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Catégories : Mes textes en prose, Mes textes publiés

R. (première mention de la section nouvelles au concours des Arts et lettres de France 2003)

8dd31d6abef776579e7a6a6d47337fbe.jpgIls se rencontraient tous les jours ou presque. Elle avait quinze ans, lui soixante. Ils ne se parlaient pas. Ils se connaissaient mais elle était timide et lui, la regardait passer, lui dit-il plus tard, droite comme « un i », belle et fière (au bon sens du terme).

Un jour, il lui parla. Elle fut surprise car elle n’avait pas confiance en elle. De quoi parlèrent-ils ? Elle ne s’en souvient pas. Ce qu’elle sait, c’est que ça lui fit du bien. Il s’intéressait à elle et avec lui, elle pouvait être elle-même. Comment leurs rencontres verticales (au bord d’un trottoir) devinrent-elles horizontales (au bord d’un lit) ? Elle ne s’en souvient pas. Toujours est-il que CELA se produisit. CELA. Monstrueux ? Elle avait alors vingt ans, lui soixante-cinq. Quarante ans d’écart, c’est beaucoup. Mais elle était bien. Elle était belle. Il lui disait. Elle se sentait belle. On lui avait dit qu’elle était grosse ; lui disait « gironde », « courbes voluptueuses. » Elle se mit à aimer son corps (trop ?) comme lui l’aimait. C’était nouveau et c’était bien. Il la caressait, la faisait jouir. Jamais on n’avait léché sa chatte ainsi. Ils parlaient aussi ; du plaisir ? ( elle ne s’en souvient plus), d’elle, beaucoup (trop ?) De ses peurs, de ses complexes qui, grâce à lui s’éloignaient. Ils parlaient de peinture (il peignait), de littérature (elle écrivait).
Ils s’écrivaient aussi. Lui, chez lui. Elle, à une boîte postale (il était marié). Ca ajoutait peut-être encore à son excitation mais pas à sa culpabilité. Elle n’était pas coupable. Il y en avait eu d’autres avant elles, beaucoup. Les lettres étaient passionnées, osées comme leurs rencontres. Elle se caressait devant lui et il la regardait. Les méchantes langues diraient qu’il ne pouvait faire que ça à son âge ! A propos de langue, excusez-moi, mais quelle langue ! On aurait dit qu’elle pénétrait jusqu’au fond de son corps, jusqu’à ce que le plaisir, l’éclatement atteigne son cerveau. Cette langue aimait même le sang qui coulait d’elle une fois par mois. Est-ce une expérience isolée ? Ou d’autres gens le font-ils ? Peu lui importait à l’époque. Sachant que la femme est restée longtemps (et l’est encore pour certains) impure pendant ses menstruations. Faire l’amour avec elle était tabou. Alors la lécher, pensez-vous ! Peu importe les autres. Comme c’était bon ! Encore meilleur qu’avant cette période et meilleur qu’après. D’autres (un en fait) ont accepté de le faire … avec réticence. Lui, il le réclamait. Pour l’homme qu’elle aime maintenant, c’est hors de question. Bien sûr, elle n’ira pas voir ailleurs pour autant. Mais ça lui manque….
Il lui parlait des autres, ses autres femmes ; non pas la légitime (ou très rarement) mais les autres : celles qu’il avait aimées ou celles qu’ils aimaient en même temps qu’elle. Mais dans sa tête à elle, c’était abstrait. Une de ces femmes revenait souvent dans leurs conversations. C’était Thérèse. R. lui montrait ses lettres en lui disant qu’elles étaient bien inférieures aux siennes.
Mais un jour, elle rencontra Thérèse. Elle la trouva jolie (sans plus), gironde (un peu comme elle) mais surtout très sensuelle. C’est après cette rencontre qu’il lui parla d’un rendez-vous à trois… coquin. Est-ce qu’elle fut tout de suite réticente cette idée ? Toujours est-il que cette rencontre à trois eut lieu et qu’elle n’y trouva pas son compte. Elle essayât bien de caresser et d’embrasser Thérèse mais son corps, ses seins, l’odeur de sa chatte ne lui plaisait pas. Elle ne lui plaisait pas … physiquement, tout au moins pas assez pour mettre en pratique ses lectures érotiques avec elle. Elle était sympathique, bien sûr mais elle ne supportât pas de la voir embrasser et sucer l’homme avec qui elle passait depuis quelques mois des moments amoureux. En rêve, en fantasme, en lecture, c’était excitant mais la réalité la fit s’enfuir du lit, de la chambre et finalement pleurer. Elle n’était pas aussi libertine qu’eux et surtout pas partageuse. D’ailleurs, elle n’a jamais réussi à mener de front plusieurs (vraies) liaisons. Aimait-elle R. ?
Toujours est-il qu’elle rencontra de jeunes garçons avec lesquels elle eût des liaisons. A chaque fois, elle le « quittait » (mais étaient-ils vraiment ensemble ?) pour lui revenir après.
Mais « l’amour à trois » raté avait tout changé. Elle s’était rendu compte que Thérèse avait autant (sinon plus) de place dans sa vie qu’elle. Elle vivait avec lui des moments qu’il lui refusait : des déjeuners au restaurant, des nuits à l’hôtel et même des voyages. Mais en avait-elle envie ? C’est la matérialisation de Thérèse qui avait fait naître cette envie.
De même qu’elle ne souvient pas de leur première fois, elle a oublié leur dernier rendez-vous et le pourquoi de leur séparation. Elle pense que c’était avant la rencontre avec l’homme qu’elle aime maintenant.
Ce dernier avait du mal à accepter cette relation, même débarrassée des rendez-vous coquins. Est-ce lui qui lui demanda ou voulut-elle tourner la page ? Elle brûla les lettres de R. et le regrette maintenant. Elles étaient si belles, si passionnées et surtout elles lui auraient redonné confiance en elle les jours de doute.
Elle lui écrivit encore quelques temps pour lui donner de ses nouvelles mais ce n’était pas ce qu’il voulait.
Ils se rencontraient encore à l’occasion et prenaient plaisir à parler ensemble. Mais ce n’était plus pareil et quand elle quitta sa ville d’origine, les contacts diminuèrent peu à peu.
Elle revit Thérèse qui était toujours aussi libertine.
Elle a eu souvent envie de lui écrire, pour lui dire tout ce qu’il lui avait apporté : la confiance en elle, l’attention à son corps qu’elle arrive depuis à trouver beau.
Mais il a été malade des yeux. Peut-il encore lire seul ? La boîte postale existe-elle encore ? Sa femme pourrait intercepter la lettre, prévenir sa mère qui salirait cette histoire qui a été longtemps si belle.

