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Catégories : A lire, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Les polars

«Des Nœuds d’acier» et «Délivrance», les deux polars dont il est dur de s'échapper

Publié le 4 février 2013.
 
Le Danois Jussi Adler-Olsen, auteur de thrillers, à Prague, en mai 2012.

Le Danois Jussi Adler-Olsen, auteur de thrillers, à Prague, en mai 2012.

CULTURE – Les deux livres voient leurs personnages privés de liberté…

Le polar scandinave continue de déterrer le passé enfoui. L’éditeur Albin Michel vient de publier le troisième tome des enquêtes du Département V. Après Miséricorde et Profanation, la France peut découvrir le nouveau thriller du Danois Jussi Adler-Olsen, Délivrance (Albin Michel, 22,90 euros). Sur son bureau de Copenhague, le commissaire Carl Mørck, assisté par Assad, reçoit un mystérieux message, du sang en guise d’encre. On peut y déchiffrer les mots «Au secours» en danois et une date: 1996. Ce papier était contenu à l’intérieur d’une bouteille découverte plusieurs années auparavant sur une côte d’Ecosse… Pendant ce temps, un homme cherche à s’infiltrer dans la communauté des Témoins de Jéhovah. Son objectif: kidnapper leurs enfants en échange d’une rançon.

Comme dans les précédents de la série, Délivrance se distingue par un ton enlevé qui alterne la comédie et l’horreur. L’humour affleure grâce à la personnalité du commissaire Mørck: bougonne, revêche et tire-au-flanc. La relation malicieuse qu’il entretient avec Assad, réfugié syrien, offre des tranches de poilade bienvenues. Car la terreur insufflée par les actions du kidnappeur calculateur est glaçante. En filigrane, Jussi Adler-Olsen livre une description féroce de la communauté des témoins de Jéhovah, renfermée et cultivant le secret au péril de ses membres. Au final, un bon polar, bien découpé avec ses multiples rebondissements, qui se dévore d’une traite.

Traité comme un esclave ou un chien

Dans Miséricorde, Jussi Adler-Olsen mettait en scène le calvaire d’une femme politique, condamnée au plus strict isolement durant des années. Pour son premier roman, Des Nœuds d’acier (Denoël, 17 euros), la Française Sandrine Collette a également choisi le thème de l’enfermement. Celui de Théo Béranger, qui sort juste de dix-neuf mois de prison pour avoir agressé l’amant de sa femme, son frère. Il va se retrouver à nouveau privé de sa liberté, sans jugement ni procès, soumis à la servitude par deux frères. Dans une cabane au fond des bois. Dans la cave.

Avec une progression dans la souffrance et l’avilissement, Des Nœuds d’acier colle au plus près de la détresse psychologique de son héros. Certes peu attachant, mais dont les conditions inhumaines de détention provoquent lentement un sentiment de malaise. Malgré quelques maladresses (des personnages décrits à gros traits), l’auteur offre un récit de survie glauque et dérangeant. A la différence du Misery de Stephen King, qui sublimait la folie du tortionnaire, ou du Vertige de Franck Thilliez, centré sur les interactions entre les détenus, Sandrine Collette place le défilé des saisons et le rythme de la nature au cœur de son roman. Ce huis-clos étouffant n’en devient que plus sauvage.

Joël Métreau
 
 

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