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Royaume-Uni : après la récession, la reprise

 

LE MONDE | 10.09.2013 à 12h00 • Mis à jour le 11.09.2013 à 14h20 | Par Claire Gatinois

"Les données suggèrent une reprise équilibrée, diversifiée et durable", s'est réjoui George Osborne, lundi 9 septembre. "Les données suggèrent une reprise équilibrée, diversifiée et durable", s'est réjoui George Osborne, lundi 9 septembre. | REUTERS/ANDREW WINNING

En juillet, George Osborne, le ministre britannique des finances, avait assuré que l'économie du Royaume-Uni était "sortie des soins intensifs". Un mois plus tard, et une batterie d'indicateurs positifs en plus, le chancelier de l'Echiquier voit son pays sortir de l'hôpital.

Les données suggèrent une reprise équilibrée, diversifiée et durable", s'est-il réjoui, lundi 9 septembre, lors d'un discours à Londres devant un parterre d'universitaires et d'hommes d'affaires. La preuve, a-t-il ajouté, que la cure d'austérité sans précédent que le gouvernement de David Cameron a imposée à son pays était "la bonne réponse aux déséquilibres de l'économie britannique. Les preuves attestent que cela marche".

Symbole de cette embellie, le constructeur automobile Jaguar Land Rover, propriété du groupe indien Tata Motors, a annoncé, mardi, un investissement de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d'euros) et la création de 1700 emplois au Royaume-Uni pour fabriquer de nouveaux véhicules à base d'aluminium.

LES PATRONS REPRENNENT CONFIANCE

Nombre d'économistes, surpris par la vitesse de récupération du royaume, reconnaissent aujourd'hui que le chancelier de l'Echiquier n'a pas tort. "Il y a beaucoup de vrai dans ce que dit M. Osborne", pense Robert Wood, économiste au sein de la banque Berenberg. "L'économie est passée du statut de "zéro" à celui de "héros"", s'enflamme-t-il.

Fin août, la hausse du produit intérieur brut (PIB) britannique a été révisée à la hausse pour le deuxième trimestre à 0,7 %. Un chiffre qui s'accompagne d'une remontée de la plupart des composantes de l'activité économique. De quoi valider l'optimisme de l'OCDE qui, le 3 septembre, a relevé la prévision de croissance du pays en 2013 à 1,5 %, contre 0,8 % précédemment. Aujourd'hui, la plupart des experts ont revu leurs pronostics pour 2014. Selon eux, le PIB devrait progresser de 2 % ou plus.

Les risques d'entraves à la reprise restent nombreux, ne serait-ce que parce que l'économie mondiale présente encore des zones de fragilité. Mais rares sont ceux qui jugent encore que la croissance britannique serait une "mauvaise croissance" attribuable aux élans dépensiers des Britanniques, friands de crédits bon marché.

L'investissement des entreprises, clé d'une reprise solide, semble repartir aussi, et pour de bon. Selon une étude menée par le cabinet d'audit Deloitte, publiée le 9 juillet, les patrons reprennent confiance : 45 % des dirigeants interrogés jugent qu'il est temps de prendre des risques financiers.

POLITIQUE ACCOMMODANTE DE LA BANQUE D'ANGLETERRE

S'il est un symbole de la reprise, c'est bien le secteur de la construction, qui avait subi de plein fouet la crise des subprimes et la récession. Et ce n'est pas un hasard si M. Osborne a choisi de tenir son discours sur un chantier de construction d'un immeuble de 21 étages à Londres. Un chantier entamé en 2007, stoppé net en 2008, et relancé depuis en employant 230 personnes, s'est-il satisfait.

Pour les experts, cette embellie, aidée par la politique accommodante de la Banque d'Angleterre, ne doit pourtant pas grand-chose à M. Osborne. La reprise est surtout liée, selon eux, au retour de la confiance. On entend moins parler d'éclatement de la zone euro. Les ménages et les entreprises ont moins peur de l'avenir. Et les signaux de reprise se multiplient un peu partout, en particulier aux Etats-Unis, une économie toujours liée à celle de sa Majesté.

Enfin, souligne Iain Begg, professeur à la London School of Economics, "la cure de rigueur a été moins sévère que la publicité qui en a été faite". Après une première année difficile, les économies budgétaires ont représenté de l'ordre de 1 % du PIB par an. Un effort certes, mais moins brutal que celui imposé dans nombre de pays malades de la zone euro. En dépit de choix jugés parfois contestables (baisse des investissements publics), la cure de rigueur n'a donc pas étouffé l'économie.

Quoiqu'il en soit, le ministre conservateur ne cache pas son plaisir face à une opposition travailliste qui n'a eu de cesse de dénoncer les effets dévastateurs de la rigueur "désastreuse" mise en oeuvre par l'équipe de David Cameron sur l'économie.

"COMPLAISANCE"

"Ed Balls doit maintenant expliquer pourquoi la croissance repart, malgré tout", atteste M. Begg, de la London School of Economics.

Pour l'heure, Ed Milliband, chef du Parti travailliste, accuse le chancelier de "complaisance". De fait, si l'économie repart, les Britanniques n'en ressentent pas encore les effets. Les ménages voient leurs salaires stagner et les prix s'envoler. Dans le même temps l'impôt sur les sociétés, hier à 28 %, baisse progressivement. Il descendra jusqu'à 20 % en 2014, a prévenu en mars le gouvernement.

Les Britanniques pourraient donc tôt ou tard, se lasser de ces efforts qui pèsent d'abord sur les ménages – la demande – plus que sur l'offre, les entreprises. "C'est une route difficile que nous avons prise", a avoué M. Osborne. Mais les sacrifices ne sont pas encore terminés, a-t-il prévenu. C'est le prix à payer pour poursuivre sur la voie du redressement a-t-il alerté avec des accents churchilliens.

 

Claire Gatinois

Le chômage en recul

 

Le chômage britannique a légèrement baissé au deuxième trimestre, à 7,7 % de la population active, a annoncé mercredi l'Office des statistiques nationales.

 

Il s'agit du taux de chômage britannique le plus faible depuis le troisième trimestre 2012, qui l'avait vu chuter à 7 %. - (AFP)

 
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Economie britannique

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