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Corto Maltese, le personnage mythique d'Hugo Pratt
En 1967, à l'âge de quarante ans à peine, le dessinateur italien Hugo Pratt donne naissance au personnage de Corto Maltese, après une existence tumultueuse et cosmopolite, jalonnée de voyages à travers plusieurs continents, d'aventures singulières et d'engagements variés.
La place de la Liberté vue depuis l'hôtel Intercontinental.
La gardienne de l'estuaire du Douro s'apprête à accueillir les bateaux de la Solitaire du Figaro Éric Bompard. Ils franchiront la ligne après-demain.
Cette étape de 536 milles conduit les 42 monocoques de Bordeaux jusqu'à Porto. Les deux villes se ressemblent tant qu'elles sont jumelées: le vin comme trésor commun, Douro ici et Gironde là-bas, une histoire séculaire et une vocation marchande pour elles deux. À Porto, la flotte des figaristes appontera dans la nouvelle et futuriste marina dessinée sur la rive gauche du fleuve. Elle est à deux pas des terrasses animées et des chais des vins de porto qui font la gaîté de Villa Nova de Gaia. La commune fait face aux vieux quartiers de Porto, on dirait parfois qu'elle les défie, classés par l'Unesco. Entre les deux rives, moins de 100 mètres, une vraie rivalité et pas moins de six ponts pour les réunir. Le Douro, ligne de front autant que trait d'union. Le visiteur, insensible aux péripéties locales, garde l'image d'une ville miniature, toute de charme et de sérénité, où le bon accueil reste une vertu. Arrivés le 5 juin, les concurrents de la Solitaire du Figaro Éric Bompard repartiront le 8 juin à midi. Cap sur Gijon, en Espagne, 452 milles plus au nord.
Un seul regard réunit la commune de Porto (240.000 habitants) et cellequi lui fait face, Villa Nova de Gaia (350.000), ici on se contente de dire Gaia. Image splendide d'une vallée encaissée alors qu'elle n'est qu'à une poignée de kilomètres de l'Atlantique. Sur chacun des deux flancs, une ville. Chacune, miniature. Rive droite, Porto, ses 56 églises et leurs carillons incessants, ses places pavées à l'ancienne, ses murs tapissés d'azulejos, ses larges avenues, ses rues pentues et ses marchés comme à la campagne. Rive gauche, Gaia, presque aussi pentue mais tapissée de toits de tuiles qui abritent les barriques de vins de porto (les vignobles sont bien plus en amont), ses maisons de producteurs, ses bistros, son intention de jouer la «moderne». Pour avoir la plus belle vue de l'ensemble, grimper jusqu'à la terrasse du monastère Serra do Pilar. Les deux rives du Douro s'offrent ici en majesté. Vieux quartiers de Porto et chais de Gaia, sans oublier le pont Luis, signé par un élève d'Eiffel. On peut le traverser en voiture, à pied ou en tramway. Un peu plus haut, Eiffel lui-même a lancé en 1877 (avant sa tour) le pont de la reine Dona Maria Pia, une magnifique arche de 160 mètres. Plein ouest, au-delà de la ville et de ses quais, c'est l'Atlantique.
Sur le Douro Crédits photo : Vincent Isore/IP3
Puisque tout ramène au Douro, embarquer sur l'un des bateaux qui croise entre les deux villes. Certains partent de la marina où seront les bateaux de la Solitaire. Recommandons la croisière-dîner à bord d'un yacht impeccable. Idéal pour jouer les stars et profiter d'un moment très chic à passer sous les ponts et admirer les lumières de la ville. Environ 150 € par personne.
Tél.: 00 351 915 915 098
Nouveau, tendance et géré par un Français: les tuk-tuks sont arrivés à Porto. Inventées en Thaïlande, ces pétrolettes équipées d'une plate-forme arrière de plein air font merveille dans les ruelles pavées. Itinéraire à la carte de ses envies ou circuit des classiques, c'est comme on veut. Compter au moins 90 minutes et 15 € par passager.
Tél.: 00 351 915 094 443
Pousser la porte d'au moins une église. Elles sont toutes magnifiques et… très fréquentées. Leurs azulejos, des faïences blanches émaillées de gravures bleues, sont exceptionnels, couvrant façades et murs intérieurs. Exemple avec la chapelle des Âmes (angle rue Santa Catarina et Fernandes Tomas), tapissée de fresques bibliques réalisées il y a trois siècles. La plupart des églises offrent les mêmes merveilles. Façon laïque, ne pas manquer la gare de Sao Bento, dont le hall est entièrement couvert de batailles à la gloire du royaume (la prise de Ceuta en 1415…) ainsi que de bucoliques scènes campagnardes. Impressionnant.
Suivre la rue Santa Catarina, presque entièrement piétonne. De part et d'autres, les boutiques de mode attendues dans un centre-ville. Sans grand intérêt puisque les enseignes comme les tarifs sont les mêmes qu'en France. Sauf le plaisir de faire halte au café Majestic, no 112. Un monument historique d'architecture 1920 où rien ne manque, ni les angelots joufflus au sourire de bonheur pour tenir les torches, ni les miroirs piquetés, encore moins le cuir patiné des banquettes. Tous les intellectuels portugais sont venus ici dessiner leur révolution. Aujourd'hui, on n'y croise plus que des touristes, mais le cadre demeure réjouissant.
Shopping plus sincère sur le marché do Bolhao tout proche (au coin des rues Formosa et Sa de Bandera). Cette vaste halle sur trois niveaux abrite des étals de poissons, volailles, fleurs, légumes, boulange… Une bulle d'authenticité qui fait le bonheur des ménagères et des photographes.
L'intérieur de la librairie Lello&Irmao.
Étonnement garanti: juste à côté du beau jardin de la place des Martyrs planté d'énormes troncs ronds, Lello & Irmao, une librairie digne de Harry Potter. En son centre, un exceptionnel escalier à double révolution, ce qui lui donne la forme d'un huit. Sur tous les murs, des rayonnages de bois vernis qui grimpent jusqu'au plafond, garnis d'ouvrages, neufs ou anciens. On imagine le cabinet d'un chercheur de trésor ou de lumière, avec fauteuils clubs pour chausser ses lunettes ou, tout simplement, admirer et prendre son temps.
Lello & Irmao, 144, rua Carmelitas.
Ici se dévoile l'étendue du registre des vins de Porto. Basique, comme on le découvre adolescent avec son melon, blanc, towny, ruby, vintage, millésimé… Rendez-vous chez l'une des grandes marques, elles sont toutes alignées sur les quais de Gaia. Porto Cruz se distingue avec un espace high-tech flambant neuf, tout d'art et de verre. Visite, découverte, joli film sur l'élaboration du nectar, dégustation, rien ne manque. Même pas un restaurant (recettes portugaises originales) ainsi qu'un toit terrasse où prolonger le plaisir. Le soir, quand coule l'or sur les quais de la vieille ville et fait danser les mouettes, c'est superbe.
Autre formule, juste de l'autre côté du pont, à Porto donc, le petit bar chaleureux ouvert par un Français, Jean-Philippe Duhard, et baptisé Vinologia. À l'intérieur, plus de 200 étiquettes de petits producteurs. Que la dégustation commence! Un exemple parmi une bonne dizaine de formules: un verre de porto blanc vieux, un de Towny 10 ans d'âge, un de ruby vintage, avec trois fromages: 16 €.
