu'il mêle portraits d'écrivains et morceaux choisis de leurs meilleurs livres, Ces amis qui enchantent la vie est l'aboutissement et le fruit d'une longue histoire d'amour. Jean-Marie Rouart a toujours eu la passion de la littérature. Depuis sa prime adolescence, elle n'a cessé de l'accompagner. Il a même écrit qu'elle lui avait sauvé la vie, sauvé du désespoir en donnant un sens à une existence qui commençait sous les pires auspices. Grâce à elle, il a pu faire d'une passion une vie, puisqu'il s'y est consacré avec enthousiasme comme écrivain et en tant que directeur du Figaro littéraire pendant vingt ans.
    Rassemblant 120 écrivains français et étrangers, ne visant pas à rivaliser avec la critique universitaire, ce livre est avant tout celui d'un écrivain. À ce titre, il est subjectif, arbitraire, et cherche moins à donner des notes, des prix d'excellence, à établir des hiérarchies, qu'à mettre en valeur des créateurs sur le seul critère du plaisir qu'ils donnent, de la magie qu'ils font naître. Cet enchantement qui fait d'eux les plus indispensables et les plus fidèles des amis. C'est pourquoi, délaissant souvent les grands boulevards des auteurs consacrés, Jean-Marie Rouart n'hésite pas à suivre les chemins buissonniers qu'empruntent des écrivains plus rares comme Joseph Delteil, Malcolm de Chazal, Luc Dietrich ou Carson McCullers.
    Il a ainsi voulu rendre hommage à un grand nombre d'entre eux, notables ou non, qui ont fait plus que jalonner son propre parcours de romancier. De ces lectures il a tiré non seulement de grands moments d'ivresse littéraire, mais aussi une leçon de vie. Car c'est bel et bien la vie qui est au coeur de cette entreprise, comme il s'en explique dans sa préface : « Je demandais aux livres : comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ? » Cet ouvrage est, d'une certaine façon, aussi personnel qu'une confession, aussi intime qu'une autobiographie.

    Sommaire
    Préface..........................................................15

    1. Les soleils païens........................................... 27

    Rabelais : un Bacchus ivre de mots....................... 29
    Brantôme : le gastronome de l’amour galant............... 38
    Restif de la Bretonne : le diable au corps................45
    Casanova : à la recherche du plaisir perdu............... 52
    Nietzsche : la torche vivante de Sils-Maria.............. 61
    Maupassant : le jouisseur tragique....................... 70
    Colette : le naturel au service de la perversité......... 79
    Hamsun : l’écrivain proscrit............................. 86
    D. H. Lawrence : le dynamiteur de l’époque victorienne... 92
    Henry Miller : Dionysos dans le cauchemar climatisé...... 98

    2. Les magiciens................................................105
    Lewis Carroll : professeur d’école buissonnière..........107
    P.-J. Toulet : un goût de citron vert....................113
    Pierre Louÿs : la descente aux enfers....................119
    Cocteau : un feu d’artifice..............................125
    Karen Blixen : l’opium de la légende.....................133
    Gary : condamné à l’exil perpétuel.......................139
    Blondin : l’enfant gâté du mal de vivre..................142
    Malcolm de Chazal : un alchimiste des sensations.........149
    Stefan Zweig : l’Européen foudroyé.......................157
    Hermann Hesse : la quête de la mère......................165
    Joseph Delteil : un grillon de la garrigue...............171
    Borges : un jeu sur des ruines...........................175
    Marcel Aymé : l’enchanteur du réel.......................182
    Bachelard : le philosophe buissonnier....................188

    3. Les cœurs en écharpe..........................................195

    Musset : les insolences d’un enfant perdu............... 197
    Apollinaire : le troubadour des dames galantes.......... 205
    Tchékhov : en marge de la vie........................... 212
    Fitzgerald : l’ivresse des Années folles................ 220
    Aragon : un adolescent dans une cage de fer............. 227
    Rilke : trop fragile pour vivre......................... 236
    Edmund Wilson : un frère méconnu de Fitzgerald.......... 241
    Gladys Huntington : la désenchantée du lac.............. 247

    4. Les amants malheureux de l’Histoire.......................... 253

    Machiavel : les recettes du pouvoir..................... 255
    Retz : un frondeur-né................................... 260
    Bernis : un convalescent de l’ambition.................. 267
    Chateaubriand : l’enchanteur au cœur multiple........... 275
    Stendhal : un conte de fées pour adultes................ 285
    Benjamin Constant : un chef-­ d’œuvre de contradictions. 292
    Michelet : le poète de l’Histoire....................... 298
    Taine : l’entomologiste de la Révolution................ 304
    Barrès : l’aigle lorrain................................ 310
    Zola : le paratonnerre de la haine...................... 320
    Péguy : un pur dans la mêlée.

    http://www.babelio.com/livres/Rouart-Ces-amis-qui-enchantent-la-vie/727532

  • J'ai acheté hier en poche pour l'avoir dans ma bibliothèque:Le lambeau

    Le Lambeau par Lançon

    Le livre OSER VENISE

    Achetez "Osez Venise"

    Lambeau, subst. masc. 1. Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie. 2. Par analogie : morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant ; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55). 3. Chirurgie : segment de parties molles conservées lors de l'amputation d'un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l'amputation qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338). (Définitions extraites du Trésor de la Langue Française).

    Philippe Lançon est journaliste à Libération et Charlie Hebdo, et écrivain.

    https://www.babelio.com/livres/Lancon-Le-Lambeau/1036944

    p.45-49

    p.57-67

    p.70:

    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/L-oubli-que-nous-serons

    P.81:

    https://www.kazoart.com/blog/loeuvre-a-la-loupe-la-danse-de-matisse/

    p.88:

