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Catégories : La littérature

Un livre pour éliminer le chagrin: «Le Club des Incorrigibles Optimistes»

Par Laurence Legoupil

«Pour éliminer le chagrin (conseille Sacha au jeune narrateur du roman), il y a trois remèdes. Il faut manger. Un bon repas, des gâteaux, du chocolat. Ensuite écouter de la musique…Il y a peu de chagrins qu’un moment avec Chostakovitch n’ait pas effacés, même quelques minutes. Le troisième remède, c’est le cinéma. Une journée complète. Trois ou quatre films d’affilée. Là, on oublie tout.» (p 516)

J’ajouterai un quatrième remède: lire le roman dont ces lignes sont extraites.

Le Club des Incorrigibles Optimistes est le premier roman d’un homme d’environ soixante ans qui se nomme Jean-Michel Guenassia.

C’est un livre rare dans la production littéraire française parce ce qu’il est à la fois incroyablement romanesque et dans le même temps c’est une restitution très précise d’une époque et des évènements qui l’ont marquée.

Jean-Michel Guenassia fait le portrait de cette époque à travers l’éducation sentimentale et politique d’un jeune garçon, entre 1950 et 1964 à Paris.

Tous les grands évènements de ces années là vont traverser la vie du garçon: la guerre d’Algérie qui va lui enlever son frère et son ami, le régime de terreur des pays de l’est qui font émigrer en France des hommes luttant pour rester en vie, la position des grands intellectuels français (Sartre et Camus) par rapport au communisme, le procès des blouses blanches en Russie, le passage à l’Ouest de Noureev, la répression du soulèvement hongrois….

 

Mais il y aussi l’arrivée du rock, les parties de baby-foot, la cinémathèque et les filles dont il tombe amoureux.

Le garçon, le petit Michel, va rencontrer dans l’arrière-salle d’un bar auvergnat (Le Balto), un groupe de réfugiés des pays de l’Est, qui y fonde un club d’échec aux règles très surprenantes.

 Pourquoi ce titre, Le Club des Incorrigibles Optimistes? Parce que dans ce club d’échec, il n’y a que des «survivants»: «Ils n’avaient rien, ils n’étaient rien, ils étaient vivants. Chez eux, ça revenait comme un leitmotiv: «on est vivants et on est libres». Comme me le dit un jour Sacha: «La différence entre nous et les autres, c’est qu’ils sont des vivants et nous des survivants. Quand on a survécu, on n’a pas le droit de se plaindre de son sort, ce serait faire injure à ceux qui sont restés là-bas.»(p 96).

Le romanesque du livre tient en partie au fait que chacun de ces hommes a une histoire incroyable, qui va nous être contée au fur et à mesure du livre. Leurs vies sont extraordinaires: leurs amitiés, leurs amours, leurs combats, leur humour et leurs engueulades …rien n’est banal chez ces hommes-là et en dépit de leur déchéance sociale ils gardent un certain optimisme et ne cessent de s’entraider.

Il y a aussi des épisodes amoureux, des trahisons cachées, des mystères qui ne seront élucidés qu’à la fin. Comme dans le Comte de Monte-Cristo de Dumas, on passe d’un rebondissement à l’autre, c’est une lecture jubilatoire et comme toujours avec les vrais bons livres on est triste de les terminer.

Le Club des Incorrigibles Optimistes de Jean-Michel Guenassia (Editions Albin Michel)

http://livres.blogs.liberation.fr/livres/2009/10/-un-livre-pour-%C3%A9liminer-le-chagrin-le-club-des-incorrigibles-optimistes-.html

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