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J'ai vu hier à la Galerie Ceysson & Bénétière:Sadie Laska Boiling Frog Syndrome 04 mars - 22 avril 2023

Sadie Laska

La galerie Ceysson & Bénétière a le grand plaisir d’annoncer Boiling Frog Syndrome, la cinquième exposition individuelle de l’artiste new-yorkaise Sadie Laska au sein de la galerie. Visible du 4 mars au 22 avril 2023, l'exposition présentera les oeuvres de l'artiste réalisées entre 2017 et 2023.
 

La « fable de la grenouille » décrit le phénomène selon lequel une personne, ou un groupe de personnes, reste sans réaction face à une situation problématique qui va en s’empirant, jusqu’à ce que celle-ci devienne catastrophique et qu’il soit trop tard pour agir. À travers sa pratique artistique, Sadie Laska réfléchit sur le monde souvent inquiétant et chaotique qui l’entoure - la casserole bouillante dans laquelle nous, grenouilles, baignons tous. Bien qu’elles ne soient pas nécessairement ou même toujours politiques, les œuvres de Sadie Laska reflètent l’inéluctabilité de notre situation économique, écologique et politique. En recourant aux langages du collage, de l’impression, de l’abstraction et de l’affiche, les séries de Sadie Laska se déploient en se nourrissant les unes des autres, comme si les œuvres elles-mêmes devenaient de plus en plus bouillantes.

Les peintures de Sadie Laska ont pendant longtemps pris la forme de collages et fourni le point de départ d’œuvres postérieures, l’artiste intercalant entre des couches de peintures gestuelles des coupures de presse provenant de vieux magazines féminins, des photos de visages de mannequins, des morceaux de tissu, et des étoiles visiblement issues du drapeau américain. Ces éléments découpés étaient non seulement porteurs de sens -sur la marchandisation de la fonction reproductive des femmes, l’inviolabilité du drapeau, etc.- mais fournissaient également des références visuelles que l’artiste réemployait dans des séries ultérieures.

Pour ses drapeaux, Sadie Laska recourt à une forme intrinsèquement politique tout en y associant des motifs graphiques extraits de ses peintures. Son choix de coudre des morceaux de tissu découpés sur les drapeaux au lieu de les utiliser comme des supports classiques leur donne une nouvelle fois l’apparence de collages. Des citations poétiques découpées sont apposées à des silhouettes et des avions en train de s’écraser. Le sentiment d’étrangeté et de désorientation suscité par ce processus de dissection, d’abstraction et de recomposition est à l’image de notre époque actuelle. L’anxiété rencontre l’humour, et la récurrence de motifs et d’images rappelle la transformation de l’actualité en mème – nous, les grenouilles, sommes en train de rire tandis que l’eau boue.

S’inspirant de ses drapeaux dans une nouvelle série de monotypes, Sadie Laska reprend l’imagerie de ces œuvres en y superposant des couches d’encre transparente et de motifs à pois rappelant ses premières créations. D’une certaine manière, l’artiste considère ses monotypes comme des peintures, et utilise le même langage visuel abstrait que l’on retrouve dans ses œuvres gestuelles sur toile. Cette fois-ci, il n’y a pas d’éléments littéralement découpés et collés, mais les motifs de ses monotypes semblent directement extraits de ses drapeaux et placés dans ces nouvelles compositions. De nouveau, l’artiste joue sur la répétition.

La figure humaine se change alors en une sorte d’objet qui ne cesse de réapparaître, presque comme une publicité. Bien que les mains, les visages de profil et le langage soient toujours présents, ils semblent se faire de plus en plus abstraits et gestuels.

Sadie Laska en revient finalement à la peinture avec trois grandes toiles qui semblent avoir atteint le point d’ébullition. L’artiste y mêle des silhouettes humaines, des mains, des avions, des téléphones et du feu dans des scènes de chaos aux airs de Guernica. Ici encore, il ne s’agit pas de simples peintures. Tous les éléments de ses compositions semblent avoir été découpés et collés -comme si ces œuvres étaient des synthèses sous forme de collage de tout ce qui les avait précédés. Ce que semblent nous dire ces peintures c’est que la casserole est en train de bouillir et qu’il est trop tard pour que les grenouilles s’en échappent.

Sadie Laska (née en 1974 en Virginie Occidentale) est une artiste visuelle et musicienne installée à New York, dans le Queens. Elle a obtenu un Master of Fine Art de la Milton Avery Graduate School of the Arts en 2014. Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions internationales à la galerie Canada et KS Art de New York, Office Baroque de Bruxelles, et Ceysson & Bénétière de Paris et Saint-Étienne, en France, ainsi qu’au Luxembourg et à Genève. En 2017, Sadie Laska participe à une exposition organisée par Damien Hirst à la Newport Street Gallery de Londres présentant son travail auprès de celui de deux autres artistes. La même année, elle est commissaire de l’exposition collective "Animal Farm" présentée à la Brant Foundation et au Study Center, dans le Connecticut.

Par ailleurs, ses œuvres ont été montrées lors d’expositions collectives à la Night Gallery de Los Angeles, à Gavin Brown!s Enterprise, aux White Columns, à la Marlborough Gallery, et à la James Fuentes Gallery de New York, entre autres lieux. Sadie Laska et son groupe de musique I.U.D. ont également donné des concerts au Whitney Museum of American Art, au PS1 Contemporary Art Center, à The Kitchen, au ISSUE Project Room, à Astrup Fearnley ainsi qu’au Kunsthalle Zürich.

Francesca Pessarelli, janvier 2023

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