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Catégories : Des expositions, Le paysage

Rêves d'Arcadie au Grand Siècle

Par Eric Bietry-Rivierre
15/03/2011 | Mise à jour : 14:34 Réagir

Annibal Carrache, Paysage fluvial. (Ph : Kress Collection / National Gallery of art. Washington)
Annibal Carrache, Paysage fluvial. (Ph : Kress Collection / National Gallery of art. Washington)

C'est à Rome, de Carrache à Poussin, que le paysage devient un genre majeur. Une nature idéale s'invente. Ordonnée, morale et résolument heureuse.

Si l'on veut se faire une idée du paradis au XVIIe siècle, cette promenade en quatre-vingts tableaux et vingt dessins romains est idéale. Venus majoritairement du Louvre et du Prado, voilà des paysages plus pensés que rêvés. Où tout n'est qu'ordre, sérénité, douceur et raffinement. De Carrache, qui met au point la formule, à Poussin et au Lorrain, l'Arcadie apparaît dans une éternelle après-midi de printemps. Aucune pluie, bien que la campagne soit toujours verte. Sous de grands ciels à nuances nuageuses, rivières et chemins ondulent vers les cimes bleutées des lointains profonds. Les arbres donnent l'ombrage autant que la distance. En chemin, on croise à peine un gamin ayant renversé le vin d'un pique-nique ou quelque noble compagnie à jamais alanguie. Dieux et les héros sont plus fréquents, mais ils tendent également à l'anecdote. Eux aussi semblent bercés par le charme des lieux. Ils oublient de combattre, préfèrent s'ébaudirent. Ce sont désormais les collines, les vallées et les plaines qui incarnent l'harmonie supérieure. Bien sûr, on voit aussi des villes. Mais elles sont loin, ou bien tellement monumentales qu'elles passent pour des panthéons. Nobles vestiges antiques à l'agitation éteinte et palais aériens à peine peuplés s'agencent ainsi, comme autant de décors de théâtre sur des sites idoines. Leurs volées de marches cascadent élégamment vers la grève. Comme les rochers et les clairières, de tels rivages viennent aussi bien des Flandres que des bords de l'Adriatique ou de la Méditerranée. Chez le Lorrain, ils conduisent à un nouveau point de fuite : le soleil couchant qui rosit et aveugle le présent. Par-delà, on soupçonne pourtant l'infini et la dissolution des formes. ­Turner, Monet, Cézanne…

Vestiges madrilènes palais du Buen Retiro

 

Dans ce palais bâti à Madrid pour les plaisirs de la cour de Philippe IV (dont ne subsistent que les jardins s'ouvrant sur le Prado), la décoration était époustouflante. Les plus grands artistes européens y contribuèrent. L'avant-dernière salle de l'exposition réunit dix éléments qui s'intégraient entre les fenêtres des galeries. Ils sont dus à Nicolas Poussin et à Claude Gellée, dit « le Lorrain », qui participèrent à deux séries commandées en Italie : l'une sur l'histoire de la Rome antique, l'autre sur les retraites contemplatives des grands anachorètes.

Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600-1650, Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower (VIIIe). Entrée Clemenceau. Tél. : 01 44 13 17 17. Horaires : tlj sf mar., de 10 h à 20 h, mer. jusqu'à 22 h. jusqu'au 6 juin. Cat. : RMN, 288 p., 39 €.

 

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