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Catégories : La culture

Que reste-t-il du paradis ? , par Jean Delumeau (Fayard, septembre 2000, 160 FTTC)

Un livre de réflexion sur les différentes facettes de notre espérance en l'au-delà.



Depuis plusieurs décennies, Jean Delumeau tisse sans se lasser l'histoire des mentalités dans l'Occident chrétien. Cet historien, professeur au Collège de France, s'est fait connaître par quelques belles études sur la civilisation de la Renaissance.

Un historien des mentalités

Jean Delumeau s'est imposé auprès des universitaires comme du grand public avec ce qui reste sans doute son titre le plus connu : La peur en Occident (1978).

Profondément croyant, il a osé exprimer ses doutes et ses espoirs dans un essai retentissant : Le christianisme va-t-il mourir (1977).

Son nouvel ouvrage est dans la continuation de cette oeuvre toute entière tournée vers les idées et les sentiments qui animent les hommes et font avancer l'Histoire. L'écrivain, au fil de la plume, laisse percer son bonheur devant les oeuvres artistiques, littéraires ou philosophiques inspirées par l'espérance en l'au-delà.

Le paradis, une idée toujours changeante

Que reste-t-il du paradis ? est avant tout un beau livre, avec une iconographie soignée et largement commentée.

Ni livre d'Histoire, ni ouvrage d'érudition, il se présente comme une réflexion sur l'image changeante que se faisaient nos ancêtres du paradis (on sait que le mot lui-même dérive d'un vieux mot perse qui désignait un jardin).

Le livre n'est pas conçu pour être dévoré d'une traite mais plutôt dégusté à petites lampées. L'index et la table des matières détaillée se prêtent à cette approche détendue.

On découvrira ainsi comment a évolué l'image du paradis chrétien depuis le Moyen Âge jusqu'aux Temps modernes.

Le paradis apparaît pour les hommes du Moyen Âge comme un magnifique jardin où les morts ressuscités dans leur chair peuvent sans trêve jouir de la contemplation de Dieu. Il inspire des visions splendides aux enlumineurs, peintres, mystiques et poètes. A preuve le retable de l'Agneau mystique, par Jan Van Eyck.

La Renaissance voit l'intrusion des arts profanes et même des représentations de divinités païennes. La Contre-Réforme se détourne des représentations figurées du paradis. Elle porte son attention sur la quête d'une harmonie divine et le chemin vers la vie éternelle que traduisent les coupoles et les trompe-l'oeil des églises baroques.

A l'approche de notre siècle, le paradis n'est plus le jardin fleuri d'antan mais un concept intellectuel qui tente de concilier l'aspiration à la vie éternelle et la recherche d'une fraternité universelle ici et maintenant.

André Larané

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