    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/vs-naipaul-ayant-appris-a-ecrire-je-suis-devenu-mon-propre-maitre/90394

    p.106:

    https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/charles_baudelaire/elevation

    p.134:

    https://www.babelio.com/livres/de-Maistre-Voyage-autour-de-ma-chambre/186443

    p.155:

    http://www.madore.org/~david/lit/athalie.html

    p.200:

    https://www.babelio.com/livres/Kafka-Lettres-a-Milena/4194

    p.264:

    p.278:

    p.280:

    http://www.13emerue.fr/dossier/richard-durn-et-la-tuerie-a-la-mairie-de-nanterre

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=5052.html

    p.285:

    https://paroles2chansons.lemonde.fr/auteur-paul-valery/poeme-palme.html

    p.291-306

    p;318:

    p.337:

    http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/rep/bio/9.htm

    p.341:

    https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/le_voyage

    p.377:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_des_rois

    https://www.lesbelleslettres.com/livre/2450-ultima-necat-i

    p.383:

    http://www.lesvraisvoyageurs.com/tag/philippe-lancon/

    p.384-404

    p.408-416

    p.429:

    https://www.grandpalais.fr/fr/article/velazquez-toute-lexpo

    p.438:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonates_pour_piano_de_Beethoven

    p.442:

    p.454:

    p.467:

    https://www.babelio.com/livres/Mansfield-Journal/44719

    p.472:

    p.487:

    https://www.bedetheque.com/BD-AUT-Wolinski-Mes-annees-70-232004.html

    Le livre BOUTS DE PAYSAGES RIMESAchetez "bouts-de-paysages-rimes"

    1 ère publication:

    Je viens de terminer:

    11/04/2019 07:18

    (mon 2 e CDI) terrible et magnifique; prix FEMINA amplement mérité

  • Comme tous les jeudis, je lis la presse papier dans mon 2 e CDI(que je quitte pour un autre)

    Le Figaro daté du 27 juin 2019Journal La CroixUne du jourLibé du 27 juin 2019

    http://www.lefigaro.fr/

    http://www.lefigaro.fr/politique/nicolas-sarkozy-sa-france-intime-et-passionnee-20190626

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/mort-de-l-actrice-edith-scob-un-visage-familier-du-cinema-20190626

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/avec-les-gendarmes-de-la-promotion-colonel-beltrame-prets-a-servir-20190626

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/le-duel-entre-trump-et-xi-eclipse-la-reunion-du-g20-20190626

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-europe-au-chevet-du-tgv-lyon-turin-20190626

    http://www.lefigaro.fr/medias/en-france-la-librairie-resiste-mais-se-precarise-20190626

    http://www.lefigaro.fr/culture/la-nouvelle-voix-de-bernadette-soubirous-20190626

    http://www.lefigaro.fr/livres/les-dimanches-de-jean-dezert-de-jean-de-la-ville-de-mirmont-un-bartleby-a-la-francaise-20190626

    http://www.lefigaro.fr/livres/livres-de-poche-notre-selection-de-polars-du-pour-l-ete-20190626

    https://www.la-croix.com/

    https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Laicite-modele-francais-peut-sexporter-2019-06-27-1201031697

    https://www.la-croix.com/JournalV2/Vigilance-2019-06-27-1101031630

    https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Laicite-loi-quebecoise-loin-doctrine-francaise-2019-06-26-1201031553

    https://www.la-croix.com/JournalV2/700-000-personnes-disent-avoir-arrete-grace-cigarette-electronique-2019-06-27-1101031651

    https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Ethiopie-guerre-clans-2019-06-27-1201031710

    https://www.la-croix.com/JournalV2/etincelles-Notre-Dame-2019-06-27-1101031643

    https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/maisons-decrivains-dAragon-Zola-dEvelyne-Bloch-Dano-2019-06-27-1201031712

    https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Derriere-voile-2019-06-27-1201031707

    https://www.20minutes.fr/

    https://www.20minutes.fr/societe/2549847-20190626-grenoble-apres-action-burkini-piscines-restent-fermees-raison-nouvel-incident

    https://www.20minutes.fr/societe/2549199-20190625-video-canicule-circulation-differenciee-mise-place-mercredi-agglomeration

    https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/2550091-20190626-dinard-monica-bellucci-laisse-note-salee-28000-euros-festival-film-britannique

    https://www.liberation.fr/

    https://www.liberation.fr/planete/2019/06/26/teheran-washington-des-pistes-pour-enrayer-l-engrenage_1736431

    https://www.liberation.fr/france/2019/06/26/notre-dame-la-piste-criminelle-ecartee_1736420

    https://www.liberation.fr/debats/2019/06/26/sous-le-regard-de-toutankhamon_1736385

    https://next.liberation.fr/livres/2019/06/26/nietzsche-la-fibre-de-vers_1736390

    https://www.lopinion.fr/

    https://www.lopinion.fr/edition/economie/reforme-retraites-pourquoi-gouvernement-traine-191104

    https://www.lopinion.fr/edition/economie/contre-reforme-l-assurance-chomage-cfdt-cgt-font-manif-a-part-190884

    https://www.lopinion.fr/edition/autres/lodge-a-l-heure-bilan-critique-bernard-quiriny-190857

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/21/les-100-romans-qui-ont-le-plus-enthousiasme-le-monde-depuis-1944_5479594_3246.html

     

  • L'invention de la figure de l'intellectuel engagé”

    voltaire.jpgAu cours de sa vie, Voltaire s'est engagé dans plusieurs "affaires" : il a défendu le chevalier de La Barre, Montbailli, Etallonde, Morangiés, Lally-Tollendal, Sirven... Parmi toutes ces affaires, quelle est la singularité de l'affaire Calas ?

    C'est la cause inaugurale, celle qui, pour Voltaire, a servi de modèle, réel ou imaginaire, à toutes les autres. Cela explique qu'elle occupe dans les mémoires une place prééminente. Ainsi, au moment de la mort de Voltaire, en 1778, c'est d'abord le défenseur de Calas à qui la foule parisienne rend hommage. Cela demeure vrai pendant la plus grande partie du XIXe siècle : chez les républicains positivistes, c'est le Voltaire du Traité sur la tolérance (écrit, comme l'indique le titre, "à l'occasion de la mort de Jean Calas") qui est cité, beaucoup plus que le Voltaire philosophe, dramaturge ou conteur.

    Cette fortune mémorielle de l'affaire Calas s'est-elle prolongée jusqu'à nos jours ?

    Globalement, oui. Sauf au début de la IIIe République. A cette époque, dominée par l'anticléricalisme, les républicains francs-maçons ont préféré mettre en avant la figure du chevalier de La Barre, ce jeune homme de 19 ans condamné à mort, roué et brûlé en 1766 parce que soupçonné d'avoir profané un crucifix. Sa jeunesse et son supplice atroce en faisaient une figure émouvante. De nombreuses mairies ont alors baptisé des rues en son honneur, et le plus souvent à côté d'édifices religieux, en signe de défi. Regardez où est la rue du Chevalier-de-la-Barre à Paris : à côté de la basilique du Sacré-Coeur, ce symbole du catholicisme militant...

