Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Des femmes comme je les aime

Sophie Marceau, je l'adore

519839732.jpg1446907389.jpg

Avis de bonheur dans la vie de Sophie Marceau : elle est amoureuse et son statut de star populaire n’a jamais été aussi légitime. On la retrouve en héroïne de guerre, résistante implacable et chef d’un commando de saboteuses dans Les Femmes de l’ombre.

Paru le 01.03.2008, par Richard Gianorio

On l’a quittée en femme fatale fardée quasi hollywoodienne dans Anthony Zimmer puis La Disparue de Deauville, son deuxième film comme réalisatrice. Cette fois-ci, c’est avec le visage émacié et la mine austère que Sophie Marceau joue une femme pour qui la séduction est le cadet des soucis. Les Femmes de l’ombre, film de Jean-Paul Salomé, en font une résistante de la Seconde Guerre mondiale, chef intransigeant et téméraire d’un commando de saboteuses en mission spéciale, pilotées par le SOE, un des services secrets de Winston Churchill. Louise, son personnage, est vaguement inspirée d’un épisode de la vie de Lise Villameur, héroïne de l’ombre qui appartenait à un groupe de femmes formées en Angleterre et ayant opéré en France pour le compte des Alliés.

Toutes proportions gardées, Sophie Marceau est aussi une résistante à sa façon. Elle ne s’est jamais laissé enrôler. Mégastar au contraire d’une carriériste –, faisant ce que bon lui semblait, se trompant parfois, mais ne sortant jamais de la ligne droite qu’elle s’était tracée. C’est une incorruptible et une endurante qui a laissé sur le carreau bien des sprinteuses du show-biz. La caste des professionnels, qu’elle a si souvent déconcertée, lui ouvre désormais grand les bras : Sophie Marceau, reine des suffrages populaires, n’a même pas eu à rentrer dans le rang, c’est le temps qui lui a donné raison.

Ce temps apprivoisé en a fait une quadra magnifique, d’une beauté qui, on en met sa main au feu, ne doit rien au bistouri. Au dernier Festival de Cannes, lors du gala de l’amfAR, quelqu’un a mis 300 000 dollars sur la table pour un cliché d’elle à demi nue réalisé par Mario Testino. Un amateur au goût sûr.
Celui qui profite aujourd’hui de ce que les Japonais avaient désigné comme un « trésor national français » s’appelle Christophe Lambert. Sophie Marceau se sont rencontrés sur le tournage de La Disparue de Deauville. Ils ne se cachent pas, pas plus qu’ils ne s’exhibent. On est persuadé que l’ex-Tarzan de Greystoke fait rire la petite Vic de La Boum qui fut une star bien avant lui…

"Le corps et l'esprit ont leurs limites"

Madame Figaro. – Jean-Paul Salomé, le réalisateur des Femmes de l’ombre, dit que vous êtes « assez dure parfois et rieuse à d’autres moments ». Vous reconnaissez-vous dans cette description ?
Sophie Marceau. – Ce sont mes couleurs. On me dit souvent que je suis dure. Pour le personnage de Louise, cette froideur était une chose entendue : elle a reçu une éducation provinciale, elle n’exprime pas ses sentiments, elle ne se plaint pas. C’est une femme engagée qui prend les armes et affronte l’adversité très frontalement. C’est la guerre, et face à un événement monstrueux, le sang-froid et l’urgence de la survie l’emportent sur tout.

Une femme solitaire qui affronte un milieu hostile de face, cela vous ressemble…
– On ne choisit pas un personnage par hasard, même s’il est évidemment impossible de rattacher mon histoire à celle de l’Occupation. Je sais que l’état de guerre vous oblige à faire des choses inhabituelles. Ma mère, par exemple, se souvient encore très bien de son institutrice normande, une héroïne qui prenait tous les risques pour protéger ses élèves pendant les bombardements. Mais j’ai remarqué lors de la préparation de ce film qu’il existe encore une réticence des gens à parler de cette période. Ils sont embarrassés quand on leur demande ce qu’ils ont fait pendant la guerre, certains par modestie, d’autres par culpabilité, je présume.

En tournant ce film, avez-vous imaginé que vous auriez pu résister pendant l’Occupation ?
– Qui peut dire? Je ne suis sûre que d’une chose : je crois que personne ne peut résister à la torture. Le corps et l’esprit ont leurs limites.

Avez-vous été sensible à la dimension féministe de votre personnage ?
– Généralement, ces femmes résistantes ne tiraient pas de gloire de leurs actes de bravoure. Celles que j’ai rencontrées ne se vantaient jamais.

