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Catégories : A lire, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Le champagne, Les polars

Histoires de champagne par Jim Nisbet

Publié le 16/12/2013 par Le Figaro Vin
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Photo : Leif Carlsson



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"Des coupes et des femmes"

Je suis charpentier depuis cinquante et un ans, pour être précis, et j'ai travaillé pour toutes sortes de gens. À mes débuts, je comptais parmi mes clientes nombre de femmes célibataires. En guise de règlement, rémunération, récompense, rémunération, pourboire, elles... je vous laisse deviner et je m'envolerai loin du sujet en ayant recours à la technique rhétorique de la prétérition pour reprendre le mot du poète américain Ed Sanders. Aujourd'hui, ce sont des femmes plus âgées, toutes intéressantes, imbues de sagesse, et ayant besoin que quelqu'un fasse ce qu'elles refusent ou sont incapables de faire elles-mêmes. Presque toutes propriétaires, elles ne tolèrent pas la présence d'abrutis ou d'artisans incompétents. Elles en ont épousé assez pour être capables de les identifier au premier coup d'oeil. Mais depuis peu, je sens un changement radical lorsqu'il m'arrive de lever les yeux de mon ouvrage, celui que je répète pour la millième fois. Force est de constater que les choses ne sont plus pareilles



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La première fois que je l'ai remarqué, je venais d'installer des bibliothèques chez une collectionneuse, qui achetait et vendait des livres anciens tout en peaufinant sa propre sélection. Cette femme extrêmement cultivée était également joueuse de poker professionnelle. Elle aimait boire, mais pas lorsqu'elle jouait aux cartes. Cette femme ne perdait quasiment jamais, sa sobriété y était sans doute pour beaucoup (à vrai dire, la sobriété aide en tout). Je terminai tout juste lorsqu'elle revint de la plage avec son chien et m'annonça qu'elle était impatiente de garnir ces étagères des pièces maîtresses de sa collection... Puis elle émit l'idée que nous célébrions la fin des travaux en débouchant une bouteille de champagne. Je ne rêvais pas. Elle me guida jusqu'au réfrigérateur et en sortit une bouteille de Cristal, glacé. Deux verres givrés attendaient dans le congélateur. Les pieds sur la table basse, nous contemplâmes le résultat de mon travail en descendant la bouteille.

J'ai aussi constaté ce changement, alors que je venais d'achever une série de petits travaux dans une superbe demeure victorienne pour une femme de dix ans mon aînée. Cette célèbre beauté, aussi intelligente que douée, avait été la costumière d'un groupe de rock avant de se reconvertir en phytothérapeute, écrivain et professeur. Elle fit mon chèque et demanda si je voulais une coupe de champagne avant de me donner un billet de cent dollars et des indications fort précises. "Allez vers l'est sur Carl Street, jusqu'à Cole, tournez au sud, remontez la colline jusqu'à la dix-septième rue, entrez dans le petit magasin et achetez pour cent dollars de champagne. Et Jim... Oui ? Assurez-vous qu'il soit bien frais." Dans l'épicerie, je trouvai des fleurs, des fruits, des légumes, des journaux... rien qui ne sorte de l'ordinaire. Mais à l'étage, je n'ai jamais vu autant de bouteilles, de vin et de champagne ! Le propriétaire avait creusé dans la colline une cave tout droit sortie d'un rêve : des boîtes, des caisses, des demi-bouteilles, des bouteilles, des Jéroboams, des Nabuchodonosors... un spectacle incroyable ! L'endroit était totalement climatisé et les vins - français, italiens, californiens- s'y entassaient jusqu'à trois mètres de hauteur. Pas une bouteille n'affichait un prix abordable. Je n'avais jamais rien vu de tel. Il finit par me vendre une bouteille de Bollinger. Je redescendis la colline avec mon champagne glacé sous le bras et nous l'appréciâmes jusqu'à la dernière goutte. Bette Davis disait : "Vieillir, ça n'est pas pour les mauviettes." J'ajouterai que cela comporte certains avantages. Le champagne en est un.

Dernier ouvrage paru : "Traversée vent debout", Rivages/Thriller.




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