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J'ai terminé hier:« Turquie, des Ottomans aux islamistes »

« Manière de voir » n° 132 — Décembre 2013 - janvier 2014

De Soliman le Magnifique à M. Erdogan, ce numéro retrace l’histoire de la Turquie à travers les siècles. Quel est l’héritage d’une puissance qui autrefois fascinait et inquiétait ? Comment a-t-elle abordé la transition démocratique ? Quelle est la place des islamistes aujourd’hui ?

Numéro coordonné par Alain Gresh

Une puissance pérenne
A. G.

Souvenirs de l’empire

On l’a oublié, mais l’Empire ottoman fut, à partir du XVIe siècle, une grande puissance européenne. A deux reprises, en 1529 et en 1683, ses troupes, après s’être emparées des Balkans et d’une partie de l’Europe orientale, avancèrent jusqu’aux portes de Vienne. Mais ces épisodes militaires ne résument pas les relations entre cette puissance musulmane et les Etats chrétiens. Nombre de ces derniers tentèrent de nouer des alliances avec les « mahométans », contre leurs rivaux tout aussi chrétiens. Ainsi, le roi François Ier fut le premier, en 1536, à établir une entente franco-ottomane qui transcendait les clivages religieux.

Des ambassadeurs envoyés par Paris auprès de la Sublime Porte témoignent des ces liens, et Louis XIV lui-même tenta, à plusieurs reprises, de les renforcer. Si l’Empire ottoman domine en Europe, il s’engage aussi dans l’« âge des explorations », mais ses vaisseaux, au lieu de cingler vers l’ouest, explorèrent l’océan Indien, et assurèrent ainsi sa domination sur une partie importante du commerce mondial.

Le XIXe siècle marqua le début du déclin ottoman. Si l’empire cherche des alliés, se rapproche même de son rival russe, c’est d’abord sur les réformes internes qu’il compte pour faire face à sa crise mais aussi aux ingérences croissantes de ses rivaux européens. C’est l’époque des Tanzimat (« réorganisations »), qui commence en 1839. Istanbul tente de construire un Etat moderne, en se dotant d’un Parlement et d’une Constitution. Ces réformes feront long feu, suscitant de fortes oppositions conservatrices, alors même que les puissances extérieures grignotent l’assise territoriale de l’empire, qui sombrera avec la première guerre mondiale. La Turquie faillit même disparaître de la carte politique.

Les aventures du baron de Busbecq chez Soliman le Magnifique
Dimitri N.Ciotori

Quand le Grand Seigneur et le Grand Roi se réconciliaient
G.D. Makrinitsas

Un envoyé extraordinaire du calife en mission auprès de Louis XIV
G.D. M.

L’âge ottoman des explorations
Giancarlo Casale

La Russie, une alliée éphémère
Constantin de Grünwald

Modernisation ratée
Serif Mardin

Atatürk, l’armée et la démocratie

Aligné sur l’Empire austro-hongrois et l’Allemagne, l’Empire ottoman ne devait pas survivre à la première guerre mondiale. Le traité de Sèvres de 1920 prévoyait la réduction de son territoire autour d’Istanbul et de la partie occidentale de l’Anatolie. C’est contre ce traité inique que se dresse Mustafa Kemal, qui lève l’étendard de la révolte, remporte de nombreuses victoires et réussit à imposer des frontières plus larges pour son pays.

Il ne se contente pas de ces succès, mais impose la fin du califat et la création d’une république qu’il voulait moderne et européenne. La suppression de la référence à l’islam comme religion d’Etat, une forme de laïcité et l’adoption de l’alphabet latin marquèrent cette volonté. Il instaure aussi un système de parti unique et un Etat centralisé qui réprime toute velléité de révolte des Kurdes.

Après sa mort en 1938 et la seconde guerre mondiale, le pays évolue lentement vers le multipartisme, sous l’œil vigilant de l’armée. Celle-ci fomente trois coups d’Etat, en 1960, en 1971 et en 1980. Même quand elle cède le pouvoir aux civils, elle garde le dernier mot en matière politique. Mais les années 1960-1980 voient une lente transformation de la société et de l’économie, qui se modernisent. La contestation s’accroît. Les réformes mises en place par le premier ministre Turgut Özal à partir de 1983 « ouvrent » la Turquie à la mondialisation, mettant un terme aux politiques d’autarcie héritières du kémalisme.

La grande œuvre révolutionnaire de la République
Taner Timur

Portrait de Kemal Atatürk vingt ans après sa mort
A. Langas-Sezen

Du parti unique au multipartisme
Ali Kazancigil

Pouvoir militaire et « dictature de la bourgeoisie »
A.K.

De l’usage du kémalisme
A.K.