    Plus tard, après la séparation des Eglises et de l'Etat, quand les rapports de la République avec l'Eglise catholique se sont pacifiés, Calas est revenu au premier plan, comme victime emblématique de l'injustice au sens large. C'est alors le côté "erreur judiciaire" qui a été mis en avant. Sartre a joué un grand rôle dans ce processus de réactivation mémorielle, en mettant en parallèle le rôle de Voltaire dans l'affaire Calas et celui de Zola dans l'affaire Dreyfus. Depuis, une image s'est imposée : celle d'un Voltaire qui aurait inventé la figure de l'intellectuel engagé.

    Précisément, cette comparaison avec l'affaire Dreyfus vous paraît-elle justifiée ?

    Ce sont certes deux erreurs judiciaires, deux affaires dans lesquelles les préjugés - antiprotestants dans le cas de Calas et antijuifs dans le cas de Dreyfus - ont beaucoup pesé. Mais la comparaison s'arrête là.

    La grande différence entre les deux affaires tient au fait que l'opinion publique, à l'époque de Voltaire, n'existait pas, faute d'une presse moderne capable de relayer, à l'échelle nationale et auprès de larges fractions de la population, ce qui se passe au niveau local. Pour cela, il faudra attendre la Révolution et, surtout, la Restauration. L'illettrisme fait aussi la différence : à la fin du XVIIIe siècle, seulement 40 % des Français sont capables de signer un acte notarié.

    Cette absence d'écho dans une opinion publique qui n'existe pas explique pourquoi l'affaire Calas n'a pas eu de réelles conséquences politiques. C'est une affaire qui est restée, de bout en bout, relativement confidentielle. Voltaire, d'ailleurs, n'a pas cherché pas à mobiliser les foules. Ce qu'il voulait, c'était obtenir une révision du procès. Du coup, ce furent principalement les élites qui pouvaient avoir de l'influence au Conseil du roi qu'il essaya de rallier à sa cause, comme l'avocat Elie de Beaumont, qu'il chargea de rédiger un mémoire. De même, il fit pression sur ses amis haut placés, se gardant bien de faire appel aux autres philosophes. Voltaire, en somme, a mobilisé des réseaux.

    Quelles valeurs Voltaire met-il en avant dans son combat en faveur de Calas ?

    La première, c'est la vérité. C'est, je crois, le moteur de son engagement. C'est quand il se plonge dans le dossier, et qu'il commence à comprendre à quel point l'enquête a été bâclée, qu'il se prend de passion pour une affaire qui lui était d'abord apparue comme un simple fait divers. Il mène alors une véritable enquête.

    La deuxième valeur, c'est la justice. Ce qui choque Voltaire, ce n'est pas seulement la condamnation d'un innocent, mais la sévérité de la peine qui lui a été infligée. Calas, même coupable, ne méritait pas d'être torturé en place publique et mis sur le bûcher.

    Cette dénonciation d'une justice d'un autre temps, qui se délégitime elle-même en appliquant des peines d'une cruauté extrême, est un aspect essentiel de l'engagement de Voltaire. La question ne cessera, d'ailleurs, de le travailler, comme en témoigne le Commentaire qu'il publiera en 1766 à propos du traité de Beccaria, Des délits et des peines.

    Ce qui anime Voltaire, enfin, c'est la lutte contre l'intolérance, c'est-à-dire la dénonciation de toutes les institutions qui menacent la liberté de pensée. Je préfère parler d'un combat contre l'intolérance plutôt que d'une exaltation de la tolérance, parce que Voltaire peut être fanatique dans sa dénonciation des fanatismes. Il y a ainsi chez lui une haine des Eglises, qui le pousse parfois à dire des horreurs - contre les juifs, par exemple. Ce qui explique que des pamphlétaires antisémites aient pu s'en réclamer sous l'Occupation.

    Dans l'Inventaire Voltaire (Gallimard, "Quarto", 1995), vous écrivez que, pour lui, "les affaires constitu(èrent) aussi un fait d'écriture", au point de faire l'objet d'une "mise en scène littéraire". Que voulez-vous dire ?

    Il ne faut pas oublier que les premiers textes de Voltaire sur l'affaire Calas, avant le Traité sur la tolérance, écrit en 1763, sont les "Pièces originales concernant l'affaire Calas", qui datent, elles, de 1762. Or ces pièces n'ont rien d'original puisque ce sont des lettres fictives signées des membres de la famille Calas, mais écrites par Voltaire lui-même. Voilà pourquoi je parle de "mise en scène". Voltaire, en quelque sorte, a été un grand manipulateur. Au nom de la justice et de la vérité, certes, mais un grand et subtil manipulateur quand même.

    Quant à la dimension littéraire, elle est intéressante : quand on étudie les textes, on s'aperçoit que Voltaire, pour toucher ses lecteurs, a utilisé certains procédés du style dit "larmoyant", alors en vogue dans le théâtre. Ces emprunts, que l'on retrouvera plus tard dans les textes écrits par Beaumarchais à l'occasion de ses procès, ont été très bien étudiés par Sarah Maza dans Vies privées, affaires publiques : les causes célèbres de la France prérévolutionnaire (Fayard, 1997).

    Deux siècles et demi plus tard, ces textes de Voltaire sur l'affaire Calas vous paraissent-ils encore d'actualité ?

    Je vous ai dit tout à l'heure qu'il ne fallait pas pousser trop loin les analogies avec l'affaire Dreyfus. Toutefois, je vous dirai aussi que c'est parce que Sartre avait fait de Voltaire l'ancêtre de Zola que j'ai commencé à m'intéresser au XVIIIe siècle dans les années 1950. Pendant la guerre d'Algérie, c'était très important pour des jeunes gens de ma génération - je suis né en 1937 - de pouvoir montrer à ceux qui nous appelaient "l'anti-France" qu'il y avait eu, dans ce pays, des hommes comme Voltaire ayant eu le courage de s'élever contre la torture. Voltaire, comme l'ensemble des philosophes des Lumières, fut d'abord pour nous un garant culturel de nos engagements.

    Plus tard, les choses ont évolué : quand on travaille en détail sur la pensée des Lumières, on s'aperçoit que les choses sont plus complexes, qu'il y a des contradictions, des zones d'ombre - j'évoquais tout à l'heure l'antisémitisme... -, et cette dimension militante de mon attachement au XVIIIe siècle s'est estompée.

