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Picardo : «L'Espagne est un géant qui essaie d'étouffer Gibraltar»

Picardo : «L'Espagne est un géant qui essaie d'étouffer Gibraltar»

Fabian Picardo: «Allons à l'Union européenne ou allons au Tribunal international du droit de la mer pour déterminer à qui appartiennent ces eaux».

Fabian Picardo: «Allons à l'Union européenne ou allons au Tribunal international du droit de la mer pour déterminer à qui appartiennent ces eaux». Crédits photo : Edu Bayer / Polaris / Starface

INTERVIEW - Le premier ministre du « rocher » exclut un retour au statu quo ante et met Madrid au défi de saisir la justice internationale

Fabian Picardo (Parti travailliste-socialiste de Gibraltar, GSLP) gouverne depuis 2011 les 30.000 habitants de ­Gibraltar, le territoire britannique de 7 km2 situé à l'extrême sud de l'Espagne. ­Gibraltar se retrouve au cœur d'une ­crise diplomatique entre le Royaume-Uni et l'Espagne. La construction d'un récif artificiel, dit Madrid, empêche les ­pêcheurs espagnols de travailler dans la zone. La multiplication des contrôles de la police espagnole à la frontière, qui provoque des queues de plusieurs heures, est une mesure de représailles illégale, rétorque Londres. Joint par ­téléphone, le «ministre en chef» (premier ministre) de ­Gibraltar, Fabian ­Picardo, répond aux questions du ­Figaro.

 

LE FIGARO. - Gibraltar est-il prêt à négocier au sujet du récif artificiel?

Fabian PICARDO. - Non, nous ne pouvons pas y renoncer. Ce récif est dans les eaux gibraltaro-britanniques. Le gouvernement régional andalou a créé des récifs identiques dans la baie, dans les eaux territoriales espa­gnoles. Quand ce sont les Espagnols qui le font, il ne faudrait pas négocier et, quand c'est nous, il le faudrait? Nous avons parlé avec les pêcheurs pendant un an, nous avons commandé un rapport sur le sujet: on nous recommande de créer des récifs artificiels, nous le faisons.

L'Espagne ne reconnaît pas la souveraineté britannique sur ces eaux, car le traité d'Utrecht, qui régla la cession du territoire en 1713, ne les mentionnait pas…

L'Espagne persévère dans son délire depuis trois cents ans. Aucun traité à cette époque ne reconnaissait les eaux territoriales: elles consistaient en ce que les canons des pays côtiers pouvaient défendre. Depuis 1958, lorsque se préparait la première convention internationale sur le droit maritime, Gibraltar et le Royaume-Uni ont toujours réclamé leurs eaux territoriales.

La crise peut-elle encore être résolue par le dialogue ou la seule solution est-elle de faire appel à la justice
et aux institutions internationales?

Je mets au défi le gouvernement espagnol de faire appel à la justice internationale, comme l'ont fait mes prédécesseurs avant moi. Allons à l'Union européenne ou allons au Tribunal international du droit de la mer pour déterminer à qui appartiennent ces eaux. Il est grand temps! Face à n'importe quel tribunal international objectif, c'est Gibraltar qui gagnera.

L'Espagne pense pourtant qu'elle pourrait faire valoir certains arguments: par exemple, une partie du territoire actuel de Gibraltar, l'isthme, n'apparaît pas dans le traité.

Nous sommes prêts à aller aux tribunaux sur tous les sujets. Cessons d'obliger les retraités, les femmes enceintes et les petits enfants à faire la queue pendant cinq heures devant la frontière et allons au tribunal.

La situation est-elle comparable à d'autres crises?

Oui, on a l'impression que lorsque l'Espagne ne veut pas qu'un sujet soit à la une, dans ce cas la corruption qui éclabousse le chef du gouvernement Mariano Rajoy, elle cherche une distraction. La distraction du mois d'août, c'est nous.

L'Espagne justifie les contrôles à la frontière par le fait que Gibraltar n'appartient pas à l'espace Schengen, ni à l'union douanière. Madrid mentionne notamment le trafic de tabac…

Ne croyez pas les mensonges que raconte l'Espagne! Le Royaume-Uni, lui non plus, n'est pas dans Schengen. Mais quand un avion britannique arrive à Malaga, ils ne fouillent pas les passagers pendant une heure! C'est vrai qu'on vend beaucoup de tabac à Gibraltar, mais nous recevons 7 millions de visiteurs par an. Les contrôles à la frontière ne sont qu'une réponse à la construction du récif, une punition. S'ils veulent contrôler le tabac, qu'ils le contrôlent en Andorre, à Ceuta (enclave espagnole au Maroc, NDLR), en Galice ou à Valence. C'est par là qu'entrent des millions de paquets de cigarettes en Espagne, pas par Gibraltar.

Madrid critique aussi le régime fiscal de Gibraltar, plus favorable que dans le reste de l'UE, qui favoriserait l'évasion fiscale?

Poser cette question c'est croire aux mensonges de Madrid! L'Irlande a le même régime fiscal que Gibraltar. L'Espagne, un géant de 45 millions de personnes, essaie d'étouffer mon peuple de 30.000 habitants. Nous ne pouvons pas l'accepter. J'espère que M. Margallo (ministre des Affaires étrangères espagnol, NDLR), profite bien de son séjour à Majorque sur son yacht pendant que chez nous les gens font la queue pendant cinq heures. Gibraltar ne sera jamais le fruit mûr dont il attend la chute!

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