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Catégories : Des expositions

J'ai aimé hier:Lyon, capitale du noir : d’Edmond Locard au polar

EVENEMENT - En créant un festival de polar en 2005, Lyon acceptait de passer aux aveux, d’assumer enfin sa face obscure. Derrière les douces couleurs florentines de ses bords de Saône, la ville longtemps perçue comme bigote et bourgeoise cache un passé très noir. Avant Marseille, Lyon a accueilli les heures du grand banditisme avec la Bande à Bonnot, la révolte des prostituées, l’assassinat de Sidi Carnot et d'un juge français. Sa topographie, son histoire, son pseudo-goût pour le secret et l’ésotérisme, ses banlieues dites explosives, la renommée de sa médecine, la médiatisation de son appareil policier et judiciaire, la présence d’Interpol… alourdissent encore son casier judiciaire. Enfin, dernier élément à charge, il y a cent ans, Edmond Locard créait le premier laboratoire de police scientifique dans les combles du palais de justice de Lyon. La 6e édition de Quais du Polar coïncide avec la célébration du premier criminologue au monde, le 1er « expert » qui a inspiré tant de séries américaines…

« Il est impossible à un homme d’agir, et surtout d’agir avec l’intensité que suppose l’action criminelle, sans laisser des traces de son passage » et en emporter avec lui. C’est sur ce principe de bons sens, énoncé pour la première fois par Edmond Locard au début du XXe siècle, que repose aujourd’hui encore le travail de la police scientifique. « Tout le fonctionnement de nos laboratoires s’appuie sur ce principe de l’échange, omniprésent » confirme Frédéric Dupuch, directeur de l’Institut national de police scientifique (INPS) basé à Ecully, près de Lyon.

En 1910, Edmond Locard crée dans les combles du palais de justice de Lyon le premier laboratoire de police scientifique. A l’époque, il dispose pour tout matériel d’un bec bunsen et d’un microscope ; et pour tout personnel d’un garde champêtre et d’un gardien de la paix. Inspiré par les aventures de Sherlock Holmes et formé par le légiste Lacassagne, ce « cher Locard » met au point des techniques d’expertise basées sur la toxicologie, les empreintes digitales, la physique chimie puis la balistique.

Cent ans plus tard, l’INPS regroupe 6 laboratoires, 650 personnes et traite chaque année plus de 200 000 dossiers. Les disciplines ont évolué, de nouvelles sont apparues : les stup’, les traces technologiques et bien sûr la biologie génétique, « un raz de marée, un bouleversement profond » souligne Frédéric Dupuch. C’est à partir du fichier national ADN, implanté à l’INPS, que sont confondus de nombreux délinquants ou criminels. Edmond Locard a donc laissé une forte empreinte sur la police scientifique. Au point que les séries américaines lui rendent régulièrement hommage. « Vous avez été trahi par Edmond Locard » lance Horacio Caines dans un épisode de la série « Les Experts, Miami » (TF1). Mais attention, un expert scientifique n’est pas un enquêteur insiste Frédéric Dupuch, pour qui les séries américaines entretiennent la confusion.

« La vérité scientifique est au service de la vérité judiciaire ; l’apport d’Edmond Locard a été d’imaginer que la police scientifique devait être à disposition de la loi » explique Jean-Olivier Viout, procureur général de la Cour d’appel de Lyon. Pour le magistrat, cet apport est « capital » car grâce à lui, « la religion de l’aveu a disparu » au profit de preuves tangibles. « C’est une sécurité pour les magistrats » poursuit Jean-Olivier Viout qui rappelle que « des gens ont été innocentés grâce à des preuves scientifiques venues en appui de la preuve judiciaire ».  

A partir d’aujourd’hui, une exposition aux Archives municipales de Lyon rend hommage à l’expert lyonnais. « Empreintes d’Edmond Locard » met notamment en lumière des affaires emblématiques traitées par le scientifique. En 1910, le coupable du vol de la rue Ravat (Lyon 2e) est identifié par Locard à cause de ses empreintes digitales ; il est le premier dans l’histoire judiciaire à être condamné sur cette seule preuve. Autre illustre affaire – qui inspira le film Le Corbeau de Clouzot – Edmond Locard démasque, en 1922, le corbeau de Tulle grâce à ses expertises graphologiques.

L’ombre d’Edmond Locard planera également sur le festival Quais du polar qui démarre aujourd’hui à Lyon. Ce festival international de littérature policière présente la diversité de l’actualité du roman noir à travers une cinquantaine d’auteurs invités. Des stars internationales du genre : les britanniques Mo Hayder et Ian Rankin, l’américain Don Winslow, le sud-africain Déon Meyer ou la russe Julia Latynina côtoient les signatures françaises Franck Thilliez, Maxime Chattam ou Dominique Manotti. Véritable « fête autour du noir”, l’événement, gratuit et ludique, ne se cantonne pas à la littérature. Tout le week-end, 70 rendez-vous (cinéma, expositions, lectures, théâtre, jeux de piste) sont proposés dans toute la ville, avec pour QG le Palais du commerce.

Anne-Caroline JAMBAUD

Empreintes d’Edmond Locard, jusqu’au 13 juillet aux Archives municipales de Lyon. www.archives-lyon.fr

Quais du polar, du 9 au 11 avril. Palais du commerce (Lyon 2e) et dans toute la ville. www.quaisdupolar.com

http://www.libelyon.fr/info/2010/04/lyon-capitale-du-noir-dedmond-locard-au-polar.html

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