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Catégories : La peinture

Marché de l'art : des oeuvres de Marquet à 200 euros

La maison de ventes Aponem disperse, à Drouot, 1.050 dessins de la main de l'artiste fauve puis postimpressionniste Albert Marquet. L'oeuvre la plus chère ? Un nu érotique estimé à 40.000 euros.

Ecrit par
Judith BENHAMOU-HUET
Journaliste
Cette étude d'Albert Marquet est estimée 40.000 euros.
Cette étude d'Albert Marquet est estimée 40.000 euros.

Une déferlante de dessins. Les 17 et 18 octobre prochain, à Drouot, la maison de ventes Aponem disperse 1.050 dessins de la main d'un artiste fauve puis postimpressionniste qui est dans tous les livres d'histoire de l'art : Albert Marquet. Ils ont un temps appartenu à la veuve de l'artiste avant d'être conservés par les ayants droit. Le plus étonnant tient à la valeur des estimations. Quasiment un prix unique et dérisoire pour chaque lot : 200 euros. On sait bien que les commissaires-priseurs sont familiers d'une technique qui consiste à indiquer des prix bas pour attirer les enchérisseurs. Mais dans ce cas, le grand nombre de lots laisse une chance de pouvoir obtenir pour une somme faible certaines oeuvres. Albert Marquet (1875-1947), qui était l'ami de Matisse dans ses années d'apprentissage à l'Ecole des beaux-arts, peint dès 1897 des paysages colorés annonciateurs du fauvisme. Même en peinture son dessin reste dynamique et sa période fauve dure à peine deux ans : de 1905 à 1907.

Par la suite il se consacre presque exclusivement au thème du paysage aquatique. Il vit au bord de la Seine, il est fasciné par les effets de miroitement du ciel sur l'eau et tente de restituer l'atmosphère mélancolique des ports dans des teintes claires. Les prix de ses toiles n'ont cependant rien à voir avec ceux des grands noms du début du XX e siècle.

Catégorie intermédiaire

Le record pour Marquet est une peinture de 1906, « La Plage de Sainte-Adresse », adjugée 1,3 million d'euros en 2008 chez Sotheby's à Londres. Albert Marquet reste un petit nom de la grande histoire de l'art. Il appartient à une catégorie intermédiaire qui, précisément, est moins recherchée en période de crise alors que le marché est en quête d'exceptionnel. Dans la vente, deux paysages en couleur seulement sont proposés. Le plus abouti est une aquarelle représentant une vue de Fontarabie, au Pays basque, peinte en 1926. Le ciel beige verdâtre, la plage dans les mêmes tons, immenses et au loin un petit village dans les teintes marron. Estimation : 1.000 euros. La moyenne de prix des aquarelles avoisine ordinairement les 10.000 à 15.000 euros.

Nus « en vitrine »

L'oeuvre à l'estimation la plus élevée de ces enchères est un nu érotique, une huile sur panneau de 1912 dans les tons de bleu estimée 40.000 euros. C'est la « vitrine » d'un thème qui manifestement obsédait Marquet dans sa jeunesse mais qui est resté méconnu : sa fascination pour le corps féminin et les scènes érotiques. La vente contient une très grande quantité de dessins de ce genre. « Ce sont des oeuvres modestes mais des choses jamais vues à Paris », remarque Michèle Paret, collaboratrice technique pour cette vente et auteure du premier catalogue raisonné consacré à l'artiste. « Les scènes érotiques ont été réalisées avant son mariage en 1924. » Dans le domaine du dessin, le talent de Marquet tient à la force de son exécution sur le vif. Chaque scène est réalisée à l'aide de quelques coups de crayon à peine. « Matisse disait de lui qu'il était l'Hokusai du siècle et admirait sa manière de saisir très rapidement une scène », souligne encore Michèle Paret.

On note cependant que la grande majorité des dessins de nus présentés dans les derniers mois aux enchères, en France, n'a pas trouvé preneur. Ils étaient estimés, en moyenne, autour de 1.000 euros.

Plus généralement, le catalogue de cette vente permet de suivre Marquet dans ses pérégrinations en Espagne, en Afrique du Nord et dans toute la France. Ces petits formats sont l'occasion d'acquérir des témoignages du début de la modernité qui devraient à peine atteindre le prix de lithographies contemporaines.

JUDITH BENHAMOU-HUET

 

Vente les 17 et 18 octobre. Hôtel Drouot, 9, rue Drouot, Paris. Aponem : 01 42 24 80 76. www.deburaux.com

http://www.lesechos.fr/patrimoine/art-collection/020849576076-marche-de-l-art-des-oeuvres-de-marquet-a-200-euros.htm

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