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Catégories : Les polars

Regis Descott, "Caïn et Adèle"

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OLIVIER DELCROIX.
 Publié le 19 avril 2007
Actualisé le 19 avril 2007 : 11h50

Pour son troisième roman, Régis Descott, l'auteur de « Pavillon 38 » explore à nouveau les terres du crime et de la folie.

DEPUIS le succès de Pavillon 38, odyssée dantesque aux confins de la folie meurtrière (bientôt adapté au cinéma), Régis Descott semble littéralement hanté par son sujet.
Comment revenir indemne d'un si terrifiant voyage en psychopathie ? La réponse coule de source : en écrivant la suite. Pour son troisième roman, l'auteur de L'Empire des illusions a décidé de replonger Suzanne Lohmann, son héroïne experte en psychocriminologie, au coeur d'une nouvelle intrigue à résonance biblique. Celle-là même qui opposa jusqu'à la mort deux frères, Abel et Caïn.
On retrouve donc la belle Suzanne qui tente de reconstruire sa vie brisée, après avoir aidé à l'arrestation de « l'Anaconda », ce dangereux tueur en série qui démembrait ses victimes (et qui aura eu le temps de s'en prendre à son mari, laissant ses deux filles orphelines).
Aujourd'hui, le Dr Lohmann a ouvert un cabinet de consultations dans le Ve arrondissement de Paris, et veut repartir à zéro. C'est mal connaître les arcanes du destin... Le commissaire Steiner refait appel à elle. Sa brigade a découvert une femme, la bouche mutilée en un horrible ­rictus, le sexe profané. La presse à scandale baptise rapidement l'assassin « l'homme qui rit », en référence au célèbre roman d'Hugo.
Ne pouvant résister à « l'appel de l'abîme », la « profileuse » se jette dans cette nouvelle enquête... Ainsi que sous les roues d'une Ferrari conduite par Abel Frontera. Après le choc, c'est le coup de foudre. Mais qui est donc cet homme secret, éperdu d'amour pour la séduisante ­psychiatre ?
L'oeil hugolien qui regarde Caïn
En démiurge sourcilleux, Régis Descott met en place, les uns après les autres, tous les dominos de son thriller. Qui est donc ce transsexuel, visiblement déséquilibré, qui se présente à son cabinet en s'accusant du meurtre de sa mère ? Pourquoi lui révèle-t-il bientôt l'existence d'un jumeau meurtrier ? Quant à « l'Anaconda », comment a-t-il pu réussir à s'évader ? Va-t-il revenir pour se venger ?
Non sans une certaine jubilation, l'écrivain applique cette petite poussée d'adrénaline, formidable pichenette romanesque qui déstabilise l'ensemble du récit, tout en le précipitant vers des sommets d'action imprévisibles. Et ça marche.
Car Régis Descott possède ce don rare d'entraîner son lecteur au coeur de la scène. En romancier tout-puissant, il est l'oeil hugolien qui - même dans la tombe - regarde Caïn !
Sans même s'en apercevoir, on pénètre dans l'esprit logique de l'inspecteur Steiner, on s'insère dans les intuitions flottantes de l'héroïne désarmée, ou l'on est submergé par les tortueuses confessions d'Adèle le transsexuel. On se glisse même - sans y prendre garde - au coeur des pensées profondes de « l'Anaconda », qui laisse filtrer d'étranges réactions affectives embryonnaires à l'égard du petit Ernst, autiste d'une dizaine d'années rencontré lors de sa fuite en forêt bavaroise.
D'une écriture dense et précise, Descott compose ainsi un roman visuel, fiévreux et maîtrisé. Et qui laissera le lecteur sous tension... Jusqu'à la dernière ligne.

Commentaires

  • Cela donne des frissons .... à ne pas lire si on est fatigué.

  • Moi, je lis ce genre de choses dans mon lit avant de dormir...

  • Bonsoir,
    Moi je ne saurais pas car je suis sensible, trop...

  • L'actualité (bien réelle) de ces derniers temps ici me fait bien plus peur que ce genre de fiction...

Les commentaires sont fermés.