Commentaires

  • voilà une belle histoire,,

    bravoo cannelle et laura


    bizzzz

  • merci

  • coucou canelle , plaisir de te revoir , il émane un charme particulier de toi
    alo

  • tu peux retrouver tous ces écrits dans la catégorie "les écrits de cannelle/laura"

  • Le peintre et l'ecrivain une rencontre qui n'a pu etre que fusionnèlle malgre la dirrefrence d'age elle a du lui apporter toute la fraicheur de sa virginite :virginite sentimentale et fraicheur des sensations lorsqu'il lui apporta confiance en elle et amour d'elle meme :cette petite nouvelle aurait pu engendrer un roman fleuve tout y est condense temps sensations rencontre rupture bravo laura
    Bises bonne nuit

  • j'aime beaucoup cette histoire moi aussi
    c'est de celle-là qu'on parlait l'autre jour
    qui aurait eu pu occasionner la suppression de mon espace msn...
    pourtant, il ne s'agit de pédophile, ni même de détournement de mineure car quand ils ont vraiment commencé leur liaison, elle était majeure et plus vierge
    bonne idée estelle, merci
    merci pour tout
    j'ai tant de projets d'écriture mais je cours après le temps

  • Je relis cette histoire que je connais maintenant.
    Cela me fait penser à une chanson de Jean FERRAT qui disait : "verticalement ce n'est pas une affaire, mais horizontalement c'est elle que je préfère". C'était une chanson des années 60, genre jazz... peut être qu'elle est sur Youtube ou dailymotin, il me semble l'avoir vue dans l'un ou l'autre de ces sites.

  • Je ne connais pas cette chanson et là, comme ça, je ne vois pas le rapport...

  • "Comment leurs rencontres verticales devinrent-elles horizontales ?" : voilà ce qui m'a fait penser à la chanson ... pour le reste je ne trouve pas qu'il y a un rapport avec la chanson. D'ailleurs il ne faut pas chercher le rapport dans le texte que tu as écrit.
    Ne t'inquiète pas, Laura.
    Bonne nuit.

  • c'est avec plaisir que je relis cette histoire.... cette lecture me donne même des desirs..

  • Comment leurs rencontres verticales devinrent-elles horizontales ? C'est finalement une question qu'on peut se poser ici, Elisabeth, excuse-moi...
    Et je n'ai pas de réponse....
    Quand j'ai été primé, j'étais loin de penser à l'aspect....érotique de ce texte..., Monette

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