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Au Caire, le shopping pour oublier le sit-in

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    • Par Samuel Forey
    • Mis à jourle 28/08/2013 à 18:51
    • Publiéle 28/08/2013 à 17:21
Le City Stars dans la capitale égyptienne regroupe près de 700 magasins.

Le City Stars dans la capitale égyptienne regroupe près de 700 magasins. Crédits photo : SANG-HOON/SIPAUSA/SIPA/SANG-HOON/SIPAUSA/SIPA

À un jet de pierre de Rabaa, un vaste centre commercial s'est empressé de rouvrir après la fin des heurts.

 
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Le Caire

Ils s'appellent Mohammed, Mohammed et Mohammed. «On ne peut pas faire plus musulman », rigole le plus petit. Depuis cinq minutes, ces trois vendeurs dans l'un des plus grands centres commerciaux du Moyen-Orient, le City Stars, disent tout le mal qu'ils pensent des Frères. «Ce ne sont même pas des Égyptiens.» «Ils prétendent être de meilleurs musulmans que nous.» «Il faut écraser ces terroristes », enchaînent-ils, avant d'encenser le général Abdel Fattah al-Sissi, l'homme fort du pays: «C'est un patriote qui a sauvé l'Égypte de la guerre civile. Il avait appelé au dialogue. Les islamistes ont refusé et se sont entretués pour faire gonfler le nombre de morts.»

Les trois Mohammed s'encouragent mutuellement. Chacun essaie de produire une anecdote plus effrayante que l'autre sur la Confrérie. Le discours s'appuie sur l'écriture du nouvel épisode du feuilleton national, Quand l'armée a sauvé la révolution. Ce feuilleton se décline tous les jours en version écrite, radio, télé, sans compter le plus puissant des porte-voix: Internet et les réseaux sociaux. L'unanimisme anti-Frères est à la hauteur de l'immense soulèvement populaire des 30 juin et 26 juillet.

«C'est une seconde révolution après ­celle du 25 janvier», clament les trois Mohammed. L'un a voté pour Morsi au premier tour, l'autre au second, le troisième n'a pas voté, mais qu'importe: plus que la démocratie, c'est l'Égypte qui est en danger. Ils sont beaucoup à tenir ce discours, à City Stars et dans ses 700 magasins financés par les Saoudiens, où on vient consommer au frais et sans poussière.

«Pas de leçons à recevoir »

Sauf les dernières semaines. Le «Mall » est à dix minutes de l'ancien sit-in pro-Morsi de Rabaa, dispersé dans la violence le 14 août. «Pendant les six semaines du sit-in, il n'y avait personne, explique le chef de la sécurité, Akram Sultan. Les gens avaient peur. Les Frères cachaient des armes et organisaient des marches.» Les affaires reprennent tout juste, après quatre jours de fermeture pendant l'attaque du sit-in.

Malgré trois portables, deux talkies-walkies et une ligne fixe, Akram Sultan est du genre taciturne. De vieilles habitudes, peut-être: il était encore, il y a deux ans, officier de police. Il ne s'étend pas sur ses opinions politiques. L'important, c'est le retour des clients. Rania en est une. Cette mère de famille refait les stocks, épuisés pendant le sit-in. Dans son chariot, de mystérieuses épices venues d'Occident, comme le beurre de cacahuètes ou du fromage français. Elle règle la situation en quelques courtes phrases: «Nous sommes en guerre contre le terrorisme. Dans toute guerre, il y a des morts. Quand ce sera fini, la transition démocratique pourra reprendre. Nous n'avons pas de leçons à recevoir.»

La quadragénaire se dépêche pour rentrer avant le couvre-feu. Des dizaines de taxis attendent dehors dans un concert de klaxons très cairote. Il faut négocier les prix, s'engager dans des bouchons dantesques. À l'intérieur, les radios en vogue ne sont plus 98.2 et le Coran à longueur de journée, mais les stations nationales. Leurs hymnes nationalistes nassériens, sortes de chansons des chœurs de l'Armée rouge aux accents orientalistes, ont beaucoup de succès en ce moment.

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