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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La presse

Plantu : un regard sur « Le Monde »

Plantu : un dernier dessin en « une »

Le même rituel chaque matin : le choix du dessin de « une ». Irremplaçable Plantu qu’il faut pourtant bien remplacer, après son ultime dessin ce 31 mars, après cette carrière unique au « Monde ». Cartooning for Peace, collectif international de 200 dessinateurs et dessinatrices lui succédera.

Publié le 02 avril 2021 à 17h02 - Mis à jour le 02 avril 2021 à 17h50   Temps deLecture 3 min.

31 mars 2021.

Publié le 31 mars 2021 à 05h09 - Mis à jour le 31 mars 2021 à 05h38

Des marqueurs, un compas, une règle et des feutres de toute épaisseur. Bleus, noirs, rouges, verts, de ceux qui crissent doucement sur la page blanche. C’est comme ça que Jean Plantureux les aime. Quand on cherche son bureau, au cœur de la rédaction du Monde, avenue Pierre Mendès-France, il suffit de s’arrêter devant celui qui compte le plus bel alignement de pots de crayons. Et c’est là, au quatrième étage, dos à la Seine, entre les éditorialistes et la rédaction Afrique, qu’il a scotché une représentation de sa petite souris, surplombée d’un « merci de votre visite ». Plantu c’est aussi ça. Un sourire, un accueil, toujours un dessin signé à offrir au visiteur et un œil sagace, qui saisit immédiatement le trait dominant d’un visage, le point fort d’une actualité.

Article réservé à nos abonnés Lire aussiPlantu : « Comment voulez-vous que je décroche ? Ce truc que je fais, c’est pas un métier. C’est une vie ! »

Ce 31 mars 2021, ses crayons sont encore dans leurs pots, son ordinateur aussi est toujours là. Mais une semaine à peine après avoir fêté ses 70 ans, le dessinateur prend sa retraite après avoir balayé un demi-siècle d’actualité, avoir assisté à des milliers de conférences de rédaction et vu défiler des dizaines de rédacteurs en chef du Monde.

Pour son départ à la retraite, retour en image sur ses cinq décennies au sein de la rédaction et place à quelques-uns des dessins qui racontent l’époque vue par celui qui aura été « le dessinateur du Monde ».

Les années 1970

Fin de la guerre du Vietnam. Premier dessin paru dans l’édition du « Monde » datée 1er-2 octobre 1972.
Une leçon d’économie. Juin 1975.
La longue agonie de Franco, en Espagne. 29 octobre 1975.
Dénonciation de l’interventionisme des Américains en Europe. 14 janvier 1978.
La Chine s’ouvre au monde capitaliste. 31 mars 1979.

De la photocopieuse à l’imprimerie

« Dans les années 1970, le dessin de presse restait très archaïque. Pour obtenir des effets particuliers, il fallait découper et coller… Pour ce dessin – où certains lisent une inspiration warholienne –, j’ai utilisé la photocopieuse, afin de répéter le même personnage à l’identique et d’illustrer au mieux la tentative de duplication d’une pensée à l’infini. Après ces montages, il fallait filer en deux-roues déposer le dessin à l’imprimerie, qui était à l’époque dans les locaux de France-Soir, rue Réaumur. Là, je le remettais aux ouvriers du Livre pour qu’il passe à l’impression. »

L’Amérique latine des années 1970. Décembre 1984.
Manifestations religieuses contre le Chah, à Téhéran. Avril 1979.

Les années 1980

Election de François Mitterrand à la présidence de la République. 12 mai 1981.
Promesse de droit de vote aux étrangers. 23 avril 1985.

La gauche au pouvoir

« En France, la grande affaire des années 1980, c’est l’arrivée de la gauche au pouvoir. J’avais 30 ans, et je croyais que tout allait changer. Alors, ce dessin avec la tour Eiffel, au lendemain du scrutin du 10 mai 1981, s’est imposé à moi comme une évidence. Et je me suis fait plaisir, car j’adore dessiner les immeubles. Aujourd’hui encore, je m’arrête dans les rues de Paris pour croquer une façade ou un immeuble que je trouve beau. Evidemment, la suite on la connaît, et j’ai beaucoup dessiné dessus. La promesse de l’octroi du droit de vote aux étrangers en est un exemple. C’était une des « 110 propositions pour la France » du candidat Mitterrand. Quarante ans plus tard, ils n’ont toujours pas ce droit. »

Manifestations avant le massacre de la place Tiananmen. 21 mai 1989.
Détournement d’un avion américain à l’aéroport de Beyrouth. 18 juin 1985.
L’affaire des foulards de Creil. 7 novembre 1989.
Réconciliation après la chute du mur de Berlin. 2 février 1990.

Les années 1990

Guerre du Golfe. 18 janvier 1991.
Affaire des écoutes de l’Elysée. 5 mai 1993.
Israël-Palestine, signature pour la paix. 29 juillet 1998.

Les dessins silencieux

« Quand il y a un conflit sanglant, par respect pour les victimes, j’ai l’habitude de faire un dessin sans bulle, sans texte. C’est ce que j’appelle les « dessins silencieux ». Pour les frappes sur l’Irak, j’étais en Malaisie et le rédacteur en chef de l’époque n’était pas vraiment content de devoir « faire sa une” avec un journaliste en pleine forêt », comme il me l’avait dit… J’étais effectivement en lisière de la forêt vierge, ce jour-là, mais j’avais mon mini-fax, le plus petit modèle qui soit, qui me permettait d’envoyer mes dessins de n’importe où dans le monde à l’aide d’un simple téléphone. »

Dans l’Afrique de Frederik De Klerk. 4 février 1990.
Edith Cresson, une femme premier ministre. 28 février 1992.
Génocide au Rwanda. 18 mai 1994.

Les années 2000

Naufrage de l’« Erika ». 15 janvier 2000.
Attentat du World Trade Center. 13 septembre 2001.
Le bourbier irakien. 7 avril 2004.
La mémoire. 26 janvier 2005.
Après la fatwa contre les caricaturistes danois. 3 février 2006.
Rentrée scolaire sous Sarkozy. 13 septembre 2006.

Les années 2010

L’affaire DSK. 10 août 2011.
La révolution tunisienne. 26 octobre 2011.
La marche républicaine, après l’attentat contre « Charlie Hebdo ». 10 janvier 2015.
Les « gilets jaunes ». 30 novembre 2018.
L’incendie de Notre-Dame. 17 avril 2019.

Un « Monde » en couleurs

« Lors de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, j’avoue avoir été tenté d’imaginer un dessin autour du « gothique flamboyant », avant de me rendre à l’évidence : ce drame méritait de passer notre monument national en tricolore. L’arrivée de la couleur à la « une » du Monde a beaucoup changé mon travail. Au début, dans les années 1980, je n’avais droit qu’à un seul coloris. C’était l’époque Balladur, et le rouge lui allait à merveille. Parfois, une couleur s’impose à un moment et reste ensuite. Ce qui est arrivé à Emmanuel Macron avec l’épisode des “gilets jaunes”. »https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/31/plantu-un-regard-sur-le-monde_6075045_3232.html

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