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Catégories : CE QUE J'AI ECRIT ET PUBLIE, Istanbul avec toi

À propos d’un Importun ... de Charles Baudelaire

Quinzaine du 30-11 au 13-12-2020

 

 

 

Oyez, oyez, les Croqueurs de Môts...

Pour le jeudi poésie du 3-12-2020

Thème : «L'importun» ou libre sujet !

http://jill-bill.eklablog.com/oyez-oyez-les-croqueurs-de-mots-a204180438

Les ateliers d'écriture

comme tout(s) ce (ux) que j’aime (2 e partie de ce blog)

Et que j'évoque dans ce blog 

Inspire ce que j’écris (1 ère partie de ce blog)

Dont mes 14 livres à acheter et offrir pour NOEL

 

 

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À propos d’un Importun ...


À M. Eugène Fromentin


Il me dit qu’il était très riche,
Mais qu’il craignait le choléra ;
- Que de son or il était chiche,
Mais qu’il goûtait fort l’Opéra ;

- Qu’il raffolait de la nature,
Ayant connu monsieur Corot ;
- Qu’il n’avait pas encor voiture,
Mais que cela viendrait bientôt ;

- Qu’il aimait le marbre et la brique,
Les bois noirs et les bois dorés ;
- Qu’il possédait dans sa fabrique
Trois contremaîtres décorés ;

- Qu’il avait, sans compter le reste,
Vingt mille actions sur le Nord ;
- Qu’il avait trouvé, pour un zeste,
Des encadrements d’Oppenord ;

- Qu’il donnerait (fût-ce à Luzarches !)
Dans le bric-à-brac jusqu’au cou,
Et qu’au Marché des Patriarches
Il avait fait plus d’un bon coup ;

- Qu’il n’aimait pas beaucoup sa femme,
Ni sa mère ; - mais qu’il croyait
À l’immortalité de l’âme,
Et qu’il avait lu Niboyet !

Qu’il penchait pour l’amour physique,
Et qu’à Rome, séjour d’ennui,
Une femme, d’ailleurs phtisique,
Était morte d’amour pour lui.

Pendant trois heures et demie,
Ce bavard, venu de Tournai,
M’a dégoisé toute sa vie ;
J’en ai le cerveau consterné.

S’il fallait décrire ma peine,
Ce serait à n’en plus finir ;
Je me disais, domptant ma haine :
« Au moins, si je pouvais dormir ! »

Comme un qui n’est pas à son aise,
Et qui n’ose pas s’en aller,
Je frottais de mon cul ma chaise,
Rêvant de le faire empaler.

Ce monstre se nomme Bastogne ;
Il fuyait devant le fléau.
Moi, je fuirai jusqu’en Gascogne,
Ou j’irai me jeter à l’eau,

Si dans ce Paris, qu’il redoute,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.

 

Charles Baudelaire
Les Épaves

https://www.eternels-eclairs.fr/Poeme-Charles-Baudelaire-A-propos-dun-Importun-qui-se-disait-son-ami

 

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