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Henri BOSCO, L'enfant et la rivière

L'enfant et la rivière par Bosco

Un chemin moussu conduisait à la chapelle. On y accédait par un porche bas. La bise et les pluies de l'hiver avaient usé la façade de pierre tendre. Elle offrait un très vieux visage, roussi par les lichens et le long travail du soleil.
Au-dessus de la porte, on avait creusé une niche où se tenait une petite Vierge de plâtre colorié. Les couleurs en étaient parties. On devinait un peu de rose sur la robe. Une inscription en lettres bleues entourait cette modeste image.

Or, ceci se passait il y a bien longtemps et maintenant je suis presque un vieil homme. Mais de ma vie, fût-elle longue encore, je n'oublierai ces jours de ma jeunesse où j'ai vécu sur les eaux. Ils sont là, ces beaux jours, dans toute leur fraîcheur. Ce que j'ai vu alors, je le vois encore aujourd'hui, et je redeviens, quand j'y pense, cet enfant que ravit, à son réveil, la beauté du monde des eaux dont il faisait la découverte.

Je m'enveloppai d'une couverture et je me couchai au fond du bateau.
Dès lors, j'attendais mon destin. Je savais bien que c'était là ma dernière nuit de sommeil dans le monde des eaux dormantes. Aussi, je voulais la dormir comme j'avais dormi les autres, allongé sur le dos, dans le fond de ma barque, respirant à travers les planches l'odeur nocturne de l'eau douce, d'où je tirais, malgré la menace des songes, tant de paix, tant de repos.

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