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Catégories : Redon Odilon

Odilon Redon

autoportrait02.jpg1840

Naissance de Bertrand-Jean Redon, dit Odilon, le 20 avril à Bordeaux, au 24 rue Neuve Saint-Seurin (Aujourd’hui, le 31, rue Fernand-Marin). Second fils de Bertrand Redon et de Marie Guérin. Bertrand Redon, bordelais de naissance était parti chercher fortune en Louisiane. Son père épousa sa mère aux Amériques. Sa mère était une créole, d'origine française, de la Nouvelle-Orléans. Bertrand Redon revint en France, cinq ou six ans plus tard alors qu'Odilon était "déjà conçu, et presque à naître, second fruit de son union". Ce voyage va considérablement influencer Odilon Redon, l'artiste spirituellement appatride. De ses parents, il héritera d'une logique sûre qui ne s'écarte jamais de la nature, il prend aussi ce goût du rêve fécond, ce besoin d'imagination et d'évasion. Le motif récurrent de la barque dans son oeuvre est aussi à expliquer dans cette genèse.

"L'artiste vient à la vie pour un accomplissement qui est mystérieux. Il est un accident. Rien ne l'attend dans le monde social." Odilon Redon

La famille déménagera peu après la naissance d’Odilon pour emménager au 26 des allées Damour (cette maison a aujourd’hui disparu). Redon écrivait "Allées d'Amour".

1840-1851

D'une nature fragile, il est confié à une nourrice à la campagne puis le jeune Odilon est confié à son oncle et passe son enfance entre Bordeaux et le domaine familial de Peyrelebade, près de Listrac dans le Médoc. Le domaine est un " cru bourgeois " dont les vignes qui jouxtent le célèbre Château Clarke produisaient un excellent vin rouge. Peyrelebade est à l’origine d’une partie importante de l’oeuvre d’Odilon Redon. Vers six ans, c’est là, " en plein isolement de la campagne " que les fusains verront le jour. L’ambiance de cette terre natale médocienne pleine de clairs obscurs et de nuances a éveillé ces mondes étranges et ces rêveries fantasmagoriques qui seront présents toute sa vie dans son oeuvre. Les arbres et les personnages jaillissent du tendre et humide mucilage formé par la terre que Joris-Karl Huysmans décrira plus tard à sa manière. Odilon s'en va à travers champs, vignes et bois, observe, respire et s'imprègne de ce pays. Dans le silence de ce paysage subtil, il suit la marche mystérieuse des nuages, considère les ombres, apprécie le contraste de la terre avec l'azur du ciel et de la lumière.

A sept ans, une vieille bonne le mène à Paris pour quelques mois. Le destin lui fait découvrir les musées. Il reste devant les toiles, silencieux et subjugué. Les tableaux de drames frappent l'esprit de l'enfant. Le retour dans le bordelais est morose pour le jeune Odilon... Quitter ces musées, la musique des tableaux, les artistes.

1851

Scolarité en externat dans une pension de Bordeaux. Il obtiendra un prix de dessin "avant même que de savoir lire". Odilon est morose et inattentif, il travaille avec effort mais sans ardeur. Il en gardera le souvenir d'une période qui est "la plus triste et la plus lamentable" de sa jeunesse.

1852

Odilon Redon fait sa première communion à l'Eglise Saint-Seurin de Bordeaux. il admire la beauté du style gothique de l'église, les voûtes en ogives, les fûts des colonnes et les chapiteaux sculptés. Mais surtout, il ne peux détacher son regard du jeu des rais de lumière à travers les magnifiques vitraux polychromes. Redon est frappé par la beauté, les chants liturgiques et le grondement des grands orgues l'émeuvent jusqu'aux larmes... La liturgie, les odeurs d'encens, la prière, tout le séduit et l'entraîne... Et là, dans ce maelstrom des sens et de la beauté terrestre, il découvre l'amour "... Elle était blonde, avec de grands yeux, ses cheveux en boucles tombaient sur sa robe de mousseline qui me frôla. Je connus un frisson, j'avais douze ans... sous le mystère des voûtes de Saint-Seurin...". de cette découverte, restera l'énigme de la femme. Lorsque ses parents lui demandent ce qu'il souhaite faire comme carrière, il décide d'être artiste. Son père, pionnier et défricheur de liberté y consent.

