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J'ai terminé hier:Polar: le triomphe du mauvais genre

UnePOLAR


UnePOLARNé aux Etats-Unis dans les années 1920-1930, avec Dashiell Hammett et Raymond Chandler, le roman noir n’est plus seulement américain depuis belle lurette. Simple effet collatéral de la mondialisation de notre monde ? Pas sûr. C’est dans l’essence même de ce mauvais genre longtemps relégué aux arrière-boutiques de la littérature, mais qui compte tellement d’adeptes, qu’il faut chercher les raisons de son triomphe. « Hammett a sorti le crime du vase vénitien où il était et il l’a jeté d’où il venait : au milieu de la rue » écrivait Chandler en voulant se moquer des romans d’Agatha Christie, la reine du subterfuge. Aujourd’hui, partout sur la planète, le polar est sans doute le meilleur témoin de l’état de notre monde dans ce qui compose l’aspect le plus significatif de ses dérapages : le crime sous toutes ses formes…
Il est frappant de constater que le roman noir s’est épanoui aux Etats-Unis en pleine période de krach et de dépression. Et qu’aujourd’hui, au moment où une crise majeure frappe à nouveau nos sociétés, il connaît une embellie planétaire. Le polar serait donc une littérature de temps de crise ? Sans doute. Dans les années 1960, en plein boom économique, la Science Fiction dominait la culture populaire, l’ailleurs était de rigueur. La récession généralisée a modifié la donne. Aujourd’hui, seul l’ici et le maintenant intéresse le lecteur. Mais avec une nette dimension critique, histoire de mettre un soupçon de sens dans cette pagaille généralisée. Que raconte le polar actuel ? Sexe, mensonge et fafiots… Avec en arrière-fond un entêtant parfum de pourriture généralisée. Mais surtout il décrit les fragilités existentielles et sociales d’anti-héros perplexes, au bord du nervous break-down, soucieux de préserver une éthique individuelle, face au naufrage collectif.
À moins d’être un des salauds, dénoncés par Jean-Paul Sartre, ou un abruti patenté, il est difficile dans le monde du XXI° siècle de se sentir innocent. Voilà ce que racontent les romans de Christian Roux, en France, de Petros Markaris, en Grèce, de Michael Connelly, aux Etats-Unis, de Yshaï Sarid, en Israël, de Nele Neuhaus, en Allemagne... Nous sommes tous coupables. Et c’est sur ce terreau que le roman noir a construit son succès. Entre les massacres, le chômage, le sida, les ruptures sentimentales, le réchauffement climatique, la montée de l’extrême droite, le retour du puritanisme, la peur de l’autre, les manipulations génétiques, les guerres, le terrorisme, la corruption, il y a de quoi faire.
L’année dernière, deux universitaires, Anne Collovald et Erick Neveu publiaient « Lire le noir, enquête sur les lecteurs de romans policiers » (Presses Universitaires de Rennes). On y découvrait que quatre romans sur cinq achetés en France sont des polars… Le mauvais genre a gagné. Vous voulez comprendre le monde ? Lisez des romans noirs ! A l’occasion de la 10° édition des Quais du Polar, à Lyon, du 4 au 6 avril, Le Monde se penche sur ce phénomène…
. « Polar, le triomphe du mauvais genre », un hors-série du Monde, en kiosque à partir du 3 avril, 7,90 euros.

http://polar.blog.lemonde.fr/2014/04/02/polar-le-triomphe-du-mauvais-genre/

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