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Catégories : Paris(75,Ile de France):vécu,études

C'est la romance de Paris

Par Thierry Clermont
28/10/2010 | Mise à jour : 12:26

Carnet d'adresses de Didier Blonde relate une promenade sur les lieux où vécurent les personnages de livres et de films célèbres. 

Les immeubles parisiens sont des palimpsestes de l'imaginaire romanesque (…). Je traverse la ville comme une bibliothèque.» C'est ainsi que Didier Blonde voit les choses. Depuis sa tendre adolescence à Neuilly, quand il découvre qu'Arsène Lupin possédait une planque, à quelques numéros du domicile familial. Le «vertige», c'est son mot, qu'il éprouve alors va le porter vers le «fétichisme des lieux» littéraires.

Muni de cartes, de plans d'un autre âge, de photos d'époque, d'annuaires hors d'usage et de romans annotés, Didier Blonde part à la recherche des domiciles des personnages fictifs dans Paris. À travers ses flâneries, on tombe sur Nestor Burma, rue des Petits-Champs ; au siècle précédent, c'est Maldoror, rue Vivienne. Rue de Choiseul, Frédéric Moreau attend sous une fenêtre l'apparition de Mme Arnoux, alors que Rastignac est attablé au Rocher de Cancale (toujours en activité), rue Montorgueil. Hélas, l'immeuble où logeait Lucien Leuwen, près de la gare Saint-Lazare, accueille aujourd'hui une succursale bancaire

Rive droite, rive gauche, Didier Blonde ne méprise pas pour autant ses contemporains. Il emboîte le pas à Patrick Modiano, découvre que le protagoniste d'Un cirque passe loge dans un appartement du quai de Conti, dans lequel justement Modiano a passé son enfance. Idem pour Daniel Pennac qui a habité au-dessus de la quincaillerie désaffectée des Malaussène, dans la populaire rue de la Folie-Méricourt.

 

Badinage pédestre 

 

Il existe également des voisinages involontaires, d'un roman à l'autre : la Nana de Zola et Arsène Lupin, Octave Mouret et Marie Arnoux. On peut alors rêvasser sur ces couples improbables. «Les adresses sont les jalons d'une vie, une échelle capricieuse des âges», précise-t-il.

Le cinéma a également sa place: Antoine Doisnel à la fenêtre de sa chambre d'hôtel, rue de l'Écluse, et la fameuse rue Poliveau, dans le Ve arrondissement. Si, souvenez-vous des vociférations de Jean Gabin dans La Traversée de Paris : «Jambier ! 45, rue Poliveau ! Regret du Paris d'Antan? Celui chanté par Léon-Paul Fargue, René Fallet ou par Jean-Paul Clébert? Didier Blonde profite de ses déambulations pour nous dire tout le mal qu'il pense (et que l'on peut penser aussi) des quartiers récemment aménagés, comme la BNF François-Mitterrand et son «architecture totalitaire noyée de vent et de pluie». Cette bibliothèque où il a consulté d'innombrables fiches et microfilms pour mener à bien son enquête.

D'autres traces se sont perdues ou envolées : ainsi le magasin Au Bonheur des Dames, place Gaillon, c'est-à-dire à quelques pas ou, pourquoi pas, à l'emplacement même du restaurant Drouant, où se rassemblent traditionnellement les jurés du prix Goncourt…

Dans le prolongement de ce badinage pédestre, Didier Blonde publie un Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature (Éditions La Pionnière), qui va d'Anicet à Zazie en passant par le baron de Charlus, Fantômas ou Thérèse Raquin; le tout complété de deux index: par rues et par arrondissements. Pour découvrir ses illustres et romanesques voisins.

Carnet d'adresses de Didier Blonde, Gallimard,«L'Un et l'autre»,136 p., 17,90 €

 

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