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recherche éditeur pour mes textes - Page 5

  • Catégories : Mes textes en prose

    Ma grand-mère (et les dahlias). Suite d'hier et d'avant -hier

    Ce matin, parmi mes tâches ménagères (je n'ai pas pu me résoudre à prendre une bonne ou même une femme de ménage comme il est d'usage ici), j'ai changé l'eau de mes fleurs. Elles tiennent le coup malgré la chaleur persistante. Ce sont les dahlias (les blancs étaient déjà bien avancés quand je les ai achetés) qui souffrent le plus. En France, ce sont des fleurs d'automne mais comme souvent l'automne ressemble à un été indien (ici plus encore), ma grand-mère les mettait la nuit dans sa grange où il faisait frais pour qu'ils durent plus longtemps.
    Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour que les images(et les mots) d'elle surgissent comme ça en flash.
    Et les dahlias ont déclenché une avalanche d'images.
    Elle vivait dans une petite maison de pierre qui donnait de l'humidité l'hiver et de la fraîcheur l'été.
    Sa maison était accoudée à une colline qui accentuait l'humidité et l'été, parmi les pierres et les feuillages, se baladaient des vipères.
    Celles-ci poussaient parfois jusqu'au petit jardinet devant la maison.
    Un jour que je criais (comme la fille des villes que je suis à l'origine) en en voyant une, elle arriva avec sa canne (elle avait deux hanches artificielles depuis très longtemps) qu'elle abattit d'un coup sec et sans hésitation sur la bête rampante, la tuant net.
    J'étais si étonnée de voir ma grand-mère si douce, si pacifique faire ça.
    Mais même si elle était née à Montmartre (qui à l’époque ressemblait peut-être plus à un village), elle vivait, seule, à la campagne, depuis longtemps.
    J’ai passé mes premières vacances chez elle alors que j’étais une jeune adolescente.
    J’avais pris le train avec mon vélo pour pouvoir aller à la ville voisine à 6 km de là.
    Je dormais dans l’ancienne chambre de mon oncle et c’est là, dans son armoire, que j’ai découverts des SAS et que j’en ai lus pour la première (et dernière) fois.
    Je ne sais pas si beaucoup de jeunes filles ont lu des SAS…
    J’ai gardé le goût des polars.
    Au- dessus de moi, il y avait le faux grenier où les pas de différentes bêtes m’empêchaient de m’endormir.
    Sans compter les bruits du dehors comme les cris des chouettes.
    Le silence de la campagne est très déroutant pour une citadine…
    Ma grand-mère n’avait ni eau chaude, ni douche ou baignoire jusqu’à très récemment.
    Les WC étaient un trou dans la grange où les vipères se baladaient de temps en temps….
    Il y a quelques années, elle s’est fait installer un chauffe-eau, un sanibroyeur et un dispositif de douche rudimentaire. Elle était si heureuse. Mais elle n’en a pas profité bien longtemps de cette douche car ça exigeait une gymnastique qu’elle ne pouvait plus faire.
    Mais ne croyez pas que les gens qui n’ont pas de douche sont sales. Moi-même, j’ai vécu mes 20 premières années sans et je me lavais tous les matins de la tête au pied et au début même en chauffant l’eau dans une casserole.
    Ma grand-mère elle sentait l’eau de toilette au chèvrefeuille, le même chèvrefeuille qu’elle avait dans son jardin, la même eau toilette que j’affectionne. C’est curieux comme cette eau de toilette fraîche garde le parfum enivrant de la fleur.
    Il y avait aussi des lilas dans le jardin. On en coupait parfois pour ramener en ville mais ils dépérissent vite une fois coupés et ont un parfum si capiteux qu’ils s’accommodent mal avec les odeurs culinaires dans une salle à manger.
    J’ai plus de souvenirs de parfums que de saveurs car elle n’aimait pas faire à manger, se contentant de faire le strict minimum.
    Les dernières années où elle était chez elle, quand nous venions la voir, nous achetions à manger sur la route et mon mari nous faisait à manger(il adore ça) pendant que je racontais par le menu à ma grand-mère le départ de la maison, la route et toutes les dernières nouvelles depuis notre dernière conversation téléphonique.