    Et puis, dans les vingt dernières années, mon regard a de nouveau évolué. Quand je vois qu'on profane des cimetières juifs ou musulmans, qu'il y a des pays où on lapide des femmes pour adultère, où on coupe la main des voleurs, où on exécute des gens en place publique, alors je repense à Voltaire, aux pages superbes du Traité sur la tolérance, en me disant, avec la chair de poule, qu'elles n'ont malheureusement rien perdu de leur force ni de leur pertinence.


     

    Jean Marie Goulemot est historien.

    Dernier ouvrage de Jean Marie Goulemot paru : Pour l'amour de Staline. La face oubliée du communisme français (CNRS éd., 378 p., 10 €).

     

    Propos recueillis par Thomas Wieder
  • La Samaritaine : renaissance d’un chef-d’œuvre de l’Art Nouveau(nous avons suivi ce chantier, je verrais seule son achèv

    La Samaritaine : renaissance d’un chef-d’œuvre de l’Art NouveauSous la verrière de la Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu' pour La Samaritaine

    Pour vous accompagner durant cette période de confinement, Connaissance des Arts a décidé de vous offrir l'intégralité du contenu de son magazine d'avril en version numérique. Aujourd'hui, pénétrez sur l'exceptionnel chantier de restauration de la Samaritaine, chef-d'oeuvre de l'Art nouveau parisien, qui doit rouvrir ses portes cette année, après quinze ans de fermeture.

    En 1900, Paris accueille le monde entier dans une atmosphère de fête. À l’occasion de l’Exposition universelle fleurissent, à côté des grosses « pâtisseries » dans le style Beaux-Arts, des édifices à l’architecture aussi inédite que fantastique, de la porte monumentale de René Binet au pavillon de Loïe Fuller, sans oublier les stations de métro signées Hector Guimard. La Samaritaine, chef-d’œuvre de l’Art Nouveau parisien, est l’enfant de ce moment d’effusion architecturale.

    La Samaritaine, façade Art Nouveau à décor floral ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu' pour La Samaritaine

    La Samaritaine, façade Art Nouveau à décor floral ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu’ pour La Samaritaine

    Toutefois sa genèse, fruit d’un long cheminement, commence deux décennies plus tôt. En 1882, Émile Zola travaille à l’écriture d’Au Bonheur des dames, onzième volume de la saga des Rougon-Macquart dans lequel il évoque le monde des grands magasins sous le Second Empire. Pour donner de la crédibilité à sa description, l’auteur demande à Frantz Jourdain d’imaginer le projet d’une de ces « cathédrales du commerce moderne ». L’architecte soumet à Zola une proposition extrêmement détaillée. Quoiqu’un peu visionnaire pour un roman se déroulant dans les années 1860, celle-ci n’en inspire pas moins l’écrivain, qui reprend l’idée phare de Jourdain : une construction de métal et de verre, ornée d’une décoration colorée soulignant la structure du bâtiment. Aussi fictif soit-il, le grand magasin rêvé par Jourdain constitue bien la base de son projet pour la Samaritaine, développé après 1900. Entre-temps, la découverte de l’Exposition universelle de 1889, celle de la tour Eiffel et de la galerie des Machines, a achevé de le convaincre des vertus de l’architecture métallique.

    L’escalier historique de La Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu’ pour La Samaritaine

    Le manifeste de Jourdain

    Raconter l’histoire de la Samaritaine, ce n’est pas seulement tenir la chronique d’un succès commercial fulgurant, c’est aussi narrer une véritable épopée architecturale. Créée en 1871 face au grand magasin La Belle Jardinière, l’enseigne ne va cesser de s’étendre en direction de la rue de Rivoli et de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Son fondateur, Ernest Cognacq, et son épouse, Marie-Louise Jaÿ, achètent alors à tour de bras les parcelles dans ce périmètre, puis relient entre eux les rez-de-chaussée pour en faire de vastes surfaces de vente.
    Dès 1885, Jourdain collabore à cette entreprise. Mais ce bricolage touche bientôt ses limites : l’agglomération de bâtiments hétéroclites, souvent anciens, aux hauteurs sous plafond médiocres, entrave le développement de la Samaritaine. Après plusieurs opérations ponctuelles de reconstruction, l’architecte convainc les Cognacq-Jaÿ d’unifier l’îlot, situé entre les rues de la Monnaie et de l’Arbre-Sec, et d’édifier un magasin entièrement neuf. Promoteur du modernisme sous toutes ses formes, Frantz Jourdain milite pour une architecture de son temps, qui en exprime le caractère, position résumée dans sa maxime : « À des besoins nouveaux, des formes nouvelles ». Projet ambitieux, la Samaritaine constitue « le manifeste de Jourdain autant qu’un manifeste bâti de la théorie de l’Art Nouveau », considère l’historienne Meredith Clausen.

    Sous la verrière de la Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu' pour La Samaritaine

    Sous la verrière de la Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu’ pour La Samaritaine

    L’art dans la rue

    Elle se présente d’abord comme un manifeste pour l’architecture métallique. Grâce à la préfabrication, celle-ci est gage d’efficacité lors de la construction ; elle est aussi, à l’usage, une promesse de lumière et d’espace, grâce à la suppression des maçonneries, la réduction des éléments porteurs et la couverture par une grande verrière. La Samaritaine se veut également un manifeste pour ce que Jourdain appelle, dans un de ses articles, « l’art dans la rue ». Grâce à la couleur et à l’ornement, son édifice participe d’une esthétique urbaine offerte à tous, dans un esprit social et démocratique. C’était du moins le projet à l’origine, car les vicissitudes dont a été victime le bâtiment ont occulté cette généreuse ambition.

    Détail du décor monumental de la Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu' pour La Samaritaine

    Détail du décor monumental de la Samaritaine ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu’ pour La Samaritaine

    En effet, lorsque le nouveau magasin est inauguré en 1910, l’Art Nouveau est quasiment passé de mode. Mais c’est la construction de l’extension côté Seine, sous la houlette d’Henri Sauvage, qui dénature l’aspect du magasin 2. Dès les années 1930, il est soumis à une cure d’austérité. Ainsi, sont badigeonnés les décors peints à l’intérieur et une partie des panneaux en lave émaillée en façade pour mieux s’accorder au style Art Déco, plus dépouillé, du nouveau bâtiment. Diverses interventions, dans les années 1980, en avaient ressorti une partie au jour, mais la restauration qui s’achève permet vraiment de rendre justice aux intuitions de Jourdain et aux qualités visuelles et spatiales de son œuvre. Menée sous la direction de Jean-François Lagneau, architecte en chef des Monuments historiques, cette opération prend pour repère l’année 1932, époque à laquelle l’ouvrage originel avait déjà subi certaines transformations, du fait notamment de la construction de l’extension.

