Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : A lire, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La presse, Les polars

« Le Corbeau », de Romain Slocombe, illustré par Jean-Claude Denis

La couverture de " Le Corbeau".

 

LE MONDE | 15.05.2014 à 20h55 • Mis à jour le 16.05.2014 à 00h36 | Par Macha Séry

« Le Corbeau », de Romain Slocombe, illustré par Jean-Claude Denis (64 pages, 2,50 euros).

Le jeu du corbeau

Si le Musée du jeu de l'oie à Rambouillet (Yvelines) dispose d'un espace-boutique, il devrait, à l'avenir, y figurer Le Corbeau de Romain Slocombe. Car l'oie, comme le corbeau, est un oiseau de mauvais augure. Elle annonce le danger, et le parcours qu'elle ponctue de son image est semé d'embûches : pont, prison, noyade, puits… Un jeu mortel donc, censé représenter un chemin de connaissance.

Illustration de Romain Slocombe pour "Le Corbeau". Illustration de Romain Slocombe pour "Le Corbeau". | LE MONDE

 

On décrit souvent une enquête criminelle comme un jeu de piste. Cette expression, Romain Slocombe semble l'avoir prise au pied de la lettre, organisant ici une partie grandeur nature. Son héros, Pierre Besombes, reçoit une enveloppe contenant la photographie d'une oie volant une chemise suspendue à un étendoir et ce mot laconique : « Voulez-vous jouer avec moi ? »

Il ne s'inquiète pas et ne se méfie pas non plus. Il faut dire que depuis le décès de sa femme, lequel n'a pas éteint la haine qu'il voue à celle-ci, ce thanatopracteur boit des alcools forts et se gave de médicaments. Il perd un peu la boule. Au fil des jours, les lettres anonymes se succèdent, les oies se multiplient et les appels continuent…

Paroles d'entrepreneurs
Paroles d'entrepreneurs

Découvrez comment 4 entreprises ont optimisé leurs solutions Télécoms et Cloud grâce au Pack Business Entrepreneurs de SFR.

AU SCALPEL

Agé de 61 ans, l'auteur de ce récit a un parcours atypique. Diplômé des Beaux-Arts, il s'est d'abord fait un nom dans la contre-culture, en participant à l'aventure du groupe Bazooka, puis au magazine Métal hurlant. En 1978, Prisonnière de l'Armée rouge (Le Lézard noir), parodie des BD sado-maso américaines, est interdite à la vente aux mineurs.

Photographe, documentariste, auteur de bandes dessinées, illustrateur, spécialiste de l'imagerie japonaise et du bondage, Romain Slocombe a, parallèlement à son oeuvre graphique, bâti une oeuvre romanesque, où il rouvre au scalpel les plaies de l'Histoire : la guerre du Vietnam, qui a inspiré son premier roman, Phuong-Dinh Express (Les Humanoïdes associés, 1983), les exactions commises par les Japonais en Chine en 1937, la Shoah en Europe de l'Est.

En 2011, Monsieur le commandant (Nil éditions) fait découvrir cet écrivain singulier au grand public. Le récit se présente comme une longue lettre de délation rédigée sous l'Occupation par un académicien antisémite. Son livre suivant, un roman d'espionnage, Première station avant l'abattoir (Le Seuil, 2013), vient de recevoir le Prix mystère de la critique.

« Voulez-vous jouer avec moi ? » Avec Romain Slocombe, toujours.

Retrouvez la saison 2 des « Petits polars du “Monde” avec SNCF » avec « Monsieur meurtre », de Jean Vautrin, samedi 17 mai à 21 heures, sur France Culture. A réécouter et à podcaster sur Franceculture.fr.


 

Romain Slocombe et Jean-Claude Denis vus par Jean-Claude Denis.Romain Slocombe et Jean-Claude Denis vus par Jean-Claude Denis. | LE MONDE

 

