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Catégories : La culture

Le triomphe de la culture qui réconforte

Par Lena Lutaud
02/07/2010 | Mise à jour : 11:54

/07/2010 | Mise à jour : 11:54 Réagir

Les acteurs du Petit Nicolas.
Les acteurs du Petit Nicolas.

Les livres, CD, films qui consolent figurent parmi les grands succès des six derniers mois.

Au pied des montagnes, dans les Hautes-Alpes, dans ses bureaux près du sanctuaire de Notre-Dame-du-Laus, Mgr Di Falco, évêque de Gap, n'en revient pas. Depuis neuf semaines, l'album Spiritus Dei dont les trois chanteurs sont rattachés à son diocèse, trône en tête des ventes. Avec plus de 350 000 CD vendus, six concerts à guichets fermés et une tournée cet été, le groupe de chanteurs chrétiens est «LE» phénomène du premier semestre 2010. «Cet album a pris une dimension pastorale à laquelle je ne m'attendais pas», confie Mgr Di Falco. Depuis deux mois, il reçoit trente lettres par jour. Il a dû renforcer son secrétariat pour y répondre. «Ce qui me surprend, c'est de retrouver les mêmes mots:votre CD me rassure, m'apaise, me fait du bien… Dans une société où les hommes et les femmes vivent dans l'anonymat et la solitude, on voit qu'ils ont besoin de soutien et d'être consolé.»

 

Depuis six mois, les Français plébiscitent la culture qui «fait du bien». Au cinéma, les films en tête du box-office sont Alice au pays des merveilles (4,5 millions d'entrées), Camping 2 (4 millions), La Princesse et la Grenouille (3,8 millions) et L'Arnacœur (3,7 millions). En littérature, c'est la Pancolmania. Plus de 250.000 fans ont acheté son roman Les Écureuils de Central Park (Albin Michel). Autre grand succès du moment, L'homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle. Les bons sentiments ont aussi dominé le rayon DVD avec Avatar et Le Petit Nicolas.

 

«Les gens qui sont confrontés à des difficultés ne voient sans doute pas le moyen d'en sortir politiquement ou socialement, analyse la philosophe Myriam Revault d'Allonnes, professeur à l'École pratique des hautes études et auteur de L'Homme compassionnel (Seuil). Ils ont besoin de réconfort permanent. Les difficultés de l'homme contemporain, le sentiment (tout à fait fondé) qu'il a de sa vulnérabilité, y compris économique et sociale, lui font vivre sa condition comme dangereuse, constamment menacée. Il se réfugie alors dans une “littérature” qui lui donne un espace de liberté illusoire sans pouvoir l'aider à développer des capacités de réflexion, une imagination productive.»

 

Pour la psychanalyste Muriel Flis-Trèves qui a orchestré avec René Frydman, le colloque Recherche bonheur désespérément en 2009 à Paris, le revers de ce phénomène est réel. «Nous avons perdu l'idée de souffrir, dit-elle. Être humain, c'est avoir des hauts, des bas. Mais ces variations d'humeur, on ne les supporte plus. Il faut toujours être dans la performance. Y compris vis-à-vis du deuil. Les gens viennent immédiatement réclamer des médicaments. La recherche du bonheur est presque devenue un symptôme pour lequel les gens viennent chez le psychologue .»

 

 

Du compatissant au compassionnel 

 

Avoir un enfant à tout prix, réussir dans son travail… les demandes varient. «Si l'on ne vit pas dans le bonheur, on a raté sa vie, résume Muriel Flis-Trèves. Socialement, c'est une conquête très importante, un impératif. Ne pas être heureux se traduit par une blessure narcissique. L'idée même de ne pas éprouver de bonheur devient culpabilisant. Nous devenons nos propres tyrans.» La notion de bien-être devient aussi un thème majeur des essais de sciences et d'économie. Sorti en février, Le Triomphe de la cupidité (Les liens qui libèrent) du Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz atteint 50.000 exemplaires vendus. De même, L'Âge de l'empathie (même éditeur) du primatologue et ethnologue Frans de Waal est à 6 000 exemplaires, un très bon score. Au final, même la politique n'échappe pas à ce tsunami. «On note une dérive du compatissant au compassionnel qui revient à court-circuiter les institutions, regrette Myriam Revault-d'Olonnes. L'émergence du “care” cher à Martine Aubry me laisse perplexe. Je ne crois pas du tout que la compassion puisse faire l'objet d'une politique, ni même en être l'instrument.»

 

« Le Petit Nicolas » en tête

 

Sorti le 2 février en DVD, Le Petit Nicolas (Wild Side) de Laurent Tirard, avec Maxime Godart, Valérie Lemercier, Kad Merad et Sandrine Kiberlain, s'est déjà écoulé à plus de 500 000 exemplaires. Premier film français au box-office avec 5,7 millions d'entrées, il est quasi assuré d'être la meilleure vente de DVD français en 2010. Ses concurrents sont des blockbusters hollywoodiens qui prônent eux aussi les bons sentiments : Gran Torino (Warner) de Clint Eastwood, L'Étrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher (W.H.V) et enfin Avatar de James Cameron (Twentieth Century Fox).

 

 

Les Prêtres en tournée : La Grande-Motte (13 juillet), Risoul (14 juillet), Gémenos (15 juillet) et Golfe-Juan (16 juillet).Actes du colloque «Recherche bonheur désespérément» (PUF).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.lefigaro.fr/culture/2010/07/02/03004-20100702ARTFIG00444-le-triomphe-de-la-culture-qui-reconforte.php

Et de l'autre côté, il y a les grinçants /méchants/critiqueurs de tout qui ne plaisent pas plus.

Je préfère tout ce dont je parle dans ce blog.

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