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Décès de Michel Laclotte, ancien directeur du musée du Louvre

Décès de Michel Laclotte, ancien directeur du musée du Louvre

Michel Laclotte © Jean-Pierre Couderc_Roger-Viollet

Le 10 août, Michel Laclotte, l’ancien directeur du musée du Louvre, est décédé à 91 ans. Figure capitale du monde des musées français, il est à l’origine de plusieurs d’entre eux comme le Petit Palais d’Avignon, le musée d’Orsay et le Grand Louvre.

Impossible de faire le tour d’une carrière aussi longue et aussi brillante que celle de Michel Laclotte (né en 1929), à la fois historien d’art et conservateur de musées. Après sa classe préparatoire à l’École nationale des chartes, il entre à l’École du Louvre et soutient sa thèse sur les tableaux de l’école toscane conservés dans les musées français. Nommé conservateur à l’Inspection générale des musées de province, il réalise en 1953 l’inventaire de la collection Campana de peinture italienne au Louvre et travaille sur une exposition de peinture hollandaise au musée de Tourcoing. Avec Jean Vergnet-Ruiz, il monte en 1955 à l’Orangerie une exposition sur les Primitifs italiens des musées français hors de Paris, intitulée « De Giotto à Bellini ». Cette familiarité avec les collections des musées en régions lui permet de récidiver trois ans plus tard avec, à la Royal Academy de Londres, un choix de peinture française du Grand Siècle, puis en 1963, une exposition sur la peinture espagnole au musée des Arts décoratifs à Paris, et enfin en 1965 sur le XVIe siècle européen au Petit Palais à Paris. Lorsque Germain Bazin quitte son poste à la tête du département des peintures du Louvre en 1965, c’est Michel Laclotte qui le remplace l’année suivante et reste à ce poste jusqu’en 1987. A la demande d’André Malraux, il réorganise ce département capital du musée, récupère l’aile de Flore alors occupée par la Loterie nationale.

Le Grand Louvre

C’est de cette époque que date sa fine connaissance des collections du plus grand musée du monde et de ses bâtiments. C’est pourquoi François Mitterrand lui demande de réfléchir dans les années 1980 à son projet de Grand Louvre. Avec l’aide de l’architecte Ieoh Ming Pei et de l’établissement public dirigé par Emile Biasini, Michel Laclotte propose une entrée unique au centre de la cour Napoléon et la redistribution des collections. La pyramide de verre est au cœur d’une bataille acharnée qui verra s’écharper la critique et les publics. En ce qui concerne la seule peinture ancienne, Michel Laclotte opte pour une distribution symbolique au sein du musée : les écoles du Nord au nord du bâtiment, l’école française dans la Cour Carrée et dans la Grande Galerie, les écoles italienne et espagnole au sud, près de la Seine. Michel Laclotte devient le premier directeur du Grand Louvre, de 1987 à 1994. Longtemps, il est resté une figure tutélaire du monde des musées, influençant certaines décisions comme s’il était l’éminence grise de ce domaine très secret, et donnant des conseils à la génération plus jeune.

Michel Laclotte Michel Laclotte © Jean-Pierre Couderc_Roger-Viollet Gérard Rondeau, Agence VU

Michel Laclotte Michel Laclotte © Jean-Pierre Couderc_Roger-Viollet Gérard Rondeau, Agence VU

Avignon et Orsay

Entretemps, Michel Laclotte a lancé deux projets de musées, l’un en province, l’autre à Paris. Pour la cité des Papes, il propose dans les années 1970 d’installer la collection Campana dans l’ancien palais épiscopal réaménagé au XVe siècle par l’archevêque et légat Julien de la Rovère, le futur pape Jules II. Il s’agit de Primitifs italiens réunis par Giampietro Campana au XIXe siècle et conservés au Louvre et dans certains musées de province. Il veut les réunir dans un seul et même lieu. Ces tableaux de Ambrogio Lorenzetti, Simone Martini, Lorenzo Monaco et Sandro Botticelli, accompagnés de chefs d’œuvre de l’Ecole d’Avignon et de sculptures funéraires locales ont été installés sur les trois étages du joli palais clôturant la place du palais. L’esthétique très 1970 (socles recouverts de moquette et acier brossé) a été souvent reprochée à ce musée inauguré en 1976 mais imaginé et pensé par Michel Laclotte lui-même. Au début des années 1980, il lance le projet de musée du XIXe siècle dans l’ancienne gare d’Orsay, construite par Victor Laloux en 1900. Malgré les oppositions et les critiques contre les lourds aménagements intérieurs de Gae Aulenti, Michel Laclotte défend bec et ongles les propositions de l’architecte italienne. En parallèle à son activité au département des peintures du Louvre, il est le conservateur de cette institution en germe jusqu’à son ouverture en 1986. Il est alors remplacé par Françoise Cachin, la petite-fille du peintre Paul Signac. Après son engagement total pour Orsay et le Louvre, alors qu’il est atteint par l’âge de la retraite, il prête main forte à la mission de préfiguration chargée de créer l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), mission qu’il préside de 1995 à 2000.

Enseignement et publication

Sa longue carrière muséale se clôt donc avec la naissance de l’INHA. Mais Michel Laclotte, parallèlement à sa carrière de conservateur, a toujours enseigné à l’Ecole du Louvre. Il a également énormément publié sur la peinture, en particulier sur la peinture en Provence aux XIVe et XVe siècle. D’abord, « L’École d’Avignon » en 1960, puis les collections du Petit Palais d’Avignon en 1976 et enfin une deuxième livre sur l’École d’Avignon avec Dominique Thiébaut en 1983. Il se passionne également pour Ingres, Mantegna ou Georges de La Tour. Il faut également rappeler que Michel Laclotte a toujours continué à monter des expositions, même alors qu’il était aux manettes de grands musées parisiens. On se souvient de « Polyptiques » au Louvre en 1990 (où figuraient même des tableaux de Pierre Soulages et Brice Marden !), « Le Siècle de Titien » au Grand Palais en 1993 et « Fra Angelico, Botticelli… Chefs d’œuvre retrouvés » au musée Condé de Chantilly en 2014. Les éditions Scala ont publié ses mémoires, « Histoires de musées : souvenirs d’un conservateur » en 2003. Michel Laclotte est mort le 10 août 2021, « jour anniversaire de l’ouverture du musée du Louvre en 1793 sous la Révolution », rappelle l’institution qui lui doit tant.

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