Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, L'architecture

Marc Barani, grand prix de l'architecture 2013

 

Le Niçois de 56 ans a été récompensé, mardi soir, au ministère de la Culture, pour l'ensemble de son œuvre.

 

Il est difficile de choisir un finaliste parmi cinq des meilleurs architectes français. Et pourtant, c'est Marc Barani qui a emporté, à l'unanimité, le grand Prix national de l'architecture 2013, devant Patrick Bouchain, Jean-Marc Ibos & Myrto Vitart, Odile Decq et Gilles Perraudin. Cette récompense qui a lieu tous les deux ans lui a été remise, hier soir, pour l'ensemble de son œuvre mêlant poésie et soucis du détail, par Aurélie Filippetti, dans les salons en boiseries de la rue de Vallois.

La ministre de la Culture a salué «sa capacité à écouter aussi bien les forces naturelles, celles du paysage et de l'environnement, que les forces sociales. On les voit s'exprimer», a-t-elle ajouté «dans sa manière de transfigurer des projets qui semblent au départ très prosaïques bien que très utiles et même indispensables comme des gares de tramways ou plus tristes, des cimetières, des pôles d'échanges ou des parcs de stationnement. Ce sont autant de défis qui sont lancés à l'architecte par la ville d'aujourd'hui Au même titre que les ponts, les logements sociaux, la réhabilitation du centre de tripostal au Palais de Congrès à Nancy ou la somptueuse villa d'un riche commanditaire dans le sud».

Ce dernier dont Aurélie Filippetti a évincé le nom n'est autre qu'Édouard Carmignac. L' homme d'affaires a créé en 2000 une Fondation ayant pour origine la collection d'entreprise de Carmignac Gestion dont les Basquiat, Warhol et Richter sont accrochés dans les bureaux de la Place Vendôme. Neuf ans plus tard, il a lancé le prix Carmignac Gestion du Photojournalisme. Et tout récemment, en pressentant peut-être que Marc Barani avait le vent en poupe, il vient d'annoncer le choix de l'architecte niçois pour sa future fondation qui ouvrira sur l'île de Porquerolles, au sein du parc de 15 hectares du Domaine de la Courtade.

Imposant mas provençal impossible à modifier de l'extérieur, la villa La Courtade sera ainsi transformée de l'intérieur afin d'accueillir une importante collection d'art contemporain. L'intervention de Marc Barani consistera à remodeler les volumes en creusant des salles d'exposition dans la roche pour tenter de capter la lumière naturelle. Une lumière qui sera filtrée par des verrières translucides couvertes d'eau dans un dialogue entre ciel et terre.

«L'architecture est un travail d'équipe, un engagement total pour ne pas arriver à des compromis peu souhaitables» a insisté Marc Barani dans son discours de remerciement. Ce Méditerranéen travaille en anthropologue avec son équipe pluridisciplinaire comme il l'a montré dans l'exposition «Patrimoine: héritage/hérésie», à l'Agora d'architecture de Bordeaux en septembre 2012. «Ce métier est très difficile, a-t-il renchéri. Il peut nous amener à douter. Mais pour moi, dès les premières années, le doute a été fondateur».

«L'architecture est la science des correspondances subtiles»

Né en 1957 à Menton, cet architecte niçois diplômé de l'École nationale supérieure d'architecture de Marseille en 1983 est parti faire des études d'anthropologie au Népal avant de se lancer dans la scénographie à la Villa Arson à Nice. Après avoir voyagé, notamment en Inde, il reçoit sa première commande publique, avec l'extension du cimetière de Saint-Pancrace, à Roquebrune-Cap-Martin. En 2008, la réalisation du pôle multimodal du tramway de l'agglomération niçoise lui vaut de recevoir le prix très prisé de l'Équerre d'argent.

La gare de tramway de Nice, réalisée par Marc Barani.

La gare de tramway de Nice, réalisée par Marc Barani. Crédits photo : VALERY HACHE/AFP

L'architecture est cernée entre anthropologie et art plastique. C'est, selon Marc Barani, ce qui lui donne cette multitude de points de vue: «une porosité souhaitable et nécessaire pour faire face aux enjeux comme le montre le tramway de Nice ayant utilisé les trous noirs de la ville pour les mettre en synergie de manière positive». De ses bagages du Népal, il a ramené cette belle définition: «l'architecture est la science des correspondances subtiles». Elle s'inscrit parfaitement dans la situation actuelle ; «on n'est plus dans des positions arrêtées et doctrinales mais dans l'évaluation des champs de force à mettre en synergie de manière subtile, voir magique, comme le qualifient les hindous.»

Ce touche-à-tout s'est illustré avec la Passerelle du Millénaire, avec le sculpteur Bernard Pagès en 2001 mais aussi le Pont Renault, à Boulogne Billancourt en 2009 et le Pont Eric Tabarly à Nantes en 2011. Il a également réhabilité le Centre d'art contemporain Les Églises avec le designer Martin Szekely à Chelles et rénové le Musée Fernand Léger à Biot. On attend de lui un Centre de congrès à Nancy.

Devant l'énumération de cette liste de chantiers déjà accomplis, Marc Barani a rappelé combien ce métier était éreintant mais merveilleux: «Il permet de connaître le monde, d'y prendre part et de se connaître soi-même. Le plus grand luxe aujourd'hui».

Les commentaires sont fermés.