    Un geste architectural radical

    En 2001, le groupe LVMH (ndlr : propriétaire de « Connaissance des Arts ») acquiert la Samaritaine, quatre ans avant que le magasin soit fermé pour des raisons de sécurité. Progressivement, prend forme une ambitieuse opération de restructuration du magasin 2, entre la Seine et la rue de Rivoli. Celle-ci conduit à redistribuer les espaces entre différentes fonctions : commerces, bureaux, logements, hôtel. Chargé de la conception générale du projet, l’agence japonaise Sanaa Architecture renoue avec l’audace de ses prédécesseurs, en construisant un bâtiment sur la rue de Rivoli, enveloppé dans une façade de verre ondulé. Un geste architectural qui n’a pas fini de faire parler.

    La Samaritaine côté Seine ©©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu' pour La Samaritaine

    La Samaritaine côté Seine : vue sur la facade Art Déco de Henri Sauvage ©Pierre-Olivier Deschamps, Agence vu’ pour La Samaritaine

    Un chantier colossal

    Si, au terme de la restructuration, une partie du bâtiment Jourdain a été convertie en logements, l’essentiel, c’est-à-dire l’espace coiffé de la grande verrière, reste dévolu au commerce. Les mots lumière et couleur viennent spontanément à l’esprit lorsque l’on découvre la Samaritaine nouvelle. En façade comme dans le magasin, toute la structure métallique a retrouvé ce coloris gris bleu d’origine, mis en évidence par les études stratigraphiques menées avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Comme en écho, les plumes des paons arborent la même teinte sur la monumentale peinture ceinturant le dernier étage sous la verrière. À ce genre de détail, se révèle la conception puissamment unitaire du magasin, où Jourdain a œuvré en osmose avec dessinateurs, décorateurs, peintres et sculpteurs, pour créer une véritable œuvre d’art totale.

    Les restaurateurs se sont mis au diapason de ces artistes dans une entreprise véritablement colossale : 600 mètres linéaires de balustrades en ferronnerie, une peinture de 400 mètres carrés, des panneaux en lave émaillée sur 680 mètres linéaires, etc. Ces derniers apparaissent comme l’élément essentiel de l’identité visuelle du magasin. Œuvre de Francis Jourdain, fils de l’architecte, et de l’affichiste Eugène Grasset, ils avaient particulièrement souffert. Aussi, une vingtaine de panneaux, trop endommagés ou disparus, ont été refaits par Maria da Costa, une des dernières émailleuses sur lave. Non moins essentielle dans l’économie esthétique du projet, la peinture aux paons a été découpée en trois cent trente-six panneaux, dont le support en briques de liège a été aminci, puis renforcé par un mélange de plâtre et de métal. Ensuite, les restaurateurs se sont attachés à débarrasser la surface des repeints à l’acrylique des années 1980 et des restes du badigeon antérieur, retrouvant enfin le délicat chromatisme de la peinture originelle.

    Pour chaque élément du décor ou de l’architecture, un même travail aussi patient et minutieux que technique a permis de ressusciter l’œuvre de Jourdain et de tous les artisans qui l’ont accompagné dans son entreprise. Pour ceux qui se souviennent de la Samaritaine un peu lugubre des années 1990, le choc promet d’être saisissant.



    Découvrez les autres articles parus dans notre numéro d’avril.

    « Christo emballe Paris »

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  • 1857. Bon millésime

    Jean-François Richer

    1857. Un état de l’imaginaire littéraire, revue Études françaises, numéro préparé par Geneviève Sicotte, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, vol. 43, no 2, 2007, 162 p.

    L’idée est accrocheuse et engage d’emblée le lecteur : parce que 1857 est « sans conteste un étonnant millésime » (p. 6) au cours duquel « s’exposent les grandes tensions qui structurent le champ littéraire au long du XIXe siècle » (p. 9), les articles réunis par Geneviève Sicotte se proposent de « faire l’exploration de l’imaginaire [que l’année 1857] met en jeu » (p. 7). Séduit par ce programme, le lecteur part de bon gré à la recherche de « cette entité organique de 1857 » (p. 8), il veut qu’on dirige son attention vers « le système générique, les esthétiques, la carrière des auteurs, les formes » (p. 8) et il se tarde de voir « émerger de ces analyses, en mosaïque, le tableau partiel, mais plausible de l’imaginaire littéraire de l’époque » (p. 8). Disons-le de suite : le lecteur, à l’arrivée, ne sera pas déçu, et cela malgré quelques petits écueils qui le feront d’abord voguer de Charybde en Scylla.

    C’est avec précaution qu’il devra ainsi naviguer, dans les premières pages, entre certains postulats de la « Présentations » (pp. 5-12) où s’entrechoquent des propositions qui apparaissent contradictoires ; lorsqu’il s’agit de saisir les discours sociaux d’une époque, on nous rappelle, par exemple, que « la simultanéité n’engendre pas nécessairement du sens » (p. 7) ; le paragraphe suivant dit pourtant, et sans détour, que « la coexistence génère du sens » (p. 8). Or comment la « simultanéité » diffère-t-elle de la « coexistence » ?

    Est-il juste, aussi, d’affirmer que la mort de Victor Hugo en 1885, ou encore celle d’Émile Zola en 1902, sont des « moments où, indépendamment de toute autre considération, le littéraire fait date » (p. 6) ? Sont-ce là des exemples purs de cette « hétéronomie des scansions politiques et littéraires » (p. 6) qui « s’accentue tout au long du siècle » (p. 6) ? Le décès d’un des plus célèbres pairs de France, le député à l’Assemblée législative qui fit le coup de feu sur les barricades de la rue Saint-Louis en juin 48, et celui de l’auteur de « J’accuse » ne furent-ils pas, au moins en partie, des événements proprement politiques ? Les cendres de ces deux « grands hommes » (dont la grandeur, justement, provient du fait qu’ils ont transcendé le littéraire pour toucher au politique) n’ont-elles pas été rapidement panthéonisées par « la patrie reconnaissante » ? La mort d’Honoré de Balzac le 18 août 1850 eut peut-être fourni, à cet égard, un meilleur exemple. À la page 19 de la revue, Stéphane Vachon rappelle justement à quel point la disparition de l’auteur de La Comédie humaine « fut pour la littérature une date, un événement » (p. 19)1.

