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Catégories : Des musées

Au cœur du dernier grand chantier du Louvre

Par Eric Bietry-Rivierre
01/07/2010 | Mise à jour : 18:39

Henri Loyrette, président directeur général du musée du Louvre devant le chantier. Les travaux, commencés il y a deux ans, devraient s'achever mi-2011. (AFP)
Henri Loyrette, président directeur général du musée du Louvre devant le chantier. Les travaux, commencés il y a deux ans, devraient s'achever mi-2011. (AFP)

Côté Seine, la cour Visconti accueillera à la fin de 2011, le département des arts de l'Islam.

Il est impressionnant et émouvant de descendre dans ce qui sera dans un peu plus d'un an l'ultime extension du Louvre. Actuellement, la cour Visconti n'est qu'un trou boueux, profond de douze mètres, au-dessus duquel, d'une loggia en béton, une pelleteuse finit d'excaver les gravats. Passé le ramadan de 2011, le département des arts de l'Islam y sera inauguré en présence des plus hauts représentants de l'État français, qui finance pour un quart les 98,5 millions d'euros nécessaires, et des mécènes qui contribuent au reste. Parmi eux:le Maroc, l'Arabie saoudite, le Koweït, le sultanat d'Oman et la République d'Azerbaïdjan.

Dans une muséographie encore largement tenue secrète, sous une verrière signée Rudy Ricciotti en forme de « voile ondulant et luminescent », selon l'architecte italien Mario Bellini présent lors d'une visite du chantier mercredi dernier, les fleurons d'une collection de 13 000 pièces se déploieront sur 2 800 m2 répartis en deux niveaux. «Nous venons de finir de creuser, explique Gérard Le Goff, directeur général des travaux pour la maîtrise d'œuvre. Le plus difficile est fait. Pour fêter cela, le 14 Juillet, nous envisageons de descendre un piano à queue au fond et de donner un concert pour les ouvriers. » Performance : des milliers de mètres cubes de terre sont tous passés par le porche Visconti large de 2,40 m seulement. Un enlèvement par grue aurait risqué d'endommager les façades de la cour Visconti. Ornées de statues et richement sculptées, celles-ci ont été restaurées en 2006.

Malgré cette difficulté, le projet lancé en 2003 par Jacques Chirac et dont Nicolas Sarkozy a posé la première pierre il y a deux ans est dans les temps. « Aucune découverte archéologique n'était à espérer dans le sous-sol géologique, raconte Gérard Le Goff. Quant au sol, il avait été fouillé lors de la réalisation du Grand Louvre. Nous y avons retrouvé les traces d'une voie déjà connue que nous avons simplement mieux répertoriée.»

En ce qui concerne les ailes, les fondations Napoléon III ont été consolidées. Des colonnes ont ensuite été coulées dans le sol, par injection de béton à très haute pression, et une fois sèches, l'excavation a été entreprise autour. «Cette technique est identique à celle employée actuellement pour la reconstruction à Ground Zero», précise Gérard Le Goff. Comme son équipe creusait sous l'aile qui abrite les «salles rouges», à l'aplomb du Sacre de Napoléon de David, non loin de La Joconde à droite et de la Victoire de Samothrace à gauche, 150 capteurs de déplacements ont été posés. La tolérance de mouvement ne devait pas excéder les deux millimètres. Bilan:«Nous n'avons à déplorer qu'une fissure causée par une onde de vibration dans le plâtre d'une cheminée. » Dans les étages, les collections ont pu rester en place et visibles du public, excepté, temporairement, pour les antiquités grecques, romaines et coptes.

Reflets mordorés

La prochaine étape sera celle de l'étanchéification. Le système de cuvelage et de pompage permanent est capable de résister à une crue comparable à celle, record, de la Seine en 1910. Simultanément, on procédera à des tests grandeur nature pour la verrière qui doit être posée au premier semestre 2011. « Rêvée il y a cinq ans, celle-ci doit à présent devenir réelle », se préoccupe Mario Bellini. Cette tâche incombe à une entreprise qui a déjà à son actif la couverture à Londres du British Museum et à Berlin du dôme du Reichstag. Le vitrage comprendra 1 600 triangles légèrement différents les uns des autres pour créer un effet de voile ondulé. Au-dessus, une première couche en aluminium devrait produire l'iridescence souhaitée. Avec des tons chauds, entre le vert et le rouge. Une seconde, plus fine, toujours en aluminium, devrait donner des reflets mordorés. D'aspect léger, comme flottante bien qu'elle s'appuie sur sept fins piliers, cette toiture aura quand même 1,20 m d'épaisseur car elle ménagera les conduits techniques obligatoires. Dernière particularité : elle ne touchera pas les précieuses façades commencées au XVIIe siècle et complétée au XIXe par l'architecte Visconti.

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