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Catégories : A lire, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Les polars

« La Veuve blanche » de Jérémie Guez illustré par Miles Hyman

« La Veuve blanche » de Jérémie Guez illustré par Miles Hyman (64 pages, 2,50 euros). LE MONDE | 21.08.2014 à 17h50 • Mis à jour le 21.08.2014 à 17h57 | Par Macha Séry

« La Veuve blanche » de Jérémie Guez illustré par Miles Hyman. | LE MONDE

Nuit de folie à Amsterdam

Il y a quatre ans, on pouvait encore dire de Jérémie Guez qu'il était un romancier prometteur. Tel n'est plus le cas aujourd'hui. Deux raisons à cela : il tient pleinement ses promesses et, avec plusieurs livres à son actif, le benjamin de la nouvelle génération française d'auteurs de polars, aujourd'hui âgé de 26 ans, n'est pas le perdreau de l'année mais bel et bien un écrivain aguerri.

C'est cela qui frappe d'abord dans ses romans noirs, cette maturité du style, cette élégance d'une narration sans esbroufe ni surenchère, jamais lâche ni flottante, ce sens du réel, un peu jazzy, qui donne vie et rage aux personnages. L'écrivain a fait irruption dans le paysage littéraire avec Paris, la nuit (La Tengo, 2011) suivi de Balancé dans les cordes (Prix SNCF du polar 2013), de Du vide plein les yeux (Prix mystère de la critique 2014) qui sera traduit aux Etats-Unis en 2015.

Au printemps, Jérémie Guez s'est aventuré, avec le même succès, dans le registre de l'épopée historique (Le Dernier Tigre rouge, Editions 10/18, 235 pages, 7,10 euros). Ajoutons qu'il est également scénariste – il a participé au film Yves Saint Laurent (2014) de Jalil Lespert – et on comprendra que le jeune homme est non seulement talentueux mais aussi travailleur.

MUSÉES ET PETITES FRAPPES

Dans La Veuve blanche, Jérémie Guez et le dessinateur Miles Hyman emmènent le lecteur au coeur d'une nuit de folie. Amsterdam, ses canaux, ses musées, ses coffee shops et ses petites frappes que Murphy est chargé de surveiller. « Il aime Amsterdam. Une grande ville calme comme un trou. De la flotte partout, pas une bagnole… même les connards sont sympas ici parce qu'on leur donne ce qu'ils veulent – trop défoncés pour mordre. »

Illustration de « La Veuve blanche » de Jérémie Guez illustré par Miles Hyman.Illustration de « La Veuve blanche » de Jérémie Guez illustré par Miles Hyman. | LE MONDE

Deux ans plus tôt, ce vétéran de la guerre d'Irak a suivi une femme aux Pays-Bas, laquelle l'a largué. Lui s'est encalminé. Le sportif est devenu chauffeur et garde du corps de prostituées qu'il balade trois nuits par semaine de client en client pour le compte d'un proxénète. La nouvelle fille, Demi, dont Murphy vient de faire connaissance, l'émeut sans qu'il sache trop pourquoi. Lorsqu'il revient la chercher, la péniche où elle avait rendez-vous avec un client a disparu.

Aussitôt Murphy s'inquiète puis, contre l'avis de son employeur, brûle tous ses vaisseaux pour retrouver la jeune femme : baston devant un bar à chicha, rixe de rue avec clubs de golf, course-poursuite avec les flics, effraction spectaculaire… Un voyage « à tombeau ouvert ».

Retrouvez « Les Petits Polars du “Monde” avec la SNCF », saison 3,  « Le corbeau », de Romain Slocombe, vendredi 22 août, dans les « Vendredis du polar », de 20, heures à 21 heures, sur France Culture. A réécouter et à podcaster sur Franceculture.fr.


