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J'ai terminé cet après-midi:Qu'est-ce que l'art ?

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Ce livre un peu oublié de Léon Tolstoï, présenté par Michel Meyer, est un texte précurseur de l’esthétique moderne et s’inscrit dans le débat actuel sur l’art. « Tolstoï a cherché à comprendre le sens de l’art et non à en étudier l’effet... Il a montré par sa réflexion que l’on devait pouvoir penser l’art en dehors du beau compris comme sentiment subjectif. »

 

*

 

Le plan en est simple. Tolstoï commence par résumer les principales thèses esthétiques en vigueur. Puis, il pointe la nouveauté de l’art moderne : avoir dissocié l’art de la beauté. Il s’attaque ensuite aux artistes « pervers » : Baudelaire, Mallarmé et Verlaine, et tempête devant leur hermétisme, leur décadence. Il s’attaque aussi à Wagner, de manière hilarante. Puis, il s’en prend aux critiques et dénonce leur stupidité. Mais sa virulence ne vise pas seulement la modernité. Il maudit aussi les Grecs, pour qui l’art est une « grossièreté » faite pour chanter – horreur ! – la joie de vivre, la force et la beauté. Il s’en prend également aux élites, faisant du Bourdieu avant la lettre, critiquant leur définition étroite de la beauté, cantonnée aux goûts inconscients de leur classe. Il montre l’épuisement au travail des ouvriers pour satisfaire les goûts ridicules de la classe dominante : sa description outrée d’un dialogue d’opéra, irréaliste au possible, est d’une drôlerie forcenée. Enfin, Tolstoï donne sa définition positive de l’art, celle d’une activité placée sous le sceau de l’union, du haut et du bas et des hommes entre eux. Contre la corruption de l’art qu’il exècre, Tolstoï met ses dons de romancier au service d’une esthétique d’inspiration chrétienne et appelle à une rénovation de l’art. Puis, Tolstoï analyse la part spirituelle de l’art, sur laquelle il a décidé de fonder sa doctrine : l’art, pour lui, réside dans la communication d’un sentiment par l’imagination. Il a pour conséquence la transmission et le partage, et sa condition naturelle est la sincérité de l’artiste. Ethique et esthétique marchent ainsi main dans la main. A rebours des esthétiques en forme de systèmes, il est intéressant de lire les thèses d’un grand romancier à propos de l’art. Cela donne une esthétique pour ainsi dire « de l’intérieur » qui aide a mieux comprendre son œuvre. Mais cela donne aussi un court traité extrêmement vivant. Le ton passionné de l’auteur fait rire aux larmes quand il ridiculise ses ennemis, les pédants, les philosophes abscons, et rêver quand il nomme « expériences esthétiques » la peau veloutée d’une femme ou un verre de lait dans la montagne...

(D. Berthezène)

Table des matières

Préface inédite de Michel Meyer -- Avant-propos du traducteur -- Introduction

 

1 -- Le problème de l'art 2 -- La beauté 3 -- Distinction de l'art et de la beauté 4 -- Le rôle propre de l'art 5 -- L'art véritable 6 -- Le Faux art 7 -- L'art de l'élite 8 -- Les conséquences de la perversion de l'art, l'appauvrissement de la matière artistique 9 -- Les conséquences de la perversion de l'art, la recherche de l'obscurité 10 -- Les conséquences de la perversion de l'art, la contrefaçon de l'art 11 -- L'art professionnel, la critique et l'enseignement artistique, leur influence sur la contrefaçon de l'art 12 -- L'oeuvre de Wagner, modèle parfait de la contrefaçon de l'art 13 -- Difficulté de distinguer l'art véritable de sa contrefaçon 14 -- La contagion artistique, critérium de l'art véritable 15 -- Le bon et le mauvais art 16 -- Les suites du mauvais fonctionnement de l'art 17 -- Possibilité d'une rénovation artistique 18 -- Ce que devra être l'art de l'avenir

 

Conclusion

 

A propos des auteurs

Léon TOLSTOÏ. Traduit du russe par Teodor de Wyzewa

 

Préface inédite de Michel Meyer

 

http://www.puf.com/Quadrige:Qu'est-ce_que_l'art_%3F

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