  • Catégories : Mes textes en prose, Paysages de Cannelle. Nouvelles

    Extrait du roman de Cannelle

    Lorsque Daniel et Cannelle se sont rencontrés, ils étaient tous les deux à un carrefour de leur vie mais ils ne le savaient pas.
    Il arrivait à la fin d’une séparation après dix-sept ans de vie commune et il essayait de profiter de sa liberté retrouvée, comme on dit.
    Il travaillait beaucoup comme il l’avait toujours fait mais ce qui était nouveau, c’est qu’il sortait beaucoup dans des bars. Il buvait mais jamais jusqu à être ivre. Il savait où étaient ses limites et ne les dépassait jamais.
    Au niveau des femmes, même s’il avait eu quelques aventures extra-conjuguales (très justifiées vu son mariage), il avait du mal à se lâcher, à coucher pour coucher. Il y mettait toujours du sentiment.
    De plus, il avait un côté « sauveur » de ces dames.
    Ainsi, il connut une prostituée qui sniffait souvent ; il voulut la sortir de sa condition mais elle n’y mit pas beaucoup du sien. Et, en fait d’aventure, il n’y eut pas grand chose de sexuel
    entre eux.
    Cannelle était étudiante et fréquentait les mêmes bars que Daniel mais elle avait commencé avant lui et y mettait plus d’ardeur. Elle était ivre presque tous les jours et collectionnait les hommes avec beaucoup d’appétit. Elle était parfois amoureuse mais le plus souvent, c’était son désir sexuel qui guidait ses choix.
    Depuis quelques semaines, il y avait un homme qui la draguait en lui offrant verre sur verre et en la soûlant de paroles et d’alcools.
    Il ne lui plaisait pas ; il la dégoûtait même un peu ; elle l’écoutait à peine mais ne le décourageait pas vraiment pour continuer à boire et fumer. Elle ne souvient pas de son nom.
    Depuis quelques mois, il y avait un homme qui lui plaisait beaucoup et avec qui elle couchait quand il avait le temps entre sa femme, son travail et ses copains de beuverie.
    Cannelle avait tendance à s’accrocher aux hommes qui la traitaient mal(moralement, s’entend) et à rejeter ceux qui lui voulaient du bien (quel qu'il soit).
    Depuis quelques semaines, il y avait aussi un homme jovial mais repoussant qui avait des vues sur elle. Il avait parlé de Cannelle à Daniel.
    Un soir, alors que Cannelle attendait le cosaque de ses rêves en buvant verre sur verre, en fumant cigarettes sur cigarette et en écoutant vaguement les énièmes élucubrations avinées de son amoureux transi…

  • Catégories : Mes textes en prose, Mes textes publiés

    R. (première mention de la section nouvelles au concours des Arts et lettres de France 2003)

    8dd31d6abef776579e7a6a6d47337fbe.jpgIls se rencontraient tous les jours ou presque. Elle avait quinze ans, lui soixante. Ils ne se parlaient pas. Ils se connaissaient mais elle était timide et lui, la regardait passer, lui dit-il plus tard, droite comme « un i », belle et fière (au bon sens du terme).