1855

Odilon continue ses études, mais ses jours de sortie, il prend des leçons de dessin avec son premier maître, Stanislas Gorin, élève d’Eugène Isabey et d’Héroult, professeur libre spécialisé dans l’aquarelle. Intelligent et perspicace, Gorin encourage Odilon à copier et à décomposer les " toiles exaltée et passionnées de Delacroix " exposées au Musée de Bordeaux. De même Gorin lui fait découvrir les oeuvres de Millet, Corot et de Gustave Moreau. Il dira de Gorin : " c'est avec lui que j'ai connu la loi essentielle de création... cet organisme d'art qui ne peut être appris par règles ni formules...".

 

1857

Études d’architecture pour plaire à son père. Il travaillera quelques temps sous la conduite d'un architecte, mais il échoue à l'examen oral du concours d'entrée. Il gardera de ces études une précision rigoureuse dans ses dessins du vieux Bordeaux ainsi qu’une certaine prédilection pour les formes géométriques. "J'ai plus aisément rapproché l'invraisemblable du vraisemblable, et j'ai pu donner de la logique visuelle aux éléments imaginaires que j'entrevoyais".

Il se lie d’amitié avec le botaniste Armand Clavaud qui l’initie aux sciences et à la littérature. Il se passionne pour les thèses évolutionnistes du naturaliste Lamarck et de Darwin sur le problème des origines, ainsi qu’aux recherches de Pasteur sur les microbes qu'il découvre par le truchement du microscope. Odilon Redon s’initie aussi avec Clavaud aux épopées hindoues. Agé, Redon dira de son mentor : "je voudrais maintenant lui donner ma pensée résolue, et plus sûre qu'autrefois. Il ne connut de moi que la sensibilité d'un être flottant, contemplatif, tout enveloppé de ses rêves".

Il lit pour la première fois, " les Fleurs du Mal " de Baudelaire, qui lui inspireront entre autres le thème de l’Ange Déchu.

1860-1861

Participation aux expositions de la société des Amis des Arts de Bordeaux où il expose des paysages aquarellés fortement inspirés par les œuvres de Gorin qui lui vaudront des critiques cinglantes.

Voyage dans les Pyrénées à Uhart chez son ami Henri Berdoly, et en Espagne.

1862

Création de Roland à Roncevaux, une des toute première peinture connue de l’artiste.

1863

À Bordeaux, Rodolphe Bresdin devient son ami et l’initie à l’eau-forte et à la lithographie. Bresdin fascine Odilon Redon et une relation maître à élève naît. Odilon Redon apprécie la troublante poésie des œuvres visionnaires de Bresdin et par la miraculeuse et instinctive faculté qui était sienne de " surélever l’esprit dans la région du mystère ".

1864

Fait de la sculpture à Bordeaux. À Paris, il entre à l’atelier libre du peintre académique Léon Gérome à "l'Ecole dite des Beaux-Arts". Mais l'incompatibilité entre le maître et l'élève rendent cette période douloureuse. "Je fus torturé par le professeur... Il cherchait visiblement à m'inculquer sa propre manière de voir... ou à me dégoûter de l'art même...