L'auteur : Romain Slocombe

Né en 1953 à Paris, Romain Slocombe suit des études artistiques à la faculté de Vincennes puis aux Beaux-Arts. Dans les années 1970, il participe aux débuts du magazine Métal hurlant. Très jeune, il s'intéresse au Japon et en particulier aux images bondage, en dessinant de jeunes infirmières asiatiques attachées, bandées et plâtrées, qu'on retrouve dans l'album érotique Prisonnière de l'armée rouge publié en 1978 aux Humanoïdes associés.
Il réalise aussi des couvertures pour la collection Folio chez Gallimard et signe, entre autres, deux albums avec Marc Villard, Cauchemars climatisés, en 1987, et Cité des anges, en 1989. C'est la guerre du Vietnam qui lui inspire son premier roman graphique, Phuong-Dinh Express, en 1983 aux Humanoïdes associés. A partir de 1992, Romain Slocombe s'oriente également vers la photo, puis intègre la vidéo en 1995, réalisant documentaires et courts-métrages.
En 2000, il passe à l'écriture et commence une tétralogie romanesque, avec Un été japonais, qui parait à la « Série noire », chez Gallimard. Viendront Brume de printemps, Averse d'automne « Série noire », 2001 et 2002 puis, en 2003, Regrets d'hiver, aux éditions Fayard. On y retrouve sa passion pour les Japonaises, la photographie érotique, les personnages loufoques ? comme son héros Gilbert Woodbrooke , mais aussi l'histoire du Japon entre 1937 et la fin de la seconde guerre mondiale. Il privilégie désormais la fiction policière et publie Envoyez la fracture dans la collection « Suite noire », en 2007, ou Mortelle résidence, au Masque.
En 2012, dans la collection « Les Affranchis », Romain Slocombe imagine une lettre de dénonciation avec Monsieur le commandant (Nil éditions), se mettant dans la peau d'un écrivain pétainiste. Cette invention d'un salaud majuscule lui vaut le prix Nice Baie des Anges. En 2012 également, on retrouve son personnage de Gilbert Woodbrooke dans Shanghaï Connexion, chez Fayard Noir, troisième volet de la trilogie intitulée L'Océan de la fertilité. C'est en 2013 que paraît Première station avant l'abattoir (éd. du Seuil), roman d'espionnage qui commence en 1922. On y croise un jeune journaliste anglais antifasciste, des espionnes russes, un certain Mussolini, des agents doubles… Un peu comme si Hemingway croisait Eric Ambler
Christine Ferniot

 L'illustrateur : Jean-Claude Denis

Jean-Claude Denis est né à Paris en 1951. Il suit des études aux Arts déco et, à sa sortie, fonde le groupe Imaginon avec Caroline Dillard, Gilles Guinamard et Martin Veyron. S'il réalise des illustrations pour la publicité ainsi que des couvertures de livres, il s'oriente, en 1978, vers la bande dessinée, publiant dans Pilote, puis chez Dargaud, André le Corbeau. Avec Martin Veyron, il réalise un conte pour enfants, Oncle Ernest et les Ravis (chez Casterman), avant de travailler en solo pour l'album Cours tout nu, chez Futuropolis, en 1979.
En 1980 commencent dans A Suivre les aventures de Luc Leroi, que ses lecteurs retrouveront régulièrement au fil des années et des albums. Ce petit rouquin plein de loufoquerie et d'humour reste un des personnages phare de Jean-Claude Denis. En 2012, une réédition des sept histoires de Luc Leroi (accompagnée de cinq courts inédits) est parue chez Casterman sous le titre Luc Leroi reprend tout à zéro.
Jean-Claude Denis est aussi un auteur de séries de BD pour enfants, comme Les Aventures de Rup Bonchemin (Casterman), de contes et de carnets de voyage.
En 1991, il signe L'Ombre aux tableaux, chez Albin Michel, une aventure de peintre maudit, puis Quelques mois à l'Amélie (éditions Dupuis), dont le héros est un écrivain en panne d'inspiration. Cet album d'une grande maîtrise obtient le Prix du dialogue et de l'écriture au Festival d'Angoulême en 2002.
Viendront , en 2004, La Beauté à domicile, histoire d'amour hitchcockienne (chez Dupuis), puis, en 2006, Le Sommeil de Léo, comédie sociale (chez Futuropolis), Tous à Matha, roman graphique avec une bande-son très rock, paru en deux tomes chez Futuropolis.
Jean-Claude Denis est également musicien. Après avoir imaginé, en 2006, le groupe rock Dennis Twist en compagnie de Margerin, Vuillemin, Dodo, Denis Sire… devenu Les Hommes du président, il a fondé le groupe Nightbuzz avec Charles Berberian. En 2012, Jean Claude-Denis a obtenu le Grand Prix de la ville d'Angoulême, devenant ainsi le président du festival 2013.
Chr. F.

 

 

Les commentaires sont fermés.