Une longue transition politique
A.K.60

Sous l’oppression, la culture
Abidine Dino

Mémoire d’un coup d’Etat
Lucie Drechselová et Joseph Richard

L’heure des islamistes

Tremblement de terre pour la classe politique traditionnelle et pour les élites d’Istanbul, la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, aux élections législatives de 2002 marque une étape de l’histoire de la Turquie. Cette expérience se prolonge depuis une décennie, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan ayant remporté les élections de 2007 et de 2011, ces dernières avec près de 50 % des voix.

Ces victoires successives reflètent les succès du pays sur le plan économique, les réformes politiques mises en place dans la perspective de l’adhésion à l’Union européenne, notamment le retour de l’armée dans ses casernes, le prestige grandissant du « modèle turc », en particulier dans un monde arabe ébranlé par des contestations multiformes.

C’est pourtant arrivé au faîte de leur puissance que l’AKP et son leader subissent leurs premières déconvenues. La croissance économique se grippe du fait notamment de la crise internationale, et les inégalités sociales, même réduites, restent fortes. Les manifestations du parc Gezi illustrent l’autoritarisme croissant de M. Erdogan. Enfin, la politique étrangère du pays est fortement contestée, la majorité de l’opinion rejetant l’interventionnisme d’Ankara en Syrie. Le coup d’Etat contre le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, affaiblit le prestige de M. Erdogan, qui compte désormais sur un accord avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour asseoir son autorité.

Les chemins escarpés du pluralisme
Wendy Kristianasen

Une économie fragilisée
Tristan Coloma

A l’assaut de l’Afrique
Alain Vicky

Brève histoire des relations avec l’Europe
Didier Billion

Le tabou du génocide arménien
Taner Akçam

Fragile espoir de paix avec les Kurdes
Kendal Nezan

Iconographie

Frances Dal Chele photographie depuis 2007 les identités changeantes de la Turquie, auxquelles les couleurs légèrement grinçantes de ses images font écho. Son livre, « Du loukoum au béton », est publié chez Trans Photographic Press (2011).

Pour chacun des portraits de la série « Jeunes Turcs », elle a choisi une phrase extraite de ses entretiens avec eux et une image capturée des vidéos musicales dont ils sont abreuvés à la télévision et sur les écrans omniprésents.

Culture

De Smyrne à Izmir

Un barde anatolien

Cinéma, le réalisme des années 1970

« Moi aussi, je veux mourir »

Cartographie

Philippe Rekacewicz et Agnès Stienne

Quand l’Empire ottoman dominait l’Europe

Le lent dépeçage de l’empire

La Turquie à l’assaut du monde

Secrétariat de rédaction et documentation

Olivier Pironet

Essais et sites

Chronologie

Dates de parution des articles

- Dimitri N.Ciotori, « Les ambassades du baron de Busbecq près Soliman le Magnifique », décembre 1954

- G.D. Makrinitsas, « Le Grand Seigneur se réconcilie avec le Grand Roi », mars 1955

- G.D. Makrinitsas, « Un envoyé extraordinaire du sultan en mission auprès du Roi-Soleil », septembre 1955

- Giancarlo Casale, « L’âge ottoman des explorations » (inédit)

- Constantin de Grünwald, « Russie et Turquie », mars 1958

- Serif Mardin, « La modernisation et l’ébranlement de l’Empire ottoman », octobre 1973

- Taner Timur, « La grande œuvre révolutionnaire du kémalisme », octobre 1973

- A. Langas-Sezen, « Kemal Atatürk a fait de “l’homme malade de l’Europe” un facteur de paix et de stabilité », mars 1955

- Ali Kazancigil (l’auteur signait sous le pseudonyme Ata Gil), « Du parti unique au multipartisme », octobre 1973}

- Ali Kazancigil, « Pouvoir militaire et “dictature de la bourgeoisie” », novembre 1982

- Ali Kazancigil, « De l’usage du kémalisme », novembre 1982

- Ali Kazancigil, « Le long chemin vers la démocratie », novembre 1987

- Abidine Dino, « Sous l’oppression, la longue marche de la culture », novembre 1982

- Lucie Drechselová et Joseph Richard, « Mémoire d’un coup d’Etat » (sur le site, 12 septembre 2012)

- Wendy Kristianasen, « Les chemins escarpés de la démocratie » (inédit)

- Tristan Coloma, « Une économie fragilisée » (inédit)

- Alain Vicky, « La Turquie à l’assaut de l’Afrique », mai 2011

- Didier Billion, « Brève histoire des relations turco-européennes depuis 1963 », juin 2008

- Taner Akçam, « Le tabou du génocide arménien hante la société turque », juillet 2001

- Kendal Nezan, « Fragile espoir de paix avec les Kurdes » (inédit)

 

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