1865

Il commence une série de onze eau-fortes en collaboration et sous la direction technique de Bresdin. Elles seront tirées jusqu’en 1866 chez Delâtre, l’imprimeur attitré de la société des Aquafortistes. "Le Gué". L’influence de Delacroix et de Dauzat est très présente dans ce style orientaliste romantique qu’Odilon a adopté pour cette série d’eau-fortes. Il adopte les caractères techniques de Bresdin dans ses eaux-fortes : petits formats, taille menue, densité des volumes, compositions très précises et riches. Il introduit aussi le fameux clair-obscur de Rembrandt. Redon s’inspirant de Delacroix et de ses scènes de bataille intenses peint " les Croisés près de la Mer " qui sera repris en 1867 dans une toile redécouverte après sa mort et vendu à Frizeau par Ary Leblond, " Les Croisés ". Personnellement, Redon n'a connu Eugène Delacroix seulement de vue, il lui est arrivé de le rencontrer quelquefois, notamment un soir au bal de l'Hôtel de Ville.

1866

Odilon Redon présente une suite de sept eau-fortes, dessins et fusain gratifiés d’un " coup d’œil de satisfaction " par la critique bordelaise.

1867

"Roland à Roncevaux" est reçu par le Salon mais Redon ne l'expose pas. "Autoportrait"

1868

Il rédige des comptes-rendus du Salon parisien de 1868 pour le journal " La Gironde ". Odilon Redon condamne dans ses articles le surréalisme des peintres " locaux ". Pendant l’été, il séjourne à Barbizon où il rencontre Corot. Il encourage la municipalité de Bordeaux à acheter une série représentative de l’œuvre de Bresdin.

1870

" Roland à Roncevaux " présentée au 19ème salon des Arts. À la demande de son ami, l’architecte Carré, il peint une grande fresque murale dans une chapelle d’Arras. Pendant la guerre, Odilon Redon comme simple soldat, participe aux combats sur la Loire. Après la guerre, il s’installe à Paris dans le quartier de Montparnasse. L’été, Odilon retourne fréquemment dans la propriété familiale de Peyrelebade. La plupart de ses fusains seront conçus cette année. Il séjourne à l’automne en Bretagne. " Pégase ", " L’Ange déchu ". À partir de 1870, Odilon incline vers des développements cosmogoniques de ses oeuvres où les éléments organiques sont remplacés par des éléments géométriques. Premier séjour en Bretagne.

1872

Odilon Redon fréquente le salon littéraire et musical de Madame Rayssac et y rencontre Fantin-latour et Chevanard ainsi que le musicien Ernest Chausson et le poète Janmot. " L’homme ailé ", " Tête d’Enfant d’après Léonard de Vinci " (" Saint-Jean Baptiste de la Vierge aux Rochers ").

1872

Odilon Redon travaille dans un atelier au 81, boulevard Montparnasse. Il y travaillera jusqu'en 1877.

1874

Son père décède et laisse sa famille démunie.

1875

Au printemps, Odilon Redon étudie les arbres et les sous-bois à Barbizon. Au mois de juillet, il se rend en Bretagne. De 1875 à 1880, c’est la " période la plus angoissée " de ses " Noirs ". Le thème du Prisonnier est souvent décrit dans ses œuvres, apparaissant tantôt derrière les barreaux d’une fenêtre ou isolé dans le cauchemar d’une rêverie solitaire ou d’une hallucination démoniaque obsédante.

1876

Redon se passionne pour la lithographie et veut réaliser une suite de planches inspirées par Pascal, qu’il affectionne. Le projet n’aboutira pas.

1878

Premier voyage en Belgique et en Hollande où il découvre et admire l’oeuvre des Ecoles flamande et de Rembrandt. " Rembrandt me donna des surprises d’art toujours nouvelles. Il est le grand facteur humain de l’infini de nos extases, il a donné la vie morale à l’ombre. Il a créé le clair-obscur comme Phidias la ligne. Et tous les mystères que comporte la plastique n’est désormais possible que par lui, pour le nouveau cycle d’art qu’il a ouvert hors de la raison païenne ". Séjour à Uhart. Fantin-Latour initie Redon à la technique du papier report. "L'Oeil-Ballon", "L'esprit gardien des eaux", Génie sur le eaux

