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Catégories : Des évènements, L'art

Le dessin change de siècle

Gerhard Richter. <i>Felsenlandschaft</i>, aquarelle sur papier, 1984. Galerie Jean-Luc Baroni.

 

Gerhard Richter. Felsenlandschaft, aquarelle sur papier, 1984. Galerie Jean-Luc Baroni. Crédits photo : GERHARD RICHTER

À Paris, deux salons, le Salon du dessin à la Bourse et Drawing Nowau Carrousel du Louvre, font la part belle aux œuvres contemporaines sur papier.

Serait-ce la raréfaction des grands dessins anciens qui a fait naturellement glisser ce salon vers les modernes? Mathématiquement, l'offre pour les XVIIe et XVIIIe siècles se réduit. La production à l'époque était déjà limitée. Le meilleur est entré dans les musées ou dans de grandes collections qui n'arrivent sur le marché qu'une ou deux générations plus tard. L'ancien a fini par lasser à moins qu'il ne soit exceptionnel, comme ces quatre dessins de décors intérieurs vers 1780 pour le château de Méréville, propriété du financier Jean-Joseph de Laborde, identifié par la galerie Talabardon & Gautier comme étant de Jean-Benoît-Vincent Barré. Dans ce contexte de pénurie, Christie's a d'ailleurs obtenu de belles enchères, mercredi, notamment pour une paire d'aquarelles de la place de la Concorde par Jean-Thomas Thibault emporté par un marchand européen au prix record de 187 500 euros, soit près de dix fois son estimation!

Ainsi, le XXe et parfois même le XXIe siècle font partout leur apparition sur les cimaises du Palais Brongniart qui réunit, jusqu'à lundi, 39 exposants sans compter le stand très amusant des dessins anonymes. Qui aurait pu penser que Jean-Luc Baroni, connu pour avoir illuminé ce salon avec des feuilles de la Renaissance, s'enthousiasmerait pour un Gerhard Richter de 1984. «En voyant l'exposition de la centaine d'œuvres sur papier au Musée du Louvre en 2012, conjointement à la rétrospective du Centre Pompidou, j'avais eu un énorme choc, explique le marchand florentin de Londres. Alors, ce dessin extrêmement solaire et d'une taille plutôt grande (38,1 × 29,8 cm) ne m'a pas échappé lors d'une vente publique.» Celui-ci est proposé à 450 000 euros, un prix nettement inférieur aux peintures de la star allemande dont le prix record est de 26,4 millions de dollars pour une toile abstraite de 1990, adjugée en 2012, chez Sotheby's à Londres.

Jürgen Klauke. <i>Problemlöser</i>, 2006, gouache, blanc d'œuf et vernis. Galerie Hans Mayer, avec Caroline Smulders.

Jürgen Klauke. Problemlöser, 2006, gouache, blanc d'œuf et vernis. Galerie Hans Mayer, avec Caroline Smulders. Crédits photo : JÜRGEN KLAUKE

Inévitablement, l'œil est attiré par le Rebeyrolle rouge chez Éric Coatalem, spécialiste pourtant de la peinture XVIIe (75 000 €). Par le petit coin d'Américains des années 1960-1980, Mark Tobey ou Kenneth Noland (12 000 €) d'Antoine Laurentin. Par le patchwork de gouaches de Geer Van Velde des années 1940-1950 à la galerie de la Présidence (de 5 000 à 18 000 €) ou celui de Maurice Estève qu'Applicat Prazan a presque tout vendu (63 000 €). Par le Dubufffet rouge et bleu, l'un des rares dessins à la gouache et non pas au feutre de la série de l'Hourloupe,Personnage XXX, 13 décembre 1964, chez David Lévy (68 000 €). Catherine Thieck de la galerie de France fait sensation avec son mur de 24 aquarelles et encres de Viktor Pivovarov (2007) qui a séduit le collectionneur Xavier Guerrand-Hermès.

Ambiguïté poétique

Pour les adeptes du très contemporain, il faut se rendre à Drawing Now, au Carrousel du Louvre qui tient sa 7e édition avec 85 galeries établies principalement d'Europe. Le dessin suisse est gratifié d'une mention spéciale et le musée imaginaire a été confié à Jean de Loisy, du Palais de Tokyo. Dans ses «étranges conjonctures du hasard», on reste scotché devant la vidéo en boucle de Sai Hua Kuan de 2010. À tout petit prix, on peut vraiment se faire plaisir avec des grandes feuilles de Françoise Petrovitch malheureusement empilées à touche touche à la galerie Semiose (de 800 € à 7 500 €) ou avec celles de Zhang Shujian dont les dessins de chevelure ressemblent à des photos chez le Français Hadrien de Montferrand installé à Pékin (5 000 €). L'ensemble de dessins d'une ambiguïté poétique de Jürgen Klauke d'après Cioran chez Hans Mayer (Düsseldorf) et Caroline Smulders (Paris) donne une touche muséale à ce salon. Le mur est à prendre en entier pour 120 000 euros.

Salon du Dessin. Jusqu'au 15 avril, Palais de la Bourse (IIe).

Drawing Now. Jusqu'au 14 avril, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli (Ier).

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