Et les actrices, sont-elles vantardes ?
– Les actrices sont marrantes. Et tellement plus franches que les acteurs. Par exemple, je crois que les acteurs n’assument jamais vraiment la part féminine qu’on leur prête. Le nombre d’entre eux qui ont honte de se montrer maquillés ! Les actrices sont plus en accord avec ce métier.

Revendiquez-vous à l’inverse une part masculine ?
– Je suis féminine dans le sens où je ne revendique pas, je ne me vante pas, je ne me mets pas particulièrement en valeur. Je crois que les femmes la ramènent moins que les hommes. Elles n’ont pas le besoin de fanfaronner et de se mettre systématiquement en avant. Mais tout ça, ce sont des généralités, bien sûr; il y a le masculin, le féminin, et puis des contrastes, des complémentarités et des interférences.

"Je ne suis pas attirée par le pouvoir"

Que vous évoque le titre du film, Les Femmes de l’ombre, vous, une actrice surexposée…
– Pourtant je ne me sens pas loin de ça. J’aime imaginer qu’il y a plein de héros de l’ombre, d’hommes et de femmes qui contribuent à leur façon à l’amélioration du monde.

Vous croyez aux actes désintéressés ?
– Je crois qu’un extrême en appelle un autre. La grande impudeur qui caractérise la société d’aujourd’hui va appeler une réflexion et une dignité…

Vous n’êtes pas à l’aise en pleine ère bling-bling ?
– Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ? Je n’ai aucune antipathie ni pour l’un ni pour l’autre, mais j’aimerais savoir quel est le message véhiculé. De quoi veut-on nous convaincre? J’aimerais qu’on revienne à plus de discrétion plutôt que d’assister à cette confusion qui ressemble beaucoup à de la dispersion…

Avez-vous été courtisée par des hommes de pouvoir ?
– Oui mais je ne suis pas attirée par le pouvoir. Je ne pourrais pas être « la femme de ». Quand un président m’invite en tête à tête, je n’y vais pas. Je me souviens aussi d’avoir déjeuné une fois avec Jean-Marie Messier. La semaine d’après, tout le monde racontait que j’étais sa maîtresse, ce qui m’avait d’autant plus choquée que j’étais enceinte de ma fille. Non, il ne faut pas frayer avec ces gens-là…

On dit que François Mitterrand vous adorait…
– Adorer, c’est exagéré, mais il aimait la compagnie des actrices. Lui, il était moins direct, moins franc du collier, beaucoup plus manipulateur. À cette époque, j’étais jeune et naïve, je ne me posais pas la question de ses arrière-pensées. Je crois que cela lui faisait plaisir de passer un moment à se promener dans un jardin en compagnie d’une jeune femme à qui il racontait des histoires. Il fallait juste l’écouter. Et puis une fois, je l’ai contredit et comme il détestait la contradiction, je n’ai plus jamais été invitée…

De l’avis général, vous vous êtes beaucoup infléchie. Peut-on parler de lâcher-prise ?
– Oui, il y a quelque chose de cet ordre, se détacher des convictions toutes faites et des habitudes qui font que parfois, sans même s’en rendre compte, on se rigidifie.

S’avance-t-on beaucoup si on présume que votre amoureux, Christophe Lambert, est un excellent guide sur le chemin de l’abandon ?
– Je vis une belle histoire. Avec lui, nous avons déjà plusieurs vies en commun; avec lui, rien n’est ennuyeux ou attendu. Notre relation est précieuse.

Et publique.
– Je ne cache rien même si je me protège pour ne rien galvauder. Ça doit être fluide… même si je ne suis pas si cool que ça non plus : je suis très consciente de tout ce qui m’environne.

Le temps joue en votre faveur : votre statut reste inchangé et, de plus, il semble que vous n’ayez pas été dénaturée par ce métier…
– J’aime profondément le cinéma même si je sais très bien que je suis assise sur des cubes : rien n’est “jamais acquis. Je n’aime pas le confort, je n’aime pas me sentir installée mais, paradoxalement, je ne suis pas une aventurière non plus : je suis très sédentaire dans mon organisation et j’ai besoin de repères, surtout en ce qui concerne la famille.

Qu’est-ce qui vous fait peur aujourd’hui ?
– Les peurs affectives exceptées, je n’ai pas peur de perdre. J’aime le jeu…

(1) En salle le 5 mars.

http://madame.lefigaro.fr/celebrites/en-kiosque/1169-sophie-marceau-on-ne-choisit-pas-un-personnage-par-hasard/3

 

Les commentaires sont fermés.