Très touristiques, les quais de Porto devant le vieux centre sont bordés de gargotes sans prétention, y compris au moment de l'addition (moins de 20 €). Ne pas hésiter à commander crevettes et sardines grillées, elles viennent d'être pêchées. Pour découvrir la «gastronomie portugaise», filer à O Paparico, une table à l'ancienne où le poisson et les crustacés, le porc et le veau, s'enrichissent de très honnêtes préparations traditionnelles. Belle carte de vins locaux. Environ 50 €.
2343, rua Costa Cabral, tél.: 00 351 225 400 548
À Porto, réserver à coup sûr à l'Intercontinental. Placé à l'exact centre de la ville, cet ancien couvent a gardé tout son charme, voire quelques mystères. Grandes chambres et décoration cossue très en phase avec une ville où chacun avance d'un pas tranquille. Superbe bar et personnel parlant le français. À partir de 180 €la chambre double et 432 € la suite duplex.
Ou bien traverser le Douro pour dormir à Gaia, au Yeatman. Propriété des portos Taylor's, ce Relais & Châteaux construit en escalier sur les hauteurs, offre une vue imprenable sur la vieille ville de Porto. Piscine extérieure très réussie et restaurant gastronomique de haute volée (1 macaron). Le personnel s'adresse essentiellement en anglais à une clientèle venue du Royaume-Uni et des États-Unis. À partir de 264 € la chambre double.
REPORTAGE - La 55e Biennale de Venise, mode d'emploi en sept chapitres. Jusqu'au 24 novembre, le public peut s'approprier plus calmement les expositions innombrables, visitées au pas de course par les professionnels, les artistes et les stars de toutes natures pendant la semaine de vernissage. Choses vues.
Envoyée spéciale à Venise
Nous avons vu ce bateau
- ÊTRE LES PREMIERS SUR LA LAGUNE
La semaine de vernissage de la Biennale de Venise est toujours un marathon pour l'oeil et le mollet. Cette année, le marathon était pris d'assaut (4513 journalistes, soit + 21% par rapport à 2011!). Et la Mostra vendait aux amateurs des accréditations spéciales, à partir de 200 euros, pour ceux qui ne pouvaient attendre le 1er juin et l'ouverture au public. Dès le lundi 27 mai, soit deux jours avant le vernissage officiel, les ultimes préparatifs concentraient encore un petit peuple laborieux d'artistes perfectionnistes, de commissaires aux aguets et de professionnels impatients sur la lagune.
Joana Vasconcelos a transformé un ferry de Lisbonne en création 100% portugaise. PHOTO VD/ LE FIGARO
2- PARTIR EN MER
En arrivant aux Giardini, un air de fado faisait tourner la tête. Le Pavillon du Portugal est un pavillon flottant, un petit ferry affrété depuis Lisbonne, venu par cabotage, mais dûment customisé par Joana Vasconcelos, reine de Versailles l'été dernier. Ce jour-là, on pouvait monter en avant-première à bord et ressentir la franche bonne humeur de cette équipe méditerranéenne. Rondeur callipyge et bouille enfantine, Joana est le capitaine allègre de ce bateau de l'art, brunette en chasuble de designer, frange d'écolière et maquillage «nude». Sur la coque bombée de ce pseudo «vaporetto», une large frise d'azulejos dessinent la ville portugaise en bleu. Joana bat tous les records de popularité au Portugal, a gagné deux fois le concours de la «people préférée» dans la presse du même nom, expose cœur en fourchettes rouges (Coraçâo Independente Vermelho ou Red Independent Heart) et lustre en tampons pâles OB (A Novia ou The Bride, refusée d'entrée à Versailles en 2012) dans le Palacio Nacional da Ajuda, jusqu'au 25 août.
Joana Vasconcelos à son dîner de gala, le vendredi soir, au Club nautique sur l'île de San Giorgio Maggiore, pile en face de son bateau amarré aux Giardini. PHOTO VD/ LE FIGARO
A Venise, elle n'a rien perdu de son exubérance. Du liège brun tapisse entièrement le pont et, dans la cale, gît une caverne tapissée de nuit et de merveilles enfantines avec l'imbrication de crochet, de rubans, de paillettes propres à l'artiste du féminin détourné (invitation à ce «Trafaria Praia» en forme de tickets de ferry XXL multicolores). À raison de 100 passagers, ce pavillon flottant (avec museum shop des designers portugais à l'intérieur) faisait faire aux VIP de l'art le tour de la lagune jusqu'à la Pointe de la Douane. Joana Vasconcelos avait proposé il y a deux ans ce projet navigateur à François Pinault qui préféra lui offrir le Palazzo Grassi pour sa Contamination tentaculaire en 2011.
3- VOIR LES ARTISTES A l'OEUVRE
Dans les Giardini encore calmes en ce premier lundi, on respire l'odeur des «galants de nuit» (jasmin nocturne) et on s'approche doucement de l'art en chantier. La France et l'Allemagne ont échangé leurs pavillons et donc Anri Sala, notre champion, a hérité d'un espace magnifique pour y déployer son art à la fois cérébral, musical et plastique (Ravel/Unravel, trilogie vidéo sur le Concerto pour la main gauche de Ravel). Seul dans l'espace magnifiquement agencé par cet artiste né en Albanie et sa brillante commissaire Christine Macel (Centre Pompidou), on savourait mieux l'intense beauté de ce ballet à une main sur le clavier, puis à deux mains car à deux pianistes, et à deux orchestres. Dès le vernissage, file d'attente et bouchons pour ce grand coup de coeur de la 55e Biennale de Venise, grand favori du buzz et grand perdant du palmarès qui lui a préféré le Pavillon de l'Angola.((vu)
Anri Sala, héros discret du vernissage aux Giardini.
À la fois réservé et disert, Anri Sala arborait un magnifique coup de soleil vénitien, parce qu'il était juste «sorti de trois semaines de montage et de pénombre et avait retrouvé soudain l'air libre comme un revenant». Les photographes dePoint de Vue l'ont suivi dans les Giardini, cheminant avec la belle Rosario de Bulgarie. Le mercredi, un déjeuner très officiel au Gabrielli le faisait s'asseoir à la droite de la Ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, toute de Courrèges turquoise et beige, à une table qui réunissait SE l'Ambassadeur de France en Italie, Alain Le Roy, et Xavier Darcos, président de l'Institut Français.
Natacha Ivanova et Sacha Ponomarev dans les Giardini. PHOTO VD/ LE FIGARO.
Dans les Giardini, les artistes sont à tous les carrefours, ici AA Bronson, seul survivant du collectif canadien General Idea, longue barbe grise et oeil voyou, qui ressemble à un fugitif du groupe texan ZZ Top . Devant le pavillon russe et sa géniale pluie d'or empruntée à Danae (l'artiste Vadim Zakharov a séduit tous les russes par son humour frais et provocateur), la jeune peintre de Saint-Petersbourg Natacha Ivanova discutait ferme avec Sacha Ponomarev, géant de Moscou dont le sous-marin peint et inoffensif incarne toute l'utopie et la poésie grave (Universita Ca' Foscari Dorsoduro).
4- HALTE OBLIGÉE DANS LA CITÉ ET SES PALAIS
Pour cette 55e édition, son jeune commissaire Massimiliano Gioni a conçu un «Palazzo enciclopedico» qui a canalisé très vite toute l'attention et tous les débats (Savant? Trop savant? Historique? Révolutionnaire? Génial? Soûlant?). Etonnamment, l'exposition «Prima Materia»(vu) de Caroline Bourgeois et Michael Govan à la Pointe de la Douane partageait d'instinct cette vision éclectique et accumulatrice, juxtaposant les mondes parfois très lointains (de l'arte povera à Adel Abdessemed, de Roman Opalka à Ryan Trecartin).