1879

Premier album lithographique d’Odilon Redon : "Dans le Rêve", un album de dix planches " recueil de quelques pièces anciennes variées, mais dans lequel, prenant goût au procédé nouveau ", Redon a fait de la " lithographie de jet" . Il se montre précurseur de la psychanalyse et cherche à travers le rêve, la descente dans l’inconscient qui lui permet de forer la source de l’inspiration et de décrire son " atmosphère personnelle ". Redon commence à aborder le thème de l’?uf primordiale, de la spore originale : l’Hiranyagarbha, symbole de l’Esprit Universel chez les hindous. "Je voudrais vous convaincre, que tout ne sera qu'un peu de liquide noir huileux, transmis par le corps gras et la pierre, sur un papier blanc, à seule fin de produire chez le spectateur une sorte d'attirance diffuse et dominatrice dans le monde obscur de l'indéterminé. Et prédisposant à la pensée.

Voilà ce qui devrait vous suffire. Toutes les raisons que je vous donnerais sur la contexture de mes albums vous paraîtraient insignifiantes et puériles; elle leur enlèveraient le prestige qu'ils doivent avoir. Encore une fois, il est bon d'entourer toute genèse d'un mystère."

1880

Le 1er mai, Odilon Redon épouse Camille Falte, jeune créole de l’île Bourbon rencontrée dans le salon de Madame de Rayssac. Le voyage de noce a lieu en Bretagne et Odilon Redon fait ses premiers pastels. Redon est charmé par la jeune fille et elle admire " Le Rêveur ". Le couple sera heureux et Camille s’occupera des marchands et de la presse. Contacts privilégiés avec de jeunes symbolistes belges. "J'ai trouvé dans Madame Redon, comme un fils sacré, la barque de vie, qui m'a fair passer, sans mourrir, les heures les plus tragiques mais occultes de mon drame familial... "

1881

Exposition de ses fusains à La Vie Moderne : l’accueil y est très réservé. Odilon s’inspire de la peinture de Gustave Moreau pour son cycle d’Orphée. Il réalise la première version de son araignée au fusain, cet hybride d’insecte et d’humain représente la nature manipulée et dosée par l’homme et la science. "L'Homme Cactus", "L'Araignée qui pleure", "Vision", "l'araignée qui souris"

1882

Deuxième exposition de ses " Noirs " au Gaulois à Paris. Parution de son deuxième album : "A Edgar Poe", véritable hommage au poète dans une série de six lithographies. Edgar Poe était à l’époque traduit par Mallarmé et Hennequin qui traduisit les Contes Grotesques. Odilon Redon se lie d’amitié avec Hennequin et Joris-Karl Huysmans qui lui présente Mallarmé. "Le Corbeau", "L'Homme-cactus"

1883

Séjours en Bretagne, Les Origines paraissent, imprimées par Lemercier et Cie, Paris. C’est un album de huit lithographies qui retrace dans les formes mystiques de l’imagination des poètes, la venue de l’homme sur terre. Les sept premières planches évoquent la création du monde. L’album ne comporte aucune légende car " le titre était déjà très lourd ". Il présente " Béatrix " (fusain) au Salon.

1884

De jeunes artistes font appels à Odilon Redon pour la création du Premier Salon Libre et il préside la réunion où fût fondée la Société des Artistes Indépendants. Il participera aux deux expositions suivantes. Joris-Karl Huysmans publie A Rebours avec un passage consacré à l’art d’Odilon Redon. Son frère Léo et sa soeur Marie décèdent à peu de temps d’intervalle.

