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Les derniers jours de Marcel Proust

Les derniers jours de Marcel Proust

Henri Raczymow vient d'inventer un genre littéraire: l'essai hyper-documenté qui ne le montre pas. La monographie pointue écrite de chic. L'essai littéraire méga-précis balancé à la cool. Le document super-sérieux livré comme une impro. C'est qu'il a fallu tout lire, tout étudier, pour obtenir cette synthèse - au style superbement paresseux - sur les derniers jours de Marcel Proust. Aucune note de bas de page ne vient parasiter le récit. Aucune fumeuse glose ne se permet d'interrompre les épisodes de cette agonie. Nous sommes invités sans chichis dans la chambre du plus grand génie littéraire de tous les temps, aux côtés de sa femme à tout faire, Céleste Albaret, devenue à force une excroissance de Marcel. Proust déteste relire ses épreuves, même s'il fulmine, à parution, contre les coquilles nombreuses qui sont autant de violences précipitant sa fin. Il préfère ajouter, ajouter toujours. Il s'injecte de la fatigue, de la mort, afin que toute l'énergie disponible aille vivifier cette œuvre qui prélève sa sève sur sa sève à lui, le suce jusqu'au sang. Qu'importe: cela fait bien longtemps que l'existence de Proust ne se déroule plus dans le décor du monde réel, ce réceptacle à figures humaines relevant de l'entomologie ; cela fait bien longtemps que l'existence de Proust n'est plus strictement biologique. La vie est ailleurs, dans cette cathédrale de mots où tous ses pas désormais résonnent, et les cliquetis de sa canne.

http://www.lefigaro.fr/livres/2013/06/04/03005-20130604ARTFIG00444-les-derniers-jours-de-marcel-proust.php

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