    Un jour, il lui parla. Elle fut surprise car elle n’avait pas confiance en elle. De quoi parlèrent-ils ? Elle ne s’en souvient pas. Ce qu’elle sait, c’est que ça lui fit du bien. Il s’intéressait à elle et avec lui, elle pouvait être elle-même. Comment leurs rencontres verticales (au bord d’un trottoir) devinrent-elles horizontales (au bord d’un lit) ? Elle ne s’en souvient pas. Toujours est-il que CELA se produisit. CELA. Monstrueux ? Elle avait alors vingt ans, lui soixante-cinq. Quarante ans d’écart, c’est beaucoup. Mais elle était bien. Elle était belle. Il lui disait. Elle se sentait belle. On lui avait dit qu’elle était grosse ; lui disait « gironde », « courbes voluptueuses. » Elle se mit à aimer son corps (trop ?) comme lui l’aimait. C’était nouveau et c’était bien. Il la caressait, la faisait jouir. Jamais on n’avait léché sa chatte ainsi. Ils parlaient aussi ; du plaisir ? ( elle ne s’en souvient plus), d’elle, beaucoup (trop ?) De ses peurs, de ses complexes qui, grâce à lui s’éloignaient. Ils parlaient de peinture (il peignait), de littérature (elle écrivait).
    Ils s’écrivaient aussi. Lui, chez lui. Elle, à une boîte postale (il était marié). Ca ajoutait peut-être encore à son excitation mais pas à sa culpabilité. Elle n’était pas coupable. Il y en avait eu d’autres avant elles, beaucoup. Les lettres étaient passionnées, osées comme leurs rencontres. Elle se caressait devant lui et il la regardait. Les méchantes langues diraient qu’il ne pouvait faire que ça à son âge ! A propos de langue, excusez-moi, mais quelle langue ! On aurait dit qu’elle pénétrait jusqu’au fond de son corps, jusqu’à ce que le plaisir, l’éclatement atteigne son cerveau. Cette langue aimait même le sang qui coulait d’elle une fois par mois. Est-ce une expérience isolée ? Ou d’autres gens le font-ils ? Peu lui importait à l’époque. Sachant que la femme est restée longtemps (et l’est encore pour certains) impure pendant ses menstruations. Faire l’amour avec elle était tabou. Alors la lécher, pensez-vous ! Peu importe les autres. Comme c’était bon ! Encore meilleur qu’avant cette période et meilleur qu’après. D’autres (un en fait) ont accepté de le faire … avec réticence. Lui, il le réclamait. Pour l’homme qu’elle aime maintenant, c’est hors de question. Bien sûr, elle n’ira pas voir ailleurs pour autant. Mais ça lui manque….
    Il lui parlait des autres, ses autres femmes ; non pas la légitime (ou très rarement) mais les autres : celles qu’il avait aimées ou celles qu’ils aimaient en même temps qu’elle. Mais dans sa tête à elle, c’était abstrait. Une de ces femmes revenait souvent dans leurs conversations. C’était Thérèse. R. lui montrait ses lettres en lui disant qu’elles étaient bien inférieures aux siennes.
    Mais un jour, elle rencontra Thérèse. Elle la trouva jolie (sans plus), gironde (un peu comme elle) mais surtout très sensuelle. C’est après cette rencontre qu’il lui parla d’un rendez-vous à trois… coquin. Est-ce qu’elle fut tout de suite réticente cette idée ? Toujours est-il que cette rencontre à trois eut lieu et qu’elle n’y trouva pas son compte. Elle essayât bien de caresser et d’embrasser Thérèse mais son corps, ses seins, l’odeur de sa chatte ne lui plaisait pas. Elle ne lui plaisait pas … physiquement, tout au moins pas assez pour mettre en pratique ses lectures érotiques avec elle. Elle était sympathique, bien sûr mais elle ne supportât pas de la voir embrasser et sucer l’homme avec qui elle passait depuis quelques mois des moments amoureux. En rêve, en fantasme, en lecture, c’était excitant mais la réalité la fit s’enfuir du lit, de la chambre et finalement pleurer. Elle n’était pas aussi libertine qu’eux et surtout pas partageuse. D’ailleurs, elle n’a jamais réussi à mener de front plusieurs (vraies) liaisons. Aimait-elle R. ?
    Toujours est-il qu’elle rencontra de jeunes garçons avec lesquels elle eût des liaisons. A chaque fois, elle le « quittait » (mais étaient-ils vraiment ensemble ?) pour lui revenir après.
    Mais « l’amour à trois » raté avait tout changé. Elle s’était rendu compte que Thérèse avait autant (sinon plus) de place dans sa vie qu’elle. Elle vivait avec lui des moments qu’il lui refusait : des déjeuners au restaurant, des nuits à l’hôtel et même des voyages. Mais en avait-elle envie ? C’est la matérialisation de Thérèse qui avait fait naître cette envie.
    De même qu’elle ne souvient pas de leur première fois, elle a oublié leur dernier rendez-vous et le pourquoi de leur séparation. Elle pense que c’était avant la rencontre avec l’homme qu’elle aime maintenant.
    Ce dernier avait du mal à accepter cette relation, même débarrassée des rendez-vous coquins. Est-ce lui qui lui demanda ou voulut-elle tourner la page ? Elle brûla les lettres de R. et le regrette maintenant. Elles étaient si belles, si passionnées et surtout elles lui auraient redonné confiance en elle les jours de doute.
    Elle lui écrivit encore quelques temps pour lui donner de ses nouvelles mais ce n’était pas ce qu’il voulait.
    Ils se rencontraient encore à l’occasion et prenaient plaisir à parler ensemble. Mais ce n’était plus pareil et quand elle quitta sa ville d’origine, les contacts diminuèrent peu à peu.
    Elle revit Thérèse qui était toujours aussi libertine.
    Elle a eu souvent envie de lui écrire, pour lui dire tout ce qu’il lui avait apporté : la confiance en elle, l’attention à son corps qu’elle arrive depuis à trouver beau.
    Mais il a été malade des yeux. Peut-il encore lire seul ? La boîte postale existe-elle encore ? Sa femme pourrait intercepter la lettre, prévenir sa mère qui salirait cette histoire qui a été longtemps si belle.

