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Catégories : Mes textes en prose

Ma grand-mère (et les dahlias). Suite d'hier et d'avant -hier

Ce matin, parmi mes tâches ménagères (je n'ai pas pu me résoudre à prendre une bonne ou même une femme de ménage comme il est d'usage ici), j'ai changé l'eau de mes fleurs. Elles tiennent le coup malgré la chaleur persistante. Ce sont les dahlias (les blancs étaient déjà bien avancés quand je les ai achetés) qui souffrent le plus. En France, ce sont des fleurs d'automne mais comme souvent l'automne ressemble à un été indien (ici plus encore), ma grand-mère les mettait la nuit dans sa grange où il faisait frais pour qu'ils durent plus longtemps.
Je n'ai pas besoin de fermer les yeux pour que les images(et les mots) d'elle surgissent comme ça en flash.
Et les dahlias ont déclenché une avalanche d'images.
Elle vivait dans une petite maison de pierre qui donnait de l'humidité l'hiver et de la fraîcheur l'été.
Sa maison était accoudée à une colline qui accentuait l'humidité et l'été, parmi les pierres et les feuillages, se baladaient des vipères.
Celles-ci poussaient parfois jusqu'au petit jardinet devant la maison.
Un jour que je criais (comme la fille des villes que je suis à l'origine) en en voyant une, elle arriva avec sa canne (elle avait deux hanches artificielles depuis très longtemps) qu'elle abattit d'un coup sec et sans hésitation sur la bête rampante, la tuant net.
J'étais si étonnée de voir ma grand-mère si douce, si pacifique faire ça.
Mais même si elle était née à Montmartre (qui à l’époque ressemblait peut-être plus à un village), elle vivait, seule, à la campagne, depuis longtemps.
J’ai passé mes premières vacances chez elle alors que j’étais une jeune adolescente.
J’avais pris le train avec mon vélo pour pouvoir aller à la ville voisine à 6 km de là.
Je dormais dans l’ancienne chambre de mon oncle et c’est là, dans son armoire, que j’ai découverts des SAS et que j’en ai lus pour la première (et dernière) fois.
Je ne sais pas si beaucoup de jeunes filles ont lu des SAS…
J’ai gardé le goût des polars.
Au- dessus de moi, il y avait le faux grenier où les pas de différentes bêtes m’empêchaient de m’endormir.
Sans compter les bruits du dehors comme les cris des chouettes.
Le silence de la campagne est très déroutant pour une citadine…
Ma grand-mère n’avait ni eau chaude, ni douche ou baignoire jusqu’à très récemment.
Les WC étaient un trou dans la grange où les vipères se baladaient de temps en temps….
Il y a quelques années, elle s’est fait installer un chauffe-eau, un sanibroyeur et un dispositif de douche rudimentaire. Elle était si heureuse. Mais elle n’en a pas profité bien longtemps de cette douche car ça exigeait une gymnastique qu’elle ne pouvait plus faire.
Mais ne croyez pas que les gens qui n’ont pas de douche sont sales. Moi-même, j’ai vécu mes 20 premières années sans et je me lavais tous les matins de la tête au pied et au début même en chauffant l’eau dans une casserole.
Ma grand-mère elle sentait l’eau de toilette au chèvrefeuille, le même chèvrefeuille qu’elle avait dans son jardin, la même eau toilette que j’affectionne. C’est curieux comme cette eau de toilette fraîche garde le parfum enivrant de la fleur.
Il y avait aussi des lilas dans le jardin. On en coupait parfois pour ramener en ville mais ils dépérissent vite une fois coupés et ont un parfum si capiteux qu’ils s’accommodent mal avec les odeurs culinaires dans une salle à manger.
J’ai plus de souvenirs de parfums que de saveurs car elle n’aimait pas faire à manger, se contentant de faire le strict minimum.
Les dernières années où elle était chez elle, quand nous venions la voir, nous achetions à manger sur la route et mon mari nous faisait à manger(il adore ça) pendant que je racontais par le menu à ma grand-mère le départ de la maison, la route et toutes les dernières nouvelles depuis notre dernière conversation téléphonique.

Commentaires

  • Bonjour Laura :
    Tu racontes bien ta vie, une tranche de vie bien agréable et touchante.
    (moi je vais continuer mes petites histoires et je m'attaquerai ensuite à mes années lycée, puis plus tard à ma vie d'adulte mais cela va me demander plus de temps et plus de soin dans l'écriture. Mais je débute et mes projets me permettront d'avancer. Donc encore 3 livres en perspective ...) Bon dimanche. Je ne publie pas beaucoup de notes car j'ai plein d'activités et de projets...

  • Je crois que tu es faites pour écrire des romans. J'adore cette façon d'écrire simple et colorée ...

    Iman

  • Merci mesdames.

  • Parfums de chèvrefeuille, je l'adore aussi et les fleurs sont si belles
    Je n'avais pas de douche, ni de WC chez mes parents . C'était un baquet qui servait de baignoire et il était remplit d'eau chauffée sur une cuisinère à charbon .. dire que l'eau n'était pas toujours chaude !
    Il n'y avait pas de chauffage non plus, le soir on enveloppait une brique sortie du poêle dans du papier journal et on la glissait dans le fond du lit, nos pieds dessus , ainsi on s'endormait , au réveil tout engourdi, difficile à pousser les draps
    Mais c'était durant les 15 premières années de ma vie, en pleine campagne à l'époque, et jusqu'à environ 1962...ensuite le déménagement nous a conquis avec un minimum de confort mais très apprécié
    Voilà Laura, je suis ravie d'avoir lu ces articles , me reste la suite de ta visite à Paris, je vais doucement ...bisous et bonne journée

  • Oui, ce dont je parle date d'il y a peine 10 ans...

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