1885

Bresdin meurt. "L’Hommage à Goya", un ensemble de six planches lithographiques paraît chez Dumont, imprimé par Lemercier et Cie à Paris. Il n’y a pas de réel attachement affectif au célèbre peintre espagnol dans cette oeuvre, mais elle contribuera à sceller une profonde amitié entre Redon et Mallarmé, le peintre ayant envoyé un exemplaire au poète. Mallarmé et Huysmans ne tariront pas d’articles élogieux et admiratifs à l’égard de cet album. "Béatrice", "L'Oeuf ", "Fleur à tête d'enfant"

1886

Naissance de son premier fils, Jean, le 11 mai et qui décédera le 27 novembre, cette expérience douloureuse lui laissera un " mélancolique malaise " et l’enfermera dans une crise mystique qui durera jusqu’à la naissance de son deuxième fils. Huysmans sera présent et entourera le couple blessé. Odilon Redon expose au Salon des XX à Bruxelles avec Gauguin, il y présentera aussi quelques lithographies appartenant à ses amis, le poète Emile Verhaeren et à Jules Destrées. Il collabore à la revue Wagnérienne avec Fantin-Latour. Il publie " La Nuit " et prélude ainsi à l’inquiétude traduite de l’art moderne devant les signes annonciateurs d’une société vouée à sa perte. Redon était très frappé par la diversité des aptitudes de Gauguin. Un jour que des ouvriers avaient réparé un poêle chez lui, Redon désigna à Ambroise Vollard un morceau de tôle et lui dit : " Donnez-le à Gauguin, il en fera un bijou". "Cain contre Abel"

1887

Il présente " Profil de Lumière " (fusain) et rend hommage à son maître par le portrait de Bresdin dédié à " La Vieillesse " au Salon.
Odilon Redon se lasse d’exposer à Bordeaux car la Société des Amis des Arts est sclérosée par des amateurs qui lassèrent tous les peintres de l’époque.
Il exécute cette année-là une lithographie à 25 exemplaires représentant un portrait de jeune fille. Ce délicat portrait est le premier d’une longue série de profils de femmes. " Je vois en elles toute la femme sans y trouver une femme, et c’est exquis ".
L’Araignée est transposée en lithographie et tirée à 25 exemplaires.
Odilon Redon exécute un frontispice pour une oeuvre d’Emile Verhaeven, " Idole ".
Pour le monodrame en cinq actes d’Edmond PICARD, "Le Juré", Odilon Redon compose sept lithographies ainsi qu’un des deux portraits gravés hors-texte, l'autre étant réalisé par Théo van Rysselbergue ; chaque lithographie, tirée sur Japon impérial est protégée par une serpente avec légende imprimée ; typographie en deux couleurs, noir et sépia. Le tirage de cette première édition qui a lieu à Bruxelles est effectué 100 exemplaires sur papier Hollande, quelques exemplaires nominatifs seront aussi tirés.

1888

Première série de lithographies pour la Tentation de Saint-Antoine de Flaubert. Cette série comprend dix lithographies. Le cycle complet comprendra 42 lithographies en trois albums. La plume grandiloquente de Flaubert a été respectée et se trouve être une mine d’inspiration pour Odilon Redon qui y trouve une source de mystères et de nouveaux monstres quasiment intarissable. "Des Esseintes"

Formation du mouvement des Nabis qui se réclament de Gauguin et de Redon.

1889

Second album consacré à l’œuvre de Flaubert " La Tentation de Saint Antoine " : A Gustave Flaubert. . Cette série comprend six lithographies.
Odilon Redon participe à la première exposition des Peintres-Graveurs chez Duran-Ruel.
Il fait la connaissance d’André Mellerio, son futur biographe, qui le présente à Maurice Denis et au groupe des Nabis.
Naissance de son fils Arï le 30 avril, Arï né et est baptisé le 4 Août à Samois.
Le " Sommeil " où la main obture les yeux, est inspiré de ces vers :
" Là-bas au pays noir que nul chemin ne longe,
Idole que vois-tu, loin du morne soleil ? "
Odilon Redon exécute un frontispice pour les " Débâcles " d’Emile Verhaeven.