  • Catégories : Mes poèmes, Mes textes primés

    J'ai laissé

     

    01e120c744b8ff384f879458f1f65b0d.jpgJ’ai laissé mon cœur à la porte d’une maison
    Dans mes bagages d’été
    Dans mes souvenirs d’enfance
    J’ai oublié d’aimer car c’est plus difficile.

    Je t’ai laissé sur le pavé
    Car tu m’aimais et moi
    J’allais à contre-courant
    Pour ne pas voir tes larmes dans le caniveau

    Je n’ai rien perdu de tes regards étoilés
    Je n’ai rien voulu de ce désespoir
    Qui emplissait ton cœur, ton corps
    Jusqu’à ton âme qui resplendissait de soleil.

    Je pense à toi souvent, sans regrets sans remords
    Je n’en suis pas capable
    Seuls les mots m’intéressent
    Ils partent indifférents rejoindre le ciel.

     

    Poète du mois de juillet 2004

  • Catégories : Mes textes en prose

    « Portrait ovale »(dernière des «Nouvelles Histoires extraordinaires »(1856) traduites par Baudelaire) d’Edgar Allan Poe(1809-1849). L'auteur.

    Edgar Allan Poe est né à Boston. Ses parents sont tous deux comédiens. Mais son père meurt dès 1811 et il recueilli par John Allan, un riche négociant de Richmond. Il vit en Angleterre de 1815 à 1820. Il fait de brèves mais excellentes études. Fâché avec son beau-père, il s’enfuit à Boston où il parvient à publier « Tamerlane and Other Poems » (1827) qui ne rencontre aucun succès. Il s’engage dans l’armée américaine que son beau-père l’aide à quitter peu après. A Baltimore, il publie « Al Aaraaf, Tamerlane and Minor Poems » (1829). Il est nommé à West Point. En 1836, il épouse sa cousine, Virginia Clemm, âgée de 14 ans. En 1838, il devient  rédacteur en chef du Burton’s Gentleman’s Magazine (racheté en 1840 par le libéral George Graham) où paraît « La chute de la maison Usher. » Poe fait de ce journal une revue littéraire remarquable.

     

    En 1845 il est engagé par C. F. Briggs, directeur du Broadway Journal. Poe parvient bientôt à s’assurer le contrôle du journal. Il assume toutes les tâches de gestion et de direction. Sa critique se fait virulente : il pourfend Longfellow, les Bostoniens et les Knickerbockers Le 3 octobre 1849, on le découvre inconscient dans la rue à Baltimore. Les causes exactes de sa mort demeurent un mystère, bien qu’on ait parlé de lésion au cerveau, de delirium tremens et, plus récemment, de diabète.   Source : http://perso.orange.fr/art-deco.france/lettres_poe.htm

     

    Publié chez Ambroise dans le cadre de son voyage dans le fantastique:http://ambroise.hautetfort.com/archive/2007/05/30/voyage-dans-le-fantastique.html

     

  • Catégories : Mes textes en prose

    George Sand et "L'orgue du Titan"

