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olivier barrot

  • Catégories : La littérature, Voyage

    Olivier Barrot

    Il ne faut pas se fier à son air de garçon sage, de guerrier appliqué et de lettré télégénique. Olivier Barrot est fou. Un fou volant. Sa seule patrie, c'est un tarmac dans le petit matin. A la fois Fregoli, ubiquiste et schizophrène, il ne cesse de faire le tour du monde et ne prend même pas le temps de se poser. On ignore ce qu'il fuit, ce qu'il cherche, en jonglant avec les fuseaux horaires. A côté, l'homme pressé selon Paul Morand est un flemmard.

    Lorsque, entre Turks-et-Caicos et Oaxaca, il lui arrive de faire escale à Paris, Barrot s'empresse d'enregistrer son émission «Un livre, un jour», de diriger le magazine «Senso», de donner des causeries dans les théâtres et des manuscrits sur Jean Vilar, René Clair ou Patrick Modiano. Le reste du temps, il est ailleurs. Son plus grand bonheur: «Atterrir dimanche à Tahiti en provenance de l'Australie quittée lundi. » Barrot gravite, jusqu'au vertige, dans le temps et l'espace. Il parcourt la Libye de l'empereur Septime Sévère, croise saint Grégoire l'illuminateur au monastère de Khor Virap, salue Somerset Maugham à l'Oriental de Bangkok, caresse l'encolure des akhal-teke sur le marché d'Achkhabad, lorgne la villa de Bruce Willis sur l'île de Parrot Cay, roule vers Singapour à bord de l'Eastern and Oriental Express et dévore la page sportive du «Daily Telegraph» au-dessus de la mer Caspienne.
    Précisons qu'Olivier Barrot ne voyage jamais seul. Considérant que la cabine d'un avion est le cabinet de lecture idéal, cet insomniaque prie les écrivains de l'accompagner. Ils ne demandent que ça. C'est ainsi qu'il survole le Pacifique avec la Correspondance de Gide et Allégret, s'imprègne du Journal de Jean Cocteau pour aller à Auckland, se plonge dans Obaldia à Mexico et emmène partout Valéry Larbaud; son maître: qui lui a inspiré «Décalage horaire» (Folio, 6 euros), le plus subjectif; raffiné et inapplicable des guides de voyage. Car il serait vain de le suivre, il est déjà ailleurs.


      Jérôme Garcin Le Nouvel Observateur - 2228 - 19/07/2007   Source:http://livres.nouvelobs.com/p2228/a350249.html