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Les archéologues sur les traces de la Lutèce gauloise

Des archéologues de l'Inrap viennent de découvrir des tombes de religieux et des objets domestiques sur un terrain de la préfecture de police. Le public est invité à visiter ce site samedi 8 et dimanche 9 juin (1).

http://www.la-croix.com/Archives/2013-06-06/Les-archeologues-sur-les-traces-de-la-Lutece-gauloise-2013-06-06-970065

Plongée capitale dans les profondeurs de Paris

5 juin 2013 à 21:56

La Lutèce gauloise reposait-elle sur l’île de la Cité ? Des fouilles comptent descendre jusqu’au banc de sable sur lequel celle-ci s’est formée.

Par EDOUARD LAUNET
Libération

L

a préfecture de police de Paris, sur l’île de la Cité, veut se doter d’une nouvelle salle d’accueil du public - ce ne sera pas du luxe. D’où chantier. D’où fouilles d’archéologie préventive, entamées en avril par une équipe de l’Inrap. Aujourd’hui, les scientifiques sont à cinq mètres sous la surface, attaquant l’époque romaine.

Creuser le sol de l’île de la Cité est toujours un moment exceptionnel, comme si on sondait le cœur de l’histoire de France. Et la grande question reste : la Lutèce gauloise que décrit Jules César dans la Guerre des Gaules, cet oppidum des Parisii situé sur une île de la Seine, est-ce bien celle de la Cité, et donc le berceau de Paris ? On l’a tenu pour acquis pendant longtemps, on n’en est plus trop sûr aujourd’hui. Nulle trace d’une occupation pré-romaine n’a pour l’heure été trouvée sous la Cité. Recherche d’autant complexe que l’île, à l’époque des Parisii, n’était encore qu’un agrégat d’îlots à la surface très réduite.

Parvis. Dans les années 1980, la construction d’un parking entre préfecture de police et tribunal de commerce a permis de déterrer des poteries gauloises, mais celles-ci semblaient contemporaines de l’occupation romaine. Dans la crypte archéologique de Notre-Dame, sous le parvis de la cathédrale, les fouilles se sont arrêtées au niveau romain. Difficile de creuser plus dans ce qui est devenu un musée. Les seules autres informations dont nous disposons viennent, d’une part, des relevés remarquables de Théodore Vacquer, effectués pendant que Haussmann éventrait l’île vers 1862. D’autre part des fouilles de sauvetage réalisées dans les années 1970 rue de Harlay (derrière le palais de justice), lors de la construction d’un autre parking, puis de son agrandissement en 1996.

Pas sûr que les fouilles à la préfecture de police fassent mieux, mais elles vont tenter une voie nouvelle : réaliser des sondages profonds (plus de 20 mètres) pour essayer d’atteindre le banc de sable sur lequel l’île de la Cité s’est formée quelque 3 000 ans avant notre ère. Et peut-être qu’en chemin elles tomberont sur de précieux indices.

Pour l’heure, le chantier révèle une passionnante stratigraphie urbaine. En haut, les restes d’un égout datant de l’époque haussmannienne, avec autour le chaos de vestiges imbriqués mêlant diverses époques. Hier, pour construire, on commençait par raser, puis les nouveaux édifices poussaient sur les remblais. Ensuite, on a creusé pour construire des fondations.

C’est donc un puzzle qu’il faut démêler. Plus clairement apparaissent les restes du cloître de l’église Saint-Eloi, reconstruite en 1632 par l’ordre des Barnabites. Il semble que le sol a été fait avec des pierres de récupération, dont une dalle funéraire du XIVe. Ont été également retrouvés une dizaine de sépultures médiévales, datant probablement des XIIIe et XIVe siècles.

Forum. Plus bas encore apparaissent des vestiges des époques carolingienne et mérovingienne, très rares à Paris. Et enfin, voilà Rome. L’envahisseur avait commencé à développer sa cité sur la Montagne Sainte-Geneviève : des pierres des fondations du forum sont encore visibles dans le parking Vinci situé à l’angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Soufflot, unique vestige du premier cœur battant de Paris. L’île n’est alors que périphérique, jusqu’au moment où, au IVe siècle, les invasions amènent la ville gallo-romaine à se réfugier sur la Cité, alors fortifiée.

Pour l’heure, le niveau le plus ancien repéré par les archéologues de l’Inrap, dirigés par Xavier Peixoto, est un dépôt de crue contenant de la céramique du début de notre ère. Le chantier sera ouvert au public les 8 et 9 juin, à l’occasion des 4e journées nationales de l’archéologie, de 10 heures à 18 heures. Les visiteurs (pas plus de 1 000 par jour) pourront en particulier découvrir les vestiges spectaculaires d’un angle de la nef de l’église des Barnabites. Le reste nécessitera quelques explications des spécialistes présents pour être déchiffré.

http://www.liberation.fr/culture/2013/06/05/plongee-capitale-dans-les-profondeurs-de-paris_908614

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