    Aurore Dupin est née à Paris en 1804 mais a passé toute son enfance dans le Berry, à Nohant. Son éducation s’achève dans un couvent parisien. En 1822, elle épouse le baron Dudevant avec lequel elle a deux enfants mais elle se détache vite de son mari. C’est à Jules Sandeau(1811-1883) qu’elle doit son pseudonyme. Ils écrivent ensemble un roman. Sur Jules Sandeau, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Sandeau En 1832,  « Indiana » est le premier  des romans romanesques et romantiques de George Sand. Elle y exprime aussi ses révoltes politiques et ses revendications féministes. Après ses rencontres avec Lamennais et Pierre Leroux, elle publie des romans d’inspiration socialiste comme « Le Compagnon du Tour de France » (1841) ou mystiques comme « Consuelo » (1842). Sur Lamennais, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9licit%C3%A9_Robert_de_Lamennais Sur Pierre Leroux, cf. http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/sand/leroux.htm En 1838, elle s’est installée à Nohant et sa sensibilité socialiste s’oriente vers les paysans du Berry qui la vénère comme « la bonne dame de Nohant » mais jusqu’à sa mort en 1876, son activité intellectuelle reste intense comme l’atteste sa correspondance et l’intérêt qu’elle témoigne aux écrivains de la nouvelle génération comme Flaubert, About(« L’homme à l’oreille cassée » que j’ai lu quand j’étais enfant) et Fromentin(dont je parle comme peintre surtout dans mon mémoire de maîtrise). A Nohant, elle écrit les romans champêtres  ou régionalistes comme « La mare au diable » (1846) ou « Les Maîtres Sonneurs »(1853), un chef d’œuvre.

    Après avoir publié ses souvenirs (« Histoire de ma vie », 1854), elle revient sous le second Empire au roman romanesque  avec entre autres « Le Marquis de Villemer »(1860).

    Dans ses romans champêtres ou régionalistes notamment, George Sand trouve dans la peinture de paysages et d’êtres chers la meilleure expression de son talent. Elle a le don de traduire avec naturel la poésie des paysages familiers et des cœurs purs. Défendant contre Flaubert les « droits du cœur » en littérature, elle n’a jamais connu la tentation de l’art pour l’art, ni celle du réalisme cru ou pessimiste. Par tempérament et par principe, elle a tendance à embellir la réalité et à idéaliser ses personnages. On trouve dans « L ‘orgue du titan » ce qui charme encore aujourd’hui dans les récits de George Sand : une intrigue attachante et bien conduite, la note pittoresque et gracieuse des mœurs et traditions rustiques, la description des paysages. La description du paysage (des roches basaltiques) n’efface pas la méditation idéaliste devant la beauté, la poésie et la grandeur du spectacle. Cette partie descriptive m’a particulièrement frappé et intéressé bien sûr. Ce conte ressemble sans doute un peu à ceux qu’on racontait lors des veillées dans le Berry de George Sand (ou d’ailleurs). Rappelons que la région évoquée dans « L’orgue du titan » n’est pas si éloignée du Berry. « L’orgue du titan » m’a fait pensé aux « Maîtres sonneurs » à cause de la place centrale que tient dans le conte et dans le roman(où Sand a tenté de reproduire par son style la manière des conteurs du Berry), la musique.   « Les maîtres sonneurs »   Tiennet, la jolie Brulette sa cousine et Joset sont amis depuis l’enfance. Mais Joset n’est pas un garçon comme les autres : distrait et renfermé, il paraît un peu simple ; il rêve de musique mais il n’a pas de voix. Brulette devine qu’il a un secret et révèle à Tiennet la vérité de la chose : « c’est que Joset prétend inventer lui-même sa musique, et qu’il l’invente, de vrai. »   Ca fait évidemment penser au jeune Angelin qui joue un morceau inconnu de son maître et du vicaire mélomane.   « Il a réussi à faire une flûte de roseau, et il chante là-dessus. » Un mois plus tard, Joset consent à leur faire entendre sa musique. Quand il s’arrête de jouer, Tiennet s’écrie : « Où diantre prends-tu tout ça ! à quoi ça peut servir, et qu’est-ce que tu veux signifier par là ? » Joset interroge Brulette.   George Sand célèbre ici « le merveilleux pouvoir de la musique » qui ouvre les portes magiques du souvenir et du rêve, et permet à l’auditeur de communier  avec l’artiste, lui-même transfiguré par l’inspiration créatrice.    La magie de la musique   est un point commun entre le roman et le conte qui  tiennent  tous deux du roman d’apprentissage. Sur l’importance de la musique dans l’œuvre de George Sand, on est obligé de penser aux musiciens qu’elle a connus : Chopin, Liszt, Gounot, Berlioz etc. Sur son amour de la musique et des musiciens, cf.  http://www.georgesand.culture.fr/fr/ar/ar01.htm5(il  y aussi sur ce site, des pages sur ses amours) George Sand est très liée également à Pauline Viardot, célèbre cantatrice contralto qui connaît un succès international. Elle sert de modèle pour « Consuelo », roman qui raconte l’itinéraire d’une artiste qui trouve sa voie en vouant son existence à la musique. Mais ce qui différencie le jeune Angelin de Joset c’est que le premier est déjà initié à la musique  alors que le second est une « âme simple » et c’est l’effet de l’art sur les « âmes simples », les paysans qui intéresse George Sand dans « Les maîtres sonneurs. » (qui sont lisibles en poche, Folio, je crois et dans la bibliothèque numérique, Gallica).   La scène du curé bon vivant dans « L’orgue du titan », qui a les charmes de la comédie, introduit le rapprochement avec le roman picaresque. Sur le « picaresque », cf. Wikipedia à ce mot   La comparaison du début et de la fin de la nouvelle conduisent à mettre en évidence le procédé du retour en arrière ou flash-back que l’on retrouve dans « Mauprat. »   La découverte d’une vocation musicale par un récit fantastique met en évidence la notion de romantisme et la place accordée à l’artiste, l’explication du génie romantique. La figure du Titan (symbolisant le génie romantique) est essentiel.   Sur le titan, cf. wikipedia à ce mot    