1890

Contacts plus étroits avec Gauguin. En février, il expose au salon des XX à Bruxelles invité par les Expressionnistes nordiques. Il abandonne peu à peu les " Noirs " au fusain, au profit de la clarté du pastel et de la peinture, mais sans rupture toutefois. "J'ai fait un art selon moi." Le village breton"

Vollard écrira : " Les plus admirables lithos de Redon tirées à vingt-cinq ou trente exemplaires se vendaient sept francs cinquante pièce, elles devaient, dix années durant, ne pas dépasser ce prix."

La fréquentation de coloristes comme Vuillard et Bonnard a contribué. Armand Clavaud se suicide le 1er décembre, Odilon Redon est bouleversé par " l’inexorable ", " Sa mort me laissa un malaise ". " Les Yeux clos " démontre que ceux-ci ne savent plus s’ouvrir si ce n’est sur les ténèbres. Cette ?uvre sera la première acquisition des musées nationaux.
Odilon Redon exécute un frontispice pour les " Flambeaux Noirs " son ami Emile Verhaeven. Il édite en Belgique, les " Fleurs du Mal " composé de neufs planches " d’interprétations ". Chaque illustration demeure fidèle au style baudelairien, mais la technique d’impression a été inventée par Evely et consiste à une reproduction par plaque de cuivre.

Il rencontre Vuillard à Villeneuve-Saint-Georges chez les Natanson. Les Yeux-Clos.

1891

Odilon Redon publie Les Songes, dédié à Armand Clavaud qui avait tant contribué à former sa pensée. Jules Destrée publie le premier catalogue de son oeuvre lithographique à Bruxelles. " Le Jour " (Lithographie). Après le départ de Gauguin, Odilon Redon prend une place prépondérante chez les nabis qui fréquentent tous son salon de l’avenue Wagram à Paris. Maurice Denis évoque l’influence de Redon sur son groupe : " Avant l’influence de Cézanne, à travers Gauguin et Bernard, c’est la pensée de Redon, par ses séries de lithographies et ses admirables fusains qui détermina dans un sens spiritualiste l’évolution de l’art en 1890 ".

1892

Roger-Marx analyse la portée du symbolisme d’Odilon Redon dans le journal Voltaire. IVème Exposition des Peintres Graveurs à la galerie Duran-Ruel. "La Cellule d'or", "Saint Jean-Baptiste", "Saint Jean" "Cellule dorée"

1893

Odilon Redon participe au salon de la Libre Esthétique qui a succédé au salon des XX à Bruxelles. Il y participera jusqu’en 1914. Grâce à André Bonger, l’art de Redon est diffusé en Hollande et connaît une extraordinaire renommée. "La Druidesse",

1894

En avril, Durand-Ruel organise une exposition rétrospective de son œuvre, où sera exposée notamment une lithographie des Yeux Clos (n° 108). Lithographie " Hantise ", le premier état est rarissime car Odilon n’avait pas réussi à le retoucher. Mellerio (1894, Mellerio 1923, n° 128) le décrit : " Odilon Redon avait dessiné une sorte de Marguerite de Faust, marchant comme hypnotisée par Méphisto, qu’on apercevait derrière elle en la poussant en avant ". Dans le second état, complétement modifié, Mephisto est remplacé par " trois larves bizarres ". À partir de cette année, une vague de catholicisme déferle sur la France et Redon en sera quelque peu influencé. "Tête de Martyr coupée"

1995

Il confie dans une lettre à Emile Bernard : " Je délaisse de plus en plus le noir. Entre nous, il m’épuisa beaucoup ". Odilon Redon se lie d’amitié avec Pierre Bonnard.

Voyage à Londres.

1896

Parution de deux albums lithographiques : " La Maison Hantée " d’après un texte de Bulwer-Lytton et une troisième série sur la Tentation de Saint-Antoine de Flaubert. Cette dernière série d’estampes est la plus importante avec 24 planches où Redon " recherche une simplification dans les jeux de ligne ". Anecdote intéressante, la planche XVII est la seule lithographie de l’oeuvre du peintre abordant le thème du Char d’Apollon. Première apparition d’Oannès.

