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Catégories : La littérature

Littérature : les "coups de coeur" de nos collaborateurs

LE MONDE DES LIVRES | 01.07.10 | 18h20

Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, Zulma, 560 p., 23,50 €.


Jean-Louis Aragon
Livre du chevalier Zifar - Anonyme

Un chevalier parcourant le monde à la recherche de son honneur égaré, cela peut prendre un certain temps, surtout lorsque cela se passe en des temps immémoriaux. La quête est d'autant plus difficile si le héros est frappé d'une malédiction : ses montures périssent au bout de dix jours de cavalcades ; d'autant plus hasardeuse si Zifar, tel est le nom du chevalier, sorte de Don Quichotte pas fou pour deux sous, égare également sa femme et ses enfants. Ce délicieux roman de chevalerie pousse au rire, aux pleurs et à la réflexion.

Traduit du castillan (XIVe siècle) par Jean-Marie Barbera, illustrations Zeina Abirached, éditions Monsieur Toussaint Louverture, 576 p., 28 €.


René de Ceccatty
Arrière-fond de Pierre Guyotat

Un demi-siècle après l'événement, l'auteur de Eden Eden Eden, se souvient d'un séjour en Angleterre et de la rencontre troublante d'une jeune fille et d'un jeune garçon. Il avait 15 ans. Se met déjà en place son "arrière-fond", zone de sensualité et d'inconscient qui donne naissance à l'écriture, à la rêverie mystique, à ce qu'il appellera plus tard "la langue" destinée à des textes plus violents, et moins directement accessibles que ce récit à la fois limpide et ténébreux.

Gallimard, 444 p., 21 €.


Amaury da Cunha
L'Or des rivières de Nimrod

L'Or des rivières est un texte court, qui ne veut pas faire de bruit. Il raconte le retour d'un homme au Tchad, dans son village natal. Et sa condition d'exilé, d'"étranger capital", l'engage à cheminer à pas feutrés dans le pays de l'origine pour ne pas brusquer le passé. Sept récits sont fécondés par ce voyage, à la recherche d'images enfouies mais lumineuses qui ont la garde de l'enfant qu'il fut. L'écriture est ici du côté de la grâce, comme une lumière qui touche les eaux troubles du temps.

Actes Sud, 126 p., 13 €.


Jean-Luc Douin
Daeninckx par Daeninckx de Thierry Maricourt

Ce livre d'entretiens avec cet inépuisable "écrivain de combat" (il a republié depuis Galadio, sur la persécution des Noirs par les nazis, chez Gallimard, et Rue des Degrés, recueil de nouvelles, chez Verdier), retrace une vie, un parcours, des engagements, une vocation littéraire et des choix d'écriture, via un patchwork d'interviews données ici et là depuis des années. Pourquoi écrit-il, et comment ? Les réponses sont toniques.

Le Cherche Midi, 312 p., 17 €.


Fabienne Dumontet
La Fonction du balai de David Foster Wallace

L'Américain David Foster Wallace, disparu en 2008, ne publia que deux romans, dont le second, Infinite Jest, devenu culte à juste titre, reste à traduire en français. Mais on peut déjà se propulser dans cet univers hors du commun grâce à son roman de jeunesse, La Fonction du balai : plus de 500 pages d'inventivité délirante et d'hypercritique compassionnelle de la société américaine, portées par une héroïne disjonctée, lancée aux trousses de sa grand-mère, fan de Wittgenstein, et de sa perruche extravertie, prêchant le christianisme fondamental.

Au Diable Vauvert, 576 p., 27 €.


Benjamin Fau
Un homme louche de François Beaune

Journal intime imaginaire d'un homme qui "sait arrêter son regard sur l'essentiel, qui s'intéresse plus à la merde qu'au chien", Un homme louche jette un regard grinçant et décalé sur quelques fondamentaux de nos existences sociales. Remarquable premier roman de la rentrée 2009, il allie avec un brio de vieux routier littéraire drôlerie et inquiétante étrangeté dans un panorama sans concessions mais toujours souriant des névroses humaines.

Verticales, 346 p., 20 €.


Clara Georges
Harry revu et corrigé de Mark Sarvas

Harry drague sans relâche mais avec beaucoup de balourdise une jolie serveuse. Ses raisonnements abscons et ses tentatives pathétiques le rangeraient plutôt du côté des losers. Mais Harry est aussi un jeune veuf, et l'on comprend peu à peu que sa frénésie l'arrime dans le présent. Mark Sarvas, dont c'est le premier roman, réussit à faire preuve à la fois d'une cruauté sans nom et d'une grande tendresse avec son antihéros.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen, NiL, 346 p., 21 €.


Emilie Grangeray
Dans la cathédrale de Christian Oster

Irrésistibles, les romans de Christian Oster le sont toujours, et celui-là peut-être plus qu'un autre. Tout est remarquablement tissé et résolument cohérent, même si l'imprévu et le cocasse (voir l'épisode de la chute de vélo en plein coeur de la Beauce) s'invitent entre les lignes. Christian Oster s'amuse, et nous aussi.

Minuit, 144 p., 13,50 €.


Cécile Guilbert
L'Invention de l'écriture de Philippe Bordas

Après ses somptueux Forcenés (Fayard, 2008) consacrés aux exploits du génie populaire cycliste, Bordas récidive dans la frappe verbale d'inspiration pongienne avec l'évocation biographique de Bruly Bouabré, artiste et poète ivoirien, inventeur d'un alphabet syllabaire et pictographique pour son peuple. Un court livre puissant et incandescent qui, convoquant autant les sortilèges du langage que les mystères de l'Afrique, montre surtout de quel bois la langue française se chauffe encore.

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