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Catégories : La littérature, La télévision

«Défendre le livre dans une période où il est menacé»

Par Philippe Larroque, Hélène Reitzaum Mis à jour le 24/10/2012 à 14:03 | publié le 23/10/2012 à 17:09
 
Invité du Buzz Média Orange-Le Figaro, François Busnel, présentateur pour une cinquième saison du magazine «La Grande librairie» sur France 5, considère que la diffusion de son émission littéraire en prime time est un «atout».

 

 

LE FIGARO (@Philarroque) - «La Grande librairie» (@GrandeLibrairie) sur France 5 tous les jeudis à 20h35, «Le Grand entretien» sur France Inter tous les jours à 17h, la direction de la rédaction du magazine Lire… Vous vous imposez une discipline de fer?

François BUSNEL - Il est vrai que l'on ne peut pas faire cela sans discipline. Mais la première discipline, c'est la passion. Vu de l'extérieur, on a l'impression que je suis partout, que je cumule ; en réalité, il ne s'agit que d'une seule et même activité qui consiste à défendre le livre dans une période où il est particulièrement menacé. Aller le défendre à la radio, à la télé ou en presse écrite, si on s'organise plutôt bien, on en sort indemne!

«La Grande librairie» est diffusée en prime time, carrefour d'audience très disputé. Est-ce toujours un atout?

Non seulement c'est un atout, mais c'est là qu'il faut être diffusé. Car plus vous êtes tard, plus vous touchez un public de noctambules, pas nécessairement intéressés. Le vrai carrefour pour les gens qui travaillent, se couchent ou se lèvent tôt, c'est 20h30. Un moment où il y a aussi le plus de monde devant la télévision. C'est bien là qu'il faut essayer de mettre la culture et notamment la littérature, même si cela n'est pas forcément simple.

Vos audiences progressent-elles?

Le carrefour est très disputé, mais l'audience progresse. Depuis trois ans, elle gagne 10 % chaque année (quelque 355 000 téléspectateurs le jeudi, Ndlr). Ce qui signifie qu'il y a une vraie appétence. Cela veut dire aussi que le concept de l'offre et de la demande n'existe pas. Il n'y a pas de demande mais avant tout une offre. Et s'il y a une bonne offre culturelle à un bon horaire, les gens viennent.

Cette cinquième saison vous condamne-t-elle à innover pour fidéliser votre audience?

On n'est jamais condamné à rien! Il faut être soi-même. La culture, c'est d'abord du plaisir. Il faut être le plus possible dans l'ébullition, l'effervescence et la création, très importante en France pour transmettre ce plaisir. Ensuite, nous avons procédé à quelques petits aménagements de production. Mais on ne touche pas au concept car il a l'air de ne pas déplaire. Il est important quand on touche à des choses essentielles de leur laisser un peu de temps. Une émission littéraire, c'est comme une histoire d'amour: si vous voulez tout précipiter, vous allez tout foutre par terre!

Vous sortez début décembre le coffret DVD de vos «Carnets de route», série consacrée aux grands écrivains américains. Vous prévoyez une suite de cette série documentaire sur France 5?

Ce projet nous tenait à cœur. Je voulais montrer que l'on pouvait faire une émission littéraire en plateau et partir, avec les codes du documentaire d'aujourd'hui, à la rencontre des écrivains là où ils écrivent et où ils habitent. Cette série (diffusée une fois par mois, Ndlr) avait très bien marché. Sur ce DVD, il y aura non seulement l'intégrale de la série mais aussi 20 heures de bonus avec tous les plus grands écrivains. Nous discutons actuellement avec France 5 pour définir les prochaines destinations qui interviendront sans doute l'année prochaine. Il faut trois mois de voyage et de tournage.

Une destination est-elle déjà arrêtée?

Plusieurs destinations. Il y a par exemple une littérature israélienne extrêmement novatrice. J'ai très envie d'aller voir ce qui se passe tant du côté israélien que palestinien. Nous pensons aussi à l'Irlande ou à l'Espagne, des endroits où il se passe pas mal de choses.

Le mensuel Lire, dont vous dirigez la rédaction, a vu sa diffusion France payée 2011-2012 progresser de 1,1 %, à 60.222 exemplaires. C'est l'un des rares magazines français en hausse…

Là encore, nous ne sommes pas dans un calcul marketing, nous sommes dans l'envie. La culture est le dernier refuge en période de crise sur lequel on ne peut pas tricher. La littérature, le livre, c'est peut-être le dernier endroit ou îlot de résistance dans un monde très pasteurisé, uniformisé. Si vous présentez un journal dans lequel l'enthousiasme et le décryptage sont au rendez-vous, les gens viennent!

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