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Catégories : Des expositions

Lorenzo Lotto, un maître de la mélancolie

 

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Par Richard Heuzé
20/04/2011 | Mise à jour : 20:36
Ritratto di Andrea Odoni, portrait du marchand d'art de Lorenzo Lotto (1527).
Ritratto di Andrea Odoni, portrait du marchand d'art de Lorenzo Lotto (1527).

Les Écuries du Quirinal présentent une monographie spectaculaire de cinquante-sept toiles exécutées par cet artiste mystérieux.

liens du XVIe siècle. Pourtant, c'est un novateur: sa palette légère aux couleurs vives, ses paysages qui donnent de la profondeur aux tableaux, son sens du détail, jusqu'aux traits les plus insolites et souvent chargés d'ironie, forcent l'admiration. C'est aussi le peintre de l'âme. Ses portraits, qui racontent des personnages tels qu'il les voit, sans chercher à les embellir ou à les magnifier, lui ont valu l'appellation de «maître de la mélancolie». Il n'exalte pas les représentations mystiques comme le ­Titien, son contemporain. Mais raconte la vie au quotidien, sans héros, dans des scènes où domine une intense émotion. Il n'aimait pas le classicisme de Raphaël, dont il a fréquenté brièvement l'atelier. Il annonce le Caravage par ses impertinences et sa liberté de ton.

Le Grand Palais lui avait consacré une belle exposition en 1998. À Rome, les Écuries du Quirinal mettent en scène une monographie spectaculaire de cinquante-sept toiles qui «fait apparaître toute la modernité de peintre, servi par une capacité technique exceptionnelle», note son commissaire, Giovanni C.F. Villa: «De tous les peintres vénitiens de l'époque - Bellini, Giorgione, Sebastiano del Piombo, Titien -, c'est celui qui a fait les recherches sur la couleur et les matériaux les plus approfondies.»

Des trente-quatre expositions qui se sont succédé en douze ans aux Écuries du Quirinal, le musée romain situé face au palais de la présidence de la République, celle-ci est l'une des plus spectaculaires. Elle le doit à l'agencement du premier étage: le visiteur est accueilli par l'imposant polyptyque de Saint ­Dominique, commandité en 1506 pour la somme fabuleuse de 700 florins d'or par les Dominicains pour leur église de ­Recanati, modeste localité des Marches. Le peintre joue sur l'asymétrie des poses pour conférer force et dynamisme à la Sainte Famille. Le tableau, comme onze autres grands retables de l'exposition prêtés par des églises et qui sont exposés à cet étage, sera restauré aux frais de l'État et de diverses donations.

Des scènes éclatantes de vie

Jeune, Lorenzo Lotto avait quitté sa ­Venise natale pour s'établir dans les Marches, puis à Trévise et, enfin, à ­Bergame, la période la plus créative de sa production. Il excelle dans des scènes éclatantes de vie où le naturel l'emporte, comme cette Sainte Famille où Joseph soulève délicatement une dentelle pour découvrir le nouveau-né endormi. Concevant retables et polyptyques comme des célébrations permettant aux fidèles de participer à l'émotion de la foi, il les multiplie dans les bourgades les plus humbles. C'est le cas de l'étonnante Vierge sur le trône (1539) exposée à ­Cingoli (Marches): la Vierge drapée de bleu et l'enfant sortent littéralement de la toile tandis que trois anges répandent des pétales de rose. Le vert émeraude des tentures et des dais, le bleu des vêtements dans toutes ses nuances, le violet, le rose délicat du drapé de l'ange animent ces toiles avec une virtuosité inégalée.

L'intrigante Annonciation de ­Recanati, où domine la surprise de la Vierge, les scènes de mendiants dans le Saint­Antonin, les contrastes chromatiques du Saint-Bernardin, le portrait du marchand d'art Andrea Odoni sont autant de chefs-d'œuvre qui jalonnent cet hommage à un extraordinaire coloriste.

Écuries du Quirinal Rome, jusqu'au 12 juin. Tous les jours, de 10 heures à 20 heures, et jusqu'à 22 heures, du vendredi au dimanche. Entrée: 10 €.

 

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