Les privilégiés ont pu voir l'artiste et philosophe sud-coréen Lee Ufan réaliser en direct Relatum (Formerly Phenomena And perceptionB), surveillant au centimètre près le lâcher de pierre sur l'épaisse plaque de verre qui devait dessiner trois lignes nettes en trois simples brisures nées de l'impact. Fascinant exercice zen qui a demandé du temps et du doigté à quelques ouvriers vénitiens bien musclés, sommés de retenir leur souffle, la chaîne de métal et le bloc de pierre pour les besoins de l'art.
Lee Ufan surveillant la réalisation de son oeuvre à la Pointe de la Douane. PHOTO VD/ LE FIGARO(vu)
A l'autre bout du Grand Canal, la fondation Prada faisait courir les nostalgiques et les impétrants de l'art contemporain naissant avec Quand les attitudes deviennent forme: Berne 1969 / Venise 2013, hommage conçu par Germano Celant «en dialogue avec Thomas Demand et Rem Koolhaas». Le projet reconstruit dans l'architecture splendide de Ca' Corner della Regina, sous la forme d'un remake inédit, l'exposition conçue en 1969 par Harald Szeeman à la Kunsthalle de Berne.
Germano Celant à la Fondation Prada.
Comme il s'agissait «d'insérer - aux dimensions réelles - les salles modernes de la Kunsthalle, délimitées par les surfaces blanches de leurs murs, au cœur des anciennes salles décorées et peintes à fresque du palais vénitien», la place était fort restreinte. Heureux donc, comme Daniel Buren et Jérôme Sans, ceux qui ont pu visiter ce mirage de l'art dans des conditions optimales. Et discuter avec Germano Celant de cette relecture somptueuse de l'arte povera. Simon de Pury, libéré de ses liens avec la maison de vente Phillips, discuta avec la veuve d'Harald Szeeman, l'artiste Ingeborg Lüscher, qui se rappelait combien elle fut réticente, à l'époque, à cette révolution des formes.
5- L'ART REVIT LE SOIR
Cela commence au crépuscule. Cette fois, de l'autre côté de la lagune pour le vernissage de Marc Quinn à la Fondazione Giorgio Cini Onlus. Difficile de rater, sur l'île de San Giorgio Maggiore, la présence de ce quinqua charmeur de la YBA's Generation, éternel rival de Damien Hirst et collectionneur d'art sacré du Gandhâra. Son énorme statue mauve de femme chauve sans bras en a choqué plus d'un, surtout à côté de pareille beauté palladienne. Est-ce pour cette raison que l'oeuvre gonflable se dégonflait la nuit? Sur le quai grâce à ses galeristes, l'Autrichien du Marais Thaddaeus Ropac et le Londonien ultra-mondain Jay Jopling, le vernissage fut gai et couru, malgré la pluie, une fête très raffinée sans grand rapport avec l'exposition des statues d'handicapés nus en marbre aveuglant de blancheur. Dans la foule très internationale des convives, on allait d'Est en Ouest, de Tony Salamé, collectionneur libanais et pilier de la jeune Beyrouth Art Fair, à Olga Sviblova, grande prêtresse de l'art contemporain et de la photo à Moscou.
Breath, de Marc Quinn, nu géant visible de tous les vaporettos et qui se dégonflait la nuit. PHOTO VD/(vu)
LE FIGARO
C'est toujours un bonheur d'être à Venise, disaient-ils tous à la veille de l'offensive Arsenal + Giardini, cet énorme banquet d'art que représente une Biennale (deux énormes expositions internationales sur deux lieux gigantesques, 88 participations nationales, soit 10 pays de plus qu'en 2011 comprenant le Kosovo, l'Angola, le Koweït, les Maldives et Bahrein). Sans compter les 47 événements collatéraux où la passion et le flair conduisent les plus tenaces et les plus aventuriers des festivaliers.
6- MURANO A LA RESCOUSSE
Le même soir, au Palazzo Cavalli Franchetti pile au débouché du pont de l'Accademia, le Liban fêtait le vernissage de son pavillon avec son artiste Akram Zaatari et son duo pétillant de commissaires, Sam Bardaouil and Till Fellrath pour son beau film grave et dépouillé, Letter To A Refusing Pilot (Arsenal). Parmi les invités du Vénitien Adriano Berengo, trublion aux lunettes rouges et initiateur de l'exposition «Glass Stress» qui associe Murano et l'art contemporain, des artistes venus du Liban comme Mona Hatoum, la femme de verre, d'Iran comme la vidéaste Shirin Neshat et son compagnon, l'écrivain, réalisateur, photographe et cinéaste Shoja Azari (présent dans l'exposition «Love Me, Love Me Not» sur l'art contemporain issu d'Azerbaïdjan et des environs). Des émissaires des institutions françaises sur la lagune, Alain Seban, président du Centre Pompidou, Françoise Pams, son infatigable directrice de communication.
7- QUAND L'ART AGRANDIT SON CERCLE
Depuis l'ouverture du Palazzo Grassi et son premier dîner de gala sous les voûtes de l'Arsenal en 2006, la Biennale de Venise a rendez-vous avec François Pinault, l'homme d'affaires et le collectionneur radical qui a planté le drapeau breton à côté du drapeau vénitien en haut de la Pointe de la Douane. Comme en 2011, le dîner de gala avait lieu le mercredi soir dans les jardins merveilleux du monastère bénédictin de S.Giorgio Maggiore (1500 convives!). Deux allées pour accéder aux hôtes de ces lieux, l'allée VIP et l'allée VIP-VIP réservée aux stars du soir. Pas question cette fois de bousculer la princesse Charlotte de Monaco, la richissime milliardaire russe Dasha Zhukova, compagne de Roman Abramovitch ou l'héritière Niarchios.
Anish Kapoor au dîner de gala de la Fondation François Pinault.
Beaucoup d'artistes bien-sûr: pantalon bleu pétrole comme toujours, Adel Abdessemed dont les Christ en fil de fer barbelé(vu) sont réaccrochés à la Pointe de la Douane après New York (David Zwirner), Colmar et le Centre Pompidou; la star de Monumenta 2011, l'artiste anglo-indien Anish Kapoor, détendu et souriant après le vernissage de sa rétrospective au Gropius Bau à Berlin; Damien Hirst, un peu atone, à la table vedette de Francois-Henri Pinault; Johan Creten le Belge qui transforme la nature en céramique baroque et Jean-Michel Othoniel, bientôt à l'honneur dans les jardins de Versailles... Tout le monde dansait au son des Mariachis (plutôt des Gitans habillés en Mexicains).
Ce soir-là, la fièvre montait grâce à Hollywood. D'abord avec Salma Hayek, tanagra ravissant et Mme François-Henri Pinault à la ville, qui accueillait chaque convive d'un sourire irrésistible. Et surtout Leonardo DiCaprio, arrivé incognito avec veste de reporter et casquette pour duper les paparazzi, qui dîna en tournant le dos (rond) aux admirateurs et aux objectifs. «Sa présence avait-elle un lien avec sa charity auction réalisée avec l'aide de Christie's?», se demandaient les pros du marché. Farouchement discrète, Ségolène Royal faisait sa première apparition dans ce contexte férocement arty. Elle refusa l'invitation d'un gentilhomme suisse qui voulut la raccompagner avec son bateau-taxi.