1897

D’avril à Novembre, Odilon Redon séjourne à Peyrelebade avant de vendre le domaine suite à un désaccord entre frère et de partir en septembre à la Villa Goa, qu’il surnommera la Villa Goya, à Saint-Georges de Didonne, sur l’embouchure de la Gironde, près de Royan et y poursuit son oeuvre de paysagiste. "La Sulamite", "Béatrice"

1898

Exposition chez Ambroise Vollard : un succès. Odilon Redon passe l’été à Saint-Georges de Didonne. Mallarmé décède le 9 septembre 1898 à Valvins. "Orphée"

1899

Ambroise Vollard commande "l’Apocalypse de Saint-Jean" qui sera la dernière grande suite lithographique du peintre. L’album est composé de douze lithographies avec frontispice. Odilon Redon y travaille une dernière fois le Noir et évolue vers le lyrisme des couleurs et de la lumière. La galerie Duran-Ruel présente un " hommage à Odilon Redon " et autour de ses oeuvres sont présentées celles des Nabis. En fait toutes les tendances néo-impressionnistes, synthétistes ou indépendantes y sont représentées. "Femme au châle jaune"

1900

Maurice Denis peint " l’Hommage à Cézanne ", où Redon y est représenté debout devant une toile de Cézanne, entouré de Bonnard, Vuillard, Roussel, Sérusier, Mellerio et Vollard. En fait Redon y est l’aîné, le maître, l’intercesseur entre les jeunes du groupe Nabis et le révolté d’Aix. "Jeanne d'Arc".

Vollard veut publier sans y parvenir " Un coup de dés n’abolira jamais le hasard " de Mallarmé, illustré par Redon, qui était paru en mai 1897 dans la revue Cosmopolis. En fait Redon et Mallarmé ont travaillé ensemble tout l’hiver de 1897-1898 pour sortir ce recueil composé d’une série de quatre lithographie et que Vollard devait publier. Mallarmé décède le 9 septembre 1898 et Redon interrompit son travail. Les trois premières planches furent vendues en feuilles séparées et la quatrième se perdit. Une sanguine des Yeux Clos de la collection Pontremoli est exposée à Paris à la Centennale de l’Art Français (N°1281).

Exposition Odilon Redon à la galerie Duran-Ruel.

Redon voyage en Italie avec Robert de Domecy.

1901

Odilon Redon se lie d’amitié avec Gustave Fayet, originaire de la région de Béziers et issu d’une famille de riches viticulteurs. Vuillard séjourne avec Odilon Redon à Saint-Georges de Didonne. Il exécute des peintures décoratives chez Ernest Chausson à Paris, et séjourne en Bourgogne au Château de son ami et mécène, Robert de Domecy. Il participe au Salon de Libre Esthétique à Bruxelles et Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris. "Madame Fontaine"

1902

Odilon Redon continue d'exécuter des décorations chez Robert de Domecy chez Ernest Chausson.

1903

Odilon Redon est présenté par son ami d’enfance le peintre Charles Lacoste à Gabriel Frizeau. Une amitié sincère naît entre le peintre et le mécène bordelais passionné d’art et de belles lettres. "Flower Clouds", "Bouquet de fleurs", "Orphée"

1904

Une salle lui est entièrement consacrée au Salon d’Automne au Petit Palais, comportant 62 oeuvres. Le Musée du Luxembourg acquiert " Les Yeux Clos ". Inspiré par le modèle Alphonsine Zabé, Redon aborde dès le mois de janvier le thème du nu féminin avec Eve où le contour enveloppe la nudité du modèle. " La méditation de Bouddha ", " Portrait de Madame Frizeau ", " Fond de mer ", "Baigneuse".