    La « Présentation » (p. 5-12) décrit également 1857 comme étant, entre autre, « l’année du manifeste sur le réalisme de Champfleury » (p. 7). S’il est vrai que Champfleury fit paraître chez Michel Lévy un ouvrage intitulé Le Réalisme, est-il exact de qualifier cette publication de « manifeste » (et l’expression est reprise au verso de la revue et encore une fois à la page 10 où l’ouvrage de Champfleury est désigné cette fois comme un « recueil-manifeste ») ? Le Réalisme fut-il vraiment un « exposé théorique lançant un mouvement littéraire », selon une des définitions classiques de ce substantif, attestée dès 1828, et donnée par Le Petit Robert de la langue française dans son édition 2007 ? À notre connaissance, le mot « manifeste » ne figure pas dans Le Réalisme et Champfleury lui-même invite son lecteur à ne pas voir son volume comme « une bible, une charte, un codex »2 sur le réalisme. Plutôt que sous sa propre plume, c’est sous celle de Gustave Courbet que Champfleury a reconnu, en juin 55, les formes d’un « manifeste réaliste » ; décrivant à « Madame Sand » le scandale que cause dans tout Paris l’exposition que Courbet inaugure, au rond-point de l’Alma, avenue Montaigne, le 28 juin 1855 et le catalogue que Courbet avait assemblé pour l’occasion, vendu 10 centimes pièce, et qui comportait un avant-propos intitulé « Le Réalisme », l’auteur de Chien-Caillou s’extasie du fait que « non content de faire bâtir un atelier, d’y accrocher des toiles, le peintre a lancé un manifeste »3; plus loin, Champfleury donne même quelques-uns des « mots excellents » que Courbet a mis « dans son manifeste »4. Et s’il fallait chercher un manifeste réaliste, n’est-ce pas chez Edmond Duranty que nous le trouverions? Qu’on se rappelle simplement le ton revendicateur avec lequel il expose les dictats de l’esthétique réaliste, en décembre 1856 par exemple, dans le second numéro du Réalisme, une revue qu’il avait lui-même fondée et qui ne verra que six parutions entre juillet 56 et mai 57 ; Duranty rappelle à ses lecteurs : « Que le Réalisme proscrivait l’historique dans la peinture, dans la peinture et dans le théâtre afin qu’il ne s’y trouvât aucun mensonge, et que l’artiste ne pût pas emprunter son intelligence aux autres. Que le Réalisme ne voulait des artistes que l’étude de leur époque. Que dans cette étude de leur époque il leur demandait de ne rien déformer, mais de conserver à chaque chose son exacte proportion. »5 Le ton, on l’entend, est doctrinaire.

    Enfin, Le Réalisme de Champfleury pose une autre question quant à la pertinence de son invocation répétée dans les pages de cette réflexion consacrée à l’année 1857 : que reste-t-il, justement, de l’année 1857 dans cet ouvrage où l’auteur dit avoir « imprimé ce que j’ai pensé à diverses époques »6 ? De fait, le premier article intitulé « L’aventurier Challes » est daté de mai 1854, et la « Lettre à M. Ampère touchant la poésie populaire » est d’octobre 1853 ; le texte intitulé « Est-il bon ? Est-il méchant ? Lettre à Monsieur le Ministre d’État » date du 1er décembre 1856, et l’article sur « La littérature en Suisse » date, lui, du mois d’août 1853 ; enfin, l’avant-dernier texte du recueil, « Sur Monsieur Courbet. Lettre à Madame Sand », est de septembre 1855 (et avait d’ailleurs déjà paru dans l’édition du 2 septembre 1855 de L’Artiste, 5e série, Tome XVI, 1ère livraison, pp. 1-5.) tandis que le texte final, « Une vieille maîtresse. Lettre à M. Louis Veuillot » est de novembre 1856. L’approche synchronique, quoique fructueuse comme on le verra, n’est pas sans poser quelques problèmes de méthode7.

    Le voyage en 1857 continue ensuite de fort belle manière avec l’article de Stéphane Vachon dont on peut regretter, toutefois, le titre un peu trop neutre, trop générique, « Balzac entre 1856 et 1857 » (p.13-29), un intitulé qui n’annonce pas suffisamment la thèse originale développée dans ce texte. Après cinq pages d’éphémérides, des pages vivantes où l’auteur présente, en accéléré, le film de ceux qui meurent, qui naissent, qui vivent, qui se marient, qui votent ou qui sont poursuivis en justice cette année-là, Stéphane Vachon, informe le lecteur qu’il ne s’interdira pas de déborder l’année 1857 « sur chacune de ses franges » (p. 19) et que celle-ci « constitue un moment essentiel dans l’histoire de la critique balzacienne » (p. 19) car y « foisonnent [d]es études inédites sur Balzac » (p. 20). Une retiendra particulièrement son attention : « rien d’autre, en février 1858, que la grande étude de Taine sur Balzac » (p. 26). Analysant cette étude, Stéphane Vachon montre, bousculant plusieurs idées reçues, que ce qui est en jeu dans le champ discursif littéraire de l’époque, ce ne sont pas tant les célèbres querelles entre les réalistes et les romantiques car, « hormis Pinard, Champfleury et Montalembert, personne ne sait ce qu’est le réalisme, personne n’y croit, personne n’en veut » (p. 26), mais rien de moins que « le passage du romantisme au naturalisme » (p. 26). Taine, explique Stéphane Vachon, en « naturalis[ant] Balzac » (p. 26), en reprenant, avec lui, et à son compte, la notion de « milieu » tout en s’efforçant de « saisir Balzac dans toutes ses dimensions et dans sa complexité » (p. 27), aurait créé un quelque chose comme un modèle de production littéraire, une nouvelle façon « d’expliquer les œuvres par les faits historiques et physiologiques » (p. 28), une matrice esthétique qui aura sur le jeune Zola qui, on le sait, rencontrera Taine chez Hachette, « une importance déterminante » (p. 28). Et l’auteur de conclure que cette transmission de savoirs entre Balzac et Zola, médiatisée par Taine, ce télescopage dialogique, Zola lisant Taine lisant Balzac, « invite à penser directement, autour de 1857, le […] passage […] d’une poétique de la réalité à une autre » (p. 29). On verrait bien cet article figurer, comme un contrepoint essentiel, dans plusieurs manuels d’histoire littéraire.