A côté de Jonathan Zebina, Eric Cantona, impassible, lors de la remise des prix de cette 55e Biennale de Venise.
Cette scène appartient à l’ensemble de fresques, évoquant le péché originel et la vie de saint Pierre, qui ornent, à Florence, les murs de la chapelle fondée par Pietro Brancacci, en 1386, au sein de l’église Santa Maria del Carmine (Sainte-Marie-du-Carmel). Ce cycle de peintures murales, exécuté dans les années 1424-1428, est le fruit d’une collaboration entre Masolino da Panicale et Masaccio. Il sera complété entre 1480 et 1485 par Filippino Lippi, élève de Botticelli. Les fresques de la chapelle Brancacci marquent une étape cruciale dans l’essor de la peinture florentine de la Renaissance. Elles concentrent en effet les premières applications des principes de la perspective, découverts et développés par l’architecte Filippo Brunelleschi, au début du XVe siècle. Le renouveau apporté par le langage artistique de Masaccio provient également d’une représentation attentive et minutieuse de la nature et des sentiments, traduisant en images les idées nouvelles qui vont caractériser la culture de la Renaissance et placeront l’homme au centre du monde.
Le Muséum expose cet été, au cœur de la nef de sa galerie de minéralogie, un dinosaure exceptionnel, Trix, femelle Tyrannosaurus rex – âgée de 30 ans à sa mort mesurant 12,5 mètre de long et pesant pas moins de cinq tonnes –, dont le squelette magnifiquement conservé, nous vient tout droit du Montana, où il fut découvert et exhumé en 2013 ! L’occasion de reconstituer la vie quotidienne de cet animal hors du commun, disparu il y a 67 millions d’années : son mode de vie, son alimentation, son anatomie et ses déplacements… Les chercheurs du Muséum, dans cette édition, retracent dans une fresque les contours de la vie d’un tyrannosaure sur le continent nord-américain à cette époque, la faune, la flore, les prédateurs. Fascinant ! Qu’il soit présenté au Muséum cet été n’est pas étranger au fait, qu’au même moment, un nouveau Jurassic Park fleurisse sur les écrans de cinéma.
Exposition au Muséum national d’histoire naturelle – Galerie de minéralogie, du 06 juin au 02 septembre 2018
44 pages - À paraître le 6 juin 2018 - Broché - 22 × 28.5 cm - EAN : 9791020404565
Me voilà ergotant depuis quelques jours sur le choix d'une visite du doigt de Dieu. Il s'agit bien -sûr du jugement dernier, fresque de Michel-Ange de la célèbre chapelle Sixtine. Certains se demanderont pourquoi j'hésite à aller à Rome, lieu de pélérinage artistique (et religieux).
A l'occasion de Nuit Blanche, l'Institut du monde arabe présente trois projets autour du thème de la calligraphie
Samedi 4 octobre 2014 de 19h à minuit
Une fresque géante d'eL Seed Une calligraphie lumineuse de Julien Breton Une Calligraphie arabe contemporaine de Lassaâd Metoui (Performance des trois pinceaux)
p.26:"C’est fou, mais je serais comblée si je pouvais m’asseoir et regarder la même demi-douzaine de tableaux pour le restant de mes jours. Je ne peux pas imaginer une meilleure façon de perdre la boule. »
p.115:On étudiait la poésie de Walt Whitman : Aie patience, Jupiter va surgir, reviens une autre nuit, tu verras apparaître les Pléiades, Immortelles sont ..."
p.134:"Une maison de thé parmi les fleurs de cerisiers, en route vers la mort;".
p.590:... On voit la patte du peintre, on voit la peinture pourla peinture, et aussi l'oiseau vivant.
p.592:Je préfère de beaucoup le Van Goyen, là. Qui malheureusement n'est pasà vendre. — Van Goyen ? J'aurais juré que c'était un Corot. —Vu d'ici, oui,on pourrait ...
p.734:Puis Hart Crane. Pirouette et chute, la chemise gonflée comme un ballon pendant qu'il tombait : Au revoir tout le monde ! Un adieu crié en sautant du bateau.
p.769:Il y a chez Proust, un passage célèbre où Odette ouvre la porte avec un ... jusque-là, en tombe amoureux parce qu'elle ressemble alors à un Botticelli, une fille sur une fresque légèrement endommagée.
p.784:Je voyage depuissi longtemps, tant d'hôtels d'avantl'aube dansdes villes ... par l'impermanence des hôtels :pas d'une façon banale genre Voyages et Loisirs,
p.773:« Que dire? Les grands tableaux… les gens se précipitent pour les voir, ils attirent des foules, sont reproduits ad nauseam sur des mugs, des tapis de souris et que sais-je encore. Tu peux passer une vie à aller au musée de manière tout à fait sincère, déambuler partout en profitant de chaque seconde, je me compte parmi ceux-là, après quoi tu vas déjeuner. Mais (il est revenu vers la table pour s’y rasseoir) si un tableau se fraie vraiment un chemin jusqu’à ton cœur et change ta façon de voir, de penser et de ressentir, tu ne te dis pas « oh, j’adore cette œuvre parce qu’elle est universelle », « j’adore cette œuvre parce qu’elle parle à toute l’humanité ». Ce n’est pas la raison qui fait aimer une œuvre d’art. C’est plutôt un chuchotement secret provenant des ruelles. Psst, toi, hé gamin, oui, toi. » (…). »Un choc cardiaque individuel … Ton rêve, celui de Welty, celui de Vermeer. Tu vois un tableau, j’en vois un autre, le livre d’art le place encore à un autre niveau, la dame qui achète la carte à la boutique du musée voit encore tout à fait autre chose, et je ne te parle pas des gens séparés de nous par le temps, quatre cents ans avant nous, quatre cents ans après notre disparition, cela ne frappera jamais quelqu’un de la même manière, pour la grande majorité des gens, cela ne les frappera jamais en profondeur du tout, mais un vraiment grand tableau est assez fluide pour se frayer un chemin dans l’esprit et le coeur sous toutes sortes d’angles différents, selon des modes uniques et particuliers. À toi, à toi, j’ai été peint pour toi. »
Il émane des fresques de Giotto une grâce ineffable. Les scènes de la vie de saint François dans l'église supérieure d'Assise ou les peintures de la chapelle Scrovegni à Padoue sont d'absolus chefs-d'œuvres. Avec l'artiste florentin la peinture italienne du XIVe siècle bascule vers la Renaissance. Les visages s'animent. Le mouvement apparaît. La composition s'organise. La couleur flamboie. L'humanité s'affiche. Giotto est un héros.
La jeune contrebandier, célèbre pour sa lutte auprès des plus pauvres, né à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs. Il est fêté dans sa ville natale tous les 5 ans lors d’une extraordinaire fête populaire, « les Mandrinades« , où résonne dans tous les ruelles la fameuse complainte : « Nous étions 20 ou 30, brigands dans une bande… ».
Les Mandrinades (tous les 5 ans) à St Etienne de St Geoirs. Prochain RDV en 2020 !
Louis Michel-Villaz (1843-1911)
C’est en 1883 que Louis Michel-Villaz, génie de la mécanique, bricola dans son atelier un drôle d’assemblage entre sa machine à vapeur de battage et une dynamo pour éclairer quelques rues avec des lampes à arc…avant qu’on inaugure, le 14 juillet 1886, l’un des premiers éclairages publics de France avec des lampes Edison. Ainsi, Beaurepaire peut s’enorgueillir d’être l’une des toutes premières communes de France à s’éclairer à l’électricité dès 1883!
