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Mort de Lucien Neuwirth, pionnier de la contraception

AFP 26 novembre 2013 à 07:55 (Mis à jour : 26 novembre 2013 à 13:08)

Lucien Neuwirth pose le 6 décembre 2007 dans la bibliothèque de l'Assemblée nationale à Paris.Lucien Neuwirth pose le 6 décembre 2007 dans la bibliothèque de l'Assemblée nationale à Paris. (Photo Patrick Herzog. AFP)

Cet ancien résistant est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 89 ans.

Lucien Neuwirth, pionnier de la contraception et gaulliste historique, est mort dans la nuit de lundi à mardi à 89 ans, a annoncé le site internet du Figaro, journal où travaille son épouse. Il est mort peu après minuit des suites d’une infection pulmonaire, à l’hôpital Rossini-Sainte-Périne à Paris, a précisé à l’AFP cette dernière, Sophie Huet, également présidente de l’Association des journalistes parlementaires.

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Engagé à 16 ans dans la Résistance, longtemps député puis sénateur de droite, il avait réussi, dans la France très conservatrice d’avant 1968 à faire adopter en 1967, contre la majorité de son camp, la loi autorisant la contraception. Un texte qui valut à cet élu UNR (ancêtre du RPR) d’être qualifié de «malfaiteur public» sur les bancs du Sénat.

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Né le 18 mai 1924 à Saint-Etienne, résistant à 16 ans, Lucien Neuwirth avait rejoint les Forces françaises libres. Pendant la guerre, il a été grièvement blessé, puis fait prisonnier. Adhérent au RPF à la Libération, il commence sa carrière politique comme conseiller municipal puis adjoint au maire de sa ville natale. C’est là qu’en 1957, il fait la connaissance du mouvement Maternité heureuse, qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial.

Lors du putsch d’Alger (13 mai 1958), il est porte-parole du Comité de salut public et directeur de Radio Alger. Il est ensuite élu député (UNR, UDR puis RPR) de la Loire de 1958 à 1981. Victime de la «vague rose», dans la foulée de l’élection de François Mitterrand en 1981, il est élu sénateur RPR de 1983 à 2001, date à laquelle il abandonne tout mandat local.

C’est en décembre 1967, après bien des invectives au Parlement, que sa loi relative à la régulation des naissances, dite «loi Neuwirth», est votée puis promulguée : elle autorise la fabrication et l’importation de contraceptifs, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures. Il faudra cependant attendre 1972 pour que les derniers décrets d’application soient pris.

Pourquoi ce combat contre son camp ? «J’ai été élevé par deux femmes exceptionnelles, racontait-il dans une interview enregistrée en 1981 où il apparaît, rond, direct, affable, en compagnie de sa fille et de sa petite-fille. (....) Pour moi, hommes et femmes c’est pareil», ajoute-t-il en soulignant que nombre de ses compagnons de la Résistance ont été agents de liaison ou parachutistes, comme lui, et que plusieurs d’entre elles sont tombées sous les coups de l’ennemi.

«Un homme épris de liberté»

François Hollande a rendu hommage à Lucien Neuwirth, voyant en lui un homme qui avait su «s’affranchir de tous les conservatismes», en particulier pour «l’émancipation des femmes». «Lucien Neuwirth aura été un acteur déterminant de l’évolution de la société française», a souligné le président de la République dans un communiqué diffusé par l’Elysée. «Résistant, rejoignant les Forces Françaises Libres à 16 ans, gaulliste historique, député, sénateur, Président du Conseil général de la Loire, il restera pour tous les Français et toutes les Françaises comme le parlementaire qui a autorisé l’utilisation de la pilule contraceptive en 1967», a-t-il rappelé.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui était interrogé à son arrivée à la réunion des députés PS, a salué pour sa part une «grande personnalité». «Pour l’époque, il était en avant-garde et beaucoup de progrès ont été faits depuis. Mais je tiens à le saluer avec beaucoup de chaleur», a-t-il ajouté devant des journalistes.

La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a salué «la mémoire d’un homme épris de liberté». «C’était un résistant. Mais c’était aussi un homme prêt à se battre contre les conservatismes, y compris ceux de son propre camp, pour faire avancer le droit des femmes.» Sa collègue des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, le nom de ce «défenseur engagé de la Libération de la France, (...) restera attaché à jamais à une autre libération, celle des femmes».

AFP

http://www.liberation.fr/societe/2013/11/26/mort-de-lucien-neuwirth-pere-de-la-pilule-contraceptive_962060

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