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Marseille veut capitaliser sur sa saison exceptionnelle

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Le 8 juin, la Transhumance, l'événement phare organisé par le Théâtre du Centaure, a séduit la ville par son côté décalé.

Le 8 juin, la Transhumance, l'événement phare organisé par le Théâtre du Centaure, a séduit la ville par son côté décalé. Crédits photo : © Jean-Paul Pelissier / Reuters

C'est l'heure du bilan pour Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture

La saison finit avec un déficit, mais elle a permis de modifier l'image de l'agglomération. Entreprises et élus espèrent que le soufflé ne retombera pas. Un an après le coup d'envoi, une fête de clôture aura lieu le 31 décembre sur le Vieux-Port, à l'endroit même où tout avait commencé. Un feu d'artifice concocté par le Groupe F devrait attirer les foules et couronner une année riche en rebondissements.

Déjà, les organisateurs ont publié des chiffres, tous à prendre avec les précautions d'usage: les 900 événements organisés en 2013, sur près de cent communes, auraient généré 10 millions de visites, une seule personne pouvant se déplacer dans plusieurs endroits.

Le MuCEM, nouveau musée dédié aux cultures euro-méditerranéennes, ouvert en juin, affiche une fréquentation vertigineuse, de près de 1,6 million de personnes, dont 500.000 pour les deux expositions d'inauguration. La Friche Belle de Mai, créée en 1992 sur l'ancien site de la manufacture des tabacs de la Seita, se targue d'avoir reçu 370.000 visiteurs pour ses expositions, auxquels il faut ajouter 130.000 autres venus dîner ou simplement flâner. De son côté, Arles parle d'une augmentation de 50% de ses touristes. Quant aux hôtels des Bouches-du-Rhône, ils ont fait leur calcul: après un premier trimestre «décevant», leurs responsables avancent des hausses de 8% à l'automne et de 20% en octobre. Soit deux millions de touristes en plus dans le département, alors que le reste de la France a vu leur nombre baisser.

Des déceptions, il y en a bien quelques-unes, au premier chef desquelles l'événement phare, la Transhumance (des centaines de moutons et de chevaux conduits par des hommes à cheval sur 600 kilomètres). Organisé par le Théâtre du Centaure, il a séduit en ville par son côté décalé, moins à la campagne où l'on voit des moutons tous les jours. Cette manifestation compliquée à préparer a occasionné ici ou là des grincements de dents.

Deux millions d'euros de dépassement

De même, l'exposition «Le Grand Atelier du Midi», produite par Marseille-Provence, la RMN-Grand Palais, la Communauté du Pays d'Aix et la Ville de Marseille. Elle n'a pas répondu à toutes les attentes. Prêtées par le Musée d'Orsay, les toiles de Cézanne, de Van Gogh ou de Bonnard ont généré 460.000 entrées alors que 600.000 étaient escomptées. Titre insuffisamment explicite? Mauvaise communication? L'exposition, qui a coûté 7 millions d'euros, contribue largement au déficit général: l'année européenne finit à 2 millions d'euros de dépassement (sur un budget prévisionnel de 98 millions). «Le Grand Atelier du Midi» a creusé pour 1,3 million ce «trou» que l'État et les collectivités locales viennent de s'engager à combler. Ce sont donc les contribuables qui devront payer. Sur fond de campagne municipale, la nouvelle n'est pas très bonne, et Aix traînerait des pieds pour remettre au pot. Si l'année culturelle a obligé les villes parties prenantes à travailler en réseau, la hache de guerre entre Aix-en-Provence et Marseille ne semble pas tout à fait enterrée.

«L'année culturelle est née dans la complexité, le retard et le scepticisme, mais, au bout du compte, c'est un succès», tranche Jean-François Chougnet, directeur de l'association Marseille-Provence 2013. «Il y avait des inquiétudes autour de la sécurité, les foules à gérer étaient considérables. Toutefois aucun incident n'a eu lieu», remarque Aurélie Filippetti, ministre de la Culture. «Il s'est passé quelque chose», ajoute-t-elle.

Les Marseillais sont les premiers à douter d'eux-mêmes, écrasés par les assassinats qui font la une des journaux. Mais en douze mois, la Cité phocéenne a changé de visage. Des immenses travaux ont reconfiguré le secteur du port, dans lequel personne ne se rendait. La Villa Méditerranée, la réhabilitation du Fort Saint-Jean et surtout, l'ouverture du MuCEM, dessiné par l'architecte Rudy Ricciotti, ont changé la façade du littoral. Dans la ville, le palais Longchamps, qui accueille le Musée des beaux-arts, a été restauré. Rouvert quelques semaines après l'inauguration de celui consacré à l'histoire de la Méditerranée, il offre autre chose que les habituelles promenades en mer ou les dîners sur le port.

«Moi aussi, je regardais tout cela de loin au départ, mais aujourd'hui, je me dis que le Marseille des faits divers peut être contrebalancé par la culture», explique Bruno Suzzarelli, directeur du MuCEM.

Le secteur du tourisme compte bien s'engouffrer dans la brèche: «Nous allons aider les hôtels et les croisiéristes à attirer une clientèle haut de gamme qui ne venait pas jusque-là», poursuit Dominique Vlasto, adjointe au tourisme à la Ville.

Chacun s'adapte à ce qu'il pense être un nouveau départ. «Cette année nous a amené un public qui n'était jamais venu au théâtre et, si nous voulons le conserver, nous devons repenser nos spectacles, juge ainsi Dominique Bluzet, directeur des théâtres du Gymnase, du Jeu de paume et du Grand Théâtre de Provence. On ne peut plus simplement se dire: je vais jouer du Molière, cela ira très bien comme ça.»

Comme dans toutes les capitales européennes de la culture, c'est l'année d'après qui signera vraiment le succès. «Tout le monde, y compris les mécènes, veut continuer sur sa lancée», jure Jean-François Chougnet.

 

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