Rose Valland (1898-1980)
Décidément ville de résistants, Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs vit naître également Rose Valland. Historienne d’art, résistante et capitaine de l’armée française d’oeuvres d’art volées par les nazis pendant et après la Seconde Guerre Mondiale. Une fresque lui rend hommage dans la ville.
Avis aux amateurs ! Pour tout savoir sur cet édifice militaire datant du 2e siècle, rendez-vous dans la salle des conférences au musée à 15h. En plus vous serez au frais !
Bonjour à toutes et à tous. Cette semaine dans les actus de la Métropole, beaucoup de culture avec le Prix Lumière dévoilé (on vous spoil pas), du Street-art à Rillieux-la-Pape et une conférence archéologiques, demain à Lugdunum ! Dans le reste de l'actualité, la chaleur est toujours bien présente : la Métropole de Lyon adapte les horaires des déchèteries et vous recommande sa carte des lieux frais ! Bon week-end !
Tim Burton, prix Lumière 2022 !
L'Étrange Noël de monsieur Jack, Charlie et la Chocolaterie, Big Fish... Vous connaissez sans doute l'un de ces films ! Le réalisateur sera présent à Lyon, du 20 au 23 octobre. Le 21 octobre, il recevra son prix. En attendant, découvrez son travail et son univers si particulier !
Alerte canicule : les déchèteries adaptent leurs horaires
La Métropole de Lyon est toujours en alerte canicule. Pour préserver la santé de ses usagers et de ses agents, les horaires des déchèteries sont adaptées. Jusqu’au lundi 25 juillet inclus, les déchèteries sont ouvertes :
de 7 h30 à 14 heures sans interruption, du lundi au samedi.
de 9 heures à midi le dimanche 24 juillet.
La déchèterie fluviale installée sur le quai Fulchiron (Lyon 5e) sera amarrée à ses horaires habituels de 9 heures à 18 heures, ce samedi 23 juillet.
À Rillieux-la-Pape, l’association Spacejunk Lyon a invité plusieurs artistes de Street-art à s'exprimer sur les murs de la Résidence Mont-Blanc, avant sa démolition en 2023. On vous emmène en images, au cœur de leurs fresques artistiques !
L’exposition culte de 1969 à Berne, When Attitudes Become Form, reconstituée à la Fondation Prada de Venise dans ses moindres détails, reste étrangement réfractaire à l’ordre. Etonnant.
Un remake d’exposition, ou une reconstitution ? C’est en tout cas une expérience insolite et complexe qui se donne à voir et à vivre à la Fondation Prada de Venise : la reprise minutieuse de l’une des plus importantes expositions de toute l’histoire de l’art, Live in Your Head, conçue en 1969 à la Kunsthalle de Berne, en Suisse, par le curateur Harald Szeemann, plus connue via son sous-titre-manifeste, When Attitudes Become Form. Pourquoi celle-là ? Parce qu’elle marqua l’avènement décisif d’un art contemporain en rupture complète avec les conceptions traditionnelles de l’art. OEuvres inachevées où le processus l’emporte sur la finition, sculptures sans socles, procédures conceptuelles, pratiques performatives, arte povera italien… Réunissant dans la Kunsthalle la crème des nouvelles avant-gardes artistiques de la fin des années 60, tandis que Daniel Buren s’y incrustait du dehors en pratiquant dans la ville de Berne une série d’affichages sauvages, When Attitudes Become Form est aussi devenue le point d’émergence d’une figure aujourd’hui majeure du paysage de l’art : celle du curateur, ou commissaire d’exposition, sorte de chef d’orchestre wagnérien qui propose sa vision de l’art.
A force, When Attitudes… est devenue une exposition tellement « culte » dans le milieu de l’art contemporain qu’une partie de ses archives a été acquise par le Getty Research Institute de Los Angeles. Et pendant ces premiers jours d’ouverture de la Biennale de Venise, nombre de professionnels de l’art (plus habitués à jouer les coupe-file qu’à faire la queue à l’entrée des musées) n’hésitèrent pas à attendre plus de deux heures dans une ruelle pour entrer dans le sacro-saint palais de la Fondation Prada.
Bien que passablement énervés, ils ne furent pas déçus du voyage temporel. Car la première décision prise par la team curatoriale formée autour d’un autre grand commissaire d’exposition, l’Italien Germano Celant, associé à l’architecte Rem Koolhaas et au photographe Thomas Demand, est d’emblée saisissante. A l’étage du palais, il s’est agi de reconstruire à l’identique et à l’échelle 1 les salles de la Kunsthalle de Berne. Cette imbrication d’un espace dans un autre est un geste fort qui crée une rupture visuelle et symbolique : les murs blanc cassé, comme un peu salis par l’art contemporain, viennent interrompre les fresques murales du palais vénitien.
Une fois téléporté dans la Kunsthalle de Berne en 1969, le visiteur se retrouve confronté aux oeuvres originellement exposées, aujourd’hui dispersées dans quantité de musées. Leur emplacement au sol ou sur les murs est aussi proche que possible de l’exposition initiale. Certaines pièces ont été, forcément, refaites pour l’exposition, tel ce carré de mur découpé in situ par Lawrence Weiner. Quand les oeuvres d’origine ont disparu, il reste au sol la trace de leur fantôme. Au passage, on remarque combien l’accrochage était dense, et l’espace serré, presque impraticable. « On n’exposerait plus comme ça aujourd’hui » est l’une des phrases les plus entendues au cours de la visite. Ainsi, cette tentative de reconstitution fait de chacun de nous une sorte d’archéologue de l’art contemporain, occupé à retrouver les traces et les origines de notre récente histoire de l’art.
L’écueil de cette adaptation « fidèle » est d’accentuer le fétichisme qui rôde autour de cette exposition déjà cultissime. Les curateurs ont ainsi poussé l’idolâtrie jusqu’à poser au sol un faux parquet ou un faux carrelage au motif semblable à celui de la Kunsthalle. Mais après tout, une reconstitution est toujours plus ou moins une fiction, une fausseté, que ce soit au château de Versailles ou dans le cas de l’exposition de Berne. On rappellera que le remake d’exposition a déjà une longue histoire, de la pratique muséale des périod rooms à la reconstitution du Cabinet d’El Lissitzky, du studio de Mondrian à Paris à la première exposition des futuristes italiens… Mais cette reprise est aussi l’occasion de mesurer les écarts entre hier et aujourd’hui. En 1969, When Attitudes Become Form fut saluée par un cercle d’initiés, dans un parfum de scandale et d’incompréhension de la part du grand public, désorienté par ces oeuvres. Une lettre de la mère d’Harald Szeemann à son curateur de fils en témoigne. Elle lui reproche, avec cette horreur d’exposition, d’avoir sali l’honneur de la famille dans la petite ville de Berne, et lui fait part de ses cauchemars, de son humeur « ganz deprimiert » à la suite des appels anonymes et des quolibets dont elle est la victime.
Mais en 2013, le contexte a changé : cette avant-garde se rejoue désormais à la Biennale de Venise (lire pp. 48-52), non pas dans un centre d’art ou un musée d’Etat mais dans une fondation privée créée par une marque de mode – autant dire un cadre à la fois événementiel et foncièrement bling-bling. Quant au public, très nombreux, il est aujourd’hui plus informé mais aussi beaucoup plus surveillé par des gardiennes de salle qui interdisent de circuler entre les oeuvres.