    Dans un article intitulé « Le Réalisme de Champfleury ou la distinction des œuvres » (p. 31-43), Isabelle Daunais explique que l’auteur des Bourgeois de Molinchart, cherchant à définir « la singularité des œuvres du réalisme » (p. 33), s’est trouvé rapidement confronté à une question fondamentale : « comment discerner ce qui est une œuvre d’art de ce qui ne l’est pas ? » (p. 33) Plus encore, Isabelle Daunais s’attache à comparer les réponses avancées par Champfleury à celles proposées à la même époque par son illustre contemporain, Gustave Flaubert, qui lui aussi tentait alors de « comprendre ce que devient l’art lorsque l’artiste ne peut plus se justifier d’aucun lien avec son objet, sinon celui de la stricte observation » (p. 39). Isabelle Daunais explique que les arguments que Champfleury emploie pour identifier les tenants et les aboutissants de l’esthétique réaliste, dessinant une « vision idyllique de l’artiste » (p. 36), révèlent, au fond, son refus net de croire que l’art puisse côtoyer de si près ce qui n’est pas de l’art, « cette possibilité ouverte par le monde nouveau qu’est la dérision » (p. 40) ; en cela, Champfleury s’oppose diamétralement à Flaubert qui, « on le sait, fait de la ténuité de cette frontière l’un des paris de l’art » (p. 41), gageant d’abord que « la force du style sauvera son œuvre de l’insignifiance » (p. 41). Quoi que dise le titre de cette seconde contribution, c’est bien de la fulgurante nouveauté du réalisme flaubertien dont il est ici vraiment question ; écoutons la belle finale de cet article : « Pour l’auteur du Réalisme, 1857 ne pouvait être qu’une fin, pour celui de Madame Bovary, c’était un commencement » (p. 43).

    Dans la troisième contribution, intitulée « Flaubert et la question des genres » (p. 45-58), Geneviève Sicotte montre habilement comment Flaubert a mis « systématiquement en cause les paramètres génériques de son temps » (p. 46). Si « 1857 est véritablement l’année de Madame Bovary » (p. 48), il ne faut oublier, nous dit l’auteur, que Flaubert a aussi cette, même année « un autre fer au feu » (p. 48), soit la deuxième version de La Tentation de Saint-Antoine dont des extraits seront publiés dans L’Artiste. Le fait que deux textes aussi différents « adviennent à l’existence de manière simultanée […] confère à la production de Flaubert en cette année 1857 une singulière complexité » (p.49). Avec la publication de Madame Bovary, qui place — et magistralement ­­—, dans le champ littéraire de l’époque le genre romanesque « là où on l’attend[ait] pas » (p. 51), et celle de La Tentation de Saint-Antoine, ce texte à la « forme bâtarde » (p. 53), « hybride entre le roman et le théâtre » (p. 54), Flaubert conquiert le champ littéraire non pas en produisant de grands textes dans les formes hautement légitimées en 1857 (et l’auteur avance l’exemple du roman historique ou du roman feuilleton, p. 52, ceux, aussi, du vaudeville et du mélodrame, p. 54), mais en investissant des zones marginales du champ de production, soit les avant-gardes, « plus souples et dynamiques » (p. 56). Grâce à ce « repositionnement des genres » (p. 56), Flaubert parvient à la gloire littéraire comme « par le bas » (p. 56), en entrant par « la petite porte » (p. 56).

    Dans « Le Journal des Goncourt en 1857 : le règne paradoxal de la Bohème » (p. 59-72), Anthony Glinoer demande aux frères Goncourt une « contre-expertise » (p. 63) aux analyses du phénomène socio-littéraire de la bohème faites « a posteriori » (p. 63) comme le dit l’auteur lui-même par Pierre Bourdieu d’abord dans Les règles de l’art, puis par Nathalie Heinich dans L’Élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique. L’auteur montre que les Goncourt ont proprement fustigé la bohème, qu’ils associent à une « gigantesque maison close » (p. 66) produisant une « littérature qui ne se montre pas digne d’elle-même » (p. 67). Les Goncourt répondront sur le plan littéraire à ce phénomène par « une pièce à faire, Les Hommes de lettres » (p. 68) et par la mise en place d’une « contre-sociabilité » (p. 69) ; ils « investissent le Café Riche » (p. 69) et forment un « cénacle » (p. 69), autant de geste, explique Anthony Glinoer, pour « élever ce que les Goncourt nomment le “capital littérateur” » (p. 67). La bohème forme donc le « camp adverse » (p. 70) et en cela, elle n’est pas « comme le déduisait Bourdieu, une matrice, mais un obstacle, ou encore un repoussoir pour les hommes de lettres » (p. 70). L’analyse des représentations de la bohème dans le Journal des Goncourt amène l’auteur à conclure que celle-ci est « l’objet d’une pluralité de discours » (p. 71) qui luttent pour « l’imposition d’une définition légitime » (p. 71) s’écartant en cela des analyses de Nathalie Heinich qui « font valoir que les représentations de la bohème […] sont multiples et que cette multiplicité est productive » (p. 71).  

    Jean-Pierre Bertrand, dans « La Poétique du fil : Odes funambulesques de Théodore de Banville » (p. 73-83), veut souligner la contribution de Banville à l’histoire de la poésie en cette année 1857. À cet égard, le mérite des Odes funambulesques, et celui de sa « préface-manifeste » (p. 77), fut de « transposer les techniques de la caricature dans le langage poétique » (p. 77) ce qui aura pour effet de « mettre en place un dispositif de pur langage qui conjure toute compromission avec le réel » (p. 77). Plus encore, Jean-Pierre Bertrand affirme que Banville, dans ce recueil, « invente la poésie jetable » (p. 83), une poésie moderne en ce qu’elle fait de sa situation de crise — son « nécessaire caractère éphémère » (p. 83) —, le matériau même qui la constitue. Banville touche donc ici à Flaubert, qui lui aussi approcha une forme littéraire, le roman, comme une chose qui n’allait pas de soi. Et c’est dans ces croisements inattendus que se révèle toute la qualité de ce numéro d’Études françaises qui invite à penser ensemble Banville, Flaubert, Taine, Champfleury, Zola et Balzac, à les prendre à la même époque — on a envie de dire au même coin de rue —, pour mieux entendre ce qu’il y avait de profondément harmonique dans leurs paroles imprimées.