1905

Il s'installe au 129, avenue de Wagram à Paris. Exécute des travaux de décoration pour son ami Robert de Domecy. "The Bouddha", "Les pensées"

1906

Salon d’Automne de Paris. "Bateau rouge à la voile bleue"

1907

Odilon Redon, pour essayer de racheter Peyrelebade, organise une grande vente aux enchères de ses œuvres à Drouot. Exposition personnelle au Kunstzaal Reckers de Rotterdam.

Voyage en Suisse pendant l'été.

1908

Odilon Redon voyage à Venise et en Italie en avril accompagné de sa femme, de son fils et d’Arthur Fontaine. Il réalise ses premiers cartons de tapisserie pour la manufacture des Gobelins à la demande de Gustave Geffroy. Il rend hommage à Bresdin au Salon d’Automne et écrit la préface du catalogue. " Vitrail " (collection Frizeau). Le Vitrail

1909

Il passe l’été à Bièvres après le décès de Juliette Dodu, la demi-sœur de sa femme. N’ayant pas pu racheter la villa de sa belle-sœur, Redon loue une belle villa, La villa Juliette où désormais, il passera les étés. À Bièvres, le peintre trouve le calme, la plénitude et recommence à peindre de grands arbres.

Gustave Fayet acquiert une des dernières versions du " Char d’Apollon ", thème repris sur le panneau " Le Jour " de l’Abbaye de Fontfroide.

1910

Il décore la bibliothèque de l’Abbaye cistercienne de Fontfroide pour Gustave Fayet. L’Abbaye fût jusqu’au XVIIIème siècle le centre culturel du Languedoc puis mis à l’abandon. Arï fait son service militaire à Versailles. Redon peint de nombreux papillons comme sur le panneau " La Nuit ". Ils sont signes de métamorphoses et Redon se plait à faire éclater les chrysalides en " fleurs ailées de lumières ". Le peintre se plaît aussi à semer ses fleurs pour pouvoir ensuite composer de somptueux bouquets qu’il peindra. Redon finit les cartons de certains meubles pour la manufacture des Gobelins. "Pandora"

1911

Tissage des premiers modèles d’Odilon Redon.

1912

" Parsifal ", "Profile et fleurs", "Le coquillage", "Le sphinx rouge"

1913

L’Armory Show présente quarante de ses oeuvres au continent américain à New York (International exhibition of Modern Art), Chicago et à Boston. Le "Nu descendant un escalier" de Marcel Duchamp crée un scandale.

André Mellerio publie le catalogue de son oeuvre gravé et lithographié.

1914

Arï est mobilisé pour la Guerre, il intègre le 21 ème corps d'armée, comme sapeur aéropostier à Epinal. Ce Corps venait d'être constitué, en application de la plus récente loi militaire, à Épinal. Il se recrutait en Haute-Marne, en Haute-Saône, parmi lesquels, des Lorrains et des Vosgiens qui, toujours, avaient été entraînés aux plus durs combats d'avant-garde. Il est donc étonnant qu'Arï soit intégré dans une de ces unité. Il rend hommage à l'Alsace, envahie et meurtrie : Odilon Redon qui a combattu en 1870 prend violemment parti contre l’Allemagne et s'épanche auprès de son ami le Docteur Sabouraud sur "la réalité grossière et brutale du départ d'Arï". "Le cyclope"

1915

Peintures d'Odilon Redon au John Herron Art Institute d’Indianapolis et à la seconde exposition d'art français contemporain à la Caroll gallery de New York.

1916

Odilon Redon meurt le 6 juillet à Paris. Son fils Arï prévenu, n'a pu revenir à temps du front pour recueillir la dernière parole de son père. La " Vierge ", une huile sur toile est laissée inachevée sur le chevalet de l’artiste.

Dans la ville de Bièvres, il y a un discret cimetière. La tombe du peintre est aisément reconnaissable car elle est régulièrement fleurie depuis sa mort. Sous les fleurs colorées, tant aimées du Maître, l'âme du " Roi des mondes imaginaires " reste présente.

autoportrait02.jpghttp://www.odilonredon.net/biographie.html

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