Voilà qui en dit long sur la réalité des temps présents, sur l’évolution de l’art, sur la puissance de l’argent dans le paysage esthétique. De ce point de vue, When Attitudes Become Form garde jusque dans son remake quelque chose d’absolument réfractaire à l’ordre, qu’il soit d’hier ou d’aujourd’hui : une radicalité sauvage.
Jean-Max Colard
When Attitudes Become Form: Bern 1969/Venice 2013 jusqu’au 3 novembre à la Fondation Prada, Venise www.prada.com/en/fondazione/cacorner#home!
« Fluctuat nec mergitur » : la devise de Paris devient un slogan de résistance
Le Monde.fr | • Mis à jour le
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« Fluctuat nec mergitur. » La devise en latin de la ville de Paris est devenue spontanément un slogan de résistance au terrorisme dans les rues de la capitale et sur les réseaux sociaux après la vague d’attentats du 13 novembre.
Cette devise, que l’on peut traduire par « il [le bateau] est battu par les flots mais ne sombre pas » a été peinte samedi après-midi en grand sur la place de la République.
"Il est battu par les flots mais ne sombre pas" : la devise de la ville de Paris a pris une signification toute particulière après les attaques du 13 novembre. MARTIN BUREAU / AFP
Un collectif de graffeurs a peint cette fresque géante de 2,50 m de haut par 12 m de large, en lettres blanches sur fond noir, sur une structure à proximité de la statue de bronze, point de ralliement de nombreux anonymes qui venaient jusque tard dans la nuit rendre hommage aux 129 victimes des attaques de la veille, en y déposant bougies et fleurs.
« On a eu cette idée ce matin [samedi], on s’est dit que c’était bien de rappeler cette devise aujourd’hui, alors on s’est vite réunis », a raconté Chaze, artiste membre de la « Grim Team », à l’AFP. « On a grandi à Paris et on voulait montrer qu’on était toujours là […] que c’est une ville qui a encore de la puissance », a renchéri un autre membre du collectif rencontré sur place.
Réappropriation
La devise, qui fait écho au bateau présent sur le blason de la capitale, a également été reprise par le dessinateur de bande dessinée Joann Sfar, dans un croquis publié sur son compte Instagram, avec ce navire naviguant en eaux troubles, sous cette légende : « ça signifie merde à la mort ».
Sur Twitter, de nombreux internautes se sont eux aussi réapproprié avec fierté cette devise, comme un appel à résister à la terreur.
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En 1877, Joseph Schreiber fuit la Prusse pour s'installer à Paris comme représentant de commerce. Il emménage à la cité Trévise, dans le quartier allemand de la capitale française. Quelques semaines plus tard, il invite sa jeune épouse, Clara, à le rejoindre. Les affaires marchent bien, mais Joseph ne veut pas se résoudre à arpenter le pavé parisien. Il cherche une grande idée qui ancrera sa famille dans la bonne société et fera de ses trois fils des citoyens respectés. Joseph songe à créer un bulletin qui rendrait compte du commerce et de l'importation. Mais il n'a pas le temps de mettre son idée en forme, car il meurt dès le début du XXe siècle, laissant Clara veuve avec ses trois enfants...
25/11/2009 à 20H35 sur
Durée : 90min. Genre : Téléfilm - Drame Origine : Fra. 2008. Stéréo. Réalisation : Sébastien Grall. Scénario : Jacques Forgeas Distribution : Hanna Schygulla (Clara), Jérôme Kircher
En été 1914, Théophile Maupas, instituteur de campagne, est mobilisé et rejoint le front. Des tranchées, il écrit de longues lettres à son épouse, Blanche, institutrice elle aussi. Début mars 1915, elle reste sans nouvelles pendant plusieurs jours, avant d'apprendre que Théophile a été fusillé pour l'exemple avec trois de ses camarades car ils auraient refusé, avec d'autres soldats, de monter à l'assaut. Blanche comprend aussitôt qu'on lui ment et décide de mettre au jour la vérité. Seule, elle recueille des témoignages et cherche des preuves. Elle veut que l'Etat reconnaisse sa culpabilité et réhabilite son mari. Peu à peu, elle mobilise l'opinion...
Le 18 mai dernier, un dessin inédit de Michel-Ange a été vendu aux enchères chez Christie’s, à Paris, pour plus de 23 millions d’euros. Un record pour l’artiste, même si la somme est inférieure à l’estimation fixée à 30 millions.
« Un homme nu et deux figures derrière lui» est un dessin de Michel-Ange datant du XVème siècle. Mise sur le marché en 1907, elle a été vendu sous la classification « École de Michel-Ange ». Ce n’est qu’en 2019 que son authenticité a été attribuée au célèbre peintre et sculpteur italien. Elle fut, dans la foulée, déclarée trésor national pour le patrimoine français.
Cette disposition a toute son importance. Car elle interdit la sortie du territoire national pendant trente mois, ce qui donne à l’État français et ses musées l’opportunité de l’acquérir. Toutefois, aucune offre n’ayant été proposée, l’œuvre a été, ces deux dernières années, présentée aux collectionneurs à Hong Kong et à New York, avant sa vente.
Des traits aux angles bien particuliers
Ce dessin serait, selon la maison Christie’s, le premier nu réalisé par le maître florentin. Sur une feuille aussi grande qu’un A4, on découvre un homme au corps sculptural, debout, les bras croisés sur le torse. Il est dessiné, avec puissance, à la plume et à l’encre brune. Ces traits forts le mettent en évidence, en comparaison des deux silhouettes qui l’entourent, plus claires, aux lignes moins denses. D’après la maison de vente, celles-ci auraient été ajoutées bien plus tard.
L’amour du corps humain, une passion devenue marque d’exception
Michel-Ange est connu pour être un des seuls artistes de son époque à savoir dessiner l’homme aussi parfaitement. Il a passé sa vie à observer et représenter le plus fidèlement possible chaque courbe, chaque muscle du corps humain. Ce nu serait donc que le premier d’une longue série.
À droite, on y remarque un homme courbé. Il serait le modèle de base de Michel-Ange qui aurait modifié la position des jambes et des pieds mais également, accentuer la musculature.
Un homme nu qui vaut des millions
L’œuvre s’est adjugée à plus de 23 millions d’euros au terme d’une heure. Cependant, cette somme est inférieure à son estimation établie à 30 millions d’euros.
Ce dessin est, à lui seul, un record : il est l’œuvre de Michel-Ange la plus chère jamais vendue aux enchères. Il détrône ainsi le précédent record du peintre florentin. En effet, en 2000, « le Christ de la Minerve » s’est vendu pour l’équivalent de 9,5 millions d’euros.
Michel-Ange a découvert l’amour pour la pierre dès l’âge de 6 ans. Néanmoins, lorsqu’il partage, avec son père, son désir d’apprendre l’art, il se heurte à son incompréhension.
Pourtant, il n’abandonne pas. Il construit, sans relâche, une carrière complète, excellant dans divers domaines artistiques. Mais, alors qu’il a l’admiration des intellectuels et des artistes du XVème siècle, son audace n’a pas toujours été appréciée, comme pour sa représentation du « Jugement dernier » dans la Chapelle Sixtine, œuvre choquante selon l’église, fresque qu’elle décide de recouvrir.
Michelangelo Buonarroti fascine, lui qui s’est toujours refusé de faire des portraits. Il avait horreur de « copier une personne », sauf si elle était d’une incroyable beauté. Sachant cela, admirer ses œuvres prend une autre saveur, celle de l’émerveillement.
