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Patrick Lapeyre reçoit le prix Femina

Par Dominique Guiou, Astrid De Larminat
02/11/2010 | Mise à jour : 23:09


Patrick Lapeyre a remporté le prix Femina au terme d'un long délibéré. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
 
Suite à une mise en demeure, je supprime cette photo

Un roman délicat sur les affres de l'amour est récompensé par le jury constitué exclusivement de femmes.

Mardi à l'Hôtel de Crillon, les dames du Femina, d'ordinaire très ponctuelles, n'en finissaient pas de délibérer. L'heure tournait. La porte du salon Taittinger où le jury déjeunait a fini par s'ouvrir avec vingt bonnes minutes de retard : La vie est brève et le désir sans fin, de Patrick Lapeyre (P.O.L) l'a emporté au sixième tour de scrutin par 7 voix contre 6 à Qu'as-tu fait de tes frères ? de Claude Arnaud (Grasset). Les deux finalistes ont été départagés par la double voix de la présidente du jury qui était cette année Chantal Thomas. Sur la table, un monticule de bulletins de vote posé sur un plateau d'argent attestait de la longueur des discussions qui ne furent pas âpres mais serrées. «Il faut savoir lire quand on est juré, mais il faut aussi savoir compter» , s'exclama Paule Constant, les joues rougies par le feu des débats.

 

La fidélité couronnée

 

Le Femina étranger était attribué à la Finlandaise Sofi Oksanen pour son roman Purge (Stock) et le Femina essais revenait à Jean-Didier Vincent pour sa biographie d'Élisée Reclus (Laffont) au 7e tour.

Le prix Femina récompense cette année une histoire d'adultère. Mais il couronne aussi, indirectement, la fidélité. Celle du couple auteur éditeur. Lapeyre a publié en 1984 son premier roman, Le Corps inflammable, chez P.O.L, éditeur qu'il n'a jamais quitté. Pendant vingt-six ans, main dans la main, Lapeyre et P.O.L ont attendu le couronnement d'un grand prix d'automne. L'édition, école de la patience.

La vie est brève et le désir sans fin décrit les affres de la passion amoureuse. Un sujet qui n'est certes pas neuf, mais que le romancier parvient à renouveler par son humour nonchalant et son ironie délicate. L'étrange Nora, ravissante autant qu'exaspérante, est la figure centrale du roman. Deux hommes sont fous d'elle. Elle va de l'un à l'autre, mettant leurs nerfs à bout. On ne sait jamais sur lequel des deux elle va finalement jeter son dévolu. Mais veut-elle faire un choix ? N'attend-elle pas que l'un de ses deux amants s'engage véritablement, l'élise une fois pour toutes, l'enlève si nécessaire ? «Il y a trop d'amour et il n'y a pas assez d'amoureux», constate-t-elle un peu dépitée… L'amour, un sujet qui a encore de beaux jours devant lui, surtout quand il est traité par un romancier aussi talentueux que Patrick Lapeyre. Mais le livre, on l'a dit plus haut, n'a pas emporté tous les suffrages du jury Femina.

Danièle Sallenave en saluait les qualités mais regrettait que des auteurs plus novateurs, selon elle, comme Maylis de Kerangal, Olivia Rosenthal ou Philippe Forest aient été supplantés : «Par une espèce de logique dont personne n'est responsable, on en vient à faire des choix consensuels.» Camille Laurens et Paule Constant, qui sera présidente l'an prochain, étaient assez de cet avis.

 

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