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Catégories : Des évènements

Salinger : "L'idée qu'il était là rendait ce monde plus beau"

  • Apaisement par Laure

Il y a des êtres qui n'ont pas besoin de parler, qui n'ont pas besoin de se montrer, pour que leur présence soit rassurante. Salinger était de ceux-là.  Depuis que j'ai tourné la dernière page de L'Attrape-Cœurs (c'était il y a moins d'une dizaine d'années, j'avais seize ans et je me suis juré de penser toujours à Holden Caulfield, de ne jamais le trahir), j'ai trouvé de l'apaisement dans l'idée que Salinger vivait, silencieux, quelque part dans le monde, peu importe où et comment.

J'aurais sans doute vécu différemment sans Holden, sans Esmé. Le monde adulte est bien comme Salinger le décrit – with love and squalor – et, sans ses personnages, je ne sais comment je le parcourerais aujourd'hui. Plus mal, sans doute. Salinger est mort hier, sa présence rassurante a disparu, et je vais relire ses livres, encore. Parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, parce que j'ai encore besoin d'eux, et parce que je crois qu'il s'agit du seul hommage silencieux et discret qui soit digne de lui.

  • C'était le roi... par Pierre L.

... de la fiction. Salinger vous montre au microscope quelques centimètres d'une étoffe ordinaire et parvient à vous faire deviner, sans l'évoquer, toute une tapisserie aux dimensions murales, aux couleurs indescriptibles, plus vraie que vraie. Je le relis régulièrement. Si je ne vous ai jamais donné un Salinger c'est que vous n'êtes pas mon ami.

Il nous restera par ses livres : c'est une banalité mais, dans son cas, c'est déjà vrai depuis longtemps puisqu'il avait choisi de n'exister qu'en tant qu'auteur (plutôt que dans le rôle d'invité à la télé, je veux dire).  Sa mort est donc un non-événement – le non-événement salingérien par excellence (on est loin du poisson-banane). Et quand on pense à ses proches, c'est toute la famille Glass qu'on imagine au chevet de Buddy, ces personnages immenses dont le récit ne semble capter qu'un minuscule fragment, au point qu'on ne peut croire qu'il les ait inventés.

  • Philosophies lointaines par André L.

Etrangement secret et en même temps prolixe, dans cette langue si fluide de Manhattan qu'il prêtait à Buddy Glass ; isolé, solitaire mais si généreux, au point de nous faire partager l'univers de cette famille et jusqu'au manque de Seymour... Tourmenté, traversé d'angoisses et d'images suicidaires, mais aussi d'éclats de sérénité et de beauté, venus de philosophies lointaines comme de très ordinaires réconforts – le bouillon de poule servi à Franny, c'est le visage du Christ lui-même.  Ainsi était pour moi J. D. Salinger, dont la lecture m'a bouleversé.

  • Avec amour par Eugénie

Il écoutait les grenouilles pousser dans les eaux des étangs

Il aimait quand la tête se prend à son propre hameçon
Sans personne pour la décrocher

Il tournait la plaie autour d'un couteau
N'importe lequel
Méthodiquement
Pour quoi

On dirait que Seymour n'a eu qu'à le chopper par les doigts de pieds
En tirant un peu
Juste un peu

On dirait qu'Esmée lui a chuchoté à l'oreille
Chuchoté
A son oreille de charpentier
La terre restera chaude là où tu es
Pour les canards

On dirait que la bande à Rocky l'a eu

Chuchoté
En fin
Jour rêvé

  • "I'd just be the catcher in the rye and all" par Marie-Massé

A quinze ans, j'ai découvert Salinger en même temps que Lou Reed. Je savourais L'Attrape-Cœurs en écoutant "Walk on the wild side". Jamais depuis je n'ai retrouvé une telle harmonie. Par inadvertance, ma sœur a rapporté du Texas une édition en version originale de 1964, couverture rouge craquelée. Un cadeau du hasard !  J'ai lu Nouvelles avec passion, admiration et interrogations. Plus tard, Franny et Zooey et enfin Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers avec toujours le même plaisir empreint de mélancolie, car page après page je me rapprochais de la fin de son œuvre.

Salinger est mort et avec lui est parti l'espoir, très utopiste mais l'espoir quand même, qu'il publie à nouveau.

Anyway, I keep picturing all these little kids playing some game in this big field of rye and all. Thousands of little kids, and nobody's around – nobody big, I mean – except me. And I'm standing on the edge of some crazy cliff. What I have to do, I have to catch everybody if they start to go over the cliff – I mean if they're running and they don't look where they're going I have to come out from somewhere and catch them. That's all I'd do all day. I'd just be the catcher in the rye and all.

  • Mes souvenirs resteront là où ils sont par André C.

Quand j'ai lu The Catcher in the Rye, c'était encore presque un livre récent, il n'avait que vingt ans et moi à peine plus. C'était déjà un livre-culte, mais je ne le savais pas. Salinger à l'époque c'était le nom du porte-parole de Kennedy. Ce nom connu et ce titre incompréhensible m'ont fait ouvrir le volume dans une librairie d'Edimbourg.

J'ai feuilleté, acheté, lu en quelques soirées laborieuses et enchantées. Evidemment j'ai dû rater beaucoup de choses. Le titre français ne m'a jamais donné envie d'aller chercher dans la traduction ce que j'ai manqué dans l'original. Je ne l'ai pas non plus relu. Il est à quelques mètres de moi sur une étagère, les pages doivent avoir jauni. Je n'irai pas le chercher, mes souvenirs resteront où ils sont.

  • L'Attrape-Cœurs a attrapé ma passion pour la lecture par Adrien D.

 

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