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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, J'ai aimé, J'ai lu

Pourquoi Sade nous fascine

Le Point - Publié le 25/09/2014 à 11:31

Voilà deux cents ans que le "divin marquis" est mort. Cruel, machiste, il ne cesse de susciter la ferveur, y compris des féministes. Y a-t-il un mystère Sade ?

<:figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemtype="http://schema.org/ImageObject" itemscope="">Un portrait du jeune Donatien Alphonse François de Sade. <:figcaption>Un portrait du jeune Donatien Alphonse François de Sade.

À voir le portrait du marquis de Sade jeune, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Difficile de croire que, déjà, il violait, fouettait, torturait femmes et garçons. Difficile d'imaginer que plus tard, ruiné et obèse, il imaginera les pires sévices sexuels. Le "divin marquis" (1740-1814) n'a pourtant jamais cessé d'être aimé, particulièrement par les femmes qui l'ont admiré et choyé, de son vivant comme après sa mort. "Rien ne fut plus jamais pareil après le passage par le boudoir de Sade et l'inflexibilité de sa philosophie", écrit ainsi Abnousse Shalmani dans "Le Mystère Sade", le hors-série que Le Point consacre aujourd'hui à ce cher Donatien.

 

Masochiste, l'auteur de Khomeiny, Sade et moi (Grasset, 2014) ? Vous n'y êtes pas. Ce ne sont pas les sévices que la belle Iranienne apprécie chez le "divin marquis", c'est sa radicalité sexuelle. Chez les mollahs, où le sexe est tabou, la lubricité sadienne peut être considérée comme une fontaine de jouvence.

À chacun son Sade

Dans notre hors-série, le philosophe Xavier Pavie voit bien en lui un maître de sagesse, dont l'approche du corps relève de l'exercice spirituel... Pourquoi Sade ne deviendrait-il pas aussi le mentor d'une jeune musulmane ? Après tout, sans être un féministe - il suffit de lire ses lettres d'insultes à son épouse Pélagie pour apprécier son machisme -, il fut l'un des écrivains qui ont su le mieux reconnaître la force des femmes, ce que souligne Chantal Thomas, l'une de ses plus fines analystes. Ses héroïnes - Eugénie, Justine et surtout Juliette - ont toutes des personnalités hors du commun, sous la torture comme dans la quête insatiable du plaisir. Ce que nous apprend Sade, affirment ses supporteurs féminins, c'est à aller au bout de soi et de ses désirs, et à ce jeu, ces dames peuvent se montrer meilleures que les hommes, car elles doivent en prime se libérer de leur tutelle.

De tous les hommages que le "méchant grand seigneur" reçoit post mortem à l'occasion du bicentenaire de sa mort, celui des femmes est sûrement le plus paradoxal, mais aussi celui qu'il aurait le plus goûté. N'est-il pas le plus enivrant ?

Le hors-série du Point sur Sade à retrouver dans la Boutique Le Point

Pour son bicentenaire, un feu d'artifice d'hommages est rendu au "divin marquis" :

Expositions

- Attaquer le soleil, musée d'Orsay, du 14 octobre 2014 au 15 janvier 2015. Commissariat d'exposition : Annie Le Brun et Laurence des Cars.

- Sade, athée en amour, Fondation Bodmer (Suisse), du 6 décembre 2014 au 12 avril 2015. Commissariat d'exposition : Michel Delon.

- Sade, marquis de l'amour, prince des Lumières, l'éventail des libertinages du XVIe au XXe siècle, au musée des Lettres et Manuscrits. Commissariat d'exposition : Pascal Fulacher et Jean-Pierre Guéno.

Édition

- Sade, Justine et autres romans, bibliothèque de la Pleiade, octobre 2014, 60 euros.

- La Passion de la méchanceté. Sur un prétendu divin marquis. Michel Onfray, Autrement, 13 euros.

- Khomeiny, Sade et moi, Abnousse Shalmani, Grasset, 20 euros.

http://www.lepoint.fr/culture/pourquoi-sade-nous-fascine-25-09-2014-1866575_3.php#

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