    Je me suis aussi aidée de mon bon vieux Lagarde et Michard

    TEXTE PUBLIE CHEZ  AMBROISE DANS LE CADRE D 'UN VOYAGE DANS LE FANTASTIQUE:

    http://ambroise.hautetfort.com/archive/2007/05/30/voyage-dans-le-fantastique.html

  • Catégories : Des paysages de Baudelaire et Nerval. Essai

    Mon mémoire de maïtrise,"Le paysage dans les oeuvres poétiques de Baudelaire et Nerval(15/20)" en vente sur Lulu

    3293a5fbe720c472ecfdbd6dd939f772.jpgAvec moi, vous parcourrez les paysages littérairement et culturellement construits par Baudelaire dans ses Fleurs du Mal  et par Nerval dans ses poèmes.

    Ces paysages peuvent être symbolisés et se situent souvent entre visible et invisible.

    La théorie des correspondances joue un rôle essentiel dans la construction du paysage et la symbolique des couleurs conduit à rapprocher paysage, poésie et peinture.

    Quant à la temporalité du paysage, elle vous conduira dans le paysage historique de Paris au XIX e siècle et vers les rivages mélancoliques de l’Ailleurs.

    A travers ces paysages naturels ou urbains, vous découvrirez  les paysages intérieurs de Baudelaire et Nerval qui sont aussi un peu les miens…

     

    CERTAINS TEXTES,POEMES ET ARTISTES EVOQUES DANS CE MEMOIRE SONT PRESENTS SUR CE BLOG, CF.NOTAMMENT CATEGORIES "Baudelaire" ET "Nerval"

    f8b22bb67aecd098430df1505adcecb1.jpgCe mémoire ainsi que mes paysages poétiques (recueil de poèmes) sont à vendre et télécharger sur Lulu:

    http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288

  • Catégories : Mes textes en prose

    Le 15 février 2006

    Le 15 février 2006.   J’avais donc déposé ma petite chatte, Candy à sa pension et je revenais les mains vides à l’appartement en espérant que tout se passerait bien pour elle. Chez moi, je finissais de boucler mes bagages, vérifiant sur ma liste de préparatifs que je n’avais rien oublié. Un voyage pour la France, ce n’est pas que des vacances. Mon mari rentre aussi pour le travail : des clients, des salons, des rendez-vous, des dîners professionnels etc. De plus, la famille est dispersée un peu partout dans le pays. Ce qui signifie qu’on ne reste pas quinze jours au même endroit, ce serait trop reposant… Nous allons de maisons de famille en chambres d’hôtels et ça aussi ça s ‘organise. Enfin, aller en France, c’est ramener des choses qu’on n’a pas ici : des livres récents moins chers, des fromages, d’autres nourritures terrestres, certains médicaments etc. Donc on fait des listes. C’est aussi voir ou faire des choses qu’on ne fait pas ici : des expositions, des cinémas (etc.) à programmer car le temps passe vite en France… Une voiture vint nous chercher ; pour ne pas laisser pendant quinze jours notre voiture sur le parking de l’aéroport. Sur la route de l’aéroport, en ville, je me gavais de ces coups de klaxons qui me vrillent si souvent les tympans, de la pollution de Casablanca, la ville tentaculaire. Je regardais défiler la campagne reverdie par les derniers pluies, les palmiers s’élançant vers le ciel. Je prenais un grand bol de lumière, de chaleur. Dix heures du matin et il faisait déjà plus de vingt degrés. J’ouvrais la fenêtre car je m’étais un peu habillée pour l’hiver français. L’aéroport se profilait à l’horizon avec  ses moutons et volaille qui s ‘égayaient tranquillement à l’entrée.