Du 13 mars au 21 avril 2012, les Archives municipales présentent « le 7e fête ses cent ans». Pour marquer l’anniversaire de l’arrondissement, cette exposition vous invite à voyager à travers 100 ans d’Histoire, qui ont inspiré les artistes de Cité Création dans la réalisation de « la Fresque du centenaire ».
En 2012, le 7e fête ses 100 ans. L’exposition présentée aux Archives de Lyon revient sur l’histoire de cet arrondissement et de ses habitants, en mettant en parallèle des extraits de la Fresque du centenaire, peinte sur les murs de la gare Jean-Macé, et des documents d’archives, tels que des plans, des cartes postales et des photographies. Chacun des panneaux présentés invite à revivre, comme des zooms tout en images, les points forts de l’histoire de l’arrondissement créé par la loi du 8 mars 1912 : de l’évolution du quartier de la Guillotière, du quartier de Gerland, des ponts, des ports…, à la transformation des quais du Rhône et des grands projets à venir.
L’exposition a vocation à être itinérante, et prendra place tout au long de l’année dans des lieux emblématiques du 7e arrondissement. Elle fait écho à la présentation de la Fresque du Centenaire.
Conférence : L'inventaire de Lyon dans le 7e arrondissement : quartier de la Guillotière et patrimoine industriel par Catherine Guégan, Catherine Guillot et Nadine Halitim-Dubois, Service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de la région Rhône-Alpes Lundi 26 mars - 18h30
KEITH HARING REVIT AU MUSÉE D'ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS. Le «street artist» qui dessinait dans le métro et suivait son trait comme un danseur, retrouve toute son énergie vitale dans cette rétropspective spectaculaire qui devrait galvaniser Paris jusqu'au 18 août. Beaucoup de pièces inédites ou très peu montrées dans cette rétrospective qui ne ressemble à aucune autre et qui fait bouillir le sang dans les veines du visiteur. Des bâches immenses volées aux chantiers aux dessins à la craie sur papier noir, -premières offensives interdites dans le métro new-yorkais -, des paravents précieux porteurs de graffiti aux totems amérindiens qui racontent la ville moderne, des sculptures de l'art classique détournées en icônes fluos aux storyboards qui décryptent la violence policière en fait divers, c'est une démonstration picturale radicale. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
Suite à une mise en demeure, je supprime ces photos
DES PRÊTS PRINCIERS VENUS DU MONDE ENTIER. Dès le hall d'entrée du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, l'accent est mis sur la taille héroïque des œuvres. Eli Broad, le géant des affaires californien, mécène du LACMA comme de Versailles, qui ouvrira l'an prochain, à Los Angeles, son tout nouveau musée privé signé par l'agence d'architectes Diller Scofidio + Renfro , a prêté son immense Untitled (457,2 x 701 cm), peinture vinylique sur bâche vinyle de 1983 sortie des réserves de The Broad Art Foundation, Santa Monica. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
DES BÂCHES VENUES DU MONDE DES TRAVAILLEURS. «Keith Haring, The Political Line», promettent les commissaires de l'exposition, Dieter Buchhart et Odile Burluraux. Prendre la matière première directement dans la rue, opter pour les couleurs industrielles comme celles des «trucks», ces camions américains immortalisés par le jeune cinéaste Steven Spielberg dans Duel (1971), dessiner de façon impulsive en homme pressé, occuper tout le champ de l'image entre fresque, tract et BD pour parler de l'homme, de l'individu innocent que la société cherche à contenir, à maîtriser, à dominer, quitte à lâcher sur lui les chiens, symboles des violences policières. Cette synthèse des signes de Keith Haring vient de la collection Bischofberger, grand galeriste suisse. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
DES DÉBUTS PÉTARADANTS. Dès la première salle du Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, cette exposition vise à réunir d'emblée le fond et la forme. Elle frappe fort en reconstituant l'exposition première de ce diable du dessin chez Tony Shafrazi à NewYork, à l'aube des années 1980. Tout le vocabulaire graphique de Keith Haring, tous ses thèmes graves (liberté contre autorité, droits contre abus, amour contre viols) , toute sa main dansante qui n'hésite pas et qui choisit de faire baver la peinture comme dans l'Action Painting, bref tout son art direct, séduisant, militant, est déployé là, sous vos yeux. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
MÊME LA PRINCESSE D'ABOU DHABI EST SÉDUITE. Dans l'axe de la première enfilade de salles, en haut des marches qui forment un piédestal, trône ce très grand format de 1982 (365,7 x 375, 9 cm), baptisé - comme presque toujours dans l'œuvre de Keith Haring - Untitled. Symbole de l'homme que les loups dévorent mais n'anéantissent pas. Il fait la couverture du catalogue et l'affiche solaire dans les rues de Paris. Le commissaire autrichien Diter Buchhart assure que ce n'est pas parce qu'il provient de la collection de Sheikha Salama bint Hamdan Al Nahyan, membre de la famille régnante d'Abou Dhabi. C'est le directeur du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Fabrice Hergott, qui a obtenu ce prêt venu du pays de l'or noir. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
LES CLASSIQUES DE L'ART BRILLENT EN FLUO DANS LE NOIR. Keith Haring a grande connaissance de l'histoire de l'art. Et s'il s'approprie la Statue de la Liberté, le David de Michel-Ange ou la Petite Sirène de Copenhague (Mermaid, 1982, collection particulière) en couvrant les copies en plâtre d'émail fluorescent et de marqueur aux couleurs criardes, de signes quasi magiques comme une incantation urbaine et en leur rajoutant des lunettes (comme lui!). Une salle spectaculaire plonge le visiteur dans le noir pour que ressortent le fluo hallucinogène de ses compositions furieusement pop. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
MICHEL-ANGE FAIT LA MOUE. Derrière le profil de la Renaissance transformé en figure de proue de navire ou en drag queen flashy, une immense acrylique et émail sur toile (304,8 x 457,2cm) fustige le capitalisme qui se goinfre comme une truie, dévorant un flot verdâtre et uniforme d'objets de la consommation, TV, ordinateurs, écrans, dollars, masque à gaz, radios et téléphones. Les rescapés de cette orgie monstrueuse tête ses flans comme des puces sur un chien. Ieronimus Bosch n'est pas si loin! Piquant de l'histoire, cette pièce de musée, plus que chère, vient de la Broad Art Foundation. Soit de la collection d'Eli Broad, grand capitalisme à la californienne! Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
L'INSPIRATION MAYA EST GIGANTESQUE. C'est un choc que de découvrir ces énormes terres cuites qui s'inspirent des plus anciennes civilisations d'Amérique dites «pré-contact». Reprenant les codes de la poterie précolombienne, jouant sur les frises des héros vaillants où il fait courir ses chiens assassins et ses victimes lestes, leur rendant hommage par cette taille héroïque (260 x 162,5 x 162,5 cm!) digne d'Alien et autres films de science-fiction qui s'interrogent sur l'origine de la civilisation et sa chute, Keith Haring revendique un message politique clair et un héritage artistique certain (Untitled (Tinaja), encre sur vase en terre cuite de 1982-1983, collection particulière courtesy Enrico Navarra, New York). Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
AUTOPORTRAIT DE L'ARTISTE À LUNETTES. C'est presque vers la fin de l'exposition que l'on tombe sur ce tableau étrange, sorte de cartoon géant (Untitled (Self-Portrait), 1985, collection particulière). Le visage émacié, l'œil qui s'évade du cadre, les lunettes bien identifiées, le visage constellé de points comme la trame d'un Lichtenstein, les poils sur la poitrine, Keith Haring se représente sexué, vivant, méditatif à 5 ans de sa mort du sida en 1990 à New York. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
LE TOTEM DU SEXE. Jouir sans entraves, le slogan colle à l'œuvre de Keith Haring, homosexuel assumé qui peuple son univers d'hommes, d'amants mais aussi de violeurs, de sexes dressés, de préservatifs, sans que ce ne soit jamais vraiment agressif à l'œil. Ce totem sorti de la collection de la Keith Haring Foundation renvoie à l'héritage perdu des Indiens d'Amérique, massacrés par les colons blancs qui voulaient leurs terres avec toute leur bonne conscience, dans une conquête de l'Ouest que l'histoire a revisitée. The Great White Way culmine à 4,27 m et fait la somme de toutes les épreuves et les joies de la condition humaine. Hommes enchaînés ou anges libérateurs, femmes enceintes ou Mister Dollar, chiens aveugles comme l'abus de pouvoir ou sexe triomphant des libertaires new-yorkais, panoplies d'armes à l'américaine et rose chair du monde occidental. Tout est dit. Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/Le Figaro
Keith Haring n'est pas mort à New York en février 1990, à 31 ans, des suites du sida. Il vit et travaille à Paris, comme le veut la formule consacrée de l'art. Star subversive du street art, ce dessinateur-né a été fêté dans un tourbillon de musique, de happenings et d'œuvres qui se répondent en un langage nouveau, signalétique et direct comme un feu vert à Manhattan. Comme tous les peintres au musée, il reste jeune pour l'éternité. Énergumène aux cheveux frisottés et aux grosses lunettes rondes de clown, il regarde en dehors du tableau, comme à la recherche d'une ligne de fuite (Self-Portrait, 1985). Le Musée d'art moderne de la Ville de Paris est littéralement balayé par le souffle décapant de cet artiste grave derrière l'éclat de la couleur et virtuose derrière la simplicité du trait qui danse. Un choc visuel, tout en messages, en questions et en émotions.
