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Catégories : Nerval Gérard de

Bohèmes en proses, quand Paris était conté

 Le livre de Jean-Jacques bedu entraîne le lecteur vers ce Paris perdu du XVIII e et du début du XIX e siècle quand quelques extravagants écrivaient la légende de Montmartre ou du quartier latin.

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Sous la plume de Jean-Jacques Be du, cette bohème-là n'a rien de pénible, qu'elle paraît douce, empreinte de magie cette bohème-là.
Elle avait pour décors le Paris des années 1830 à celui des années 1930. Paris ? Disons plutôt le triangle des âmes perturbées, formés par Montparnasse, Montmartre et le quartier Latin, trois hauts lieux de la bohème de l'époque.
"Bohèmes en prose", c'est un panorama de lieux recomposés, de personnages aussi baroques que merveilleux, c'est un amoncellement d'anecdotes invraisemblables et pourtant bien réelles.
Grâce à une bibliothèque

aussi riche que volumineuse, constituée notamment lors de l'écriture de son"Francis Carco", l'écrivain perpignanais a pu reconstituer le Paris des bohèmes, mais surtout a-t-il retrouvé des personnages truculents que l'histoire avait presque oubliés. Oh, les Modigliani, Picasso de la belle époque ou autres de Nerval ne sont certes pas oubliés mais il y a les autres, ceux qui, moins connus, ont fait connaître les maîtres. Par leur extravagance, leur verve ou souvent par leur générosité. Car comment vivre pleinement la bohème si votre route ne croise pas celle d'êtres désintéressés ? Ainsi parmi les personnages (re) mis en scène par Jean-Jacques Bedu, notons l'extraordinaire Ernest Cabaner. Un nom dont la seule consonance devrait interpeller chaque habitant des Pyrénées-Orientales. Eh oui, Ernest Cabaner était un authentique Catalan. Exilé volontaire dans la lointaine capitale, ce musicien était très certainement le personnage le plus loufoque qui ait arpenté les rues de Paname du XIX e siècle. Qui se souvient encore qu'il fut l'amant de Rimbaud ? Doté d'une certaine aisance financière, il était l'un des seuls bohèmes à posséder un toit, mais d'un allant généreux, à la fois coeur d'or et naïf, il lui arrivait pourtant bien souvent de dormir sous les ponts. Dans sa gentillesse, il donnait les clés de chez lui a qui en avait besoin, résultat, il arrivait très régulièrement que toute la maison soit occupée par des bohèmes de tous vents. Il ne lui restait plus alors qu'à rejoindre la cloche.
Ainsi défilent au fil des pages, des dizaines d'anecdotes et une trentaine de personnages ou de lieux, des peintres ou des poètes qui ont marqué leur passage de leur empreinte. Le Café Vachette, le Bateau-Lavoir ou la Rotonde reviennent à la vie.
Même l'histoire de ce livre vaut le détour, prévu initialement pour être publié aux éditions du Rocher, le manuscrit traîna quelques mois dans les bureaux, assistant à la valse des nouveaux directeurs de collections. Lassé, Jean-Jacques Bedu le proposa alors à Grasset. Et le "oui" fut presque immédiat. On lui demanda seulement de réduire quelque peu le volume par trop exigeant du manuscrit original. Ce qui fut fait "et le livre en a gagné en richesse", conclut l'écrivain en toute modestie malgré sa toute nouvelle adoption chez le pape des éditeurs...

Guy Bosschaerts

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