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Voyage dans le temps à Istanbul

 

À Istanbul, il y a un vieux tramway rouge. Sa cloche résonne entre les façades de l'avenue piétonne qui traverse le quartier Beyoglu. Où reste-t-il encore des tramways comme ça, à part Lisbonne ou San Francisco? C'est comme si les transports en commun avaient gardé une âme, une dose de poésie. Istanbul ressemble à ces albums pour enfants dont les pages se déplient quand on les ouvre, présentant mille surprises. En trois secondes, on s'imagine dans un James Bond. Les taxis sont jaunes, comme à New York. Ils klaxonnent sans arrêt. Les embouteillages font presque partie du charme. Entre les voitures qui avancent au ralenti, des vendeurs à la sauvette brandissent des bouteilles d'eau minérale, des jouets gonflables en forme d'avions. Les panneaux publicitaires sont les mêmes que partout ailleurs. Cela nuit à la couleur locale. On joue la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Les kiosques à journaux débordent de quotidiens. Spectacle rassurant. Des librairies surgissent à chaque carrefour. Dans les vitrines se récapitulent des ouvrages sur la ville, des essais de philosophes aussi morts que sérieux, des policiers aux couvertures multicolores. Pas un seul auteur français. Que fabrique Mme Filippetti? Le musée de l'Innocence est peint en rouge. Les visiteurs y arrivent avec le roman d'Orhan Pamuk sous le bras. Cela leur permet d'entrer gratuitement. Les rues sont tellement en pente qu'on est sûr de ne jamais y croiser de Vélib'. Ils ont refait le Pera Palace

L'Hôtel Londra, avec ses lustres un peu las, son mobilier démodé, a tout d'un décor pour Wes Anderson. Sur la mer, les pétroliers attendent sagement, comme des candidats à l'oral d'un examen. Des réfugiés syriens tendent la main, assis en tailleur sur le trottoir. Il y a des grands cafés et des petits restaurants. Le raki coule à flots. Le thé refroidit dans des verres tulipes. A une terrasse, le fantôme de Pierre Loti commande un kebab. On ne dénombre pas plus de femmes voilées que sur les Champs-Elysées. Tôt le matin, le muezzin réveille le touriste fatigué. Ce dernier ouvre des yeux hagards. Il ne sait plus où il est. Il a avancé sa montre d'une heure. Difficile de se prendre pour Paul Morand. On voyage trop vite. Plus rien n'est loin. Les compagnies aériennes perdent vos valises. C'est pour les retrouver le lendemain. Aucun suspense. A Paris, il pleut de nouveau. Il n'y a même plus d'autobus à plate-forme.

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