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Catégories : CEUX QUE J'AIME, Des artistes

Mort de Gérard Fromanger, peintre engagé et héraut de la couleur

 

Mort de Gérard Fromanger, peintre engagé et héraut de la couleur
Gérard Fromanger lors du vernissage de l’exposition « Question de peinture — Des années 40 à nos jours », février 2016 © Michel Lunardelli

Le peintre contemporain Gérard Fromanger s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 81 ans. Convaincu que sa pratique artistique était un acte politique, il laisse derrière lui un œuvre extrêmement riche et coloré, qui a fondamentalement transformé le paysage artistique français.

Avec son esthétique pop et colorée, Gérard Fromanger était un incontournable de l’art contemporain français. Décédé ce vendredi 18 juin à l’âge de 81 ans, il avait fait des aplats de couleur et des silhouettes anonymes ses marques de fabrique. Alternant entre ses ateliers de Paris et de Sienne, en Toscane, Gérard Fromanger était un forcené de l’art, expliquant travailler jusqu’à l’épuisement sur ses toiles dès que l’inspiration le frappait. Imprégné de la culture subversive de Mai 68, il voyait dans son art un formidable outil de contestation de la société de consommation, à la manière des artistes des mouvements de la Nouvelle Figuration et de la figuration narrative, dont il ne fit jamais pleinement partie.

Amitiés fondatrices

Né en 1939 dans les Yvelines, celui qui explique avoir commencé à peindre à l’âge de 2 ans a su très tôt que l’art était sa vocation. Dès ses 17 ans, il intègre l’Académie de la Grande Chaumière puis passe brièvement par les Beaux-Arts de Paris. Il rencontre ensuite César qui l’accueille pendant 2 ans dans son atelier. Il se lie également d’amitié avec Alberto Giacometti et Jacques Prévert, qui le présentent au marchand d’art et collectionneur Aimé Maeght. Il collaborera avec le galeriste de Matisse et Chagall de 1964 et 1967. En 1965, il passe définitivement du gris à la couleur avec son Prince de Hombourg, où l’acteur Gérard Philippe se voit démultiplié. Viennent ensuite les événements de Mai 68, pendant lesquels il cofonde l’Atelier populaire de l’école des Beaux-Arts avec Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo notamment. Il réalise également l’album de sérigraphies « Le Rouge »dans lesquelles il remplace les manifestants par des silhouettes ou des masses rouges, opposées aux policiers en bleu et blanc.

Gérard Fromanger, Bouge (de la série Questions), 1976, Huile sur toile, 162 x 130 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

Gérard Fromanger, Bouge (de la série Questions), 1976, Huile sur toile, 162 x 130 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

Œuvre politique

Pour Gérard Fromanger, la portée politique et subversive d’une œuvre réside avant tout dans sa dimension esthétique et non dans son message même. Son esthétique se rapproche, dès 1965, du mouvement dit de la « Figuration narrative », qui, s’opposant à l’abstraction dominante, reprend les codes du Pop Art en lui appliquant une dimension politique, bien plus critique de la société de consommation. Ce courant prend corps en 1964 à l’occasion de l’exposition « Mythologies quotidiennes », qui regroupe notamment Niki de Saint-Phalle, Antonio Recalcati et Jean Télémaque. Pour Fromanger, la rue est une source d’inspiration sans fin, comme on le voit dans ses différentes représentations de scènes de ville, de la série Boulevard des Italiens (1977) jusqu’à son Impression soleil levant 2019 (2019), en passant par Sens dessus dessous (2003). Selon ses propres termes, « il n’y a [que la rue] qui peut changer le monde ».

Gérard Fromanger, Florence, rue d’Orchampt, 1975, Huile sur toile, 130 x 97 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

Gérard Fromanger, Florence, rue d’Orchampt, 1975, Huile sur toile, 130 x 97 cm, Courtesy the artiste and Jeanne Bucher Jaeger, Paris © Gérard Fromanger

De multiples facettes

Fromanger a pourtant quitté plusieurs fois ces sentiers battus pour s’aventurer dans le monde du portrait, qu’il composait à grand renfort de lignes colorées, ou même de compositions plus abstraites, comme son Le soleil inonde ma toile (1966), éminemment avant-gardiste. Pour lui, peindre est une « nécessité », un appel quasi-mystique auquel il ne peut que répondre, et qui donne souvent lieu à des séries de tableaux. Le peintre avait récemment réalisé le plafond du foyer-café du théâtre des Bouffes du Nord, avait exposé ses œuvres face à celles des impressionnistes du musée Marmottan-Monet et s’était dévoilé au musée des Beaux-Arts de Caen. Gérard Fromanger nous laisse en héritage ses couleurs subversives.

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