    Dans un article intitulé « Traduction négative et traduction littérale : les traducteurs de Poe en 1857 » (p. 85-98), Benoît Léger rappelle d’abord que Baudelaire ne fut pas le « seul agent de diffusion de Poe en France » (p. 89) puisqu’avant que ne paraissent les Histoires extraordinaires, on recense « au moins dix-sept traductions » (p. 90) différentes des contes du grand écrivain américain. Benoît Léger se propose ensuite de confronter les « premières lignes de […] trois nouvelles traduites à la fois par Hughes et Baudelaire » (p. 91). L’exercice, fort intéressant, révèlera que Hughes « s’inscrit dans une tradition classique de rationalisation, d’étoffement et de paraphrase » (p. 96) qui édulcore les textes de Poe tandis que les traductions de Baudelaire, plus « littéralistes » (p. 97) agissent davantage comme des « révélateur[s] » (p. 98) capables de transmettre au lecteur la « nature profonde » (p. 98) de ces Histoires extraordinaires.

    Un article signé Micheline Cambron et intitulé « Pédagogie et mondanité. Autour d’une dictée… » (p. 99-110), clôt la partie thématique de la revue. L’objet du texte de Micheline Cambron est la célèbre dictée que Prosper Mérimée composa et fit passer à la cour, en 1857, suivant, selon la légende, une commande de l’impératrice (qui aurait d’ailleurs « fait 62 fautes et Napoléon III, 75 », p. 99). L’argumentation se développe en trois temps : le premier propose une rapide histoire de la dictée en France et cherche particulièrement à replacer cet exercice dans le contexte de la « pédagogie naissante » (p. 102) de l’époque. Le second mouvement du texte déplace l’analyse du côté du discours social québécois ; le corpus analysé est le millésime 1857 du Journal de l’Instruction publique. En substance on apprend que le « discours sur l’école » (p. 106) a une puissante « force d’attraction […] qui entraîne dans son mouvement quantité d’autres types de discours » (p. 106) et que, en somme, tout le discours social peut potentiellement devenir « une machine à instruire » (p. 106). Le lecteur appréciera particulièrement la troisième partie de cet article. Dans un commentaire composé finement mené, l’auteure analyse ligne par ligne la dictée de Mérimée. L’analyse révèle tout le savoir historique, géographique, sociologique et littéraire à l’œuvre dans les trois paragraphes de Mérimée ; au-delà des questions d’orthographe et d’épellation, ce texte parle surtout « de pouvoir — celui de l’église l’emporte sur les valeurs bourgeoises » (p. 110), et « d’argent » (p. 110). Non, une dictée n’est jamais sociologiquement neutre.

    Il y aurait encore tant de points de l’année 1857 à explorer, se dit-on, au sortir de cet ouvrage (le discours philosophique, le théâtre, la presse, notamment) ; on voudrait aussi explorer davantage un des conflits majeurs qui traversent le champ littéraire de cette année-là et qu’on entend gronder en arrière-plan dans la plupart des articles rassemblés ici par Geneviève Sicotte : la lutte pour la légitimité littéraire qui oppose le vers à la prose ; entre Flaubert qui prépare Madame Bovary en jurant contre cette « chienne de chose que la prose » et à laquelle il veut donner « la consistance du vers »8, Champfleury qui défend le « prosaïsme » mais étudie aussi « la poésie populaire », et Baudelaire qui travaillait, dès 55, à des textes qu’il joindra plus tard à ses Petits poèmes en prose, cette opposition est structurante dans le discours de l’époque. Aussi le lecteur appellera de ses vœux une suite prochaine à ce très bon numéro d’Études françaises (un second numéro ? un colloque ?).

    En plus de la partie thématique consacrée à l’année 1857, le lecteur trouvera deux autres articles dans une section intitulée « Exercices de lecture ».

    Le premier, signé par Frédérique Arroyas, intitulé « Les Variations Goldberg de Nancy Huston ou la désacralisation de l’œuvre musicale » (p. 113-135), veut montrer comment ce roman polyphonique de Nancy Huston récuse de part en part « une conception de la musique comme art sublime et désincarné » (p. 135). C’est avec tout le corps que s’écoute la musique de Jean-Sébastien Bach.

    Le second texte, signé par Antoine P. Boisclair et intitulé « Présence et absence du portrait à l’École littéraire de Montréal. Les exemples de Charles Gill et d’Émile Nelligan » (p. 137-151), s’attachent à montrer « qu’en s’intéressant à peinture, Gill et Nelligan [ont ouvert] la voie au poème-paysage » (p. 150), et ont favorisé la venue, dans les beaux-arts québécois de « l’esprit de composition propre aux poétiques du paysage » (p. 150).

    Publié sur Acta le 21 janvier 2008
    Notes :
    1 Stéphane Vachon développe plus à fond cette idée que « la mort d’Honoré de Balzac fut, pour la littérature autant que pour son histoire, un événement, une date » dans un ouvrage publié récemment et intitulé 1850. Tombeau d’Honoré de Balzac (Montréal, collection « documents », XYZ Éditeurs, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2007) ;  la citation précédente est à la page 14.
    2 CHAMPFLEURY : Le Réalisme, Michel Lévy Frères, Libraires-Éditeurs, Paris, 1857, p. 21.
    3 CHAMPFLEURY : L’Artiste, 5e série, Tome XVI, 1ère livraison, 2 septembre 1855, p. 1.
    4 Ibid., p. 2.
    5 DURANTY, Edmond : Le Réalisme, Paris, vol. I, no 2, décembre 1856, cité par Pierre Chartier, Introduction aux grandes théories du roman, Bordas, 1990, pp. 94-95.
    6 CHAMPFLEURY : Le Réalisme, Michel Lévy Frères, Libraires-Éditeurs, Paris, 1857, p. 21.
    7 Des problèmes, ou des inconforts méthodologiques disons, ressentis par plusieurs collaborateurs : Stéphane Vachon (« Balzac entre 1856 et 1857 », pp.13-29), pour poser son analyse, doit « déborder [1857] sur chacune de ses franges (avril 1856 – mars 1858) » (p. 19), Jean-Pierre Bertrand (« La Poétique du fil : Odes funambulesques de Théodore de Banville », pp. 73-83) se demande « Pourquoi 1857 et pas 1875 ou 1856 ou 1858 ? » (p. 73) et Benoît Leger (« Traduction négative et traduction littérale : les traducteurs de Poe en 1857 », pp. 85-98) avance d’entrée de jeu que « 1857 ne constitue pas une année charnière en matière de traduction » (p. 85).   
    8 FLAUBERT, Gustave : Correspondance, éd. établie, présentée et annotée par Jean Bruneau, « Pléïade », Gallimard, t. 2, 1991 ; lettre à Louise Collet, 19 juillet 1852.