Jérémie Guez et Miles Hyman vus par Miles Hyman.Jérémie Guez et Miles Hyman vus par Miles Hyman. | LE MONDE

L'auteur :  Jérémie Guez

Né en 1988, Jérémie Guez commence à écrire dès l'âge de 15 ans en se nourrissant d'auteurs de polars et de romans noirs américains. Ses premiers écrits s'inspirent donc naturellement de ces genres littéraires, et il achève son premier roman à 21 ans : Paris, la nuit, courte fiction qui sera publiée en 2011, à La Tengo, jeune éditeur lui aussi. Le livre se déroule entre Barbès et la Goutte-d'Or, où vivent Abraham et ses amis d'enfance. Peu d'avenir, sinon le trafic de drogue. Peu de rêves, si ce n'est de braquer une partie de poker clandestine. Mais la petite bande s'opposera à beaucoup plus fort qu'elle. Ecriture directe, choix d'un rythme sec pour un livre bref, Jérémie Guez est bien du côté du roman noir. Il confirme ce choix dans un deuxième volet, Balancé dans les cordes (La Tengo), avec Tony, jeune boxeur du côté d'Aubervilliers. Mère en détresse, premier combat, environnement difficile, Jérémie Guez aime jouer avec les codes du polar urbain et d'un cinéma mythique (Nous avons gagné ce soir, Raging Bull...). Il obtient le prix SNCF du polar en 2013 et achève sa trilogie par Du vide plein les yeux (La Tengo) avec, cette fois, un héros qui, à peine sorti de prison, s'improvise plus ou moins détective privé et se retrouve dans les beaux quartiers parisiens.

Changement radical d'univers avec la publication, au printemps 2014, du Dernier Tigre rouge dans la mythique collection « Grands détectives », chez 10/18. Il s'agit d'un roman historique qui se déroule en 1946, pendant la guerre d'Indochine. Le héros est un homme meurtri par la vie, engagé dans la Légion étrangère. Combats absurdes, quête personnelle, vie quotidienne des mercenaires et solidarité : Jérémie Guez ne se perd jamais dans la documentation ni la reconstitution. Il se concentre sur le destin de son héros pour imaginer un roman tendu et particulièrement réussi.

Logiquement, ses livres très cinématographiques intéressent les producteurs. Jérémie Guez travaille sur des scénarios originaux - il a notamment participé à Yves Saint Laurent, le film de Jalil Lespert sur la jeunesse du créateur, avec Pierre Niney et Guillaume Gallienne.
Christine Ferniot

L'illustrateur :  Miles Hyman

Petit-fils de la romancière Shirley Jackson, Miles Hyman est né en 1962 à Bennington, dans l'Etat américain du Vermont. Aux Etats-Unis, il étudie la peinture et les arts graphiques. Puis il s'installe en France, à partir de 1985, et entre aux Beaux-Arts de Paris. En 1987, il commence sa carrière d'illustrateur au magazine Lire et à Télérama, mais également pour la presse internationale (The New Yorker, l'International Herald Tribune, le Boston Globe) et pour des quotidiens français tels Le Monde ou Libération. Il signe également de nombreuses couvertures de livres, entre autres pour la collection « Le Poulpe » aux éditions Baleine ou pour Actes Sud et Gallimard. Il réalise aussi des affiches de films comme 38 témoins, de Lucas Belvaux, en 2012.
Passionné de littérature, il s'oriente volontiers vers l'illustration de romans tels Manhattan Transfer, de Dos Passos, L'Agent secret, de Joseph Conrad, Lorsque Lou, de Philippe Djian. Il illustre aussi des nouvelles comme Chroniques ferroviaires (chez Futuropolis) ou Pigalle (chez Eden), avec Marc Villard. Il n'hésite pas non plus à se diriger vers la bande dessinée pour la collection Rivages/Casterman, où il adapte, en collaboration avec Matz, le roman américain Nuit de fureur, de Jim Thompson. Avec le scénariste Philippe Paringaux, il signe Images interdites, paru en 2010 chez Casterman. En 2013, il a publié l'adaptation en bande dessinée du Dahlia noir, de James Ellroy (scénario de Matz et du cinéaste David Fincher) chez Casterman/Rivages/Noir. Soit plus de cent soixante planches où l'on retrouve tout l'univers du romancier américain dans les années 1940, à Los Angeles. Il lui a fallu deux ans de travail pour achever cette œuvre de recréation, saluée par James Ellroy lui même.
Miles Hyman réalise également de nombreux livres pour la jeunesse : Le Petit Poucet, chez Gallimard Jeunesse, ou Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, adapté de Luis Sepulveda, chez Seuil Jeunesse. Il expose ses peintures, pastels et fusains dans des galeries internationales comme Papiers gras, à Genève, ou la galerie Champaka, à Bruxelles et à Paris.
Chr. F.

 
  • Macha Séry
    Journaliste au Monde

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