Une énergie vitale transporte cet ensemble jamais réuni de quelque 250 œuvres, bâches, dessins, tableaux, céramiques et autres totems géants parcourus par cette nouvelle langue des signes. On monte à plus de 360, si l'on isole chaque élément des nombreuses séries historiques exposées (Storyboard, spectaculaire accrochage, dès la première salle, qui reconstitue l'exposition clé chez Tony Shafrazi à New York en 1980). «Qu'est-ce que cela change?», s'interroge-t-on en lisant la longue liste des expositions monographiques qui ont porté Keith Haring, mort ou vif, du Pittsburgh Center for Arts (1978) à la Kunsthalle de Vienne (2010), du Ludwig Museum de Budapest au Musée d'art contemporain de Lyon (2008). Ou, plus prosaïquement, des enchères de New York à la dernière foire d'Art Basel Miami Beach.
Chaque pièce de son œuvre est porteuse d'un message directement politique
Dieter Buchhart
«Tout simplement la mesure de l'artiste», souligne Fabrice Hergott, pas fâché que son musée rende sa taille héroïque à ce prince du street art. Keith Haring est souvent résumé à sa formule pop, à un tee-shirt rouge ou noir sur lequel figurent un bébé rayonnant, un chien qui aboie, un corps transpercé d'un soleil, une soucoupe volante des années 1950, un cœur avec deux croix, un sexe dressé comme une arme (son Pop Shop fut l'adresse miraculeuse au 292 Lafayette Street à Soho). Tout un codex apparemment gai - dans les deux acceptions du terme - qui semblait emprunter à la fureur de vivre des années 1980 à Manhattan, avant l'hécatombe de la drogue et du sida (à déguster, le polaroid de Madonna, si jeune et fraîche sous sa perruque rose de japonaise). C'est tout le propos de cette rétrospective bluffante par sa réunion de famille in extenso, les leçons sous-jacentes qu'elle en tire visuellement… Et les prêts princiers qu'elle a obtenus: tableau phare mis en couverture du catalogue, le héros traversé par les chiens, peint sur une bâche jaune soleil en 1982, est prêté par la Sheikha Salama Bint Hamdan al-Nayan, autrement dit la famille régnante d'Abu Dhabi!
Prévenez les allergiques à l'esprit clairement engagé: Keith Haring, c'est politique. Le point de départ des commissaires de cette exposition «Keith Haring. The Political Line», Dieter Buchhart et Odile Burluraux, n'est pas une théorie fumeuse de plus. Tout est là, dans le cadre. «Chaque pièce de son œuvre est porteuse d'un message directement politique, analyse Dieter Buchhart. Au sens de l'individu dans l'espace public. Pour la liberté d'expression avec sa série de dessins à la craie dans le métro de New York. Pour le droit d'être différent et heureux avec tous ses dessins qui célèbrent l'amour libre. Contre l'homophobie, mais aussi le racisme aux États-Unis et la ségrégation en Afrique du Sud. Contre le capitalisme et ses excès d'esclavagiste.»
Prévenez les parents, soucieux d'une enfance à jamais innocente: Keith Haring, c'est sexe. Comme chez son compatriote Robert Crumb. Le plus souvent entre hommes (Safe Sex, acrylique sur toile fort explicite, 1985), les femmes étant plutôt réservées à la maternité ou à la conception du monde, tota mulier in utero. Parfois - et c'est le plus terrifiant de ces fresques primitives si pimpantes avec leur rose, leur vert salade, leur mauve psychédélique - entre victimes et bourreaux, duels cruels entre chiens et loups (énorme diptyque de 1984 aux chiffres de l'Apocalypse, 666, qui sublime les défunts en anges parmi les ovnis).
Prévenez les sceptiques: Keith Haring, c'est géant. Par les formats, par la variété des matériaux, de la voiture à l'énorme céramique maya, par la déclinaison du signe, joyeux, vivant jusqu'à la mort, atroce punition de la condition humaine.
Par contre, il y a beaucoup de « joueurs de carte »
Et celui qui a vendu un tableau de Cézanne
Sur ce thème a touché le jackpot : un record
Picasso a peint une « partie de cartes » cubiste
Le « jeune homme » de Chardin jouant aux cartes
Est bien joli et rougissant : est-ce le signe d’une triche
Comme il l’est chez moi du mensonge ?
Chez Fernand Léger, les cartes sont mélangées
Pour une partie cubiste bleu, jaune et rouge.
Les « Joueurs de cartes » d’Otto Dix étudiés
Au brevet des collèges sont de terrifiants gueules cassés
Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de hasard dans l’amour
D’un autre côté, si on ne joue pas, on ne touchera jamais le jackpot
Quant à la jouissance, on peut la trouver par hasard, sans expérience
Mais les jeux et la pratique la décuplent ; je vous conseille la « Madone érotique »
De Munch : un jeu sur la sacralité de la Madone, nue et offerte
Le Vésuve n’a pas détruit les fresques osées des villas de Pompéi
L’érotisme n’est pas né avec la pilule, on faisait l’amour avant elle
On ne trouve pas l’amour si on le cherche, mais la jouissance se teste
Regardez des tableaux de Delvaux, des dessins de Rodin, de Schiele
Et cherchez votre jouissance, l’amour lui arrivera en temps et en heure
Pas sur un cheval blanc, le prince charmant n’existe ; vous aurez
L’amour que vous méritez, impur et imparfait mais sexuel.
4 avril 2017
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