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J'ai lu hier: Brutalisme / Achille Mbembe(BU)

Les formes contemporaines du brutalisme ne se caractérisent pas seulement par le démantèlement des amortisseurs sociaux et des dispositifs de couverture des risques ou, de manière générale, par la tentative de substituer le marché à la démocratie. On les reconnaît aussi à la hantise d’abolir le politique, l’un des traits distinctifs de ce que l’on appelle désormais le « libéralisme autoritaire ». Mais les mutations les plus décisives du capitalisme contemporain n’ont pas seulement trait à la déréglementation des transactions financières, à la soumission des services publics aux conditions de rentabilité du secteur privé, à l’allègement des impôts des plus fortunés ou à la course aux bonnes grâces des pourvoyeurs de liquidité. Par-dessus tout, l’une des transformations anthropologiques majeures de notre époque est le partage de l’humanité en de multiples fractions de classes racialement typées. Il s’agit, d’une part, de la distinction entre personnes humaines solvables et personnes insolvables. Il s’agit d’autre part, à l’échelle planétaire, de la division entre ce qu’Étienne Balibar appelle la « partie mobile de l’humanité » et l’« humanité errante ».
L’institution frontalière est le mécanisme par lequel ce nouveau partage s’inscrit dans la réalité. Du reste, les frontières ne sont plus faites de lignes irréversibles et qui ne se croisent que rarement. Elles ne sont plus exclusivement physiques. Elles sont fondamentalement hybrides et délibérément incomplètes et segmentées…

https://www.cairn.info/brutalisme--9782348057496-page-131.htm

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