Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Des expositions

Je suis en train de lire un livre sur cette expo:Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde

Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher.

Blaise Pascal Pensées

13/09/2011 - 15/01/2012 | Exposition | Paris (7e)

Sous l’égide d’Oscar Wilde, le musée d’Orsay rend justice à l’émancipation esthétique des artistes britanniques au XIXe siècle, dans la foulée de «l’art pour l’art» français.

«Il y a quelque chose d’affreusement morbide dans cette manie qui sévit aujourd’hui de s’identifier à la douleur, remarquait Oscar Wilde. On devrait s’identifier à la couleur de la vie, à sa beauté, à sa joie. Moins on parle de ses plaies, mieux on se porte.» Si l’on cessait de blâmer l’homme pour ses vices, de plaindre ses lâchetés ? Et si l’on se contentait de célébrer sa beauté, sa sensualité, ses vanités ? De flatter l’allure du dandy qui tient sa cigarette, une fleur à la boutonnière, comme l’incarna le poète anglais, de désirer la bouche d’une femme qui vient d’être embrassée, telle que l’imagina le peintre Rossetti. La beauté pour la beauté, sans autre but qu’elle-même, assurément futile et totalement inutile. « L’art pour l’art », cri de ralliement de Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Victor Hugo, Théodore de Banville. Toute une avant-garde française qui s’arracha aux contraintes religieuses et éthiques pour se préoccuper de séduction et d’esthétique. Et qui répercuta dangereusement son écho de l’autre côté de la Manche, jusqu’à dégrafer le corset victorien pour donner lieu à une joyeuse effervescence dans tous les domaines : l’art, la littérature, l’architecture, la décoration intérieure.

Pour la première fois en France, grâce au Victoria & Albert Museum de Londres et à son conservateur, Stephen Calloway, le musée d’Orsay rend hommage à ce mouvement dit « esthétique », dont l’éminent et impertinent chef de file fut Oscar Wilde. Cette «fougueuse protestation, [...] courageuse tentative de remettre la Nature à sa place», clamait-il dans ses nombreuses conférences à travers les États-Unis. Il faut quatorze salles et plus de deux cent cinquante objets - tableaux, meubles, vitraux, céramiques, livres illustrés, objets design, etc. - pour montrer les premiers pas d’une telle révolution. «Ce fut un mouvement informel, qui ne répondait à aucun autre dogme que celui de la beauté et du plaisir, explique Yves Badetz, commissaire de l’exposition au musée d’Orsay. Une réaction esthétique et sociale radicale à la laideur de l’industrialisation et à la stricte discipline morale de la Royal Academy».

Plus simplement intitulée «Cult of Beauty» dans sa version anglo-saxonne – à Londres et à San Francisco -, l’escale française, « Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde », présente les mêmes objets représentatifs du mouvement - des porcelaines japonisantes bleu et blanc aux soupières ou services à thé les plus inoffensifs, en passant par les représentations d’une féminité peu convenable, du désir ou de l’homosexualité, chez des artistes comme Simeon Solomon, Frederic Leighton, William Morris ou Whistler et Edward Burne-Jones. Mais elle insiste sur l’importance d’Oscar Wilde, en émaillant les salles de ses portraits, de ses costumes, et de ses précieux aphorismes. «Nous avons estimé, confirme Yves Badetz, que Wilde était la figure la plus controversée et la plus sulfureuse de l’époque. Celle qui représentait le mieux, tant par sa personne que par ses oeuvres, la transgression morale et les ambivalences sexuelles portées par ce courant.»

L’exposition française interroge aussi le caractère moral de cette esthétique. Comment l’érotisme scandaleux et décadent du personnage biblique de Salomé, mis en scène par Oscar Wilde, finit-il par accéder aux grands théâtres et opéras britanniques ? Comment la représentation de cette héroïne ensorceleuse et vengeresse, initialement censurée, a-t-elle irrigué de multiples inspirations ? Fallait-il exclure Wilde de la cité pour s’être adonné au plaisir de la sensualité poétique ? Celui-ci paya cher l’audace de cette esthétique, mais lui et ses amis installèrent les fondations d’une modernité où les artistes et leurs muses éliraient demeure de façon permanente.

 

Lauren Malka

http://www.magazine-litteraire.com/content/agenda-exposition/article?id=19972

Les commentaires sont fermés.