     

    Parking. Sortir les bagages, les mettre sur un chariot etc. Un aéroport est un aéroport et les rituels sont les mêmes de Paris à Casablanca. Un seule différence, on fume encore ici et pas seulement dans les cafés. Comme je n’ai pas encore arrêté de fumer (malheureusement), je fais mes dernières provisions de cigarettes dans les limites autorisées car ici le tabac est deux fois moins cher qu’en France. Nous montons au restaurant panoramique. Derrière les avions, le ciel marocain infiniment bleu et lumineux qui brûle les yeux. En vol, ce ciel dégagé nous permet d’admirer les côtes marocaines. Quand l’avion descend vers Lille, avec le temps couvert et le décalage horaire (une heure en hiver), il fait nuit et mon cœur se réjouit à la vue des lumières d’une de mes villes préférées. La France, mon pays, j’arrive. Les pieds sur le sol français comme un autre monde, le mien malgré nos sept mois de séparation. Les formalités et les rituels se déroulent plus lentement à l’aéroport de Lille qu’à Casablanca. Enfin, la délivrance ; j’ai aperçu mes beaux-parents qui sont aussi des parents beaux de cœur et d’accueil. Les larmes me piquent les yeux de bonheur. Nous nous embrassons chaleureusement. Bien que vêtue  en conséquence, je suis saisie par la nuit autour de zéro degrés(il ne gèle jamais à Casablanca) et le vent cinglant comme pour me dire : voilà, tu es chez  toi.

     

    Nous nous hâtons donc vers la voiture et dans l’enceinte protectrice de la voiture, nous donnons libre cours à nos retrouvailles. Même si nous nous parlons régulièrement au téléphone, il y a beaucoup de choses à se dire. Les questions habituelles à ceux qui descendent de l’avion. Quel temps faisait-il à Casablanca ? La météo hivernale du Nord de la France. Des nouvelles du travail de mon mari. Des nouvelles de la famille française. Malgré la conversation à bâtons rompus, la route paraît longue jusqu’à la maison de mes beaux-parents. La fatigue et l’envie de se poser, la faim, la soif. A la maison, on nous a préparé des plats bien français, tout ce que nous aime pour qu’on se sente bien chez nous. Dans notre lit préparé avec amour, je me sens tout de même comme en décalage, un décalage bien plus important et plus profond que le fuseau d’une heure qui nous sépare du Maroc. J’ai du mal à m’endormir car je me sens toujours comme dans le hall d’embarquement, en partance, en escale…   Le 23 février 2007.
  • Catégories : Mes textes en prose

    Ma vie amoureuse

    Ma vie amoureuse a commencé en Allemagne. C’était en 1985, j’avais quinze ans. C’était la première fois que je quittais papa et maman pour aller en colonie. Est-ce que ce terme peut s’employer pour une adolescente ? Mais j’étais une enfant et une enfant maladivement timide, manquant cruellement de confiance en elle (c’est encore un peu le cas).

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  • Catégories : Mes textes en prose

    Pépère

    Pépère, c’était mon grand-père. Non, pépère n’était pas mon grand-père. C’est mon grand-père. Mon grand-père paternel, le père de mon père et le mari de ma grand-mère. Mais pour moi, c’est pépère. Il est mort en 1981 (l’année où Mitterrand est devenu président) ; ça fait 17 ans. Pour moi c’était hier et il est toujours vivant dans mon cœur. Je le vois vivant. Je le revois parfaitement. J’avais 11 ans quand il est parti. Et je ne veux pas employer l’imparfait : je dirais c’est mon grand-père.

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