Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Train, tramway et autres transports en commun

Bataille mondiale de la très grande vitesse

Par Valérie Collet
22/09/2010 | Mise à jour : 21:46

Le nouveau Zefiro 380 de Bombardier atteint380 km/h.
Le nouveau Zefiro 380 de Bombardier atteint380 km/h. Crédits photo : AFP

Au salon ferroviaire de Berlin, les constructeurs historiques, comme Alstom, Siemens et Bombardier, rivalisent pour conquérir les marchés des pays émergents, désormais aussi convoités par les Chinois. 

Il trône en vedette, exposé en plein air et accueillant une foule de curieux prêts à beaucoup patienter pour le visiter… Le Zefiro 380, dernier-né de la gamme des trains à grande vitesse du constructeur canadien Bombardier, est une star du salon du transport ferroviaire Innotrans, qui s'est ouvert mercredi à Berlin.

L'édition précédente avait eu lieu en pleine crise financière, il y a deux ans. Deux ans pour rien ou presque, tant a été brutal le coup d'arrêt mis aux investissements ferroviaires. Aujourd'hui, la reprise est en vue, même si son horizon n'est pas encore certain. Du fait du décalage entre les décisions d'investissement et les prises de commande, le marché du ferroviaire sera stable dans les trois ans à venir par rapport aux 99 milliards d'euros enregistrés sur la période 2008-2010, selon les chiffres de l'association professionnelle Unife. «Des milliards d'investissements dans les chemins de fer ont été annoncés. Depuis le dernier salon en 2008, il y a eu la crise mondiale. Ces milliards ont parfois été reportés, mais ils n'ont pas été supprimés !», affirmait mercredi le directeur du salon, Raimund Hosch.

C'est donc pour l'avenir que l'on discute depuis mercredi à Berlin, pour le rebond attendu sur la période 2015-2017.

La mise en scène par Bombardier de son nouveau Zefiro 380 - pour 380 km/h - illustre combien la bataille s'annonce rude sur le segment emblématique de la grande vitesse (plus de 270 km/h). Mardi, c'est Alstom, numéro un de très loin avec 40 % des rames actuellement en circulation, qui a levé le voile sur son nouveau produit, Speedelia (lire encadré). Et Siemens a présenté mercredi son premier train à grande vitesse entièrement conçu et fabriqué par lui, le Velaro D. À domicile, le constructeur allemand revendiquait mercredi le titre de «point culminant» du salon. Il peut atteindre une vitesse de 320 km/h et il est compatible avec les infrastructures en Allemagne, en France, en Belgique et en Suisse. La Deutsche Bahn en a déjà commandé quinze, qui circuleront à partir de décembre 2011.

 

Transferts de technologie 

 

Les acteurs «historiques» du marché, comme Alstom et Siemens, sont confrontés au ralentissement de leurs marchés domestiques, sur lesquels plus rien ne leur est acquis. Exemple en France, où le réseau TGV de la SNCF, trentenaire l'an prochain, a toujours été dévolu à Alstom. Il y a deux ans, l'entreprise ferroviaire tricolore était à deux doigts de lancer l'appel d'offres qui aurait ouvert un boulevard à l'AGV d'Alstom, son TGV de dernière génération, déjà commandé par l'italien NTV. Le marché n'a jamais été ouvert. Et, explique Alain Bullot, directeur du matériel à la SNCF, le plan de flotte de l'entreprise ne prévoit aucun appel d'offres, ni cette année, ni en 2011, ni en 2012… Si la SNCF achète l'AGV, ce ne serait donc pas avant 2014. Sa filiale Eurostar, en revanche, pourrait prochainement se lancer. Mais déjà il se dit que ce contrat-là pourrait revenir à l'allemand Siemens, qui clamait mercredi son intention de faire de son Velaro D un «succès “made in Germany” à l'export».

Surtout, pour les grands appels d'offres internationaux qui s'annoncent (lire ci-dessous), Alstom Transport, Siemens et Bombardier se retrouvent dans une situation inédite. Face à eux, deux poids lourds chinois, CSR et CNR, ont acquis une véritable crédibilité à l'export. Ils ont su tirer partie des transferts de technologie conclus avec Kawasaki (le constructeur du Shinkansen japonais). En effet, alors que CSR s'était contenté d'assembler les rames, il est passé dès 2009 à l'étape suivante en les construisant intégralement. Avec Siemens, CNR a reproduit le même schéma et se contente depuis 2009 de commander des composants à son partenaire. De son côté, Bombardier a créé une entreprise conjointe avec CSR, le frère jumeau de CNR.

C'est d'ailleurs grâce à ce partenariat que Bombardier fera rouler dès 2012 en Chine les premières rames de son nouveau Zefiro. Bombardier a par ailleurs remporté cet été un appel d'offres avec Trenitalia pour la fourniture de 50 trains du même type à l'opérateur italien, mais les trains ne circuleront pas avant 2013.

Le champion tricolore Alstom capitalise, lui, sur sa réputation de fournisseur de matériels sûrs et fiables ; il a, jusqu'ici, refusé de jouer la carte du partenariat avec ces nouveaux concurrents asiatiques pour éviter les transferts de technologie. Il ne semble pas davantage disposé à répondre à l'appel à la constitution d'un «Airbus du rail» européen, lancé la semaine dernière par le ministre des Transports, Dominique Bussereau, qui regrette la compétition féroce à laquelle se livrent Alstom et Siemens.

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.